Chers amies et amis,

Je reprends la suite de mon voyage ce vendredi 30 janvier 2015.  Je suis dans le train Kigoma/Morogoro, arrêté depuis deux heures à mi-chemin dans la gare de Tabora.  Temps d'arrêt prévu : trois heures.  Ce qui me donne l'occasion de vous raconter comment se déroula le départ. 

Attention aux singes ... très futés !

Jeudi 29 janvier 2015 au matin. 7h30, c'est l'heure de monter tous les bagages depuis la plage près de laquelle j'ai passé quatre nuits silencieuses (à part le bruit des vagues du lac Tanganyika) vers le bureau de Mr Jakobsen.  Ils sont bien rangés et bien fermés.  Deux minutes pour me brosser les dents ... les singes sont déjà là et ils ont ouvert le sac à provision.  Je suis tellement vexé que je n'ai pas le courage de les filmer : ils ont volé un gros sac de biscuits qui auraient été bienvenus lors du long voyage en train ainsi qu'un sachet de raisins secs.  Et ils parviennent encore à disputer ... un peu comme nous, les humains, quand il s'agit de se "partager" (attention ... c'est un euphémisme) les richesses du monde !

Embarquement du vélo

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Arrivé bien à l'avance à 10h du matin avec le vélo chargé comme un "mulet", je me dirige vers le bâtiment où sont stockés les marchandises à expédier.  La cheffe, une belle dame, ayant la poigne pour diriger ses ouvriers, me dit que je dois prendre les bagages dans le compartiment; seul le vélo peut prendre place dans le wagon marchandises.  On pèse le tout sur une énorme balance: le vélo (16 kgs) et les 5 sacs (total 38 kgs) ... ouf le maximum (40 kgs) pour les bagages accompagnés n'est pas atteind ! Je paie l'équivalent de 4,5 euros pur le vélo ... pour 1.052 kms.  Quinze minutes avant le départ, j'irai vérifier s'il est bien dans le wagon-marchandises ... j'arrive au moment où un homme le calle à l'arrière tout en haut des marchandises les plus diverses dont des meubles usagés.

Pour connaître la place réservée dans le wagon seconde classe comportant 6 couchettes par compartiment, je dois attendre 16h.  Entretemps, la dame a bien voulu garder mes sacs dans son bureau.  Je bénéficie de l'aide de touristes allemands pour acheminer le tout vers le wagon réservé.  Le départ est plus ou moins respecté ... seulement 20 minutes de retard ... un retard on ne peut plus Belge, n'est-ce pas ?

P1090173.JPGLe retard à l'arrivée sera nettement plus grand... 15 heures, soit toute une nuit supplémentaire dans le train !  Les premières heures du voyage sont riches en couleurs surtout lors des arrêts dans les villages avec une foule de gens offrant bananes, fruits, canne à sucre, frites  etc ... comme ce fut le cas lors de notre voyage en train à Madagascar en juin 2014 de Fianarantsoa à Manakara sur l'Océan Indien.

Magnifique coucher de soleil également ... vu depuis le restaurant où je me rassasie de riz (bien utile pour ne pas devoir quitter la couchette en pleine nuit pour aller aux toilettes) accompagné d'un poulet.  Au vu de sa constitution, il s'agit certainement d'un poulet qui durant sa vie fut davantage "marathonien" qu'haltérophile.

Mais ne nous plaignons pas: un repas comme cela (moins de deux euros), la plupart des gens dans les campagnes ne peuvent même pas se le payer ... ayant, par jour, un revenu moyen équivalent à un dollar !

Dans le compartiment, je sympathise avec un jeune qui va étudier à Dar-Es-salaam et nous conversons malgré un anglais un peu limité chez lui.  Quand à mon voisin  voyageant avec son jeune fils, il m'explique qu'il travaille pour une ONG Tanzanienne qui vise à lutter contre l'alcoolisme qui fait des ravages dans une population désoeuvrée.

Bonne arrivée à Morogoro

P1090180.JPGEn quittant le wagon couchettes dès l'arrivée en gare de Morogoro pour me diriger vers le wagon marchandises en queue de train, je me fait aider par un porteur.  Je suis très inquiet de retrouver le vélo ... mais tout est OK.  C'est de nouveau une dame qui contrôle le déchargement; je réussi à la convaincre de me livrer directement le vélo puisque j'ai tous les sacs prêts  à partir vers le Sud-Ouest.  Je me mets en selle sans plus attendre.

Je demande 5 fois la route et je trouve facilement la belle nationale que je suivrai jusque Harare durant 2.400 kms.  Qu'il n'y ait pas un petit malin pour me demander: "tu ne pars pas avec un GPS ? ..." Pour entendre une voix bêtement enregistrée me dire : "continuez pendant 2.400 kms !"

