Hubert m'accompagne sur la route de la Transpyrénéenne

Des rencontres très diverses

Un professeur d'université brésilien à vélo !

Je connaissais André Etchelecou, un ancien professeur de géographie de l'université de Pau, que j'ai rencontré à San Pedro dans le désert d'Atacama au Chili en 2013.  Voici qu'un jour un cyclotouriste attend au bord de la route pour prendre une photo de moi.  Il s'agit d'un professeur à l'Université de Manaus en Amazonie.  Il profite d'un temps libre entre deux conférences pour découvrir une région de France à vélo. Il me renseigne un très intéressant musée Van Gogh dans la région.

Rencontre d'un "jeune" cycliste sur la route de Nior : dimanche 15 mai 2022 !

A peine après avoir quitté l'endroit très calme où j'ai pu dormir à l'écart de toute maison, je rencontre Raymond David, le plus "jeune" des cyclotouristes rencontrés depuis 20 ans : il a choisi une position reposante... le vélo couché !  Malgré un accident spectaculaire il y a quelques années qui lui a valu une double trépanation et une réhabilitation d'un an, Raymond a repris la route et parcourt encore 10.000 km par an... à vélo. Son âge très respectable : 88 ans. Morale de l'histoire... je suis encore bon pour 15 ans pour de telles aventures !

Accueil dans une ferme par un retraité pratiquant le vélo

Un soir, je suis occupé à surveiller mon compteur... qui vient de marquer 49.999 km depuis l'achat du vélo Da Silva en 2009.  Je ne veux pas perdre ce moment historique des 50.000 kms parcourus dont une bonne partie en Afrique, Asie et Amérique du Sud.  Un cycliste derrière moi m'interpelle et nous échangeons sur les voyages à vélo.  Je lui demande si je peux installer ma tente dans sa ferme.  Il marque son accord en me désignant un endroit pour la nuit.  Il revient vers moi en me disant qu'il a changé d'avis : il y a une chambre pour moi et avant cela un repas.  Nous échangeons sur différents sujets dont celui des retraites.  Lui et son épouse qui ont travaillé durement comme des fermiers peuvent le faire, trouvent anormal qu'un gars qui a "glandé" toute sa vie et a bénéficié du chômage de nombreuses années puisse bénéficier d'une retraite équivalente.  Difficile de mettre sur pied un système équitable...

Retour aux sources 50 ans après à Parempuyre près de Bordeaux

En 1972, Marie-Louise et moi avions travaillé durant trois mois dans la Communauté Emmaüs des chiffonniers de l'abbé Pierre à Chalons-sur Marne.  Il y avait un compagnon français prénommé Jacques qui avait travaillé au Pérou et avait épousé une Péruvienne. À la fermeture de Chalons, nous avions conduit ses meubles dans ce que l'on appelait "un tube" Citroën.  Vous vous rappelez les films de Louis de Funes et les paniers à salade des gendarmes de St-Tropez et d'ailleurs. Nous avions traversé la moitié de la France et étions arrivés à Parempuyre au bord de la Gironde au nord de Bordeaux.

Cinquante ans après j'avais vraiment l'intention de repasser par là. Emmaüs fut pour moi une école de vie durant les années de 1969 (Danemark) à 1974 (France) au cours desquelles j'ai appris un tas de choses que je n'avais pas apprises à l'université.  La rencontre de l'abbé Pierre à plusieurs reprises et l'adhésion aux idéaux de justice, de respect des opinions différentes des autres, de la construction d'une paix véritable... tout cela m'a marqué à jamais.

Je ne savais pas avec quel accueil les responsables et les compagnons de la communauté de Parempuyre allaient m'accueillir. D'emblée après les présentations et l'histoire des camps de jeunes, après avoir rouvert la cuisine pour m'offrir un repas, les responsables m'ont fait visiter les chantiers. Une cinquantaine d'hommes travaillent et vivent dans cette communauté ainsi que des familles dans des maisons construites en collaboration avec la Municipalité.  Alors qu'en 1972, la majorité des hommes étaient français, aujourd'hui la moitié au moins sont d'origine africaine. Les responsables sont africains, témoins d'une intégration réussie de la part de personnes qui sont passés vraisemblablement par le difficile chemin de l'émigration.  En ces temps qui courent, cela fait du bien de prouver que la multiculturalité peut devenir une richesse... n'en déplaise aux extrêmes et à ceux qui les suivent dans des discours à l'extrême opposé du message fondateur de l'abbé Pierre.

