Dans le désert colombien de Tatacoa… ne pas oublier d'emporter de l'eau !

Dernière vue sur Medellin

Mercredi 29 janvier 2020, la visite du centre « historique » de Medellin m’a permis de découvrir quelques églises ainsi que des parcs toujours bienvenus par cette chaleur. La cathédrale a ceci de particulier qu’elle est entièrement construite en briques et vu son ampleur, a demandé la fabrication d’un nombre impressionnant de briques… et du travail ! Cela me rappelle je ne sais plus quel stupa bouddhique au Sri Lanka qui a lui aussi nécessité la cuisson de millions de briques.

Dans un des parcs, se dresse la statue équestre de Simon Bolivar qui compte à son actif l’indépendance du Venezuela, de l’Equateur, de La Bolivie (qui porte son nom) et de la Colombie. Celle-ci englobait l’actuel Panama mais les intérêts franco-anglais (et étatsuniens) pour la construction d’un canal reliant les océans Atlantique et Pacifique, mettant fin au trafic des Cap-horniers qui passaient non loin de Ushuaïa (vous voyez où cela se trouve depuis l’an passé !), entraina la scission des deux pays. De nouveau… intérêts transnationaux oblige !

Des milliers… millions (?) de briques pour la cathédrale de Medellin

Ensuite, j’ai pris un peu de hauteur grâce au métro aérien (téléférique) qui relie certaines stations de la vallée et les points culminants de Medellin. C’est le meilleur point de vue pour se rendre compte de l’ampleur des innombrables quartiers pauvres de cette très grande ville. Vues du ciel, ces habitations semblent se ressembler avec leur toit de tôles rouillées. Huit dixièmes de la ville semble être constitués de ce type d’habitations. Soit autant de personnes qui vivent vraisemblablement de petits boulots (économie informelle).

Son épaule porte tout son magasin (informel) de lunettes de soleil

Traversée épique de Medellin à vélo

Durant une vingtaine de km, j’ai bravé à vélo un trafic dingue via une voie rapide passant en plein milieu de Medellin, direction plein Sud. Mon écarteur (50 cm) arborant un drapeau jaune et un drapeau tricolore noir, jaune, rouge, a été très efficace, les conducteurs des innombrables bus, camions et voitures étant forcés de respecter ainsi ce véhicule peu commun mais bien visible. Seul un motocycliste en voulant éviter le dit écarteur, a donné un coup de guidon au dernier moment, désarçonnant le frigo-boxe qu’il transportait.

Un peu plus loin, il y avait un attroupement pour ramasser le contenu de celui-ci qui avait fini par valser à terre. Mais j’ai pris garde de m’arrêter, de crainte d’être tamponné ! Arrivé de l’autre côté de la ville et entré juste à temps dans un restaurant pour prendre un repas, j’ai de cette façon évité une pluie torrentielle. Il semblerait que les pluies de mars arrivent un mois en avance cette année. Bon, cela rafraîchit l’atmosphère !

Le soir, j’ai logé dans un petit hôtel en négociant le prix et en obtenant une réduction de 30%, simplement en disant à la réceptionniste que la veille j’avais payé beaucoup moins. Comme quoi dans les pays du Sud, tout se négocie !

Une journée marquée par une longue côte, une très longue descente et une belle rencontre.

Ce jeudi 30 janvier, la longue côte de 11km à du 11% pour sortir de la vallée de Medellin, m’a obligé souvent à mettre pied à terre et à pousser le vélo. Ce n’est qu’à 13h que je suis arrivé au sommet, me payant un bon poulet-frites dans un restaurant au personnel vraiment très gentil. La récompense après la dure montée : de l’autre côté, une descente de 40 km parcourue en partie avec un charmant couple de cyclotouristes,

Annina, étasunienne et Ernesto, mexicain, partis il y a un an à vélo de Californie en direction du Brésil en passant par Cuba et les pays d’Amérique Centrale. Dans la descente, nous avons parfois dépassé des camions à une vitesse de plus de 50 km/h. Pas de problème avec les freins hydrauliques Magura dont mon vélo est équipé et qui est mon fidèle coursier depuis plus de 43.000 km !

Et le revêtement routier est impeccable ! Pour financer cela, il y a un péage tous les 45 km et tous les véhicules doivent débourser… sauf les deux roues ! Je ne comprends pas qu’en Belgique, on décide depuis plus de 60 ans de ne pas décider de faire payer aux usagers (sauf pour les camions depuis peu) l’entretien des routes.

En compagnie d’Annina et d’Ernesto et de leur sourire

Ce vendredi déjà dernier jour de janvier, j’ai terminé une journée facile de 55 km par un hébergement dans une ferme de 900 têtes de bétail. Un accueil vraiment chaleureux avec un verre de jus frais dès l’arrivée, un petit tour à cheval (pour la photo) et un souper fromager. Ce soir, j’écris mes mémoires en écoutant de la (belle) musique colombienne, émise par les filles du fermier, juste au dessus de l’endroit où je dors. Le matin vers 7h, j’ai salué les 17 ouvriers partant entretenir cette très grande ferme.

