La citadelle impériale de Huế

J'espère que vous avez bien reçu le message M05 le jour où j'arrivais à la ville impériale de Huế.

Ce 28 mars, quelques-uns d'entre vous se sont inquiété.e.s en apprenant le séisme assez important (de force 7,3 sur l'échelle de Richter) qui a touché le Myanmar (ou ex-Birmanie), la Thaïlande et le Laos où se trouvent mes amis cyclistes brésiliens rencontrés sur la route de Lào Cai. Ici, nous n'avons rien ressenti ... eux non plus !  Il semblerait que le nombre de victimes est important et augmente d'heure en heure surtout au Myanmar.

Huế, cité impériale - visite des tombeaux impériaux et de la cité impériale

Huế est la ville vietnamienne la plus intéressante à visiter avec Hội An, surtout sur le plan historique. J'ai réservé deux jours pour la découverte de cette ville. Samedi 29 mars, avec le vélo allégé de ses encombrants et trop lourds bagages, j'ai effectué une boucle de 35 km. Mais tout d'abord, sur la rive gauche de la rivière dite "des parfums", se dresse la pagode Thien Mu ainsi que le temple de la littérature. A cet endroit, j'ai eu un échange intéressant en anglais avec une dame (voir photo) qui s'intéressa à mes voyages et aux conditions dans lesquelles ils sont organisés. Rares en effet sont les Vietnamien.ne.s avec qui il est possible d'avoir un échange en anglais plus ou moins correct. C'est un peu plus intéressant qu'un bref échange avec une personne (un homme généralement) qui vous dit connaître la Belgique ... en citant Lukaku ou Hazard ... une mise à jour s'avère toutefois nécessaire, il me semble !

De l'autre côté de la rivière des parfums, il y a toute une série de tombeaux impériaux J'en ai visité deux : "Tự Đức" et "Minh Mang". Les empereurs prévoyaient chacun un site en vue de leur sépulture post mortem. Ils avaient chacun non seulement envie de se réserver un grand et riche espace pérenne mais surtout - étant doués comme beaucoup, encore de nos jours, surtout chez certains hommes politiques et dirigeants inboulonnables, d'un égo surdimensionné - voulaient un espace plus grand que ceux de leurs prédécesseurs. Un peu du trumpisme avant la lettre. C'était une façon pour pérenniser leur souhait que l'on se souvienne longtemps d'eux et surtout de ce qu'ils avaient (fait) réaliser.

Un palais de la cité impériale de Huế

En ce qui concerne la cité impériale, celles et ceux qui ont eu l'occasion de la visiter vous diront que c'est une des X merveilles du monde. En ce qui me concerne, ce fut - un peu - difficile étant donné que j'ai dû affronter toute la matinée du dimanche 30 mars, un crachin persistant bien belge ... mais en tant que belge l'on s'adapte partout !  Il paraît que la pluie est dans les prévisions pour les jours prochains ... tant mieux du point de vue température ... je n'aurai plus les 34 degrés de la semaine passée !

Vous décrire la cité impériale me demanderait des pages d'écriture ... qui pourraient être lassantes. Je ne vais donc point faire concurrence aux Routard, Galimard et autres guides superbement écrits et documentés. Ce qui m'intéressait en revanche c'était d'observer comment se comportent les visiteurs/visiteuses surtout vietnamien.ne.s. Il semblerait que de très nombreuses personnes dans cette région, se revendiquent (ou se croient) descendant.e.s, de sang royal voir impérial. Notez que c'est plausible quand on sait que dans ces demeures aux dimensions "extra-larges", il y a - plutôt il y avait - beaucoup de places pour de très nombreuses concubines. Les empereurs étaient donc bien entourés et sans doute bien "occupés" ! Selon le Routard, le chiffre de 100 est cité ... mais comment savoir ... #MeToo n'existait pas !

