Du dimanche 11 octobre au dimanche 18 octobre 2009

Santa Cruz de la Sierra

Cette ville a connu un développement très rapide en 20 ans pour devenir la ville la plus importante de Bolivie au point de vue économique. Construite autour de sept anneaux concentriques, cette ville n'a rien de vraiment intéressant. 

En fait j'y suis passé principalement pour y rencontrer Aude Rossignol et Alain Carpiaux récemment arrivés dans cette ville. Dimanche 11 octobre, j'ai eu l'occasion de rencontrer plusieurs coopérants de l'ONG Volens que certains d'entre vous ont connu dès les années 60-70, les "Volontaires de l'enseignement". 

Dans la région de Santa Cruz, cette ONG s'occupe des enfants de la rue et de la formation des femmes dans le Chaco, région proche du Paraguay. D'autres projets également, pour les personnes intéressées consulter leur site

Avant de partir, Aude a réalisé une courte interview sur le projet de la Transandine sur son blog.

De Oruro à Potosi

Trois jours sur "l'altiplano", trois nuits peu "ensommeillées" 

Lundi 12 octobre, après un long voyage en bus de Santa Cruz à Oruro avec une courte halte à Cochabamba, j'ai passé une première nuit dans le bus qui m'a amené à Oruro à 4 heures du matin, le chauffeur nous ayant dit que nous pouvions continuer de dormir arrivés à destination jusqu'à 6 heures. 

Important changement de température : étouffant dans la montée vers Cochabamba, à une température proche de zéro arrivés à Oruro

Ce que l'on ignore souvent c'est que la majeure partie de la Bolivie n'est pas Andine mais a un climat chaud et humide semblable à celui de l'Amazonie. Santa Cruz fait partie de cette région.

Quelques heures après avoir quitté le bus, le mardi 13 octobre, j'étais tellement heureux de retrouver mon vélo que je redémarrais à 13h vers Potosi après avoir pris congé des religieuses et des filles de l'orphelinat où le vélo passa près de deux semaines à l'infirmerie. 

Le soir même, je dormais dans un "hospedage" reçu par une fillette de 11 ans en l'absence de ses parents. Logement rudimentaire, mais cela n'est rien, la seule chose c'est que le lit était 30 centimètres trop petit pour moi!

Le lendemain soir, mercredi 14 octobre, arrivé dans un village sans hôtel, une dame m'a conseillé d'aller dormir dans une construction récente de l'office du tourisme. Lui demandant où se trouvait la clef, elle m'a dit "mais c'est ouvert!". En effet, la porte avait été forcée. J'ai dormi dans ce nouveau bâtiment après avoir poussé une grosse pierre contre la porte.

La troisième nuit, après avoir escaladé deux cols dont le dernier alors que le soleil se couchait, pas moyen de trouver un village, j'ai fini par "planter" mon couchage au bord de la route, ne sachant pas qu'il y aurait de très nombreux camions et bus nocturnes comme lors de la seconde nuit !

El Molino, y el Padre Carlos Parent

Au collège de Bellevue à Dinant, au début de mes humanités dans les années 1960, Jacques Maistriaux de Beauraing et Charles Parent de Rienne (Gedinne) venaient témoigner de leur travail en Bolivie. 

Ces deux prêtres "Fidei Donum" partis en 1959 en Bolivie, m'avaient donné le goût du travail en Amérique latine. C'est finalement au Brésil que j'ai travaillé comme coopérant entre 1974 et 1977, et le rêve de la Transandine ne se réalise que près de 50 ans après!

Accueilli par le Père Carlos (averti de mon arrivée grâce à un courriel), nous avons de suite constaté que nous avions plusieurs points communs. 

Nous avons étudié à Bellevue (Dinant) en humanités (nous avons eu le même professeur de géographie, Maurice Questiaux, le célèbre géographe, certainement le plus grand vulgarisateur de la "voûte céleste" avec ses petits fascicules, mais également éleveur de serpents, souris et autres cochons d'Inde, cuys en Castellano). 

Nous avons par la suite effectué nos candidatures aux Facultés Universitaires Notre Dame de la Paix à Namur. Par après, nous avons "koté" au Collège pour l'Amérique Latine à Leuven. 

Par ailleurs, nous avons plusieurs amis, amies ou connaissances communes : Pol Charles et Philippe Dewez (fondateurs d'OXFAM dans la region de Namur), Etienne Croonenberghs (architecte de Namur ayant travaille comme coopérant à El Molino, tout comme Philippe Dewez, ingénieur civil), Christine Bomboir (que je connais via le CAL de Namur), Julienne Delwiche (de Leuven avec qui j'ai effectué un voyage à vélo au Bangladesh en 2003 avec la Fondation Damien), André Vanderheyleweghen (prêtre-médecin en Bolivie), Jean Imberechts (qui a passé de nombreuses années au Pérou), André Diez (qui a travaillé en Antarctique avec Alain Hubert), etc... Plusieurs d'entre eux reçoivent mes courriels.

