Calgary : prêt pour le départ d'un périple de près de 1.400 km : samedi 16-09-2023

Vous avez été quelques-uns à répondre à mon premier message, ... Merci. Voici le second message

Arrivée à Calgary via Vancouver

Après un long voyage avec Canadian Airlines de Zaventem à Calgary avec deux escales, Montréal et Vancouver, je suis bien arrivé à Calgary, capitale de l'Alberta où se trouve la plus grande partie des Rocky Mountains (Montagnes Rocheuses en français).

À l'aéroport de Vancouver, comme je cherchais un endroit pour passer la nuit entre deux avions, un employé de l'aéroport m'a dit que je pouvais passer la nuit en attendant mon avion. J'ai trouvé un banc et j'ai pu fermer l'œil de temps en temps quand il n'était pas ouvert pour regarder passer la dame qui nettoyait le sol. J'ai été surpris de voir un employé de l'aéroport porter son (beau) signe distinctif de Sikh (originaire de l'Inde). Il est vrai qu'en Angleterre, il y a des policiers portant un turban Sikh ... pas sûr que cela soit possible à Orly!  On a l'ouverture que l'on veut bien !  Du hublot de l'avion me portant à Calgary, je puis déjà admirer les montagnes qui m'attendent.

Alors que durant le premier vol nous avions eu un excellent poulet au sirop d'érable (et oui on est au Canada), dans l'avion de Calgary, nous avons droit à deux malheureux petits biscuits comme petit déjeuner. Les compagnies non  « low cost » doivent bien sûr concurrencer Ryanair mais c'est quand même un peu fort! Je me console en pensant aux voyageurs de Ryanair qui n'ont rien à se mettre sous la dent et qui ne peuvent même pas se consoler avec le sourire de l'hôtesse de l'air qui a d'autres choses à faire (billets de loterie à vendre et autres cosmétiques) et qui n'a même pas le temps d'aller aux toilettes. Et oui ... on a les propriétaires de compagnies  « low cost » que l'on mérite ... et s'ils deviennent milliardaires ... c'est à cause ou … grâce à nous !

Premier accueil à Calgary

Pour ma première nuit au Canada, je suis accueilli par Don (c’est son prénom) qui accueille des cyclistes Warmshowers pour une nuit depuis une trentaine d'années.  Je plante ma tente dans son jardin sur une belle pelouse. Je bénéficie d'une température agréable ... en sachant que cela va changer dans les prochains jours. Don se soucie de savoir si j'ai eu l'occasion de manger.  Il m'avait bien indiqué par courriel où m'acheter deux bonbonnes de gaz (interdites bien sûr dans les bagages en avion) pour cuisiner.  Il m'en donne une en plus à moitié pleine … elle tiendra près de deux semaines !  Avant de se coucher il m'annonce par message qu'il doit aller à l'hôpital le lundi matin.  Au réveil, il a laissé la porte ouverte : accès à la toilette ... la veille j'avais bénéficié d'une bonne douche chaude.  Merci bien Don et bon rétablissement !

  La tente dans le jardin de Don

De belles rencontres pour le second jour de la première étape

Le dimanche matin, je cherche la route 1A renseignée par Don, route alternative à la nouvelle autoroute N°1.  Je m'adresse à une jeune fille devant une église baptiste (Martin Luther King, le grand militant étatsunien pour les Droits Civiques et pour la Paix était pasteur de cette église). Elle va demander à un adulte qui vient me renseigner.

Produits bio et manque d’eau

Vers midi, je vois un marché de producteurs bio à droite de la route. J'en profite pour me sustenter un peu avec des produits locaux.

Un peu plus tard à court d'eau, je me dirige vers une ferme assez éloignée de la route, laissant mon vélo cadenassé au portillon fermé lui-même avec un cadenas. Un homme me reçoit gentiment et me remplit mes bouteilles.  Non loin de la ferme, un antique charriot âgé d’une centaine d’années, rappelle des épopées lointaines que j’évoquerais un peu plus loin.

Un chariot typique semblable à ceux du temps des pionniers

Une chouette rencontre en arrivant à une aire de camping

C'est au moment où je déchiffre les indications pour choisir un emplacement pour ma tente à côté des mobil-homes qu'arrive une cyclo-randonneuse cherchant aussi un endroit pour camper.  Sue (c'est son prénom ... raccourci de Sueli, ma seconde fille) effectue un tour de plusieurs jours profitant de ses congés (Sue « is a nurse » ... d'environ 35/40 ans ... je ne lui ai pas demandé … plus loin, elle manifestera son étonnement sur cette tranche d’âge que je lui ai attribuée, ne précisant toujours pas si c’est plus ou moins ?).  Nous décidons de planter nos tentes à un endroit. S'en suit un échange sur nos façons de voyager. Via mon site de voyage que mon ami Luc du Gracq de Namur met gentiment à jour (depuis 2009), Sue prend connaissance de mes voyages passés.  Les jours suivants, nous communiquons via WhatsApp: j'ai rarement vu quelqu'un s'intéresser de cette manière aux films que les frères de Ville ont montés à partir de mes images de voyages.