Un couple devenu subitement un couple « impérial »

Un couple amoureux de retour dans le passé des mandarin.e.s

Dès lors que ce soit à l'extérieur ou à l'intérieur de ces palais qui rivalisent de beauté, vous pouvez admirer des couples ou des hommes, des femmes, de tout âge, portant de splendides costumes ... qu'ils ont revêtus (loués sans doute) pour assouvir leur rêve d'être - l'espace d'une matinée dans un décor impérial surdécoré - prince, princesse, mandarin, mandarine (je ne sais pas si le vocable existe) ou même empereur et impératrice. Mais vous avez tout le temps d'admirer le spectacle (vivant) ... les selfies sont en effet interminables et sans cesse à recommencer. Tant mieux pour le plaisir des yeux ... ce à quoi vous pourrez être associé.e si vous patientez lorsque les photos que j'ai eu le bonheur de prendre (avec mon appareil photo et non avec mon smartphone car je n'ai pas le réflexe de l'utiliser et surtout parce que ce 'truc" n'a pas de viseur ni de zoom pratique) seront sur ce présent site de mes voyages : www.goffinets.be/kapsud

Notez que ces journées où l'on déambule entre ces sites me fatiguent beaucoup plus que les journées durant lesquelles je pédale ! En fait dans ces visites, observer le comportement des gens est tout aussi important pour moi qu'admirer ce qui n'est que de vieux vestiges et de vieilles pierres ... tout en reconnaissant que le travail des archéologues est important pour la sauvegarde du patrimoine.

Chez les sœurs de Saint-Paul de Chartres

Depuis des années, avec des amis et amies belges et français.e,s., nous nous rendons en pèlerinage à Chartres en France et sommes accueilli.e.s chez les sœurs "de Saint-Paul de Chartres" ... à l'ombre de la célèbre cathédrale. Surprise, dans le Routard, référence est donnée à cette congrégation missionnaire au numéro 42 de la rue Kim Long située sur la rive gauche de la "rivière des parfums" et à proximité d'un tout nouveau pont merveilleusement éclairé la nuit ...  en rouge, couleur nationale oblige (avec alternativement une autre couleur ... quand même !)  J'y saute à vélo le samedi matin ... et me voilà reçu dès 7h45 par Sœur Marie-Kim (voir photo) ... qui parle français, ayant vécu à Chartres il y a une vingtaine d'années. Le lendemain, ayant débuté matinalement mon dimanche par une messe (à 5h15 j'ai maintenant l'habitude d'être un lève-tôt), je l'ai terminé à 19h par une invitation à participer au "souper" de la communauté, avec un plat traditionnel vietnamien se terminant par un délicieux thé au gingembre. L'occasion d'apprendre que les religieuses s'occupent de l'éducation de jeunes filles de familles pauvres. Une autre maison accueille des orphelins. Ce travail important et de longue haleine nécessite un financement. A titre d'exemple, l'approvisionnement en riz (nourriture de base en Asie) revient à 2.000 euros par mois. Je quitte la maison en passant au milieu d'une haie formée par les filles. Merci pour cet accueil ... le dimanche, c'est décidément pour moi la journée contact avec les catholiques vietnamiens ! Restent bien sûr les autres ... et ils/elles sont nombreux.ses !

Soeur Marie Kim et ses consoeurs de Saint-Paul de Chartres à Huế

Sur la route de Da Nang, au premier passage à niveau en quittant Hué, la garde-barrière agite un drapeau ... le train Hà Nội - Huế - Saigon va passer. Les barrières ne se lèvent pas mais traversent la route horizontalement, Elles sont munies de roues (voir photo) ; je crois n'avoir jamais vu cela en Belgique !

