Le Burundi, c'est fini ...

C03 Aude et Alain Bujumbura.JPGDe mon séjour à Bujumbura, outre la belle expérience de rencontres avec les acteurs de l'ONG "OAP"  (Organisation d'Appui à l'Auto-Promotion) (voir message n°4), je retiendrai cette après-midi passé avec Aude dans un orphelinat public où elle anime diverses activités, une fois par semaine, le samedi après-midi; dès mon arrivée, un enfant a sauté dans mes bras et a voulu y rester un certain temps. Contact direct avec la souffrance ... !
 
Parti de Bujumbura le mercredi 21 janvier 2015 de bon matin, je me fais vite rattraper par Cécile et Francis, un couple de Français habitant entre Bordeaux et Toulouse, sur le canal du midi; ce sont des fans du vélo, en Afrique et en Asie. Ils apportent un air de gaieté avec leur accent chantant du midi !  

 
Le soir à Rumonge (75 km de Bujumbura), j'assiste au départ des barques de pêcheurs pour la nuit; ils pêcheront à la lueur de leur lanterne.  Je reviendrai le lendemain matin.  Le jour suivant, sans pluie alors que la veille, j'avais "essuyé" un orage; j'arrive à Cyanza-Lac où je loge dans un petit hôtel pas très cher (8 euros) surplombant le lac. Quoi de mieux pour observer le coucher du soleil !

Une longue montée de 15 km = 6h30 de grimpette : tout le temps d'admirer le paysage et de causer avec les "pousseurs de vélos"

Un cycliste a beau être averti que la montagne qui se profile à l'horizon va lui demander beaucoup de temps pour arriver au sommet, il faut sans cesse mordre sur sa chique et relancer sans cesse le "mulet" comme dit André Etchelecou ...  Je n'ai jamais été seul dans cette lutte, accompagné par plusieurs cyclistes burundais, remontant avec leur vélo à vide, n'ayant qu'une seule vitesse et pratiquement pas de freins (des freins à "baguettes" pour ceux qui s'en souviennent, pas très efficaces.)  
 
C07 Burundi dernier col.JPG
Plusieurs voudraient pouvoir m'aider mais comment ?  Alors qu'eux montent tout à pied, je reste sur le vélo (il est vrai mon "Da Silva" est équipé d'un tout petit développement) et en zigzaguant j'arrive petit à petit au sommet. Mais comme je m'arrête souvent pour reprendre mon souffle, j'arrive bien après eux. La vue est splendide.  La descente est très rapide. Heureusement mes freins hydrauliques "Magura" sont puissants.  Quand je pense que les gens ici freinent avec leurs chaussures (faites de morceaux de pneus) directement sur la roue !
 
Arrivé à Mabanda, je ne vais pas plus loin ... je loge dans le seul hotel ... pas souvent occupé (le dernier passage remonte à huit jours).  Je suis attiré par des chants dans l'église voisine.  J'entre dans cette église "noire de monde" (sans jeu de mot).  Je suis bien sûr le seul "muzungu" et tout le monde se retourne vers moi;  c'est assez impressionnant d'être regardé en même temps par 1.200 yeux directement braqués vers vous ! Beaucoup de jeunes ... dont les membres de la chorale (chemise verte pour les garçons, jupe de la même couleur pour les filles) assurent une ambiance plus que rythmée, avec une belle chorégraphie ... bravo !
 
Le lendemain, je pars vers la Tanzanie.  Je louppe le contrôle de frontière et le douanier dépêche  un jeune qui, en courant, me dit que je dois faire demi-tour pour obtenir le cachet burundais de sortie.  Le douanier, avec un très grand sourire me dit "Je vous ai vu dans l'église, hier ... et vous avez comme curé, un prêtre de notre diocèse, l'abbé Ignace" ... ah bon, les nouvelles circulent vite sur les collines burundaises !  Il est vrai que  j'avais rencontré le curé de la paroisse et lui avait fait part de cette information.

Changement de programme pour la Tanzanie : un voyageur quadruplement averti en vaut ...

