Début juillet dans le précédent message, je vous avais quittés à Sary-Tash au Kirghizistan. Une journée de repos et me voilà reparti vers le Nord. Deux cols successifs m’attendent. Mes amis Slovène et Néo-Zélandais partis après moi me dépassent … en m’encourageant !

Je monte doucement et entre les deux cols, je prends le temps d’accepter l’invitation d’une famille nomade habitant dans une roulotte au bord de la route : thé, pain, beurre comme d’habitude selon la tradition de l’accueil dans la région.

Je repars pour affronter un orage et c’est sous la pluie que j’effectue la longue descente ; des coulées de boue traversent la route ; je rends visite à une jeune dame qui pétrit le pain, à quelques mètres de la yourte où elle habite avec deux beaux enfants.

Le soir je suis hébergé chez une dame qui est tenancière d’un café routier ; elle confie la clef de sa maison à un des clients qui m’amène à mon lieu d’hébergement : il fait froid dehors et tout est mouillé. Ouf je ne devrai pas monter la tente ! C’est là que je passerai la nuit après m’avoir cuisiné des pâtes.

Le lendemain journée facile jusque la ville de Gulcha Je m’arrête dans une « guest house » qui propose la nuit dans une yourte. Celle-ci est vraiment bien décorée. Comme le temps est resté couvert la journée, l’eau de la douche via un panneau solaire n’est pas chaude. Le propriétaire chauffe de l’eau pour ma toilette pendant que son épouse me prépare une bonne omelette avec des tomates.

La nuit est un peu difficile, à quelques mètres de la route nationale où les camions se dirigeant vers la Chine… roulent également la nuit ! Le lendemain, un « petit » déjeuner composé d’un verre de lait fraichement « môdu » de la vache familiale ! Oui au Tadjikistan et au Kirghizistan pas moyen de prendre des kilos, que du contraire surtout quand on se déplace à vélo !

Le lendemain, je croyais qu’il n’y avait plus qu’à descendre vers Osh. Erreur : un col long de 15 km m’attend … j’effectuerai une bonne partie en poussant le vélo et après six heures « de patience » j’arrive au sommet. Dans un petit restaurant, je récupère un peu, avec au menu deux œufs et du thé. Pas grand-chose à se mettre sous la dent mais cela aide à repartir !

La longue descente de 60 km qui suit m’amène comme « dans un fauteuil » (comme certains coureurs du Tour de France) à Osh dans une auberge renseignée par Sueli et où je retrouve plusieurs cyclistes randonneurs longue distance déjà rencontrés précédemment ou connaissant Sueli.

L’ambiance est aux retrouvailles. Durant les cinq semaines de mon périple, j’ai compté avoir croisé une cinquantaine de ces « voyageurs » tous courageux, des pays suivants : Allemagne, Espagne, France, Slovénie, USA, Canada, Nouvelle-Zélande, Pologne, Russie, Argentine, Royaume-Uni, Pays-Bas, Danemark, Suisse, Roumanie … et bien sûr Belgique !

Une demande de visa chinois … surréaliste !

Arrivée à Osh, Sueli envoie son passeport, les documents (trois pages avec moult détails) en vue de la demande d’un visa pour la Chine à René, un ami Bruxellois à qui nous avons demandé de s’adresser à l’ambassade de Chine à Bruxelles … à notre place. Les contacts par courriel avec René nous apprennent que le formulaire dûment rempli est satisfaisant.

Reste un problème : une des deux photos envoyées par Sueli, la même que celles qui lui ont permis d’obtenir d’autres visas pour d’autres pays précédemment, est refusée car ils (les Chinois de Bruxelles chargés d’octroyer le visa) trouvent que Sueli est trop « bronzée ». Difficile, après avoir roulé 27.000 kms sous «les soleils » de 18 pays différents… d’avoir un « visage pâle » comme une Japonaise !

S’en suit un échange de courriels avec René pendant que Sueli trime sur la tôle ondulée (voir définition dans le message précédent) au retour du lac (merveilleux) de « Son Kül » et dans le dernier col vers Bichkek la capitale. René parvient finalement à rectifier la photo et la nouvelle tombe mercredi 12 juillet 2017 : le visa est accordé !

Juste à temps car un cycliste Bruxellois, Samuel, revient à Bichkek le mardi 18 juillet avec le passeport de Sueli. Dès le lendemain, celle-ci se présentera au Consulat de Mongolie à Bichkek pour demander un visa. Gageons que les Mongols ne seront pas aussi « Chinois » !

Entretemps, Sueli partira trois jours à vélo avec bagages allégés vers une vallée où elle effectuera un trekking jusqu’à un glacier, « toujours plus haut, rien ne l’arrête ! »

Trois jours pour terminer au lac d’Issyk-Köl

Avec le vélo, je suis venu passer trois jours de la dernière semaine kirghize au bord du lac Issyk-Köl, le plus grand lac du pays avec une superficie égale à la moitié de celle de la Belgique ; avec ses 220 km de long, l’on n’en voit pas le bout ! Le plus profond également avec 668 mètres ! L’occasion de nager … et d’être invité à partager le repas d’une famille venue se détendre au bord du lac. Les hommes m’ont invité également à boire « un p’tit blanc » mais en tant que sobre cycliste, j’ai décliné la proposition.

Quelques réflexions après la randonnée à travers les montagnes du Pamir

En lui annonçant que j’avais l’intention de la rejoindre au Pamir sur la route de « son tour du monde », Sueli m’avait répondu « tu n’as pas choisi le plus facile ! » En effet, de tous mes voyages y compris lors de la traversée des Andes (2009-2013), jamais ce ne fut aussi pénible.

Mais en revanche, ce fut merveilleux d’admirer les sommets et de rencontrer les gens et de bénéficier d’un accueil sans pareil. A condition bien sûr de le faire à vélo. Car les parties effectuées en voiture ne m’ont pas permis de bénéficier de cette liberté de s’arrêter quand on veut, là où l’on veut et quand les gens vous font un signe d’accueil !

La simplicité de ces gens qui vivent dans des conditions très difficiles dans les montagnes est frappante. Encore était-ce l’été … je n’ose imaginer les conditions de vie de ces gens durant l’hiver avec des températures de -20, -30 degrés, -40 degrés comme en Mongolie dans des maisons sans double vitrage ou des yourtes aux ouvertures laissant inévitablement le vent froid et mordant entrer au cœur de « l’habitation ».

Rendez-vous fin septembre pour d’autres nouvelles de Sueli, depuis la Mongolie et la Chine. Nous sommes impatients de savoir comment se déroulera la traversée de ces pays … très certainement différents de ceux traversés jusqu’à présent.

Léon Tillieux

PS: photo prise par Sueli d'un enfant rencontré par Léon, quelques jours après au même endroit :