Chers amies et amis de la Transafrica 2015

La fin d'un voyage

C'est bien sûr la joie et la fierté de l'avoir accompli qui viennent au coeur mais c'est aussi le regret d'une aventure qui se termine.

Pourtant, le long chemin vers Qunu n'est pas terminé puisque en janvier 2016, je serai de nouveau ici à Harare pour la seconde partie de ce voyage intitulé "On the road again with Nelson Mandela".  Je suis certain que vous continuerez à me suivre comme vous l'avez fait lors de cette édition 2015. Mais, avant de dresser le bilan et d'envoyer la liste des remerciements, quid des derniers jours passés au Zimbabwe ?

A Chinoyi, une "précieuse" rencontre orchestrée par Precious, responsable de l'organisation Pamuhacha

Un courriel de Claude Mormont d'Entraide depuis Bruxelles, un SMS, un coup de fil et voilà une rencontre programmée en moins de deux avec ce partenaire d'Entraide et Fraternité qu'est Pamuhacha, grâce à la personne responsable de cette ONG prénommée "Precious" (prénom peu habituel).  

B04 Pamuhacha enfants activites.JPGCette organisation a comme objectif principal de venir en aide aux enfants porteurs du Sida, nombreux ici au Zimbabwe comme en Zambie (voir message n° 9). Veiller à ce qu'ils soient dans de bonnes conditions pour prendre régulièrement les médicaments prescrits par le traitement.  Organiser des activités en leur permettant d'exprimer leurs peurs, leurs angoisses mais aussi de réaliser leurs rêves.

Pamuhacha est le nom d'un grand arbre africain en-dessous duquel les gens se rassemblent pour échanger sur les problèmes importants... comme celui du Sida : comment organiser la prévention; comment permettre aux porteurs de continuer à mener une vie normale sans stigmatisation, etc.

Ce jeudi 19 mars dernier jour à Chinoyi, j'ai rencontré une dizaine d'enfants et vu comment les activités organisées par Pamuhacha les aident à re-vivre comme les autres enfants.
 
Translation for the "English speaking" friends.
 
A contact by Mail with Claude Mormont of Entraide in Brussels, one message, one phone contact and the meeting is arranged in less than one hour with this partener of "Entraide et Fraternité" : Pamuhacha, thanks to Precious, the responsible of this organisation that has the main purpose to help and take care of childrens having HIV/Aids, very numerous here in Zimbabwe (as in Zambia).  Try to give good conditions for them taking the medication regularly.  Organize activities in order to help them to say why they are afraid but also to reach their dreams.  Pamuhacha is the name of a big african tree under which people come together to share about important problems ... like that of HIV/Aids : how prevent it, how allow the young people to continue to live normally, etc.  This thursday 19th March, I participate to the activities organized by Pamuhacha in order to help these children to live again as the other children.

Camping à Chinoyi

En attendant cette visite, je me suis payé (encore un ?) jour de repos dans un immense camping situé près des grottes ("caves" in English) de Chinoyi;  beaucoup d'espace pour la seule tente mais aussi - et cela est très important - accès au WIFI, ce qui vous permet de suivre la Transafrica, pas à pas, il faudrait dire "tour de roue" après "tour de roue" ! 

Dans l'immense terrain du camping, une petite dizaine d'hommes et de femmes enlèvent à la main, une à une, les plantes envahissantes pour faire place à une belle pelouse... que l'on arrose à longueur de journée.  Par contre dans le sanitaire du camping, l'eau fait défaut ! C'est bien l'Afrique avec ses contrastes à chaque coin de rue ou de sentier ! Comme au bord des routes, en Zambie également, des dizaines d'hommes coupent l'herbe à la machette.

Toutefois entre Kariba et Makuti, sur la route des lions, j'ai remarqué que c'était une machine qui avait débroussaillé ... le Zimbabwe n'expose quand même pas ses ouvriers à l'appétit des simbas !

A10 aide barbecue.JPG

Pour mon barbecue, une aide inattendue des petits écoliers ... comme quoi "Small is beautiful" , comme le dit le titre d'un livre ... !