Ceci dit, le responsable (qui en 1972 n'était pas encore né) m'a invité à me reposer quelques jours dans la Communauté... "En remerciement des pionniers que nous étions dans les camps de travail de vacances des jeunes Emmaüs" explique-t-il aux jeunes compagnons qui me font visiter les locaux où sont vendus tous les jours : meubles, vêtements, matelas, livres, tondeuses, bric-à-brac divers, etc.  Cela me rappelle le temps où j'étais responsable du chantier "ferrailles* au Danemark (1969), dans la vallée du Rhône (1970) et à Tours (1971).

Le responsable en remerciement voulait me payer une nuit d'hôtel... mais je refusai car cela eut été en totale contradiction avec le style de voyage qui est le mien. Aussi ai-je passé deux nuits dans un Mobil home aménagé sur un camion dont la partie arrière est destinée au transport équestre.  C'est une dame qui voyageait ainsi avec son cheval et qui n'en avait plus l'usage, en a fait don à la communauté. Près de 70 ans après, "l'insurrection de la bonté de février 1954" a toujours des adeptes... !

Lourdes sur la route des cols pyrénéens

Ayant quelques jours de réserve avant de gagner Eysus où mon ami André m'attend, je décide de faire un détour par Lourdes.  Destination inconnue pour moi.  Pour mes parents oui bien sûr à plusieurs reprises avec Banneux et Beauraing, c'était leur premier choix.  Deux ans de Covid et une sécularisation qui marque de plus en plus notre société occidentale font qu'il y a nettement moins de pèlerins que par le passé.  Mais cela semble reprendre en ce long WE de l'Ascension.  Tout à fait par hasard, dans la foule près de la grotte, je rencontre Philippe Goffinet, responsable diocésain des pèlerinages namurois.  En 2007, je suis allé avec lui dans le désert d'Algérie et à Tamanrasset (cher à Charles de Foucault). Il m'annonce une procession aux flambeaux à 21h.

Vendredi 27 mai 2022 - 20h58 ; une foule impressionnante est rassemblée sur le site de la basilique.  Des délégations polonaises, kosovares, croates, portugaises arborent leurs drapeaux nationaux.  Quelques ukrainiens dont surtout des femmes remarquables par leurs cheveux blonds et le drapeau jaune et bleu que la plupart des municipalités françaises arborent avec les drapeaux français et européen.  En passant près d'elles, des applaudissements s'entendent de plus en plus fort.  Des larmes aussi dans leurs yeux inconsolables à cause d'une tragédie qui perdure au vu de l'obstination d'un fou !  L'on imagine les souffrances que vit ce peuple dans un monde où l'on ne croyait cela plus possible.

Le programme transpyrénéen peut commencer

Deux jours de repos chez André Etchelecou à Eysus.  Repos... enfin façon de parler car demain lundi randonnée en montagne à la frontière espagnole.  Puis ce sera vraiment la partie finale de la Transpyrénéenne, avec le passage des célèbres cols "du Tour de France".  André m'informe que le col d'Aubisque est fermé pour cause de travaux.  Un coup de fil à la gendarmerie le confirme.  Dès lors, je monterai en premier lieu le col du Soulor en contournant l'Aubisque par un autre chemin.  Puis ce sera la Tourmalet... pour lequel André me conseille de l'attaquer dès le matin car l'après-midi, la chaleur est insoutenable !

Dès que je serai à même de vous donner des informations complémentaires sur cette partie plus "montante" de mon voyage, je vous enverrai un autre message.  J'espère que la température est redevenue plus clémente chez vous.  Portez-vous bien.  Léon

Même coiffé d'un casque de cycliste, on peut se faire un "selfie" !

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Quelques photos des Pyrénées dont la randonnée à la frontière espagnole avec André Etchelecou d'Eysus

Quelques photos des étapes précédentes    

Le reconnaissez-vous ?                                      

Giulia, arrière-petite-fille d'un mineur sicilien venu travailler en France

Vestiges des arènes romaines de Saintes                    

Visite des grottes de Betharram, non loin de Lourdes

Un cyclo (un de plus, un de trop) qui a terminé tragiquement sa vie le long d'une route en France