 

Sue de Edmonton en Alberta avec un vélo peu chargé mais à la selle piquant du nez !

Le lendemain, je repars avant Sue.  Elle me rattrape bien vite avec un VTT chargé de très peu de bagages (à côté des miens qui totalisent 30 kg aux balances des aéroports). Elle me demande de rectifier une selle piquant assez fort du nez ... ce qui doit être assez inconfortable !  En moins de deux, la selle est redressée.  Sue réenfourche son vélo, hyper contente, non sans nous fixer un rendez-vous sur la route (encore longue) de Jasper. Plus tard elle décide de faire d'abord une boucle vers le Sud … et au Camping de Jasper nous nous loupons de 24 heures !

Histoire d'ours et de trains

À propos des nuits passées en camping dans la nature - en anglais wildcamping - qui sonne mieux que "camping sauvage" qui n'a rien de sauvage et que je pratique depuis 2,3,4 - voir plus - décennies.  Tout a toujours bien été ... sauf qu'ici dans ce beau pays, il y a des ours, surtout intéressés par notre nourriture à nous humains, en préparation à une longue hibernation de 4 mois !

Si bien que pour passer les trois nuits suivantes, j'ai dressé  ma tente, à l'abri du regard entre l'autoroute et la ligne de chemin de fer ... en croyant et en espérant que les ours candidats à s'approcher de moi soient suffisamment effrayés par les bruits des voitures et des trains.  Plus loin un cyclo-randonneur me dira que la simple sonnette du vélo les dérange et les éloigne … ouf !

Des trains au Canada, vous les regardez passer aux passages à niveau pendant de très longues minutes. En effet ces trains, à l'image de ce très grand pays qu'est le Canada, sont équipés de 4 locomotives (deux devant pour tirer, une ou deux au milieu et une pour pousser les 200 wagons de marchandises) ... Je ne les ai compté qu'une fois !  Une autre fois, à Kamloops, j’étais sur un pont au moment où un train – interminable lui aussi – était composé de wagons chargés de minerais d’apparence noire.  Un cycliste rencontré à ce moment me confirma qu’il s’agit bien de charbon … dont une bonne partie est exporté aujourd’hui encore et depuis des années, au Japon … en manque de sources d’énergie … bien loin des objectifs tant importants de Kyoto, de Paris, etc.

Le train « Canadian Pacific » - traversée des Rocheuses aux cimes enneigées

Les nuits sont assez froides. Le matin la toile de la tente est givrée et mes  bouteilles d'eau gelées. Donc comme d'habitude pas de toilette ... mais comme je suis seul ... (no comments !)  Je termine ce message en espérant qu'il vous a plu et que vous avez appris quelque chose sur le Canada. Dans le prochain, je vous raconterai mes merveilleuses découvertes des lacs que j'ai visités aujourd'hui et qui portent des prénoms bien connus dans mon entourage : Louise et Agnès...

Léon au Canada au Lake Louise.

------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Ajoute importante sur l’historique du Canada

(aussi valable pour les USA, l’Amérique « dite Latine », l’Australie, etc.)

Quand j’étais gamin, vers 1960, à Andoy dans le grenier de la maison, je me revois encore avec mon cousin Fernand, jouer à « Cow-boys / Indiens ou Indigènes ».  A l’image des séries télévisées de l’époque et des Western produits avec des millions de dollars aux USA, nous voulions chacun être du côté des plus forts … nous voulions être « les premiers » … et « l’indien, l’indigène » était toujours le vaincu !

