Lusaka, capitale de la Zambie : contrastes

Après une semaine de repos et de rencontres enrichissantes aux "Sunflowers", je retrouve les folles sensations du vélo.  En arrivant à la capitale, impossible de louper le nouveau stade, hyper moderne à faire pâmer d'envie les Brésiliens avec leur "vieux" Maracaña même rénové pour le "Mundial" 2014 ! Selon notre ami Pierre Ruquoy, il a été construit par des Chinois qui n'ont nullement hésité à utiliser de la main d'oeuvre "très bon marché" : des condamnés de droit commun, qui au lieu de purger leur peine en Chine, ont pu librement respirer l'air de ce Cayenne Chinois en Afrique !  Les bagnes, c'est pas fini avec eux !

Un saut (en bus) jusqu'au parc national de Luangwa en Zambie orientale

A10 Leopoard dans la nuit.JPGUn petit extra, pendant 5 jours, sans le vélo qui "se repose" chez Thierry, un Belge retraité à Lusaka. Au menu de ce safari : éléphants, girafes, impalas, zèbres, buffles déjà vus en Tanzanie (voir message n° 6) avec comme nouveauté, à défaut de lion (ou Simba), un léopard (la photo jointe - prise à la tombée de la nuit - est floue mais montre bien le déplacement caractéristique de ce félin guêtant son"souper" : un impala tout proche).  

Egalement des hippopotames que l'on entend même la nuit depuis le "lodge",  de nombreux oiseaux, un crocodile (seule la queue était visible).  

Au petit matin, un couple de léopards ... mais comme c'était la saison des amours, nous n'avons pas trop insisté ... ils sont chez eux quand même !  Au coucher du soleil (magnifique comme souvent en Afrique), des koudous. 

A07 Koudous.JPG

Voir à ce propos ci-dessous, un extrait du livre biographique de Nelson Mandela "un long chemin vers la liberté", mon livre de "chevet" pour cette Transafrica 2015. Même à "Robben Island", il y a(vait) des koudous !

 P1110331.JPG" (...) Quelques jours plus tard, nous sommes allés à la carrière à pied, plutôt qu'en camion, et cela aussi nous remontait le moral.  Pendant les vingt minutes de marche vers la carrière, nous avions un meilleur sens de l'île, nous voyions les buissons très denses et les grands arbres, nous sentions les parfums des eucalyptus, nous apercevions parfois un springbok ou un koudou, en train de brouter au loin. (...)" 

Lundi 9 mars 2015

Sortir de Lusaka

Quitter Lusaka, une ville de plus d'un million d'habitants, ce n'est pas aisé surtout lorsqu'il n'y a aucun panneau directionnel. Mais avec mon (bon) sens de l'orientation et grâce au soleil qui brilla ce jour-là, malgré une erreur de parcours, je me suis retrouvé assez rapidement sur la bonne route vers le Zimbabwe et cela sans passer par le centre comme cela était initialement prévu.  

D'où un parcours plus aisé ... surtout qu'en Zambie, sur les nationales, 80% du temps, les cyclistes disposent d'une belle piste cyclable d'un mètre - et parfois un mètre vingt  - de large, du même revêtement que la partie de la route réservée aux poids (plus) lourds.  En Belgique francophone - mis à part le très beau réseau RAVel - les pistes cyclables des années 1950 sont dans un état déplorable (végétation et objets hétéroclites rejetés par les voitures). 

Rencontre de Dino ancien courreur cycliste

En sortant d'un petit "super-marché" à la sortie de Lusaka (où j'ai acheté un pot de "Nutela" ... cela fait deux mois que j'espérais me payer ce petit extra !), un homme m'interpelle.  Il - Dino Giuseppini - est fasciné par le vélo depuis toujours.  En effet, ancien cycliste professionnel du temps de Coppi, Gimondi, Zandegu et Merckx, il arrive en Afrique; il consacre sa vie au cyclisme : tour de Madagascar, de la Réunion, courses en Algérie, en Egypte, etc ... 

Ensuite, il essaye de constituer une équipe nationale Zambienne ... s'étant arrêté définitivement dans ce pays où "il y a tant de soleil et où le ciel est bleu" ... mais aussi pour les beaux yeux d'une Zambienne ! Tout heureux de rencontrer un "fana" du vélo, il m'invite à manger chez lui : de bons spaghetti à l'italienne.  

Ma connaissance de l'italien lui permet de s'exprimer dans sa langue maternelle et tout heureux (et très volubile), il ravive les souvenirs des années 1960, 1970 ... où l'on ne se dopait pas (ou moins) et où l'on prenait des pastilles de sel pour compenser la perte de liquide due à la sueur sous le soleil africain. Pour la Transafrica 2016, je prendrai cela dans ma musette ...!