Le trajet initialement prévu pour la Transafrica 2015 m'aurait donné l'occasion de traverser la partie occidentale de la Tanzanie, longeant la République du Congo, de Kigoma sur le lac Tanganyka, via Mpanda, Sumbawanga et Mbala, ville frontière en Zambie (voie sur Google Map). J'aurais eu l'occasion de traverser le parc animalier le moins fréquenté par les touristes: le parc national Katavi. 
 
Très bien renseigné par un italien prénommé Simone, qui travailla pour ce parc, j'ai cherché une alternative à cet itinéraire et ce pour quatre raisons:
  • en ce début d'année, c'est la saison des pluies: la boue risque de bloquer le vélo, surtout les roues ... et il faudrait des jours pour parcourir 100 kms; non merci, j'en ai fait l'expérience dans les Andes (voir photo jointe, boue durant 500 mètres au Burundi);
  • cette route traversant le parc animalier ne peut être utilisée à vélo; obligatoirement, il faut arrêter un véhicule (bus ou 4x4) pour des raisons de sécurité;en effet, je ne veux pas courir le risque de certains intrépides qui s'en vantent l'avoir fait sur les forums des voyageurs; non, je ne souhaite pas servir de "petit déjeuner" aux lions qui, après tout sont chez eux dans ce parc; pourquoi les déranger, même si avec moi, ils n'auraient pas grand chose à se mettre sous la dent !  D'autres animaux dangereux (rhinocéros, buffles, etc) peuvent également être croisés.  En voiture ou en bus cela va ... mais à vélo, il faut pouvoir pédaler vite ... avec 40 kgs de bagages !
  • troisième raison, la mouche Tsé-Tsé a aussi élu domicile dans cette région ... laissons-la bien seule !
  • quatrième raison et non la moindre, sur cette route peu fréquentée, la rencontre possible de voleurs, toujours selon Simone, me demande d'être "prudent" ... comme je l'ai promis à mes proches. 
Dès lors, j'envisage de prendre le train sur une distance de 1.200 kms environ, vers l'Est de la Tanzanie de Kigoma (lac Tanganyka), via Tabora, Dodoma, en direction de Dar-Es-Salaam, capitale de la Tanzanie et ce au moins jusque Morogoro (voie sur Google Map).  De cette ville importante, je retrouverai une route asphaltée et plus fréquentée qui m'emmènera vers le Sud-Ouest : restera dès lors un peu plus de 1.800 kms jusque Lusaka, capitale de la Zambie et environ 2.400 km jusque Harare, capitale du Zimbabwé, terme prévu de la Transafrica 2015, fin mars.
 
Cette alternative m'a été suggérée par la rencontre à Nyanza, de deux cyclistes britanniques, dont l'un venant de Cape-Town en Afrique du Sud, en route vers Kigali et Kampala en Ouganda.  Les chemins les plus longs - en Afrique du moins en ce qui me concerne - sont parfois plus courts ... et en tout cas plus sécurisés.

Quatre jours de repos au bord du lac Tanganyika

 
C06 Tanzanie Jakobsen beach.JPG
 
A Kigoma, ville importante de Tanzanie sur le lac Tanganyika, je suis logé dans un endroit idyllique, un lodge construit par un Norvégien, Mr Jakobsen qui m'accueille très gentillement.  Il travaille ici depuis 1972 et parle parfaitement le swahili.  Je puis installer ma tente tout près de la plage où il est possible de se baigner sans craindre les animaux (pas d'hippoptames comme à Bujumbura) et pas de bilhardiose (le vent important provoque beaucoup de vagues ce qui éloigne les moustiques porteurs de cette maladie).  Je puis faire du feu pour cuisiner ... je suis parti à la recherche de morceaux de bois et j'ai des allumettes bien sèches (pas comme dans le col de Sico, dans les Andes en janvier 2013 !)
 
En revenant vers la tente, je constate que des visiteurs se sont invités :  des zèbres, qui ne s'enfuient pas; sans doute, sont-ils chez eux (comme les lions dans les parcs nationaux) ... et des singes, un peu plus excités, qui sautent d'arbre en arbre.  Il s'agit de bien fermer les sacs, surtout celui contenant de la nourriture.  Quand aux pelures de bananes, ils les ont relèchées en moins d'une seconde.
 