Or dans nos cours d’histoire de l’école de l’époque de notre enfance et adolescence, on nous enseignait – erronément – que l’Amérique (dite par après « Latine ») avait été découverte par un certain Christophe Colomb et que le Canada (puisque c’est là où je veux en venir) avait été découvert en 1604 par Pierre de Monts et Samuel de Champlain, du côté français, Henri Hudson en 1610 (lequel a donné son nom à la baie) pour les Anglais !!!!  Erreur sur toute la ligne.  Récemment des chercheurs canadiens ont soutenu la thèse que cette partie du continent Nord-Américain a été occupé par des êtres humains depuis plus de 20.000 ans (à titre de comparaison, Abraham de la bible, cela fait tout au plus environ 4.000 ans) !  C’est dire que ces humains habitant des régions à l’instar des peuples Aztèques au Mexique, Quechuas, Incas en Equateur et au Pérou, Aymaras en Bolivie, etc.(voir sur le site de mes voyages le film réalisé sur la « Transandine 2009 ») … étaient bien « les premiers ».  C’est la raison pour laquelle les anthropologues – par respect de l’histoire telle qu’elle s’est vraiment passée et aussi par respect de ces personnes humaines – les appellent « Peuples Premiers » ou « First Nations » ou encore « Indigenous People » en anglais, quoique le terme « Indigène » peut être péjoratif.  Mais là c’est à chacun.e qu’il revient de rectifier son jugement s’il est erroné !

En observant la multiethnicité des humains croisés dans les régions du Canada que j’ai traversées, j’ai pu retrouver dans les visages de ces personnes, ce mélange d’origines « pré-conquistadores » auxquelles sont venus s’ajouter bien d’autres migrants venant d’Europe mais aussi de Chine, du Japon, etc. au 19ème siècle et tout au long du vingtième.  A Vancouver, un quartier entier est appelé « Chinois » avec des restaurants par dizaines.  Car si les migrants des pays asiatiques se sont mariés uniquement avec des personnes de leur pays d’origine, il y a eu bien sur des mélanges – à l’instar du Brésil par exemple – entre les « Peuples Premiers » et les arrivants d’origine européenne.

Mais ce dont je voudrais attirer l’attention dans cette longue histoire (depuis le XVIème siècle) de relations entre les « Peuples Premiers » et les conquérants de la première heure (plutôt des premiers siècles de la conquête de l’Ouest comme aux USA), ce sont surtout les Peuples Premiers qui ont payé de leur(s) vie(s), de leur culture bafouée sans retenue, de la perte de leur identité.  Je pense ne pas me tromper en disant que, à l’instar de l’Amérique dite Latine, des génocides soit locaux soit plus conséquents comme en Amérique du Sud (où l’on parle de 5 millions d’êtres humains victimes des conquistadores – espagnols est-il nécessaire de le rappeler ( ?) au XVIème siècle) ont été perpétrés dans les régions petit à petit conquises par des chercheurs d’or et d’autres minéraux, de fourrures, de terres cultivables … ou d’intérêts immobiliers au XXème siècle … !

Histoire des camps d’internement au Canada entre 1914 et 1918 et 1940-1945

Visite d’un site mémoriel retraçant les souffrances d’êtres humains dans des conditions climatiques épouvantables.

Site mémoriel à côté de la route Banff-Laggan (ancien nom de Lake Louise)

Un épisode pas très glorieux de ce pays se voulant – comme beaucoup d’autres – défenseur de la liberté et des Droits Humains, épisode gardé secret jusqu’il y a peu.

Durant la première guerre mondiale, alors que le Canada – rejoint par les USA – était entré dans le conflit aux côtés de la France, de la Belgique, du Royaume Uni, il y avait sur son sol des personnes venues travailler dans les années précédant le conflit aux grands chantiers dont ceux des lignes de chemin de fer mais venant des pays « ennemis » : Allemagne, Autriche, Bulgarie, etc.  Craignant ces personnes – qui n’avaient nullement choisi leur camp – les autorités canadiennes décidèrent de les interner dans des camps de travail (routes, voies de chemin de fer), notamment dans cette région réputée très froide en hiver qu’est la région des Montagnes Rocheuses.  Un épisode pas très glorieux du Canada, que le même pays opéra de nouveau lors du conflit 1940-1945, à l’encontre des Japonais … des êtres humains qui étaient descendants – et qui n’avaient pas demandé l’être non plus – depuis 2 ou 3 générations, des migrants venus du pays du soleil levant.

-----------------------------------------------

D’autres photos prises entre Calgary et Lake Louise

Le bus scolaire recopié par Fischer Price lorsque nos enfants étaient enfants.

Premier lever du soleil en cette terre de conifères

Reflets dans le bleu de la rivière Bow

A l’entrée du Canyon de Johnston

Chute d’eau dans le Canyon Johnston

Le feu est passé par là … mais la nature veut revivre

En vue : les Rocheuses

piège pour animaux à 4 pattes : passage interdit également aux humains … sauf s’ils veulent « trépasser » !

Premières couleurs d’automne dans les Montagnes Rocheuses