Une cimenterie qui pose question 

Soudain une usine, décor inhabituel en Zambie : une cimenterie ! Pierre Ruquoy - toujours lui - m'a appris que la famille Le Pen est seule propriétaire et détient le monopole de ce secteur important pour la construction dans ce pays. Il est étonnant que des gens (dangereux) comme les Le Pen refusent de considérer les Africains sur un pied d'égalité avec les Français de souche, mais s'intéressent plutôt et malgré leurs convictions politiques à la génération de profit dans ce coin non-Français. 

Il est vrai - comme pour les Chinois - que les salaires ici sont (très) peu élevés et le syndicalisme quasi inexistant. Sur ce plan - toujours selon la même source, il en connait des choses le Pierre - une tentative de grève réclamant de meilleures conditions de travail a été réprimée par la police ... comme au temps de nos grands-parents ou de décembre 1960 en Belgique ! 

Informations bien sûr à vérifier concernant les capitaux Lepenistes investis dans les cimenteries en Zambie (invitation à tout qui peut m'aider sur ce sujet, car je n'ai guère l'occasion de "surfer sur le net" comme l'on dit en Franglais)...  je ne suis pas sûr que Marine soit locace sur cette question ! 

Une école pour dresser la tente

Lundi soir, pas moyen de trouver un camping ou une "guest-house" pour passer la nuit; je décide de m'adresser à la directrice d'une école dans un petit village.  Tout de suite, celle-ci marque son accord pour que je dresse la tente à proximité.  Echanges intéressants sur le sens du voyage jusqu'au village de Mandela. Elle m'assure qu'il n'y a aucun problème quant à la sécurité.

La nuit tombe vite en Afrique (18h25, il fait encore jour - 18h50, il fait tout noir). Une antenne GSM immense à côté d'une école qui ne dispose pas de l'électricité ... quel contraste !  Sur la porte de l'école, il est écrit "Welcome" ... en effet, c'est vrai !  Journée réussie pour moi sur ce plan-là sauf peut-être pour la cimenterie où je n'ai pas insisté pour être reçu !

Nouveaux langages

Fini le Bemba ("Mwashibukeni"), bonjour le "Nyanja" dans la région de Lusaka et en s'approchant du Zimbabwe, le "Tonga".  J'appends de nouveaux mots ("Mwauka Bwonji" et "Twalumba")... et cela fait toujours autant plaisir aux gens rencontrés quand on leur dit bonjour selon leur culture.  Il va falloir apprendre ces mots en langue locale du Zimbabwe!

Une journée de repos au bord du lac de Kariba 

P1110820.JPG220 kms en deux jours, cela mérite bien un jour de repos (mercredi 11 mars) dans un camping au bord du lac de Kariba, situé à la frontière entre la Zambie et le Zimbabwe. 

D'autant plus que les dix derniers kilomètres présentaient un dénivelé important et cela sous un soleil bien africain ... une véritable fournaise sous le coup de 15h!  Chose rare dans la Transafrica, je suis descendu de vélo à plusieurs reprises ! 

Ce lac immense s'est formé lors de la construction (1956-1960) d'un très grand barrage hydro-électrique sur le fleuve Zambèze, sous les ordres d'un ingénieur français travaillant pour une société ancêtre de Tractebel.

Il semblerait que les années passant, des fissures représenteraient un danger énorme, ce qui pourrait avoir des conséquences désastreuses pour des centaines de milliers d'habitants des pays en aval : Zambie, Zimbabwe, Malawi.  

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Ces informations - à vérifier - m'ont été données par Victor, un Français de Roubaix, rencontré au parc Luangwa et travaillant pour une ONG sur les problèmes de l'eau au Malawi.

Tout près du barage, j'ai vu un chinois - qui m'a salué - ... il y en a partout!

La douanière voulait tout savoir ... "Welcome in Zimbabwe"

P1110683.JPGPour passer la frontière entre la Zambie et le Zimbabwe, le jeudi 12 mars, il suffit d'enjamber le fleuve Zambèze via le barrage de Kariba, construit en demi-cercle.  

Dans une tente où il fait suffocant malgré les ventilateurs tournant à plein régime, la douanière de service veut tout savoir : tous les prénoms (nous Belges, nous en avons parfois 5, c'est mon cas: le papa, le grand-père, l'arrière-grand père, le parrain et "Ghislain" pour éloigner les convulsions ! ); la profession exercée avant la retraite, l'adresse ... en Belgique, l'adresse de référence à Harare, le numéro de la réservation du billet d'avion de retour (qui se trouve enfouie dans les bagages. 

Heureusement, je l'ai noté sur mon carnet de route, toujours à portée de main. Finalement, le visa est accordé: 30 US$ au lieu de 50 dans les autres pays. Tout est moins cher au Zimbabwe et les billets de 2 US$ sont acceptés, moi qui en ai une flopée... 

