Odyssées vers le Sud

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vendredi 23 mai 2025

M10 Transvietnam 2025 - commande d'un livre photo

Commande d'un livre photo

A vous qui m’avez suivi et encouragé sur cette route de plus de 3.000 km à vélo du Nord au Sud du Vietnam, de la frontière chinoise au Delta du Mékong, j’ai le plaisir de vous proposer un livre photo reprenant quelques-uns des plus beaux souvenirs de ce voyage.

Si vous souhaitez le commander, il faudra vous décider au plus tard le dimanche 1er juin 2025 avant 22h en m’envoyant un message à mon adresse courriel alternative ltarchives@hotmail.com et en versant la somme de 45 euros sur le compte BE42 1030 1806 0054 avec la communication « livre photo Vietnam ».

Je me ferai un plaisir de vous le livrer de main à la main et s’il y a des frais postaux, vous me les rembourserez à la livraison.

Voici quelques photos tirées de cet album souvenir.

Léon Tillieux, vietnamien vôtre.

mardi 20 mai 2025

M09 Transvietnam 2025 - de Phan Thiết au retour en Belgique

 

Derniers regards sur le Vietnam

Bien le bonjour à mes amies et amis qui m'ont suivi sur ce voyage qui vient de se terminer ce 1er mai 2025.  A ce message sont attachées quelques photos sélectionnées avant d'autres que vous retrouverez sur ce site.

19 avril 2025 ... Il est cinq heures ...

Ce samedi, au lever du jour les paroles d'une chanson me reviennent : " Fais lever le soleil, notre terre attend l'aurore ..."  Il est cinq heures, je n'ai plus sommeil. Le soleil n'est pas encore là, il fait encore nuit. Je suis déjà en route vers Saïgon, le casque éclairé par deux feux clignotants. Un groupe de femmes font déjà leur gym matinale au son d'un téléviseur où de jeunes danseuses - un peu plus légèrement vêtues - leur impriment le rythme. Au bord du chemin dans la pénombre, un homme a déjà commencé le travail. Petit à petit, le jour se lève.

Au marché, il y a du monde. Chacun - surtout chacune - tente de vendre légumes, poisson, viande, fruits. etc. La plupart - avec un grand éclat de rire - acceptent d'être photographié.e.s. Je suis aux anges ... tant de sourires et de bienveillance pour le photographe que j'adore être ! Les nombreux pays que j'ai visités ne se ressemblent pas à cet égard.

Lundi 21 avril 2025, la ville de Hô Chí Minh-Ville en vue.

 Elle porte le nom de celui qui a mené le pays vers le communisme dans une lutte de libération coloniale par rapport aux français (chute de Ðiện Biên Phủ en 1954) et ensuite en lutte contre les États-Unis ... qui voulaient contrer l'expansion du communisme dans le Sud-Est asiatique. Saigon est le nom datant de l'époque coloniale ... et nombreux sont ceux qui préfèrent encore l'utiliser aujourd'hui.

Premier problème à solutionner : trouver une caisse-carton pour le vélo ... sinon celui-ci ne pourrait embarquer avec moi le 30 avril vers Zaventem. Aussi ma première visite est celle d'un magasin vélo. Heureusement après un aller-retour entre deux magasins, j'en ai trouvé une dans le magasin proche de l'endroit où je viendrai préparer le voyage de retour le 30 avril : chez des religieuses qui s'occupent d'enfants de maternelle. Sœur Nga - parlant français - m'accueille avec bienveillance ... nous nous reverrons le 30 avril.

Après une visite rapide de Hồ Chí Minh-Ville - en fait je me suis limité à la visite de trois temples anciens - j'ai pris la direction du delta du Mékong.

Mardi 22 avril 2025, ville de Mỹ Tho. 

Une longue journée avec la visite en bateau de l'île de la licorne avec diverses animations dont un test du miel, des gâteaux faits à partir des noix de coco, un python autour du cou (pour ceux qui aiment les sensations froides et insolites) et parcours en pirogue dans un univers vert semblable à celui de l'Amazone (les deux fleuves ont les mêmes couleurs !) Arrivé le soir dans la petite ville de Cai Bé, n'ayant pas trouvé d'hôtel ni de lieu alternatif pour la nuit, j'entre dans l'enceinte d'un temple. Personne ne me voit sauf les chiens ... qui s'empressent de signaler mon intrusion. Je m'adresse à deux dames venant à ma rencontre, leur demandant de pouvoir loger. La plus jeune m'envoie à l'hôtel ... La plus âgée aussi dans un premier temps mais change d'avis et m'indique un endroit pour installer mon couchage ... avec ventilateur, dans la partie non cultuelle sur un parquet ! Comme quoi, il ne faut jamais désespérer.