A cheval

La ferme de l’accueil (le propriétaire, habitant Medellin est d’accord)

Hébergement à Chinchina chez Hernando…
comme Sueli en 2017 (remarque : il me faudrait un coiffeur-barbier !)

Il est des changements d’itinéraire qui vous font épargner pas mal de sueur. Au lieu de passer par la ville de Manizales, perchée à plus de 2.400 m d’altitude, je suis allé directement à Chinchina (1.800 m) grâce aux renseignements glanés auprès des policiers (toujours très aimables) et des routiers.

Dans cette ville, chef-lieu du célèbre café colombien, j’ai été hébergé, grâce au réseau d’accueil des Warmshowers réservé aux cyclistes et dont avait bénéficié ma fille Sueli en 2017 lors de son tour du monde « en bicy ». Hernando, même s’il était absent, m’a permis de passer la nuit dans son petit appartement. De nombreux cyclo-randonneurs intercontinentaux sont passés par là. Témoins les messages de sympathie laissés au mur et dont je vous reproduis un ci-dessous. Et encore « On ne vit qu’une fois, mais en voyageant (à vélo bien sûr), on vit deux fois !»

Ce dimanche 2 février 2020, parti dès 5h du matin en bus, j’ai visité la grande ville de Manizales. J’ai été fort impressionné par le nombre de quartiers entre les différentes collines et comme à Medellin, j’ai visionné cela depuis le téléphérique. En taxi, je me suis rendu au départ d’une randonnée menant au « cerro de oro ».

Ce dimanche matin, alors que certaines rues de la ville sont comme à Quito réservée aux vélos (« ciclovia »), des dizaines de vététistes (dont beaucoup de femmes) grimpent ce qui correspond en dénivelé au moins à dix fois la citadelle de Namur. Au retour, un gentil couple de retraités m’a offert une place dans leur petite voiture. Sympas !

Vététistes courageux.ses

Transport débordant

Les Andes fleuries

De la forêt à l’hôtel grâce aux Warmshowers

Les cyclistes qui parcourent le monde et qui s’engagent à offrir chez eux au moins une douche et un lieu de logement (cela peut être la pelouse du jardin pour qu’ils puissent dresser la tente) à ceux qui le demandent, peuvent bénéficier du même accueil, via le réseau international des Warmshowers, dont je vous ai déjà parlé.

Ce lundi 3 février, suite à trois refus d’accueil dans des fermes, je me résous à bivouaquer dans un bout de forêt jouxtant la route. A l’abri du regard, je m’endors d’abord dans mon hamac et ensuite dans mon sac de couchage. L’un des arbres auxquels j’avais accroché mon hamac s’était penché un peu trop, je me suis retrouvé à terre...

Mais en arrivant à Armenia, une très grande ville, en envoyant trois messages, j’ai reçu une réponse rapide de Juan Manuel qui possède un hôtel et qui pratiquant le vélo (longue distance) accueille gratuitement les membres de Warmshowers. C’est terrible le contraste entre la forêt (illuminée la nuit par des vers luisants) et la chambre d’hôtel avec une toilette sur laquelle il est marqué : désinfecté.


Une randonnée dans le désert de Tatacoa

Les « frites en selle », Alexandra et Valentine, les deux filles belges rencontrées en 2019 sur la Carretera Austral au Chili, ont remis le couvert à vélo… en Colombie également. Par Whatsapp, elles m’annoncent qu’elles ont traversé à vélo le désert de Tatacoa. C’est ce qui me décide à tenter également l’aventure. Mais je laisse vélo et bagages à l’hôtel à Arménia, puisque je reviendrai ici pour poursuivre ma route vers Cali et Quito. Deux jours en bus pour un total de plus de 500 km et 13 heures… assis !

 


Les cactus donnent parfois de très belles fleurs

A Villavieja, le village aux portes du désert de Tatacoa, j’ai loué un vélo pour me rendre au désert rouge. Le premier vélo, à l’essai n’a pas fait long feu ; après 10 mètres j’avais déjà perdu une pédale. Comme vous le verrez sur les photos, vous admirerez les belles couleurs de ces éléments géologiques particuliers surtout au coucher du soleil

La nuit, je l’ai passée à côté du local de la police, chez le loueur de vélos, un récupérateur qui a proposé gratuitement son atelier pour notre repos. En compagnie d’un couple de Français, backpackers en Amérique du sud depuis trois ans. Sympa, le gars : au petit matin, un œuf cuit dur avant de prendre la route !


Non loin de Villavieja, à Aipe, il y a un site préhistorique avec un rocher peint par des humains habitant la région il y a très longtemps, bien avant les conquistadors.

Entre les deux sites, la rivière Magdalena que je retrouve non loin de sa source, à plusieurs centaines de km de l’endroit où le plus long fleuve colombien se jette dans la mer des Antilles.

Je prends la route ce vendredi matin 7 février 2020 en direction de Cali. A la prochaine !

Et encore quelques photos

Génial comme fondations de la maison : des pneus récupérés

Dans la forêt… on n'est jamais seul !

Passagers débordants

 
Les caféiers de Chinchina
 
L'uniforme scolaire est de mise