1. Bien arrivé à Kigali au Rwanda 

A01 Zaventem depart.JPGLe long voyage vers l'Afrique de Zaventem à Kigali via Amsterdam et Nairobi au Kenya s'est bien déroulé. Le vélo est arrivé en même temps que moi. Après les contrôles d'usage (y compris Ebola), je suis bien arrivé chez Chantal, la soeur de mon gendre. 

Chose surprenante: au contrôle des bagages, j'ai du retirer le film plastique entourant la caisse vélo. Le Rwanda s'est lancé il y a peu dans une campagne anti-sacs plastiques privilégiant les sacs papiers.  En Belgique, il y a un projet qui sera mis sur pied vraisemblablement... dans quelques années !
 
Commencer la Transafrica en hommage à Nelson Mandela par le Rwanda, le pays des mille collines, c'est tout un symbole dans ce pays qui a tant souffert en 1994. La première journée, je l'ai consacrée à la visite de deux lieux de la mémoire des évènements de 1994: le mémorial du génocide et l'endroit où 10 soldats belges sont morts, dont Bruno Meaux, le beau-frère de mon ami Jacques Demaret. Vingt ans après, le Rwanda est résolument tourné vers l'avenir sans oublier son passé douloureux.

2. Sur la route de Butare, halte à Cyeza - hommage à Michel Gigi

Parti de Kigali, le mardi 7 janvier 2015 à 8h, précédé en voiture pendant quelques kilomètres par Gaspard, le "petit-frère" d'Innocent, mon gendre, je suis arrivé à Cyeza près de Gitarama après une longue chevauchée de 65 kms au pays des mille collines ... aux mille sueurs!  Tout juste avant la tombée de la nuit et avant l'orage !

Soeur Alphonsine s'inquiétait: elle m'attendait depuis midi, pensant que je voyageais en voiture ! Un seau d'eau chaude pour me décrasser et un bon repas ... dont des morceaux de pizza et des frites. C'est par l'intermédiaire d'Yves Parage de Meix-devant-Virton que je suis arrivé à Cyeza; ce dentiste consacre chaque année plusieurs semaines de son temps à soigner les plus démunis au Rwanda, via l'ASBL "ADSN".
 
A06 Cyeza tombe Michel Gigi.JPGLe lendemain matin, je me suis rendu dans l'église où est enterré Michel Gigi, originaire d'Aubange, qui fut mon éducateur au collège de Bellevue à Dinant, il y a 50 ans. C'était à l'époque un homme discret qui parlait peu. Avec lui, en 1966, j'ai participé à deux camps de compagnons-bâtisseurs.  Bâtisseur, il le fut dans cette paroisse où il travailla durant 23 ans.

En avril 1994 ,il refusa de quitter les siens ("Un pasteur n'abandonne pas ses brebis" disait-il) et les accompagna dans une longue marche d'exode vers une utopique liberté.  Mais épuisé, il mourut en chemin, à Nyakabanda, à 35 kms de Cyeza le 7 juillet 1994.

Il y a quelques mois, les paroissiens ont transféré son cercueil dans l'église de Cyeza.  Sur la route africaine vers Kunu, j'y ai déposé symboliquement un cailloux du Square Nelson Mandela de Gesves. Le nom de Michel Gigi est repris sur la liste des Belges décédés en 1994, comportant non seulement les casques bleus mais également une dizaine de coopérants.

3. Visites et rencontres à Butare

Après une étape intermédiaire à Nyanza dans un collège secondaire accueilli par l'abbé Rémy qui a effectué une partie de sa formation en Suisse et qui connaît bien Maredsous, je suis bien arrivé à Butare le samedi 10 janvier 2015. La route N1 vers Bujumbura est en excellent état avec moins de trous qu'en Belgique ... et des trottoirs qu'envieraient les riverains de la rue de Dave à Jambes ! Bien sûr, toutes les routes ne sont pas pareilles ! 

De nombreux enfants accourent lorsqu'ils me voient et m'offrent leurs sourires.  Certains me demandent "money"; gentillement je leur fait comprendre que je ne suis pas venu pour "les assister" ... mais je ne suis pas sûr de me faire comprendre. Plusieurs personnes m'interpellent gentiment en Français ou en Anglais.

A11 Rwanda velo charge.JPGJe croise d'autres vélos avec d'énorme charges (régimes de bananes, bidons d'eau, casiers, paquets en tout genre, denrées agricoles).  Dans les dures côtes, je ne vais guère plus vite qu'eux ... malgré, depuis Cyeza, un sac en moins, contenant le matériel de camping, que Eugène Niyigena, le responsable d'Aprojumap va m'amener à Butare.  Deux fois, une personne a lu le nom de "Nelson Mandela" à l'arrière du vélo et semblait connaître ce grand homme.  Pour Rémy de Nyanza, Nelson Mandela était un "grand politicien" ... les autres sont corrompus, dit-il ! Un avis à nuancer peut-être.
 