image prise au lever du jour au marché flottant de Cần Thơ

Les marchés flottants de Cần Thơ

Ayant pris trois jours de repos dans la ville de Cần Thơ, dans le Delta du Mékong, ce vendredi 25 avril, j'ai eu un peu de stress au moment de partir à 4h30 du matin pour prendre le bateau réservé pour découvrir le marché flottant de Cái Răng au lever du jour.  J'ai dû réveiller l'hôtelier qui avait ajouté un cadenas à mon vélo par sécurité. Cette visite était très colorée avec les bateaux accostant le nôtre et remplis de fruits et légumes. Derniers décors du Vietnam pour moi hauts en couleurs et rencontre avec une population dont la plupart ne lésinent pas à travailler, même dans des conditions difficiles. Ce qui est vrai dans la plupart des pays asiatiques.

Ce samedi 26 avril 2025, de la place Saint-Pierre à Rome, via la télévision ou comme moi ici en pensées depuis le Vietnam, nous rendrons un dernier hommage au pape François. De ses messages et de ce qu'il a réalisé durant son pontificat de 12 années intenses, je retiendrai ses prises de position par rapport aux migrants et aux personnes fragilisées (dont encore récemment les détenus en prison) ainsi que surtout les deux documents "Laudato Si" et "Fratelli Tutti" faisant des enjeux environnementaux et de solidarité et de justice, les défis majeurs de notre temps. Et ce, nous pouvons le reconnaitre, quelles que soit nos convictions politiques ou religieuses.

Contre toute attente, en surfant sur les nombreuses chaînes de la télévision vietnamienne, j'ai pu suivre en partie la cérémonie romaine des funérailles du pape François. Comme moi, vous aurez remarqué le contraste entre la simplicité du cercueil choisi par François lui-même et le faste du décorum de la place Saint-Pierre avec en premier lieu les nombreux cardinaux dont la couleur des habits les distinguait singulièrement du reste de l'assistance très nombreuse comme de l'espace réservé aux prêtres avec leurs habits également distinctifs. Bref une Église qui a du mal à renoncer à une organisation hiérarchisée pyramidale et pratiquement exclusivement masculine ... Toutefois, deux des intentions furent lues par une femme (une en français) et en ce qui concerne l'homélie prononcée par le doyen des cardinaux Giovanni-Battista Ré (dont j’ai pu serrez « la pince » lors d’une visite à Rome en 1995 avec la FIMARC lorsqu’il était Secrétaire d’Etat de Jean-Paul II), le contenu était une belle rétrospective de ce que François a réalisé durant les 12 années de son pontificat.  Espérons que son successeur sera à même de continuer dans la même ligne ...

30 avril 2025 : commémoration de la fin de la guerre du Vietnam

Le jour où je quitte le Vietnam, ce 30 avril, il y a 50 ans, les derniers militaires étatsuniens quittaient une terre meurtrie par une trop longue et inhumaine guerre, provoquée par des idéologies et systèmes économico-politiques incompatibles, dont historiquement le colonialisme. Quand l'on commémore la fin d'une guerre (par exemple le 11 novembre 1918 ou le 8 mai 1945) c'est d'un armistice que l'on parle car l'on évoque la Paix (re)trouvée. Ici, au Vietnam, les cérémonies prévues depuis des semaines rappelleront surtout la victoire idéologique du Nord-Vietnam : partout des drapeaux (de toutes les couleurs mais surtout rouge) et d'immenses affiches évoquent le 30 avril 1975. Des vêtements sont vendus pour les différentes catégories d'âges, hommes, femmes, enfants. Un vêtement rouge avec une étoile ... jaune. Ce sont les couleurs du drapeau national et ce 30 avril, les vietnamiens fêtent surtout la réunification historique entre le Nord et le Sud. Toutefois cette réunification ne résonne pas de la même manière chez les nombreux vietnamiens et vietnamiennes qui durent endurer répression, camps d'internement (dont certains étaient proches de ceux du Goulag stalinien) et qui, très nombreux n'eurent comme autre solution de migrer vers d'autres pays (les USA, le Canada surtout et également en Belgique ... rappelons-nous les "boat-people" en 1979).  Petit-à-petit, après des décennies, il y eut un assouplissement du régime imposé par les vainqueurs. Le processus de Paix et de réconciliation fut long et difficile à mettre en œuvre au Vietnam ... et il n'est pas terminé.  Puisse-il être mis en œuvre de même dans les autres parties du monde dont l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient où la Paix est si difficile.

