Lac de Cuicocha en Equateur, cratère volcanique

Fin de la traversée de la Colombie

En quittant Alvaro qui m’a hébergé durant 3 nuits, j’ai ressenti combien l’accueil est une qualité des Colombiens, du moins chez ceux chez qui j’ai été hébergé. Quand je suis arrivé à Ipiales, la dernière ville au sud de la Colombie, j’avais deux adresses de « Warmshowers ». Pour la première, j’étais arrivé à la bonne rue ; un garde privé du quartier, prénommé Lasso a téléphoné à David ; comme celui-ci ne répondait pas, il a essayé au deuxième et cela a marché.

Ozkar, a bien voulu que je passe la nuit chez lui. Il s’agit d’une ancienne station d’essence et les cyclistes peuvent passer la nuit dans un local un peu fourre-tout. Pas d’électricité mais la fille d’Ozkar m’a donné une bougie. Pas de cuisine mais Ozkar m’a chauffé de l’eau pour une bonne soupe « Royco ». Cela faisait longtemps que je n’avais plus eu l’occasion de m’en préparer une !

En quittant Alvaro, avec qui nous avons eu de beaux échanges sur la Colombie

Visite du sanctuaire Notre-Dame de « Las Lajas »

En chemin, j’ai recroisé le cyclo-pèlerin qui venait du nord de la Colombie et qui n’avait pas beaucoup de bagages ; il était tout heureux de revenir de l’endroit où il était allé prier. Je m’y suis rendu également et j’ai découvert une basilique d’une construction impressionnante, dans une vallée étroite et dominant tout le paysage. Vous en jugerez vous-mêmes en voyant la photo.

Quant aux nombres d’ex-votos apposés aux murs et aux rochers attenants, l’on peut en conclure que des centaines de personnes ont été satisfait.e.s car exaucé.e.s de leurs demandes. Dans l’église, je vois des sacs à dos « européens » et j’entends parler français. Ce sont trois jeunes dont un belge d’Anvers voyageant en « backpakers ». Ils viennent de l’Equateur ; comme j’y serai le lendemain, nous échangeons des pesos contre des dollars étatsuniens… puisque l’Equateur a adopté cette devise comme monnaie nationale.

Il est près de 17h ; les jeunes comptent prendre un bus pour Pasto : 85 kms. Ils pensent qu’il leur faudra 2h de route ; que nenni, après renseignements chez les locaux, il faut prévoir 4h, car il y a des travaux. J’ai eu moi-même pas mal de difficultés pour traverser ces tronçons à vélo après avoir mangé pas mal de poussière et respiré à de nombreuses reprises les gaz d’échappement. Mais comme vous me lisez, je suis toujours vivant !

Je ressens cependant déjà les difficultés dues à l’altitude. Ce sera encore plus dur en Equateur : Quito se perche à 3.000 mètres !

Le sanctuaire de « Las Lajas » est une église néogothique construite en 1916 dans une gorge où une fillette muette aurait par miracle retrouvé la parole.

Entrée en Equateur : un ordinateur qui se souvient trop bien de mon passage en 2009

En mai 2009, j’arrivais à Quito (dans la nuit du 1er au 2 mai exactement) pour le départ de la Transandina en direction de Salta en Argentine en traversant l’Equateur, le Pérou et la Bolivie. Ce samedi 22 février 2020, tout confiant j’arrive à la frontière entre la Colombie et l’Equateur après une dernière nuit en Colombie chez Ozkar.

Pour sortir de Colombie, pas de problème. Pour entrer en Equateur, je pensais que cela aller comme sur des roulettes. Et bien non l’ordinateur du douanier lui dit que je suis bien entré en mai 2009 en Equateur mais que je n’en suis jamais sorti… !

En fait, dans le sud de l’Equateur, j’avais choisi une petite route qui passait par Zuma et un dimanche après-midi, je suis entré au Pérou via un poste de douane dans un petit village. Allez voir la vidéo du film de 2009 et vous verrez qu’un douanier lève une barrière douanière « jaune et noir » constituée d’une branche d’arbre plus ou moins tordue, pour me laisser passer ; c’était le dimanche 14 juin 2009, jour de la fête des pères.

Le problème c’est qu’il n’y avait pas d’ordinateur pour enregistrer ma sortie et ce samedi, je n’ai pas avec moi en 2020, le passeport (périmé depuis) que j’avais en 2009 et que me réclame le douanier. Dès lors, celui-ci m’envoie chez un autre douanier qui me dit que « cela va durer car il y a un grave problème ». Je me voyais déjà retourner en Colombie et aller chercher mon avion de retour à Quito, je ne sais comment ?