Le séjour a El Molino a été un des plus beaux accueils au cours de la Transandine. Grâce à Padre Carlos, dès le premier soir visite de Potosi, une des villes de Bolivie à voir absolument! Rencontre également de Mia Meermans, régente originaire du Limbourg, volontaire à El Molino depuis 51 ans.

Potosi, la ville minière

La mine la plus vieille et la haute du monde

Ce samedi matin, visite del "Cerro de Potosi" avec deux jeunes étudiants en médecine de Francfort. Il faut être sportif pour se contorsionner dans des galeries qui parfois ont à peine 50 cm de haut. 

Pour la première fois de ma vie descente dans une mine, moi qui suis fils, petit fils et arrière-petit-fils de mineur de derle de la région d'Andenne. Potosi, dont le sommet se trouve à 5.000 mètres a connu un passé unique. 

Des centaines de km de galeries d'où l'on a extrait l'or, l'argent, le zinc, le plomb depuis plus de 4 siècles. 

Etonnant qu'il y ait encore des filons contenant des minerais après les milliers de tonnes emportées principalement par les Espagnols. 

Ce qui est le plus terrible ce sont les 8 millions de morts (six millions d'Indiens et 2 millions d'Africains amenés ici en esclavage), quelle honte! Et, à moins que je ne me trompe, aucun gouvernement Espagnol, jusqu'à présent, n'a demandé pardon pour ce génocide!

Le guide Quechua nous accompagnant répond à nos questions et termine la visite par l'offrande au "Tio", ce diable "protecteur" à qui les mineurs apportent des offrandes (dont des feuilles de coca, de l'alcool, etc) pour l'amadouer, pour qu'il n'y ait pas d'accident et que les veines de minerais ne se terminent pas en peau de chagrin. 

C'est aussi au fond de la galerie où il se trouve que se fête le carnaval, quelques jours pour que les mineurs puissent oublier un peu la dureté du travail, leurs misères et leurs souffrances!

Le couvent de Santa Teresa

Trois heures pour découvrir ce couvent de Carmélites cloîtrées et prendre connaissance de l'histoire de ce bâtiment aux murs d'un mètre d'épaisseur. Un couvent réservé aux filles de l'aristocratie coloniale. 

Pas plus de 21 religieuses... Dès qu'une décédait et était enterrée au sein même du couvent, une jeune était prête à entrer. Il s'agissait toujours de la seconde fille d'une famille riche qui y entrait, pour toujours, à l'âge de 15 ans, apportant une dot importante bien sur ! 

Plus jamais de contact avec sa famille si ce n'est qu'une fois par mois derrière un rideau opaque laissant passer seulement le son. La "discipline" n'ayant été qu'un peu allégée lors du Concile Vatican II. 

Bref heureux d'avoir pris connaissance de ce passé, mais avec une overdose de peintures dont certaines les plus doloristes les unes que les autres! Toutefois, côté positif du travail des Carmélites, c'est le travail très fin de la dentelle, comme "a Brugas" me dit la guide en Castellano!

Une autre information qui montre bien que les missionnaires de l'époque se sont trompés d'Evangile : à Oruro, comme en d'autres lieux de l'époque coloniale, il y avait deux catégories d'églises, les unes pour les colonisateurs et les autres pour les indigènes!

La casa de la moneda

La première "casa de la moneda" fut construite dans la ville impériale de Potosi en 1575. La casa actuelle fut construite à partir de 1750. On peut y admirer une très belle collection de monnaies de différentes époques, les machines de frappe et les salles de fonte des métaux, qui ne venaient pas de très loin! 

Egalement de très belles collections de peintures dont la célèbre "Vierge de la montagne de Potosi", une forme de syncrétisme car la Pachamama y est aussi représentée outre le Pape, un Evêque, et l'Empereur Charles-Quint. 

Tout cela c'est du passé, car actuellement, les monnaies et billets sont produits en dehors de Bolivie ! 

Visite de la région del Molino

Demain lundi 19 octobre, visite d'un élevage de truites, un des nombreux projets que compte El Molino, repartis sur une très grande région (5.000 km2 approximativement) avec de très nombreux villages (53 communautés), Quechuas pour la plupart. L'objectif principal de ce travail communautaire est la formation (capacitacion en castellano) dans le domaine de la santé, de l'artisanat, de l'agriculture, etc.

Vers Villazon et l'Argentine

Mardi 20 octobre, j'enfourche le vélo très tôt, il me reste une montée de 20 km pour arriver à Potosi à l'altitude de 4.000 mètres. Encore quelques dizaines de km d'asphalte avant de retrouver une route empierrée (comme au Pérou) jusqu'à Villazon, la frontière avec l'Argentine.

A dans huit jours...

Léon