C04 Kigoma Tanzanie gare.JPGLa gare de Kigoma a été construite par les colonisateurs allemands à la fin du 19ème siècle.  "Et elle est toujours debout" me dit l'employé des chemins de fer Tanzanien en réservant ma place.  "Et cette ligne de train est plus que centenaire : 1914" précise-t-il.  Il m'invite à revenir mercredi pour retirer le billet;  deux heures avant le départ, jeudi, il me montrera la wagon seconde classe comportant 6 couchettes ... et je pourrai choisir celle qui me plait.  
 
Quant au vélo, jeudi matin, il l'acheminera avec les bagages (5 sacs soit 30 kgs) vers le wagon marchandises.  Je suis tout heureux d'avoir trouvé une place, grâce à mon hôte scandinave qui connait l'employé.  Dimanche matin, un homme m'avait dit, d'une façon péremptoire qu'il n'y avait plus de place libre avant le 8 février ... quand j'ai raconté cela à Mr Jakobsen, il a pouffé de rire : c'est un escroc qui espérait me vendre une place en touchant sa commission.
 
Eh oui, l'Afrique, il faut s'y faire !  Mais ce n'est pas avec des gens de ce genre que l'Afrique avancera !  Le chemin pour une saine gouvernance est encore long ..." like the way to freedom and democracy" - I said on the departure of Transafrica in Nelson Mandela square in Gesves last December !

Découverte des chimpanzés du parc national de Gombé

Parti mercredi 27 janvier 2015 bien avant le lever du jour avec un petit bateau vers la réserve de Gombé.  Six Allemands, un Togolais et Mr Jakobsen sont du voyage.  C'est dans cette région que Livingstone et Stanley, après s'être retrouvés, ont campé sur le chemin à la recherche de la source du Nil. Etablie en tant que réserve dès 1943.  
 
C01 chimpanze mere.JPGDans les années 1960, les chimpanzés nombreux dans cet réserve commencèrent à faire l'objet de recherches d'un Anglais, Mr Jane Goodall.  Transformée en parc national en 1968.  Il est possible d'observer les chimpanzés ... si l'on n'est pas bruyant, patient et non porteur de maladie (une grippe transmise peut leur être mortelle).  
 
Les rabatteurs nous ont signalé la présence d'un couple et d'un bébé chimpanzé.  Pour les voir de près, nous patienterons une heure en dessous de l'arbre du haut duquel, ils se ravitaillent en feuilles tout en jetant de temps en temps un coup d'oeil vers le bas, comme le font les Lémuriens à Madagascar.
 
Quand ils sont sur le sentier, ils ne sont nullement effrayés par notre présence, à condition que nous nous rangions tous du même côté pour leur laisser la place. Attention ne pas vexer le mâle en le regardant droit dans les yeux! 

Le village de pêcheurs de Katonga

Le lac Tanganyika est l'un des lacs les plus étendus de la planète et le second plus profond avec ses 1.447 mètres.  Une très grande réserve d'eau douce !  Un lac très poissonneux aves 300 espèces que l'on ne rencontre nulle part ailleurs.  En visitant le petit village de pêcheurs de Katonga, l'on mesure combien ce lac est une richesse exceptionnelle pour les populations des pays qui bordent le lac: Congo, Burundi, Tanzanie et Zambie.
 
C07 Tanzanie Jakobsen beach.JPG
Ce jeudi 29 janvier à 17, je serai dans le train en partance vers Morogoro.  La suite dans un nombre de jours encore inconnu à ce jour.  Merci pour vos messages ... spécialement un qui vient de très loin, de Polynésie : d'une famille française, rencontrée à Potosi en Bolivie en 2009, toujours en voyage à vélo depuis lors, avec deux enfants ... faut le faire ! Avec Internet, l'on peut faire le tour du monde en moins de deux !
 
Léon Tillieux