Panorama sur la mer de Chine Méridionale en montant le col des nuages au Vietnam

Le col des nuages ... dans les nuages

Lors de la Transandina 2013, le voyage avait commencé par l'itinéraire du "train des nuages" dans la montée du fameux col de Sico entre Argentine et Chili. Ici au Vietnam, ce mardi 1er avril 2025, me voilà arrivé au pied du "col des nuages", l'unique difficulté du genre que je rencontrerai sur le trajet Hà Nội - Saigon. Au début, la visibilité est correcte et permet d'admirer la mer avec des pêcheurs sur leur frêle embarcation. Au fur et à mesure de la montée, je me retrouve dans un épais brouillard. Il était annoncé 20 km de montée ...  mais en fait ce chiffre incluait la descente. C'est donc bien heureux qu'après un peu moins de trois heures de grimpette, j'arrive au sommet ... félicité par un couple de londoniens tout aussi frigorifiés que moi. Le sommet se situant à 496 mètres d'altitude (même pas le Signal - belge - de Botrange !) ce n'est pas comparable aux cols andins (2009, 2013, 2018, 2019 et 2020), ceux du Tadjikistan et du Kirghizistan (2017), les cols pyrénéens (escaladés en 2022 en hommage à mon petit cousin des Yvelines, Hubert Leman) … sans oublier les Rocky Mountains au Canada (2023) et ceux du Haut-Atlas au Maroc (2024). La descente est vertigineuse, (ce que j'aime ... confiant dans mes freins hydrauliques Magura). Après avoir admiré le panorama de ville de Dan Nang et de son port, je me retrouve vite sur la route menant à Hội An... en bénéficiant à nouveau du soleil et d'une température plus élevée.

Arrivée au sommet (496 m !) du col des nuages … au Vietnam

Visite de Hội An

Hội An, charmante ville a gardé des maisons du style colonial français. Petite de taille, cette ville n'a guère été détruite lors de la guerre du Vietnam comme ce fut le cas pour la ville de Da Nang. Énormément de monde dans un piétonnier où malgré tout roulent des mobylettes ! Temples, maisons très anciennes, musées se succèdent et font de Hội An une des villes les plus intéressantes à visiter au Vietnam. Soudain, j'entends parler brésilien : un couple du Nordeste. Nous échangeons brièvement sur l'actualité ... ce qui n'est guère réjouissant. Ils se réjouissent toutefois que ce n'est plus Bolsonaro qui gouverne au Brésil, en appelant celui-ci le "frère jumeau de Trump" !  La visite est encore plus intéressante le soir avec les illuminations et les bateaux circulant en arborant des lanternes éclairées et multicolorées.

Maisons coloniales de Hội An

Illuminations le soir à Hội An

En arrivant à l'hôtel (oui, il m'arrive de faire une petite infidélité à ma tente), je vois un vélo de course. C'est une jeune française qui relie - comme moi - Hà Nội à Saigon (Hồ Chí Minh-Ville). Ce qui est étonnant : le poids du vélo et des bagages (hormis la pilote pourtant plutôt svelte) totalise 20 kg ... sûr qu'elle n'a pas plusieurs tenues de rechange, ni de tente d'ailleurs !  A 100 km par jour, elle sera à Saigon avant moi !  Mais je ne suis pas pressé, j'ai encore 4 semaines devant moi!

A cinq km du centre, la plage de Cửa Đại attire une certaine clientèle et pas n'importe laquelle. En effet selon le Routard (toujours ce guide bien informé), il y a quelques années déjà, le gouvernement a fait disparaitre les petits hôtels pour donner place aux grands "ressorts" et hôtels de luxe. Politique étrangement peu cohérente avec l'orientation officielle du régime vietnamien ! La plage toutefois est accessible à tout un chacun.

Je ne suis pas le seul belge au Vietnam ... ceci n'est pas un poisson d'avril !

… n’est-ce pas Maxime (Prévot, Ministre belge des affaires étrangères et bourgmestre-empêché de Namur, capitale de la Wallonie) !  La personne auprès de qui je réserve la découverte du site historique de Mỹ Sơn pour demain 4 avril, connait quelques mots de français et est au courant que le Roi (Philippe) et la Reine (Mathilde) "de mon pays" sont en visite officielle au Vietnam. Quant à moi, je n'étais vraiment pas au courant de cela. Agnès du magasin Nord-Sud de Gesves ainsi que les amis de l'atelier vélo au centre de réfugiés de la rue de Dave à Jambes m'ont informé. Le 1er avril, j'ai par conséquent essayé d'inviter le roi et la reine (mais c'eut été difficile surtout pour elle avec sa longue robe et son chapeau) de venir - avec un vélo (si possible non-électrique bien sûr) - me rejoindre ne fusse que sur cinq km du côté du col des nuages ... mais je n'ai pas eu de réponse du Palais Royal !

Compte rendu de la visite de Mỹ Sơn dans le prochain message M07

Léon Tillieux à Hội An au Vietnam