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Un peu plus loin, un gardien dans une guerrite m'arrête pour me faire payer une taxe sur les véhicules à moteur ... à mon avis, il n'avait pas bien regardé mon moyen de locomotion, ne croyant pas qu'il est possible de venir de si loin avec comme seul "moteur" l'huile de jambes; heureusement, je n'ai pas d'assistance électrique, c'est peut-être considéré comme un moteur dans ce pays!

Une montée hyper raide ... efforts inutiles !

Arrivé au sommet d'une montée qui m'a fait suer comme jamais, j'apprends que je me suis trompé de route et que je dois redescendre si je veux arriver à Harare!  Bien, à Kariba, les rues portent toutes un nom mais à l'embranchement vers la capitale, pas la moindre indication!  Donc je râle. 

Toutefois ce détour m'a permis de faire mes achats dans un mini-super-marché: thon, biscuits, confiture, pâtes, sauce tomate (en Tanzanie, le commerçant m'avait dit : "faites la vous-même !") ... et du bon pain gris, le premier depuis deux mois et demi qui me rappelle celui de la Belgique, au point que je me taille un pique-nique tout de suite devant le super-marché ! Le caissier me propose une table à l'intérieur du magasin ... sympa ! Oui, au Zimbabwe, les premiers contacts sont positifs !

Une nuit en cage comme un "lion"

La douanière m'avait prévenu: je vais passer par une zone où il y a des animaux sauvages;  même les Simbas me poursuivent au Zimbabwe!  Heureusement pour la première nuit passée dans ce 5ème pays de la Transafrica, j'ai trouvé un restaurant-hotel "grillagé".  

P1110682.JPGLa patronne hyper gentille m'a permis d'occuper une partie du bâtiment me mettant la nuit à l'abri des éléphants, lions et autres animaux dangereux qui viendraient rôder par ici (voir la photo ci-jointe ... non nous ne sommes pas au cirque!)  Bien, pendant la journée, je ne risque rien mais "ce sera la forêt, rien que la forêt", me dit la dame qui me vend 12 bananes pour un dollar.  

Ici, Mugabe a instauré le dollar étatsunien comme monnaie nationale (comme Rafael Correa en Equateur). "Pédaler quand il fait chaud" ... C'est ce que me conseille le passager d'une voiture arrêtée qui m'invite à venir voir trois éléphants de l'autre côté de la route (pas trop prèq, car il y a un petit !).  Pendant les heures chaudes de la journée, me dit-il "il n'y a pas de danger ... les Simbas font la sieste".  Ils digèrent leur dernière proie !  

La nuit déjà tombée, alors que je suis attablé à l'extérieur, un des gardiens m'invite à me retourner : dans le noir, on distingue trois éléphants en train de manger à la limite de la propriété, à une trentaine de mètres de nous. Jusqu'à minuit, l'on a droit à de la musique bien africaine ... ensuite place au calme, la nuit appartient enfin aux animaux; quant à nous, nous sommes en sécurité.

Une seconde nuit derrière des barrières

Arrivé à Makuti, je me renseigne auprès de deux policières qui contrôlent les poids lourds.  Comme il risque encore d'avoir des lions la nuit (décidément, ils me poursuivent encore), l'une d'elles me suggère d'aller demander au propriétaire d'un grand dépôt de camions, entièrement clôturé, pour pouvoir planter ma tente.  Je m'adresse au couple de concierges qui m'accueillent chaleureusement.  C'est chez eux que je fais bouillir de l'eau pour me cuire des pâtes. 

Quant à la famille (trois enfants), ils mangent le "Nshima", la traditionnelle purée de maïs, comme en Zambie mais ici cela s'appelle le "Shada" (je ne suis pas sûr de l'orthographe). Le plus petit fait ses premiers pas en s'accrochant à moi.  Le lendemain matin, départ matinal vers Harare après une nuit calme et relativement fraîche. 

Je présume que je me trouve en altitude car la journée précédente, en quittant la vallée du fleuve Zambèze, je n'ai fais pratiquement que de grimper (d'où moyenne horaire inférieure à 10km/h).  Il en sera de même jusqu'à Harare ... la Transafrica 2015 doit se terminer en beauté !

Bienvenue à Lucie

Malgré les difficultés de communication (connexion internet difficile, pas facile de se procurer une carte Sim du pays) durant les premiers jours passés au Zimbabwe, j'apprends le 14 mars (via mon GSM belge) la naissance (le 13 mars) de la petite Lucie, la seconde petite-fille de Danielle, ma compagne. Félicitations aux parents Aurélie et Giovanni et à la Mamy ... très heureux !  

Prochain et dernier message à Harare

Ce sera chez John et Kathy, amis de Jacques Briard et de Claude Mormont (d'Entraide et Fraternité) que la Transafrica 2015 se terminera (avec le dernier message que je vous enverrai) et recommencera en janvier 2016 en direction de Qunu en Afrique du Sud.

Léon ... "on the road again with Nelson Mandela"