Voici le compte-rendu de la fin du voyage en Amérique Australe, qui se termine à San Carlos Bariloche d’où je prends l’avion de retour vers la Belgique ce 14 mars 2019 à 18h pour arriver à Zaventem samedi 16 mars à 10h du matin.

Le lac Guillelmo, un des nombreux (beaux) lacs d'Argentine

On peut randonner à vélo longue distance au-delà de « 4 x 20 ans »

Vendredi 1er mars, vers 18h, je reprends la route vers la frontière Argentine, cherchant un endroit calme pour planter la tente une dernière fois en terre chilienne. Je vois arriver devant moi un cyclo-randonneur qui d’emblée m’annonce son âge : 81 ans. Arnoldo a accompli durant ces deux dernières années 14.000 kms à vélo en Argentine et au Chili. Il en a déjà tellement parcourus auparavant qu’il ne sait plus quelle distance cela représente.

Toujours est-il qu’il repart vers le Sud, vers la Carretera Austral que je viens de terminer… avec bonheur. Avec bonheur, non seulement fier d’avoir pu réaliser ce raid mais aussi heureux de laisser « derrière moi » plus de 600 km de ripio !

Arnoldo, fier de ses 81 ans… et toujours cyclo-randonneur « longue distance »

Mais du ripio… en voilà de nouveau : Arnoldo me dit que, après la frontière, les Argentins n’ont pas asphalté la route comme l’on fait les Chiliens sur les 7 derniers km avant la frontière. Dès lors, je vais de nouveau avancer à du 5 ou 6 km/h jusqu’à Trevelin durant une journée. Arnoldo me souhaite un bon voyage.

Son sourire (voir photo), son dynamisme, son courage m’ont convaincu que je pourrai aussi continuer à randonner à vélo au moins pendant 10 ans ! Vous êtes donc prévenus, mes messages ne s’arrêteront pas le 16 mars 2019 et ce site internet continuera à vous donner des nouvelles de mes périples, site agrémenté depuis 2009 par les photos que vous appréciez, d’après les commentaires reçus dans vos courriels… merci !

Toujours du ripio en Argentine, mais celui-ci, dans le parc national « Los Alerces » est "amélioré"

Ici, dans le parc national « Los Alerces », je me sens encore chez moi !

Traversée dans le soleil et la pluie du parc national argentin « Los Alerces »

Plutôt sous la pluie, je suis prévenu : « alerte météorologique ». Les promenades de ce parc naturel sont fermées car ce mercredi 6 mars 2019 ne sera pas un « jour des cendres » mais un jour de pluie. Arrivé au camping libre mardi 5 mars vers 15h, le dernier avant la fin du parc national, le gardien me prévient : demain matin et déjà en fin de nuit, il faut s’attendre à beaucoup de pluie. Aussi, au lieu de planter la tente à l’extérieur, je la monte à l’abri sous le toit du local commun réservé à la cuisine.

Le lendemain matin, alors que la pluie m’a déjà bercé depuis plusieurs heures, arrive un jeune, trempé des pieds à la tête: il a dormi dans sa tente dans le camping adjacent et celle-ci (voir photo) est comme un bateau au milieu de l’eau.

Après une nuit chargée de pluie, la tente de German est comme un bateau au milieu de l’eau

German, voyageur à pied par monts et par vaux, avec des pratiques un peu particulières pour survivre dans la nature

Ce jeune menuisier de 25 ans a choisi de voyager le plus près possible de la nature. Par monts et par vaux, il traverse son pays, l’Argentine, à pied, en ne campant jamais dans un camping mais en dormant, souvent à la belle étoile, dans les forêts ou au bord des lacs… Dieu sait combien il y en a en Argentine !

Pour se nourrir, il pêche du poisson dans les rivières ou dans les lacs et lorsqu’il se trouve dans les montagnes, il a à portée de main une catapulte pour « s’offrir » un oiseau. Mais, comme pour me rassurer (il n’est pas un prédateur), jamais qu’un à la fois et uniquement « lorsque la faim se fait tenace. » Sinon, des amandes et fruits secs ou des fruits des bois suffisent à le nourrir.

Ce voyageur se rend à Ushuaïa à pied (encore quelques mois !) et remontera ensuite à Mendoza, sa ville Argentine, par le Chili mais en stop, cette fois. L’an prochain, il compte travailler quelques mois (comme menuisier au Danemark, il aura du travail comme il voudra et en plus bien payé). Il traversera l’Europe de la Norvège à l’Espagne, à vélo.

Déjà je lui ai dit qu’il pouvait passer nous dire bonjour en Belgique… et partager nos souvenirs de rencontres humaines et autres (la nature, le chant des rivières et de la pluie, la nuit au creux des insomnies, etc.)

A midi, German prépare les zakouski : du poisson qu’il a lui-même pêché et fumé, accompagné de morceaux de fromage; pendant ce temps, je prépare des pâtes… comme les autres jours, sauf que j’ai doublé la quantité.

A cause de la pluie, une journée de lecture pour German, voyageur à pied

La pluie devenant moins forte, je me décide de reprendre la route vers Cholila : il me reste 25 kms de mauvais ripio à parcourir. Cette fois c’est certain, ce sont les derniers… pour cette année ! Arrivé à Cholila, je cherche du Wi-Fi. J’arrive à la poste qui est fermée mais l’employé habitant juste à côté, m’invite chez lui, où il y a du Wi-Fi pour consulter mes courriels. A côté, le voisin accepte les voyageurs qui viennent demander pour « acampar ». Une bonne chose pour moi surtout qu’il y a de l’eau chaude !

