Jeudi 28 avril 2022 : les bagages sont prêts

Sur les photos ci-dessous, vous découvrirez le volume de mes bagages. Remarque : une erreur (heureusement rectifiée pour ma sécurité) s'est invitée au moment du harnachement de ma monture.  Comparez les deux photos et vous trouverez l'énigme.  Celle ou celui qui découvre l'erreur et me la signale par courriel, aura droit à une invitation au sommet du col du Tourmalet, disons le 4 juin 2022 à 15h (pour fixer une date au hasard) ... je lui offre un pastis... à condition de s'inscrire à l'avance par courriel ou SMS, de venir à vélo et de parcourir avec moi au moins le dernier kilomètre du col... évidemment !  (Annonce du 1er mai... avec un mois de retard !)

Trouvez l'énigme !

Jeudi 28 avril 2022 : retour au message de Julos Beaucarne

A la ferme du Biéreau à Louvain-la-Neuve, exposition et soirée-hommage à notre vieil ami Julos Beaucarne... le temps de revenir à un de ses messages... un peu fous, utopiques mais combien nécessaires pour espérer changer notre monde ... ce sera "un peu difficile" avec les lobbies, pro voitures-électriques, pro SUV ("Véhicule de loisir, haut et spacieux, à caisse autoporteuse, souvent équipé de quatre roues motrices", selon le "Petit Robert", anglicisme souvent utilisé par les fans de "franglais" et souvent conduit par une dame qui se retrouve bloquée en pleine ville et qui trouve difficilement à entrer dans les parkings trop étroits, dessinés avant l'apparition de ces "monstres" polluants) . En regardant cette photo qui date des années 1970, je me dis que j'aurais dû opter pour un "trois-roues" au vu du volume de mes bagages... !

Samedi 30 avril 2022 : première étape Faulx-les-Tombes / Jambes

 

13h31 au moment du départ, première rencontre intéressante au km O : une dame et trois jeunes en trottinette et à vélo, s'intéressent au voyage qui n'en est qu'à ses premiers hectomètres.  S'en suit échange d'adresse, séance photos, invitation au départ le lendemain à Namur... et à l'apéro, 500 mètres plus loin à l'entrée de la "Taille Brusse" chez Laurence et compagnie... dommage qu'il faille attendre jusqu'au 20 juin !

Ensuite premiers kilomètres parcourus le long de la Meuse avec, étant donné que la monture superbement chargée nécessite un maintien inhabituel... une attention redoublée afin de ne pas prendre un bain involontaire... car, en ce dernier jour d'avril, ce n'est pas encore la canicule !

Seconde rencontre intéressante : en bord de Meuse - de l'autre côté des anciens "Moulins de Beez"- deux pêcheurs (père et fils) m'arrêtent et m'offrent des sardines grillées (heureusement non pêchées dans la Meuse).   Le papa trouve que j'ai une bonne "bouille" et s'étonne de la destination (assez lointaine pour lui) de la Transpyrénéenne.  Et les questions habituelles : "où dormez-vous, que mangez-vous, n'avez-vous jamais peur, ...?"  Très sympathique... à renouveler dans les prochains jours !

Derniers achats : des bananes et des noix de cajou... recommandations de mon médecin qui a testé la machine : "le coeur est bon" ! OK on y va...

Dimanche 1er mai 2022 - 11h45 : départ au pied du parvis de Saint-Loup à Namur.

Merci aux participants-soutiens si importants au moment du départ.

Une vingtaine de sympathisants pour le lancement de cette nouvelle route à vélo : quelques paroissiens et quelques autres (un peu frigorifiés) qui ont profité du premier mai pour m'encourager au moment du départ.  Traversée de Namur en direction du chemin de halage le long de la Meuse jusque Annevoie.  On évite Jambes... polluée au sens propre comme au figuré et surtout acoustiquement (Ouaille, ouaille pour les oreilles, chefs-d'œuvre en péril !... dirait Julos Beaucarne), comme chaque premier mai... par des voitures évidemment !  Non vraiment, avec les rallyes du Condroz et autres courses folles à Francorchamps, on n'a encore rien compris à la problématique de la sauvegarde de la planète... François devra encore longtemps prêcher dans le désert !

Dernier repas (belge) au Lunch Garden de Wépion... et les dernières frites... belges !  Ensuite, longue ligne droite vers Beaumont (via Bioul) et la frontière française.  A la recherche d'un premier endroit discret et à l'abri du vent (froid) du Nord-Est.

