Voici la suite de la Transafrica ... en Afrique du Sud en passant par le Swaziland vers le Lesotho.

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 "coucou ... je suis un Swazi du Swaziland ..."

Passage par le Swaziland

L'entrée dans ce petit pays coincé entre le Mozambique et l'Afrique du Sud fut tout aussi simple que lors de l'entrée en Afrique du Sud. Très bon accueil pour la première nuit au poste de police près duquel j'ai dressé la tente. Pour chauffer l'eau destinée à mon plat lyophilisé, deux policiers ont rallumé le barbecue.  

La nuit fut tout à fait calme, contrastant avec le début de soirée perturbé par quelques hommes éméchés par des boissons alcoolisées. A cinq heures du matin, lever et départ pour profiter des heures fraîches de la journée.  Je salue le garde qui a veillé sur le poste de police et par la même occasion sur ma tente.

C'est l'heure où les enfants se rendent à l'école ... un peu timides par rapport aux autres pays déjà  traversés, surtout le Burundi et le Zimbabwe.  Arrivés à un grand barrage, je demande aux gardiens un endroit pour camper ... "Après le pont, à l'aire de pique-nique ... tout à fait sécurisé !" disent-ils. Quand j'arrive à cet endroit, je vois la pancarte : "Beware crocodiles !". Heureusement, un peu plus haut, il y a un lodge où l'on peut camper ... ces sales bêtes ne grimpent pas si haut ! Heureusement ... car comme dit la petite Giulia de 3 ans et demi : "Quand on les caresse ... ils mordent !"  Et ce ne sont pas des caresses!

Le lendemain matin fut très pénible ... et oui, un barrage généralement cela se trouve à une altitude très basse par rapport aux montagnes qu'il faut grimper pour retrouver la route nationale. A midi, je m'arrête exténué : 5 heures de montée pour 22 km!  Je décide de me "payer" un demi-jour de repos ... d'autant plus que je trouve un camping dans une réserve naturelle.

Blesbok.JPGEn arrivant à l'emplacement de celui-ci, je vois non loin de moi un "Blesbok", une sorte de grand cerf.  Il ne s'enfuit que lorsque je tente de m'approcher de lui.

Sinon, il reste dans les parages en manifestant bruyamment sa désaprobation de me voir "envahir" son territoire.  Je dois être un rare candidat campeur depuis longtemps; un employé de la réserve prépare un grand feu qui chauffe une réserve d'eau pour la douche.

Celle-ce sera hyper chaude et ... bienvenue !

Le lendemain, une longue descente de 20 km - dans le brouillard malheureusement - vers Mbabane, la capitale de ce pays... je découvre qu'il s'agit d'un royaume en voyant le nom de l'aéroport international "King Mswati III " (né prince Makhosetive1 Dlamini le 19 avril 1968; le 67ème fils - "meus Deus (!)" - du roi Sobhuza II.)  

Emporté par mon élan, je vais 20 km trop loin et loupe la route vers la frontière avec l'Afrique du Sud. Un monsieur m'indique une route alternative mais beaucoup plus longue et accidentée. Je me renseigne auprès d'un blanc (ils sont environ 100.000 sur une population totale de 1.200.000 habitants).  Il me propose de me ramener à l'endroit où j'ai loupé la route vers la frontière, faute d'indication.

Avec son ouvrier, on charge le lourd vélo à l'arrière du pick-up et je reste derrière pour le sécuriser.  En quelques minutes, à du 100 à l'heure, je suis vite revenu au bon endroit.  Je parcours encore 25 km à vélo, totalisant près de 100 sur la journée.  Ne trouvant pas de camping, je m'adresse à une dame qui, après hésitation, accepte que je dresse ma tente près de sa maison.

Ce soir-là j'ai goûté au vrai bonheur d'être accueilli par des gens tout simplement qui ont très peu de biens matériels mais beaucoup de coeur ... outre une bassine d'eau chaude à m'offrir pour la toilette.  Ayant ma propre nourriture, je refuse poliment de partager le (maigre) poulet qui migeotte sur le feu.  Le lendemain matin, c'est cette dame qui prend en photo mon vélo.  Généralement c'est l'inverse.