Mes cartes postales enfin ont trouvé un timbre pour l’Europe

Ce jeudi 7 mars, à 8h, le bureau de la poste étant ouvert, je puis enfin acheter 3 timbres pour l’Europe. Rappelez-vous à El Chalten en Argentine, l’employée n’en avait plus et m’envoyait à 200 km de là. Au Chili, nouvelle tentative à Coyhaïque, une grande ville. Me présentant l’après-midi, l’employée me répond que les timbres internationaux ne sont vendus que le matin ! Ok, il faut de la persévérance pour envoyer des cartes postales en Patagonie… et ce n’est pas donné : l’équivalent de 4 euros par carte !

Du calme au bord d’un lac d’une limpidité exceptionnelle

Vendredi 8 mars, j’arrive de bon matin au bord du lac d’Epuyen, réputé pour sa transparence. Comme je suis seul, j’en profite car des endroits calmes comme celui-là, il n’y en a pas beaucoup. En effet, arrivent deux dames (dont une fume) avec trois chiens (des bergers Allemands) qui ne trouvent rien de mieux que de se jeter à l’eau. Bref, fini la quiétude, il est temps que je m’en aille… heureusement, je m’étais levé tôt !

La beauté limpide de l’eau du lac d’Epuyen en Argentine

L’aide de cyclo-randonneurs Néerlandais

Dimanche 10 mars, je longe de beaux lacs en route vers Bariloche. Le soir, je vois un couple de Néerlandais en train de camper dans un sous-bois. Je décide de camper au même endroit. Comme ma réserve de gaz est presque terminée, je puis bénéficier du réchaud de mes voisins, alimenté par de l’essence, ce que la plupart des cyclo-randonneurs longue distance utilisent.

Ces personnes ont la soixantaine et le lendemain, nous arrivons ensemble à San Carlos de Bariloche. Comme le monsieur est un très bon photographe (c’est sa femme qui me le dit), j’ai ainsi une très belle photo de mon arrivée… à la fin de la Transandine 2019.

Arrivée à Bariloche, terme de la transandina 2019, après 53 jours de route

Dernière boucle à la découverte de très beaux lacs près de Bariloche

Bariloche est réputée pour son chocolat (ce sera pour le dernier jour, lors des achats souvenirs à ramener en Belgique pour la famille) mais aussi pour la beauté de ses lacs. Comme il me reste un jour complet en réserve, je me rends en boucle vers l’ouest vers le lieu dit « Llao Llao » où il y a aussi un village qui fut habité par des migrants Suisses à la fin du 19ème siècle.

Après avoir admiré le coucher de soleil en haut d’un point de vue panoramique, j’ai passé ma dernière nuit sous la tente, dans un bois situé non loin de là. Personne n’est venu me déranger !

Accueil dans la famille de Marcelo et Graciela

Par l’intermédiaire de René Dardenne de Salzinnes, je suis entré en contact avec une famille de San Carlos de Bariloche: Marcelo et Graciela, qui ont quatre enfants. Très précieux pour passer les derniers moments avant le retour, lorsqu’il faut trouver une caisse pour emballer le vélo et pour se rendre à l’aéroport.

Sujet de discussion intéressant : le projet des « petites maisons » dans la province du Rio Negro, dont Bariloche est la ville a plus importante. Depuis quelques décennies déjà, un important projet de construction de maisons pour des familles nécessiteuses à été lancé sous l’impulsion d’un prêtre Français Claude Faivre du Boz et d'une coopérante belge prénommée Nelly.

Ce projet a été soutenu également par toute une équipe de la région de Meux au nord de Namur, sous l’impulsion de René Dardenne, par qui je suis entré en contact avec la famille de Marcelo. Celui-ci est architecte; c’est lui qui a réalisé les plans de ces maisons. Initié en 1986, ce projet compte actuellement plus de 5.000 habitations à son actif, construites selon le principe suivant: le terrain est attribué par l'état à une famille qui en devient propriétaire à condition de participer à la construction non seulement de sa maison mais aussi de celles des autres familles.

Le projet a été financé par des agences de développement comme Misereor en Allemagne ou le groupe belge de Meux mais aussi par des organismes d'Etat argentins.

Un message de plus pour notre réflexion pour les mois à venir

Sur le mur d'une cour de récréation de El Bolson en Argentine, j'ai été attiré par cette fresque dont le message peut nous inspirer, nous qui bientôt allons choisir des responsables politiques en charge de la politique d'accueil des étrangers ou bien des soins de santé, de l'éducation, etc ... vous pouvez compléter vous-mêmes.

"Le soleil apparaît (se lève) sur la terre pour tous les humains de la même façon !"

Parce que en fait... il n'y a qu'une seule race sur la terre : la race humaine !

Ce sont les enfants argentins qui le disent ! Mais avec les adultes que nous sommes, ce n'est pas nécessairement comme cela que cela se passe !

Oui, c'est la même personne, il s'agit bien de moi, avant et après être passé chez le "diminutif" également "diminuebarbe" pour l'occasion !

Léon Tillieux

À se revoir bientôt en Belgique... après une si longue absence !

Voici encore quelques photos :

Bonne nuit !

En Patagonie, je n'ai pas eu l'occasion de rencontrer beaucoup d'enfants.
Ici, cette petite fille va chercher de l'eau à une source pour se rafraîchir.

Le voile de la mariée !