Un midi, j'étais en train de préparer le barbecue pour la cuisson de pâtes (au thon) lorsque, sans que je ne le leur ai demandé, une dizaine d'écoliers rentrant de l'école m'ont apporté spontanément du bois pour le feu (voir photo).  L'on voit bien qu'ils ont l'habitude d'aider leur maman pour ramener du bois pour la cuisson.

En remerciement, ils ont reçu un biscuit !  Ils sont sympas comme dans les autres pays traversés même si de prime abord, ils semblent plus réservés et moins exubérants qu'au Burundi par exemple ... quoique !

Arrivée à Harare : samedi 21 mars 2015 à 17 heures

C05 Zimbabwe danger.JPGLa longue route asphaltée depuis Morogoro en Tanzanie se termine pour moi à Harare, soit près de 2.5OO kms.  Si elle fut relativement sécurisante en dépit d'un trafic intense, ce fut grâce à une bonne piste cyclable la majeure partie du parcours jusqu'au Zimbabwe.

Dans ce dernier pays en revanche, comme en témoigne la photo jointe, la piste cyclable était très souvent inexistante. Toutefois le "fair-play" des chauffeurs de camions et des voitures a fait en sorte que les risques d'accrochage ont été limités.

Tout au long du parcours, je n'ai cessé d'être vigilant ... c'est la raison pour laquelle je suis toujours là pour vous le dire. Un allié important, ce fut le drapeau-écarteur jaune et rouge, orienté vers la droite (voir la photo) qui en a poussé plus d'un à ne pas me frôler !

La recherche de la maison où habitent John et Kathy Stewart à Harare fut un peu longue.  En m'adressant à des personnes qui ne connaissaient pas leur rue, je me suis retrouvé trop loin ... en fait, si j'avais su, les Stewart habitent - comme par hasard - non loin de l'avenue "Nelson Mandela" ... !

Programme de visites très intéressantes à Harare

Accueil chez les Stewart

Grâce à John Stewart chez qui je suis hébergé à Harare, une série de rencontres très intéressantes.  John, Sud-Africain d'origine, ayant vécu au Lesotho, au Kenya, a travaillé au Congo Brazzaville et en Angola.  Passionné de défense des Droits humains, il travailla en faveur des réfugiés Chiliens, Boliviens et Argentins dans les années 1970, dans la lutte anti-apartheid en Afrique du Sud, avec les Quakers, mouvement d'action non-violente.  

Avec son épouse Kathy, également Sud-Africaine d'origine, ils sont installés au Zimbabwe.  John a été témoin pour Entraide et Fraternité au moment important de la lutte anti-apartheid et à ce titre est venu dans la région de Namur et de Charleroi.  Actuellement, il est directeur de NOVASC (Nonviolent Action and Strategies for Social Changes), dont le siège est au Zimbabwe, et qui apporte un soutien technique et pratique au développement de compétences en matière de négociation, de médiation et d’action non-violente.  Il a également participé aux Forums Sociaux Mondiaux de Porto Alegre au Brésil au début des années 2000.

Quant à son épouse Kathy Bond-Stewart, elle fait partie d'une équipe d'une dizaine de personnes responsables de la publication d'ouvrages, publiés en Afrique du Sud : "Africa Community Publishing and Development Trust". Avec comme objectif la formation d'acteurs de changement au service du renforcement des capacités communautaires pour un développement véritable.

Semer les semences (les capacités des personnes) en renforçant la participation citoyenne; raviver l'espoir au delà de la pauvreté et de la survie; restaurer la dignité humaine basée sur la défense des Droits Humains  et sur la reponsabilité de tous.

Dans un ces livres publiés intitulé "Rising again", l'équipe propose une analyse du contrôle des ressources locales en abordant la problématique de la terre tenant compte des aspects fonciers, climatiques et environnementaux.

Une des questions posées dans ce livre : "comment se fait-il que dans un pays disposant de tant de richesses (sol et sous-sol) qu'est le Zimbabwe, il y ait tant de pauvreté?"   Un dessin illustrant des babouins détruisant la récolte d'un paysan porte le commentaire suivant : "comment se fait-il que nous paysans, nous ne pouvons pas exiger une indemnisation alors que, si notre vache entre dans un parc national et provoque des dégâts, nous devons payer une amende à l'Etat?".