Jeudi 5 mai 2022 : accueil chez Marie-Anne Feraille, ma cousine et épouse d'Hubert ... dans les Yvelines, sur la route de Chartres

Moment d'émotion à mon arrivée rue de la gare à la Queue-les-Yvelines à 30 km à l'Ouest de Versailles.  21 ans après ma première route à vélo vers Chartres, je retrouve ma cousine.  La maison semble vide mais le souvenir d'Hubert est encore palpable, lui qui organisait tant d'activités (vide-greniers, concerts, etc. au profit de l'association "Planète cœur").

Après quelques kilomètres, en fouillant dans mes sacs je découvre quelques friandises que Marie-Anne y a dissimulées avant mon départ... merci pour cette petite attention.

Après une journée de retrouvailles, je prends la route vers Rambouillet, Maintenon (cela fait longtemps que "Madame" n'y est plus) et Houx où je laisse "dormir" ma monture durant 2 nuits et où je retrouve mes ami.e.s pèlerin.e.s du pélé du Monde du Travail à Chartres.  A travers la Beauce et les infinis champs de colza et de blé (ceux-ci, pas les premiers) chers à Péguy, je reprends cette route de partage pour la 43ème fois, après deux années "sans" (merci la pandémie !)  De quoi recharger les batteries physiques et spirituelles en ces temps incertains de souffrances, d'interrogations, de luttes et de défis (mal-développement, réchauffements climatiques et conflits... dont celui, le "dernier" en date provoqué par le délire Poutinien... mais sera-ce vraiment "le dernier" ?)

Sur la route de Chartres, chère à Péguy ... remarque, à son époque, il n'y a avait pas encore de colza... !

Retour à Coltainville

Après un week-end de ressourcement et de retrouvailles avec mes ami.e.s pèlerin.e.s , je reprends la route plein sud et traverse le village beauceron de Coltainville où nous avons passé tant de fois la nuit lors de nos pérégrinations vers Chartres dont l'on distingue déjà les deux fléches inégales. Mais ce village à bien  changé. Les granges où nous passions la nuit ont disparu dont la célèbre "grange aux moutons". Il y avait toujours un pèlerin qui imitait leur bêlement si bien que le reste de la nuit, la sérénade continuait. Le village est devenu une cité dortoir de Chartres avec un nombre incroyable de maisons "quatre façades" démontrant par là que l'on dirait que les préoccupations d'économies d'énergies pour la sauvegarde de la planète... c'est juste bon pour Greta et François! Ceci dit il y a encore un petit bistrot où l'on peut acheter une "baguette". Car ailleurs, dans les villages, la plupart des commerces sont définitivement fermés. Cette désertification non climatique fait que je doive parcourir trente kilomètres avant de trouver une boulangerie.

Mais quelles belles rencontres même si elles se font rares.

Comme devant cette boulangerie devant laquelle un dame accompagnée sa maman. En attendant que celle ci sorte du magasin, elle s'intéresse à mon voyage. Plus encore que la distance pyrénéenne, c'est la figure d'Hubert qui retient l'attention, lui qui me devance en quelque sorte puisque sa photo se trouve sur ma sacoche sur le guidon.

La route Euro Vélo 3 c'est aussi la route de Saint-Jacques de Compostelle. Aussi quand je demande de l'eau toujours si bien venue en ces journées de canicule, les gens me souhaite bon pèlerinage. Hier j'ai partagé mon repas de midi avec Alexis de Cherbourg en route à pied depuis Tours. Il y a aussi des Néerlandais qui me dépassent avec leurs vélos moins chargés que le mien.

Un rêve étrange

Dans la forêt domaniale de l'Ile Adam, j'avais planté ma tente loin de tout sentier quand j'ai fait ce rêve étrange. Dans la nuit, j'ai vu venir à moi un Seigneur "sur un cheval Monté."  Il m'a interpellé en me disant qu'il m'invitait le matin à prendre le petit-déjeuner dans son château tout proche quand je me réveillerai !  Car m'a-t-il dit, selon lui "ses" forêts ont été créées pour accueillir tous les "manants" comme moi... sur ce il m'a salué... en prenant même la peine de descendre de son cheval!  En fait ce "rêve"(raconté volontairement d'une façon quelque peu orientée) me rappelle un épisode vécu réellement en Amérique du Sud en 2013, lorsque j'eu l'audace de monter ma tente dans une immense propriété "privée".  En pleine nuit, deux gardiens sont venus me faire déguerpir alors que je leur priais de pouvoir rester jusqu'au matin !  Le plus impressionnant c'était de les voir juchés sur leur haute monture, moi qui tirais la tête hors de la tente à ras du sol !