Ce vélo arnaché comme il est, cela doit en étonner plus d'un ... cela m'arrive souvent d'être pris en photo ...  Il est vrai que maintenant avec les gsm photographeurs... !  Au moment de partir, elle me demande mon numéro de téléphone. Elle me donne son adresse postale, je lui promets de lui envoyer les photos prises avec sa famille.
Samedi 13 février dernière journée en Swaziland ... très pentu comme si l'on était en Suisse, avec la chaleur en plus !  De longues montées où je ne dépasse pas le 5 km/h ... tout le temps d'admirer ces beaux paysages, sous un soleil éclatant !  Je sympathise avec 4 coureurs - roulant ensemble - représentant bien la diversité des races ici au Swaziland (2 noirs pour un blanc et un métis). 

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Retour en Afrique du Sud

Après de longues heures de sueur, j'arrive au poste frontière.  Je rentre - comme une lettre à la poste - de nouveau en Afrique du Sud. Direction : le Lesotho, un petit pays enclavé dans l'Afrique du Sud.  Le soir je campe dans une ferme tenue par Pieter et Elsie, un couple dont le nom de famille est "de Villiers", vraisemblablement des descendants d'Huguenots ayant du fuir la France (au 17ème ... après la révocation de l'Edit de Nantes et au 18ème siècle ... c'était avant la révolution de 1789) car ne partageant pas la même dénomination religieuse que le Roi et les détendeurs du pouvoir de l'époque.

Dans cette ferme, il y a des autruches et des singes de divers types ... enfermés dans des cages.  J'installe ma tente et alors que je sympathise avec un couple de Néerlandais, un gros chien vient uriner sur le coin de mon abri de nuit ... lui aussi pour marquer son territoire, sans doute ?  Un peu plus tard, je lui pardonne toutefois en lui refilant les os de mon souper !

Lundi 15 février, jour de chance. C'est tout d'abord un automobiliste qui me ravitaille en boissons, biscuits ... et chocolat.  Ensuite, revenant vers moi avec sa moto, il m'indique un itinéraire bis plus court de 5 km et moins pentu pour me diriger vers Dundee.  Par ailleurs, un monsieur s'était arrêté pour me dire qu'il m'invite chez lui dans 45 kms.  L'année passée, il avait vu un cycliste "international" mais ne l'avait pas invité. Cette fois, il n'a pas loupé le Belge ... et cinq heures après cette invitation je suis arrivé au moulin à maïs dont il est le gérant.

Son épouse m'accueille très gentillement jusqu'à lessiver mes habits (qui en avaient grandement besoin ... vous vous en doutez !). Après la visite du moulin à maïs, Frans me conduit à un endroit souvenir de la seconde guerre entre les Boers et les Anglais (1899-1902). Egalement visite d'un lac constituant une réserve d'eau pour les cultures de maïs environnantes.  Il n'y a presque plus d'eau. Cette année est la pire sècheresse depuis plus de 150 ans !  

Malgré cela, le moulin envoie du maïs (de la récolte 2015) au Zimbabwe encore plus touché par la sècheresse (voir messages précédents).  Suite à la pénurie de maïs, l'Afrique du Sud importe du maïs blanc (pour l'alimentation des humains) du Mexique et du Brésil (le maïs jaune produit patr les Etats-Unis étant destiné à l'alimentation du bétail).  Le soir, barbecue au cour d'un repas au cours duquel, nous parlons de Nelson Mandela ... "un grand homme" dit Frans (l'Afrikaner qui outre l'anglais parle également le Zoulou) qui a lu et apprécié son livre autobiographique "Un long chemin vers la liberté".

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Mardi 16 février commence par la visite du mémorial de la guerre des Boers, plus exactement celle de 1838 qui opposa plusieurs milliers (entre 12 et 15.000)  Zoulous et une poignée de Boers (400) qui avaient disposé leurs charriots en cercle. C'est l'épisode sanglant de la "Blood river" qui désormais porte la couleur de ce carnage.  Les Afrikaners se remémorent cette bataille depuis lors le 16 décembre de chaque année: le "jour du voeu" est férié.