Une demi-heure s’écoula et une dame, une cheffe vraisemblablement mais néanmoins en tant que « médiatrice », vient annoncer que je peux entrer en Equateur et aller chercher mon avion à Quito le 10 mars prochain, mais sans me donner de cachet d’entrée sur mon passeport « puisque officiellement, je n’en suis jamais sorti depuis 2009. » dit-elle !

Pourtant, il me semble que j’ai vu pas mal d’autres pays entretemps (vous pouvez confirmer !) Inextricable avec en plus – dit la cheffe – si je reviens en Equateur durant les deux prochaines années, je devrai(s) payer une amende de 800 dollars. Ouf d’abord que je ne paie pas d’amende le 10 mars 2020… pour une erreur ou un manque dont je ne suis nullement responsable ! C’est comme cela avec la Justice, c’est souvent la « victime » qui paie. Ne venez plus me dire qu’un ordinateur n’a pas assez de mémoire ; ici c’est pire qu’un éléphant !

Visite d’Ibarra en bus à l’occasion du carnaval

J’ai souvent rêvé de vivre un carnaval sud-américain ; cette année, l’opportunité se présente : Ibarra célèbre le carnaval le lundi 24 février. Une occasion de visiter la ville la veille et de filmer un des événements annuels majeurs pour une population qui n’a pas souvent l’occasion de se réjouir.

Le lundi de carnaval, je me suis rendu en bus dans un village qui s’appelle Chota. Les gens, surtout les enfants et les jeunes s’amusent à s’asperger d’eau et de mousse. A Binche, ce sont des oranges, à Andenne, des oursons ; ici, on risque de rentrer plus mouillé qu’à l’arrivée ! Pas très génial en fait.

Par contre ce fut l’occasion de retrouver Alexandra d’Erpent que j’avais rencontrée - à vélo elle aussi – à plusieurs reprises sur la « carretera austral » au Chili en mars 2019. A Ibarra, nous avons échangé les souvenirs de nos voyages 2020 actuels en Colombie et en Equateur. Et même de la mousse au chocolat délicieuse comme en Belgique !

Quelques jours après ce bon moment, le jeudi 27 février, alors que je peinais dans une longue montée pour sortir de la ville d’Ibarra, j’entends quelqu’un qui crie « Léon, Léon » depuis une voiture … c’était Alexandra qui avait délaissé le vélo pour quelques jours et qui se rendait à Quito en voiture avec une amie.

Retrouvailles avec Alexandra d'Erpent (Carretera austral 2019 au Chili)

Une route impossible pour monter à 3.800 mètres d’altitude.

Ce mardi « gras », j’ai eu la bonne idée de prendre une petite route alternative entre Tulcan et El Angel. Etant donné que les gens à qui je demandais le chemin m’envoyaient par la Panaméricaine, j’ai fait un détour de 14 km et une montée inutile de 7 km ! Après avoir retrouvé le bon chemin, j’ai appris que j’étais devancé par un couple de cyclistes néerlandais.

Traversant le « paramo » aux splendides paysages (typiques de certaines régions du Venezuela et de la Colombie mais aussi d’Equateur) où l’on peut compter d’innombrables frailejones (dont le nom latin est « Espeletia pycnophyllia » et qui jouent un rôle essentiel en retenant l’eau dans une zone dépassant les 3.000 mètres où les arbres ne poussent plus), j’ai mis près de 9 heures pour arriver dans la nuit au sommet : 3.800 mètres, je ne m’attendais pas à un tel dénivelé si bien que le mal des montagnes m’a gagné en fin de parcours !

Alexandra était passée par là avec Valentine (Chili « carretera austral » 2019 également) et un ami ; elle m’avait dit que je pouvais passer la nuit dans un chalet où se retrouvent les gardes du parc naturel de « El Angel ». Les Néerlandais y étaient arrivés dans l’après-midi ; avec leur jeunesse et des pneus d’une section double des miens, ils avaient bouclé le trajet en moins de 4 heures !

Une bonne partie du trajet, j’ai poussé le vélo. J’ai eu cependant de la chance, j’ai évité l’orage qui avait arrosé mes amis. La route empierrée et très « cabossée » était détrempée et ce fut une longue journée très difficile.