La méthodologie de l'APROJUMAP (Association pour la PROmotion des JUmelages et l'Amitié entre les Peuples) cette ONG, financée par Entraide et Fraternité / Belgique, est apparentée à celle d'ATD-Quart Monde, fondée à Paris par le Père Wrezinski (rappelons-nous le film "Joseph, l'insoumis" de 2011): la pauvreté n'est pas une fatalité, ni "une malédiction", comme me l'explique Eugène, qui travailla précédemment pour l'Association Belgique-Rwanda; ceux qui en souffrent, que ce soit en Europe ou en Afrique, ont le Droit de s'en sortir.  

C'est par un long travail de conscientisation que Eugène, ancien scout, a mis sur pied cette ONG dès 1998. Dans les villages où les plus pauvres sont directement et prioritairement concernés par ce mouvement, chaque semaine un jour de travail solidaire communautaire est mis sur pied avec une tournante par village.

Personne n'est oublié et chacun devient acteur de son propre développement, dans cette lutte contre l'extrême pauvreté. Une fois par mois, une réunion d'évaluation donne la possibilité à chacun de s'exprimer.

L'aide se fait sur divers plans : des micro-crédits (par exemple, une chèvre, "prêtée" en "crédit rotatif" jusqu'à ce qu'elle donne un chevreau, lequel reste propriété de la famille); des conseils sur l'utilisation des intrants et sur l'agriculture familiale et durable; la fabrication de briques pour une maison plus solide, etc. 

Mardi 13 janvier 2015 - visite des projets de l'APROJUMAP

De bon matin, nous arrivons, avec Eugène, dans le village de Rustira, à 15 kms au Nord de Butare, au moment où plusieurs personnes se sont donné rendez-vous pour un jour de travail en commun chez un des leurs. De cette façon, le travail qui lui demanderait un mois s'il le faisait seul sera déjà terminé ce soir... et la prochaine fois, ils iront dans une autre plantation.
 
A23 recolte du riz.JPG

Nous descendons dans la vallée et rencontrons une famille en train de récolter le riz. Le couple sans enfants peut compter sur l'aide des enfants des voisins pour ce travail.  Ils font partie de la coopérative avec 470 autres familles qui leur assure par exemple un local où il peuvent faire sécher le riz.  En fin de visite nous découvrons le local flambant neuf financé récemment par Entraide et Fraternité.

A31 nouveau sechoir riz.JPG
Ensuite, nous assistons à la construction d'un potager familial qui a pour but d'aider chaque famille à produire une variété de légumes pour une meilleure alimentation ainsi que des plantes destinées à l'alimentation du bétail qui en même temps empêchent l'érosion des sols.

A26 Potager familial.JPG
Deux exemples du crédit rotatif.  Un bouc excellent reproducteur (viandeux) a été importé de l'Ouganda.  Depuis son arrivée, il a déjà engendré de nombreux chevreaux dans le village.  D'autre part, comme au temps de la monarchie Rwandaise, quand le Roi prêtait des vaches aux familles, celle du village que nous visitons prend soin de la vache reçue en prêt jusqu'à ce que naisse le premier veau, lequel reste dans la famille.  En les quittant, je reçois quelques fruits de la passion, dont la saveur me rappelle le Brésil des années 1970 !
 
En rentrant à Butare, nous visitons un salon de coiffure. APROJUMAP effectue également des prêts à de petites initiatives génératrices de revenus comme également des prêts aux étudiants et étudiantes pauvres qui ne peuvent se payer des études.  Nous avons rencontré une jeune fille qui termine son secondaire et espère étudier à l'université de Butare.
 
Un grand merci à Eugène et aux deux personnes qui nous ont accompagnés dans cette visite riches en découvertes ... solidaires.

Rencontre de Gaspard, professeur de géographie à l'université de Butare.

A03 Kigali Chantal Gaspard.JPGUne soirée passée autour de brochettes de chèvres (ce que les Rwandais apprécient particulièrement) en compagnie de Gaspard Manyiziri, qui a terminé un doctorat en géographie à l'université de Pau sous la direction de mon ami des Andes et grand cycliste de par le monde, André Etchelecou.

4. Prochaine étape : Bujumbura au Burundi.

Demain, mercredi 14 janvier de bon matin, je partirai vers le sud pour une nouvelle étape.  Dans une bonne semaine, vous recevrez des nouvelles de ce second pays de la TRANSAFRICA  ... "On the road again with Nelson Mandela".
En espérant que cela se passe bien pour vous en Belgique.*
 
En solidarité avec tous ceux qui par le monde sont victimes des extrémismes inhumains de toutes origines.
 
Léon Tillieux