Merci à celles et ceux d'entre vous qui ont répondu à mon message précédent et qui m'ont encouragé de la sorte à l'approche de la partie la plus pentue de la Transpyrénéenne.

Six cols Pyrénéens en six jours !

Mardi 31 mai 2022. Rencontre imprévue à Ferrières

Avant d'entamer l'ascension du Soulor, je passe une nuit tranquille dans ma tente montée sur la place du village où la Municipalité a installé des toilettes à l'attention des touristes. Un villageois m'informe qu'il y a 50 ans il y avait une dizaine de bistrots et trois magasins dans ce village où l'on a extrait un minerai de fer de qualité durant des décennies. Aujourd'hui c'est le désert (cfr. message précèdent).

Le matin, alors que je suis en train de m'habiller, j'entends quelqu'un m'appeler par mon prénom. C'est Jean-Claude, un cyclo-randonneur avec qui j'avais pris le bateau pour traverser la Gironde avant d'arriver à Bordeaux. Il habite ce village et ce matin, il monte le Soulor... il arrivera au sommet bien avant moi car il n'a pas de bagages !

La montée de ce col se passe bien. A ma grande surprise, je monte l'entièreté du col en restant sur le vélo. Bien sûr de temps en temps, je m'arrête pour souffler un peu, boire et manger quelques noix de cajou. Au sommet, après un temps de "pédale" d'un peu plus de trois heures, à une moyenne de 4,34 km/h., j'échange avec 4 motards venant de Belgique. Je leur fais part qu'Hubert d'une certaine façon, m'accompagne durant ce raid.

Le Tourmalet sans pousser le vélo

A Luz-st-Sauveur, il me reste 19 km à escalader un des cols les plus difficiles du Tour de France (au programme depuis 1910). Je choisi de couper la poire en deux : 13 km pour une après-midi (jeudi 2 juin) et les 6 derniers km les plus durs pour le jour suivant. À 16h, je repère un endroit plat pour dresser la tente. Un peu en surplomb de la route, je vois de temps en temps, une voiture qui s'arrête : madame en sort, prend vite deux photos du paysage (qui faut-il le dire est exceptionnel à admirer...). 19 secondes se sont écoulées ; madame est rentrée dans la voiture et celle-ci redémarre... déjà ! Pour les seflies, cela met un peu plus de temps. Petite remarque : en ce qui concerne les selfies, à Lourdes, je n'ai jamais vu autant de gens prendre des selfies ("autoportraits" en français). J'ai l'impression qu'au total cela doit dépasser le nombre de chapelets récités par l'ensemble des pèlerins...! Mais revenons à nos moutons, en fait il s'agit plutôt de vaches... !

Une nuit au calme dans la montagne

A partir de 18h, la montagne retrouve totalement son calme : les touristes ont regagné leur hôtel ; les voitures et les motos se sont tues. L'on n'entend plus dans ce bel environnement que les murmures des cascades et les cloches des vaches. Mais quel bonheur. Celles-ci viennent manger l'herbe tendre à quelques mètres de la tente... après tout, elles sont chez elles ! La nuit, alors que la journée a été bien ensoleillée, un orage éclate. Dans la montagne, les bruits du tonnerre sont amplifiés mais heureusement cela ne dure pas des heures! Au petit matin, les rayons du soleil viennent déjà "caresser" les montagnes les plus hautes.

Arrivée au sommet du Tourmalet

Le jeudi 2 juin, levé très tôt, je monte les derniers 6 km, encouragés par les cyclos qui chevauchent leur vélo bien plus léger. Je croise un jeune qui s'arrête et qui me raconte son voyage en tandem : Maxime et Lise de Nantes (blog : TAND-E-MOTIONS) ont traversé la Chine et connaissent un couple de la Rochelle qui eux ont réussi la liaison Péking/ France et que j'avais rencontré en Ouzbékistan en 2013. Le monde des cyclos-voyageurs (tandem ou pas) est bien petit malgré l'importance des distances parcourues. La dernière partie du col (300 mètres) est à 15% mais je parviens à rester sur ma monture. Pour franchir la ligne du sommet, un couple du Valais suisse m’applaudit ! Et j'en suis fier... si vous aviez été là, je parie que vous auriez fait de même !

Une nuit d'orage un peu particulière dans l'Aspin.

Le jeudi 2 juin, alors que je me retrouve en peu de temps au bas du col du Tourmalet (la descente va toujours plus vite que la montée... parfois à plus de 50 km/h poussé par les 30 kg de bagages + 18 pour le vélo + 68 pour le pilote... qui en a perdu quelques-uns faut-il le dire), Je remonte facilement la vallée qui me conduit au pied du col d'Aspin. Comme pour le Tourmalet, je reste sur ma monture et dans le soleil, franchi la ligne du sommet. En descendant le col d'Aspin, un violent orage s'annonce. Je m'adresse à un fermier qui quitte son hangar. Il me propose de passer la nuit dans une bétaillère toute neuve. Je tiens à préciser que cette bétaillère était dans un état impeccable. Le comble, c'est que le constructeur a mis une notice : "seulement pour transport d'animaux vivants" ... ouf, je respire... ! L'orage ne tarde pas à s'abattre. Le matin soleil de nouveau ! Je suis certainement le seul bipède à avoir séjourné dans ce moyen de transport... l'important c'est que j'ai dormi au sec !