Rencontre pendant deux jours de responsables de l'association ZIYSAP (Zimbabwe Integrated Youth Survival Alternatives Program Trust) dans une région rurale à 20 km de Harare

D01 Ziysap team.JPGDans un contexte d'un très grand sous-développement avec un taux de "non-emploi" atteignant 80% affectant principalement les jeunes (je n'utilise pas le mot "chômage" car dans ce pays comme dans la plupart des pays du Tiers-Monde, les indemnités chômage n'existent pas), cette association entend relever ce défi de créer des opportunités d'emploi : agriculture, menuiserie, construction, gardiennage, salon de coiffure, création musicale, etc.

Aider les jeunes à développer leurs capacités et à prendre des initiatives en rompant les chaînes de la pauvreté et d'une "culture du silence" qui les écrase dans un contexte politique difficile. 

Visite du Centre "Silveira House" : Centre Social Jésuite de Développement et pour la Justice
 
E01 Centre Silveira House.JPGSitué à 2O km à l'est de Harare en zone rurale, ce centre multidisciplinaire organise des formations dans différents domaines: écoles, santé des enfants, agriculture, artisanat, développement industriel, promotion des Droits humains, problématique de la paix et de la justice, éducation civique, auxquels s'ajoute celle liée à l'expansion du SIDA.

Fondé en 1964 par un jésuite, le Père John Dove né en Birmanie, ce centre entend promouvoir la doctrine sociale de l'Eglise en prenant ouvertement parti pour la défense des droits des opprimés et particulièrement des ouvriers via l'action syndicale.

Le mardi 31 mars - dernier jour au Zimbabwe

Kathy Bond-Stewart chez qui j'ai été hébergé durant huit jours, présente son dernier ouvrage. Il y a vingt ans, en 1995, cette travailleuse sociale énergique faisait partie de la délégation des ONG du Zimbabwe au "Sommet sur la femme" à Beijing (Péking) en Chine.

Vingt ans après, la problématique liée aux différences entre hommes et femmes est encore très importante en Afrique; de nombreuses personnes dont surtout des femmes s'engagent au quotidien pour un plus grand respect de la femme et de ses Droits. Mais le chemin - comme celui vers la liberté - est long et semé d'embûches ...

Bilan de la Transafrica 2015

C02 Village Zimbabwe.JPG

Kms parcourus : 3.122 kms
Nombre de jours roulés: 41 jours
Moyenne journalière : 76 kms
Temps total : 246 heures 21 min.
Moyenne horaire : 12,7 kms/h.
Nombre de crevaisons  et de problèmes techniques : néant.
Changement de chaine (en alternance) : deux fois.

C01 Traction animale.JPG

Une longue liste de "merci"