Le lendemain et les jours qui suivent, une descente vers Ibarra d’un dénivelé de 2000 mètres : je dois resserrer mon (unique) frein arrière !

Le Paramo et ses milliers de "frailejones"

Un frailejone fleuri

Ce mercredi, je suis bien descendu, d’abord par une route dingue et pire que les tronçons pavés de Paris-Roubaix (vous en jugerez en voyant les photos) et ensuite une belle route asphaltée : 36 km de descente. Néanmoins, les routes en Equateur ne sont pas aussi belles qu’en Colombie, c’est un peu comme en Belgique : l’on doit parfois slalomer entre les trous !

Des pavés pires que sur le Paris-Roubaix

Question : comment se fait-il que tant de jeunes voyagent à vélo pour découvrir le monde et ce pendant de longues périodes ? Les Néerlandais de « El Angel » voyageaient depuis deux ans. Ils avaient travaillé auparavant et économisé pour un long voyage. En fait, maintenant et pas dans 40 ou 50 ans !

Qui sait, avec des gouvernements du style Michel et Bacquelaine (ou Macron), les enfants d’aujourd’hui ou qui vont naître dans les décennies qui viennent, devront peut-être travailler jusqu’à 69 ans puis 71, 73 (en fait pour faire comme dans les pays voisins), 77 ans pour avoir une pension? 77 c’est un peu exagéré… il ne serait même plus permis de lire les aventures de Tintin, une fois en retraite !

Revenons aux jeunes qui voyagent et qui se disent : autant faire une pause quand on n’a pas encore 30 ans et que l’on peut encore pédaler ! Evidemment, il faut avoir une profession qui permette de retrouver facilement du travail au retour. Mais avec une ouverture d’esprit et d’ouverture sur le monde à l’issue d’une telle expérience de vie, qui peut avoir son poids dans un curriculum vitae !

Otavalo, ville indigène, marchés, artisanat, lacs et volcan.

Perchée à 2.530 mètres au dessus du niveau de la mer, Otavalo, ville coloniale porte le nom d’un des peuples indigènes de l’Equateur. L’artisanat occupe une place importante dans l’économie de la région. La ville est surtout connue pour son marché du samedi.

Dans les environs, la lagune de Cuicocha qui se trouve au pied d’un volcan éteint, le Cotocachi est en fait un cratère volcanique de 4 km sur 3 avec une profondeur approximative de 200 mètres.

Ce vendredi 28 février, le temps couvert et la pluie font place au soleil. En bus et taxi partagé avec une famille française à l’aller et deux suissesses au retour, j’arrive à une altitude dépassant les 3.000 mètres. Un peu plus de 4 heures pour boucler le tour du lac avec des vues merveilleuses d’une nature protégée.

L'artisanat d'Otavalo

Couleurs vives du marché d'Otavalo

Un peu d’histoire : Rumiñahui (« œil de pierre » en quechua) était un grand général inca. Il lutta contre les Espagnols et résista 1 an et 5 mois après la mort d'Atahualpa, le dernier empereur de l’empire inca indépendant, lâchement assassiné par les conquistadores, plus précisément par le sinistre Francisco Pizzaro.

Rumiñahui était sur le point de battre les espagnols, qui possédaient arquebuses, fusils et chevaux (inconnus auparavant pour les Incas) quand le volcan Tungurahua se réveilla et les indigènes crurent que c’était une punition des dieux. Rumiñahui et les siens furent vaincus. Au centre de la ville d’Otavalo, il y a une statue rappelant sa vie. Notons que le dit volcan se réveille de temps en temps comme en 1999 et 2006, lorsque cela entraina la mort de 6 personnes.

Ce samedi 29 février 2020 (année bissextile, je bénéficie d'un jour de plus), je prends la route de Quito. Il me reste 90 km à parcourir. Ce lundi 2 mars, je suis bien arrivé à Quito, accueilli par les amis de Théo Mertens au CEAFAX, après une longue côte interminable (Quito se perche à 3.000 mètres d'altitude).

Bilan de la Transandine 2020 : 38 jours cyclés pour 2.360 km

Autres photos (commentées)

Pour les fresques murales, les équatoriens sont doués

Cette dame pousse son étal vers le marché d'Otavalo

Que de fils, comment l'électricien s'y retrouve-t-il ?

En Sicile, l'on appelle ces fruits des "figues d'Inde"

Une briqueterie, qui me rappelle mon travail au Brésil (1974-1977)

Couleurs équatoriennes