Une bénédiction pétaradante à Bagnères-de-Luchon

Samedi 4 juin, je continue sur ma lancée et me voilà dans le col du Peyresourde. Le soleil est toujours bien là ; heureusement, je bénéficie de certains passages à l'ombre. Après une très belle descente de 16 km, j'arrive à Bagnères-de-Luchon. Le lendemain, jour de Pentecôte à Luchon, station thermale depuis les Romains, l'Esprit-Saint ne sait plus où donner de la tête ! Après la grand-messe, une foule nombreuse fait une double file d'honneur attendant que le curé bénisse les motards (et leur moto) devant l'église. Les parents ont emmené leurs enfants. Certains applaudissent puisque papa et maman applaudissent même s'ils ne conduisent pas ce genre d'engin... un peu dangereux quand même. Certains enfants, effrayés par le bruit des moteurs de ces machines se réfugient dans les jupes de maman. Quand il n'y a plus rien à bénir, chacun rentre chez toi. Vous direz chez nous, l'on bénit bien les chevaux, les ânes, sans oublier chiens et chats (cfr. la Saint-Hubert au début novembre). L'avantage ici avec les motos, en principe c'est qu'il n'y a rien à ramasser après leur passage (pour les animaux, c'est très différent surtout olfaltiquement parlant)... sauf que, avec les motos pour l'environnement et surtout pour la santé des oreilles - aurait dit Julos - ce n'est pas idéal. Précisons encore que la nuit passée dans un camping, j'ai eu l'occasion d'échanger avec un jeune allemand, venant à vélo de Lisbonne. Il avait planté sa petite tente à l'endroit proposé par la responsable du camping mais se retrouva avec des motards venus spécialement dans la ville thermale à l'occasion de la rencontre annuelle des motards. Quant à moi, j'avais pris la précaution de m'éloigner le plus possible en trouvant un endroit calme au fond du jardin... La nuit fut calme pour moi ... et bien réparatrice !

Une incursion en Espagne avant un col digne des Andes

Ce lundi de Pentecôte, après avoir franchi la veille le col du Portillon par une petite incursion en Espagne de 20 km, je choisi de passer par le col d'Altigascou au lieu du col de Menté. La route est étroite et inconnue du Tour de France. Un groupe de cyclistes me dépasse... ce qui n'a aucun mérite bien sûr. Le profil de la route s'accentue puis le goudron disparaît pour faire place à des cailloux ; je me retrouve dans les Andes. Avec bonheur car je ne croiserai que trois voitures et trois motos. Les deux derniers viennent d'Allemagne et me demandent si je n'ai aucun problème avec "my bike"... il y a tout de même des motards sympas ! En effet, au moindre ennui mécanique, dans un tel environnement, vous risquez de vous retrouver seul et démuni ! Le soir près d'un village appelé Couledoux (NDLR que certains de mes amis des Ardennes connaissent bien), je campe près d'une rivière (j'apprendrai le lendemain qu'il s'agit du Ger). La nuit je serai bercé par les symphonies des cascades... fini les motos !

Précision : je n'ai pas rencontré d'ours !

Bilan des cols Pyrénéens:

  • mercredi 1er juin : col du Soulor (12 km - 3h de montée)
  • jeudi 2 et vendredi 3 juin : col du Tourmalet (19 km - 4h15 de montée)
  • vendredi 3 juin : col d'Aspin (12 km - 2h30 de montée)
  • samedi 4 juin : col de Peyresourde (10 km - 2h30 de montée)
  • dimanche 5 juin : col du Portillon (Espagne 9,5 km - 2h15 de montée)
  • lundi 6 juin : col d'Artigascou (10 km - 3h40 de montée dont un tiers en poussant le vélo)

Fin de la Transpyrénéenne

Après les cols, il me reste à rejoindre en Ariège, Pierre et Simon, les deux fils de mon cousin Hubert avec qui je passerai quelques jours. Pierre et son fils Matéo m'ont promis de venir à ma rencontre entre St-Giron et Saurat où Pierre produit du miel. Puis ce sera le retour en train depuis Toulouse. L'arrivée à Namur via le RAVeL le long de la Sambre est prévu le dimanche 19 juin en fin de journée.

Léon à Saint-Gaudens

Ajoute : photos des étapes précédentes

Reflets spéciaux à Bordeaux Année de canicule

Dans les marais poitevins près de Nior

Camping (sauvage... pas tant que ça !) au bord de la Loire

Quel bonheur et quelle quiétude de pouvoir s'endormir dans un coin de paradis le long de la Loire

Dans de nombreux villages en France, l'éclairage public est suspendu durant certaines heures de la nuit... une décision prise avec un "peu de courage politique" et de "bon sens"... à quand en Belgique une telle décision intelligente pour l'avenir de la planète ??