  • en premier lieu, à vous qui avez pris la peine de répondre à mes messages en m'encourageant dans ce défi un peu fou, moins escarpé que celui des Andes (2009 et 2013) mais beaucoup plus chaud et non sans risques (rappelez-vous l'histoire des simbas ... en plusieurs épisodes);
  • à celles et ceux qui m'ont accueilli au Rwanda: la soeur (Chantal) et le frère (Gaspard) de mon beau-fils Innocent; Soeur Alphonsine et les autres religieuses de Cyeza; l'abbé Rémi et ses collègues de Nyanza; Soeur Odette et les autres religieuses de l'école "Elena Guerra" de Butare, Eugène de l'Aprojumap et les personnes rencontrées sur le terrain lors des visites des projets soutenus par Entraide et Fraternité;
  • à celles et ceux qui m'ont accueilli au Burundi : Aude Rossignol et Alain Carpiaux travaillant à Bujumbura; l'abbé Marc de Ruganza (Kayanza); Pascasie, Pascal, Justin, Gordien et Moïse de l'OAP de Bujumbura ainsi que les personnes rencontrées sur le terrain lors des visites des projets soutenus par Entraide et Fraternité ; Thierry coordinateur régional africain de cette ONG;
  • à celles et ceux qui m'ont accueilli au Tanzanie et plus particulièrement Mr Jakobsen de Kigoma qui m'a aidé à réserver le train pour Morogoro;
  • à celles et ceux qui m'ont accueilli en Zambie : principalement Pierre Ruquoy, Amos, Chanda, le cuisinier et la centaine d'enfants des "Sunflowers"... sans oublier le jeune (dont je n'ai pas retenu le prénom) qui, en moins de deux, a recousu ma chaussure gauche qui "baillait" un peu trop; Thierry Dejonghe et son épouse de Lusaka; les deux familles nombreuses chez qui j'ai passé une nuit; le couple de fermiers blancs qui m'ont accueilli pour une nuit;
  • à celles et ceux qui m'ont accueilli au Zimbabwe :  les concierges de l'entreprise CMDE de Makuti; les abbés Batwell et Ignatius de Makuti qui m'ont ouvert la porte de leur presbytère; Precious, le staff de l'organisation "Pamuacha" de Chinoyi ainsi que les enfants avec qui j'ai passé une après-midi; les enfants de Chinoyi qui m'ont apporté du bois pour le barbecue; Mr Nelson de Mapucha, contacté par la très active Precious, qui m'a trouvé un coin de pelouse pour dresser ma tente la dernière nuit du voyage à vélo; la boisson rafraîchissante donnée par un retraité blanc qui a arrêté sa voiture tirant un bateau de plaisance pour me demander d'où je venais;  aux membres du ZIYSAP et en particulier David Manenji (ancien coordinateur panafricain de la JECI - Jeunesse Etudiante Catholique Internationale - et de la JOCI - Jeunesse Ouvrière Catholique Internationale - dans les années 1980) et son épouse Kenyane Frida; les personnes de Silveira House, en particulier Eve... et "last but not least" John et Kathy de Harare, qui laisseront dans mon coeur un souvenir inoubliable de cette fin de séjour en terre africaine; 
  • à celles et ceux qui ont soutenus les ONG parrainées (OXFAM, Entraide et Fraternité, the Sunflowers en Zambie et le Groupe Tiers-Monde de Gesves) ainsi qu'aux sponsors de la Transafrica, dont le nom paraitra dans le générique (sauf s'ils souhaitent rester anonymes) du film qui vraisemblablement s'intitulera "On the road again with Nelson Mandela".

Quid de la suite de la Transafrica 2015 dans les mois à venir ?

  • Un livre photos, comme d'habitude après un voyage, reprenant les plus belles de celles qui étaient attachées aux messages et les commentaires les plus significatifs des courriels que vous avez reçus
  • La réalisation de la première partie du film avec et par les frères de Ville; les projections seront vraisemblablement programmées pour le mois de juin, sinon septembre 2015
  • Un contact avec la journaliste Sophie Timmermans de l'émission "Il était une foi" (le dimanche à 19h sur la Première de la RTBF) pour un témoignage sur les ondes belges dans les semaines à venir, ainsi que sur celles de RCF Namur dans l'émission "d'écho en écho" de Marcienne Greindl. 

Retour en Belgique

Le vélo ayant retrouvé sa caisse en carton,  départ de Harare (Zimbabwe) le premier avril (ce ne sera certainement pas un poisson) à 12h45. L'arrivée est prévue le jeudi 2 avril 2015 à Zaventem à 8 heures du matin. Si le cœur vous en dit de vous lever tôt et de m'accueillir ...

Au plaisir de se revoir "tout bientôt" ... comme di(rai)t Danielle !

Léon

F02 Sadza.JPG

Précision relative au message précédent

La  traditionnelle purée de maïs, "Nshima" en Zambie, au Zimbabwe cela s'appelle le "Sadza". 

En fait le maïs trouve son origine dans les civilisations latino-américaines et est connu des populations de ces régions bien avant l'arrivée des Espagnols; le maïs - omni présent en Zambie et au Zimbabwe, le riz n'étant guère cuisiné dans ces pays  - fut importé en Afrique entre le 16ème et le 17ème siècle... via l'Europe.