Les aventures de Léon au pays des Simbas

C'est surtout Mr Jacques Trépant (mon professeur de Français et Histoire au collège de Bellevue à Dinant ... il ya 50 ans) qui va se délecter de ce récit ... épique, à rire ou à pleurer de peur selon le point de vue !

Samedi 31 janvier 2015. Pas moyen de trouver un logement dans les villages traversés. Il est déjà 17 heures et le compteur marque déjà 7O kms.  Je demande à des policiers tout vêtus de blancs, où il y a un camping. Ils me renseignent le camping "Stanley" dans 8-10 kms à droite de la nationale.

Surprise quand il s'agit de quitter cette route, le panneau indicateur m'invite à parcourir 8 km supplémentaires sur une route faite de cailloux ... et de sable (ce que nous détestons le plus après la boue, surtout le vélo).  L'orage approche et tout juste à temps, j'arrive à l'endroit où je rêve de monter ma tente.  

P1090182.JPGHélas non, la cheffe, une dame anglaise (je tombe toujours sur des dames !) qui me dit qu'il ne s'agit pas d'un camping mais d'un camp : interdit de monter une tente. Elle s'étonne que je suis entré dans le parc avec un vélo.  Je lui répond que ce sont les policiers qui me l'ont suggéré.

Elle me dit : "Et si vous aviez rencontrés des Simbas ?".  Assez ignorant, je lui demande, comment sont ces Simbas, j'aimerais les rencontrer !  Furieuse, elle me dit, "Mais ce sont des lions, prêts à vous croquer !"  Mon Dieu ... je m'excuse.  

Compréhensive, elle cherche une solution. Les chambres étant hors prix pour mon budget de voyageur longue distance (trois mois) elle me propose une chambre semblable à celles du personnel africain: proprettes mais hyper chaude.

Pour me rafraîchir, je prends deux douches ... l'eau coule mais il faut s'arroser au moyen d'un récipient en plastic.  Demain matin, un véhicule m'amènera au lieu où l'on peut camper.  Pas question de repartir à vélo ... car si un Simba (un lion) passait par là ... !  Perplexe, je lit sur la porte de ma chambre "Lion" ... l'employé rigole lorsque je lui dit mon prénom!

Au repas, je parle avec des touristes allemands.  Le plus âgé termine la conversation avec une remarque du genre "Au fait, si vous aviez rencontré un lion, il n'aurait pas eu grand chose à se mettre ..."  Ce que vous lecteurs avez déjà lu dans le message précédent !

Dimanche matin 1er février, comme convenu, après une bonne nuit réparatrice, un bon repas le soir et un copieux petit déjeuner à l'anglaise ou à l'allemande (je n'avais plus eu cela depuis des jours ), trois employés du "Stanley Camp" me déposent à la nationale asphaltée; chacun veut être photographié avec le "Babou" à vélo !

38 kms plus loin, j'arrive au camping (cette fois c'est un véritable camping et plus un "camp"), qui porte le nom "Tanz-Swiss" ... vraisemblablement ouvert par un Suisse tombé amoureux de la Tanzanie, voir d'une jolie Tanzanienne.  A peine arrivé à la réception, une jolie jeune fille m'offre un jus de fruit frais ... par cette chaleur, quel délice!  De plus, le soir, je prends une (longue) douche chaude (la première depuis 4 semaines!)  Que cela fait du bien de se décrasser ... car à l'eau froide ... !

Un safari africain

P1090153.JPGL'après-midi, je pars pour un safari d'une durée de 5 heures avec un guide-chauffeur qui me montre la photo d'un Simba prise il y a 4 jours, me dit-il ... sans rien savoir de mon aventure de la veille.  

Du haut de ce véhicule rehaussé pour que l'on puisse voir très loin, je découvre successivement : éléphants, girafes, impalas par dizaines, buffles (qui se roulent dans la boue pour ne pas être mordus par les insectes), hippopotames (du moins, le bout de leur "museau"), phagostères (je ne suis pas sûr de l'orthographe), zèbres, singes (babouins), etc.  Je vous joins quelques photos ... les meilleures à mon goût.

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Correction du message précédent

La personne qui a pris la défense des Chimpanzés dans la réserve de Gombé (frontière entre Burundi et la Tanzanie), est une dame (Jane Goodall) et non pas un monsieur ... merci à Françoise Lesuisse de Hamois, une de mes fidèles lectrices qui apporte cette précision.  Heureusement que j'ai des lectrices parmi les lecteurs !

Merci à Jacques Briard, mon relais auprès de la radio locale namuroise RCF qui a donné, ce vendredi 30 janvier 2015, des nouvelles de la Transafrica.  Je ne pourrai malheureusement contacter ses amis à la capitale Dar-Es-Salaam, ayant pris directement, au saut du train, la direction Sud-Ouest vers la Zambie.

Merci pour vos nombreux messages ... le prochain, ce sera dans x jours.

Léon Tillieux