À Tours... souvenirs de 1971

C'est dans cette ville que j'avais travaillé avec les chiffonniers Emmaüs et où j'avais rencontré l'abbé Pierre. J'ai retrouvé la rue de l'hébergement de l'époque après avoir parlé avec une Française qui a habité Bruxelles et qui trouve que les Belges sont si sympas!

Arrivé ce vendredi 13 mai 2022 à Châtellerault

Hébergé pour la première fois dans un camping, je bénéficie d'une douche chaude et d'un lavoir... bien utiles et agréables après environ 700 km et 12 jours de route. Toutefois entre une nuit en camping "agrémentée par des "oiseaux de nuit" qui poursuivent leurs échanges bruyants et intempestifs jusqu'à 4 heures du matin" et la quiétude de la forêt aux merveilleux chants d'oiseau ou la douceur du sable du bord de Loire, je préfère nettement ce camping "dit sauvage". Je me demande toujours où sont les vrais sauvages?

Ceci dit après cette « mauvaise aventure », je m'excuse de ne pas pouvoir comme par le passé, agrémenter mes commentaires de photos des rencontres et paysages de ce voyage. N'ayant pas mon ordinateur, je dois me contenter de ce smartphone que j'utilise. Je ne maitrise pas l'accentuation. À  celles et ceux qui ont l'habitude de me répondre, dès que je serai dans des meilleures conditions, je leur renverrai ce message accompagné de photos.  Que tout aille bien pour vous!  Léon en route vers Poitiers et Bordeaux

Entre Chatellerault et Saintes, quelques nouvelles en ce 18 mai 2022

Changement de programme: au lieu de visiter Poitiers, je réponds à une suggestion de mes amis Gantois Chantal et Yves Tytgat. Je bifurque vers le Sud-Ouest vers Niort.  Arrivé dans cette ville traversée par la Sèvre Niortaise, je rencontre Philippe (le frère de Chantal) qui est venu à ma rencontre.  Il reste 17 km à parcourir sur les 92 qui marqueront cette longue journée.  Philippe enfourche mon vélo chargé de 30 kgs de bagages et je le suis sur son vélo de course avec lequel quotidiennement il se rend au travail.  A Benet, accueilli par son épouse Myriam, un apéro et un délicieux repas avant une douche bienvenue et une nuit super reposante... dans un lit !  Echanges très intéressants sur les voyages alternatifs à vélo ou en camionnette.  Au matin, bien reposé, en route vers Saintes via les marais poitevins.

Les sculptures dans une ancienne carrière: "les Lapidiales" du Port d'Envaux

Une suggestion très heureuse de Philippe: les sculptures réalisées par des artistes du monde entier dans une ancienne carrière... à ne pas manquer si vous passez par là!

La désertification dans tous les sens du terme

En traversant cette France "profonde" la plupart du temps loin des grandes villes, je découvre un nombre impressionnant de petits commerces (épiceries, bars, petits restaurants) définitivement fermés et désespérément "à vendre".  Cette désertification grandissante contraste avec le "Super U" qui est en fait "un Hyper" marché où je m'achète quelques victuailles après avoir fait plus de 30 km pour trouver une boulangerie (et encore où il n'y a que des "baguettes françaises" avec lesquelles je parviens difficilement à ne pas me décrocher la mâchoire !)

Mais la désertification cette année 2022, c'est surtout pour les fermiers: pas une goutte de pluie depuis un mois!  Alors, ils arrosent les cultures qui ont peine à grandir avec des canons à eau.  Il m'arrive que sur la petite route campagnarde, je me "paye" une douche rafraichissante mais très éphémère.

Il y a aussi les "canons" destinés à effrayer les oiseaux trop tentés de picorer les graines récemment semées.  Dans les années 1950, nous avions un verger avec plein d'arbres fruitiers (des cerises surtout); pour éviter que celles-ci ne soient avalées par les oiseaux, papa avait installé un "canon à carbure" qui détonait toutes les 5 minutes.  Comme, nous habitions à quelques mètres de la N4 à Andoy, il arrivait qu'un camionneur s’arrête et inspecte chacun de ses pneus après avoir entendu une détonation.  Figurez-vous que j'ai eu la même blague; un jour je me suis arrêté et j'ai regardé mon pneu arrière... non il n'était pas éclaté!  Et un soir, j'ai cru que quelqu'un inspectait ma tente... c'était un lointain coup de canon du fermier du coin!

Ceci dit, je m'excuse de ne pas pouvoir comme par le passé, agrémenter mes commentaires de photos des rencontres et paysages de ce voyage.  À celles et ceux qui ont l'habitude de me répondre, dès que je serai dans des meilleures conditions, je leur renverrai ce message accompagné de photos. Que tout aille bien pour vous!

Léon Tillieux