Avec Frans Durr.JPGDepuis 1994, le gouvernement post-apartheid a rebaptisé ce jour "jour de la réconciliation". Selon Frans qui m'accompagne, seule une poignée d'Afrikaners ne veulent pas entendre parler de réconciliation. Par ailleurs, la fin du 19ème siècle fut marqué en Afrique du Sud par deux autres guerres des "Boers" qui opposèrent les colons d'origine anglaise et les Boers d'origine Néerlandaise et Allemande.

La région que je traverse compte pas mal d'endroits commémoratifs des différentes batailles de ces guerres. Au cours de la seconde, l'on organisa les premiers "camps de concentration" qui n'avaient pas pour but d'exterminer des gens mais de préserver les femmes, les enfants et les personnes âgées des zones de conflits. 

Malheureusement le fait de regrouper tous ces gens entraina beaucoup de morts à cause des maladies transmissibles. Ces camps accueillirent près de 120.000 blancs et 120.000 noirs également qui travaillaient avec les Boers. Un rapport postérieur à la guerre estima à 27.927 le nombre de Boers morts (desquels 22.074 enfants de moins de 16 ans) et 14.154 noirs, morts de famine et de maladies.

Le soir du 16 février après une longue journée de 69 kms sous le soleil, j'arrive juste à temps avant l'orage dans une station de la police où trois policiers (noirs) avec beaucoup de sympathie m'accueillent et me proposent de dresser la tente dans un garage à l'abri de la pluie ... qui réjouit particulièrement les fermiers Catherine et Bruce, les parents d'Andrew qui, me voyant arrêté le lendemain après 75 km, au bord du chemin (j'étais en train de me demander où j'allais passer la nuit suivante) m'invita chez lui.

Me précédant par un chemin de campagne, Andrew avait prévenu sa maman de mon arrivée, laquelle préparait la chambre pour me recevoir.  Me trouvant si bien à cet endroit, après un bon repas (de la viande des vaches de la ferme), suivant les conseils de ma Danielle "Demandez et vous recevrez", je décide de rester un jour de plus (le 18 février), le temps de calmer un mal de dos (merci à Bruce pour son "arnica") et planifier la fin du voyage.

J'envoie un courriel à Frans (voir ci-dessus et photo) qui me répond dans le quart d'heure que sa soeur m'attendra à Durban, m'accueillera chez elle et me conduira à l'aéroport ...  "Demandez et vous recevrez ..."  disai(en)t-il(s) ...!"   Par ailleurs, j'ai bien fait de m'arrêter ici ... la pluie ne cesse de tomber ... tant mieux dans un pays qui a soif !  Au programme de cette journée de repos :  sieste et traite des vaches à 16h !
 
Je vous retrouve après la traversée du Lesotho ... dans une semaine !
 
Léon Tillieux

Précision apportée par Jacques Briard quant à un des messages précédents où je parlais des tunnels "Verwoerd"

"Pour votre culture sud-africaine, sachez que Hendrik Verwoerd était Premier Ministre au moment de la création de la République d'Afrique du Sud en 1961. Adepte de l'apartheid, il fut assassiné en 1966 (peu après la condamnation à la prison à perpétuité de Mandela et ses compagnons)."

Le lundi de Pâques, participez vous aussi à la Transafrica 2016 ...

en rejoignant avec votre vélo (à pulsion électrique ou non, VTT ou vélo de course) la dernière étape de cette traversée africaine de près de 6.000 kms à vélo.  Le départ sera donné le lundi 28 mars 2016 à 8h au 36 de l'allée St-Vincent à Jambes vers le Square Nelson Mandela de Gesves via le RAVel jusque Thon-Samson et la vallée du même nom. Pour les non cyclistes rendez-vous à 1Oh en contrebas de l'église de Gesves, chaussée de Gramptinne (ne le demandez pas à votre GPS, il ne le connait pas).  A cet endroit qui porte le nom du premier président noir de l'Afrique du Sud, je déposerai symboliquement les quelques cailloux que je ramènerai du cimetière de Qunu où ce grand homme a voulu être enterré.