La veille du 30 avril 2025, une dame se recueille dans un des (trop) nombreux cimetières de la guerre du Vietnam

Dernières nouvelles de Will, l'anglais qui courait de Saïgon à Hanoï durant 40 jours pour la recherche contre le cancer. Il a été blessé au mollet par une moto ... et malgré cela, il a poursuivi son défi. Re-bravo à ce "deux-fois" courageux qui a dû affronter des températures caniculaires.

Mercredi 30 avril 2025. Il est 14h: un taxi électrique me conduit à l'aéroport de Hồ Chí Minh-Ville, commandé par Sr Nga. Elle fait partie d'une institution qui au coeur de la ville s'occupent de 200 enfants dont une partie autistes. Elle a étudié à Louvain-la-Neuve où elle a eu comme professeurs de théologie Camille Focant et André Wénin, des théologiens renommés de la très ancienne université louvaniste (600 ans). Merci pour son aide apportée et pour les biscuits reçus pour la route ... vers Bangkok et Zaventem.

En ce premier mai 2025, pour m'accueillir et pédaler durant la dernière étape de la Transvietnam, de la gare de Gembloux à Eghezée et Namur, quatre courageux (Jean-Paul, Yvette, Eric et Marie-Thérèse) m'ont accompagné ... sans oublier Zébulon dans son carrosse. Merci à eux.

Les ravellistes du 1er mai : Jean-Paul, le "transvietnamien", Yvette, Marie-Thérèse, Eric et Zébulon dans ses bras


Bilan de la Transvietnam 2025

Le plus important c'est d'avoir pu réagir positivement face aux difficultés qui se sont présentées au début de ce voyage de deux mois. Tout d'abord des problèmes de santé; difficultés dues à un problème d'infection des bronches et des maux aux chevilles et dans les articulations des genoux. Mais grâce à des antibiotiques prescrits par une dame médecin de l'hôpital franco-vietnamien de Hanoï et grâce au soleil qui progressivement a amené un temps plus chaud en descendant vers le Sud du pays, les deux problèmes ont disparu. La graisse accumulée autour des hanches a fondu ... manque de frites ?

L'inconnue posée au départ quant à savoir si le contact serait facile avec les vietnamiens, hommes, femmes ? Certaines personnes m'avaient dit que ceux-ci étaient plus distants que les cambodgiens et les laotiens. C'est vrai ... néanmoins le long de la route, j'ai reçu pas mal d'encouragements. De l'aide aussi pour confirmer l'exactitude de la route à suivre, pour étancher ma soif ou parfois, la faim. Pour me remettre sur le bon chemin, deux hommes n'ont pas hésité à enfourcher leur mobylette ... le premier sur une distance de 7 km (quelle patience il lui a fallu !)

Je ne pourrai oublier l'accueil qui m'a été réservé à six reprises pour l'hébergement :

. le couple habitant une maison traditionnelle dans le Nord du pays : repas du soir et du matin inclus ;

. les ouvriers qui m'accueillirent pour la nuit dans le local où ils sont hébergés pendant la restauration de l'église : repas du soir ;

. les jeunes qui prirent l'initiative de répondre favorablement à ma demande en l'absence de leur curé : repas du soir;

. l'accueil dans une école catholique : repas du soir ;

. La dame du monastère bouddhique : endroit pour passer la nuit dans l'enceinte d'un temple ;

. la famille d'un pasteur protestant : repas du soir et moustiquaire, café fort (glacé typiquement vietnamien) du matin et gâteaux pour la route.

Il y a aussi tous ces petits gestes d'attention à mon égard : une bouteille d'eau fraîche, un fruit, une bouteille de jus, un paquet de biscuits, etc. Le plus étonnant ... quand cela vient d'une initiative d'un.e jeune - parfois de 12 ans - au retour de l'école !

Après autant de km parcourus (un peu plus de 3.000), souvent dans les conditions très difficiles d'une circulation intense, je pense que vous serez d'accord de m'attribuer un permis de conduire spécial intitulé PCVVTI, ce qui signifie Permis de Conduire Vietnamien Vélo en Trafic Intense ... ! Permis attribué avec la mention "satisfaisant" ... car il n'y a pas eu d'accrochage !

Ce qui étonne surtout les personnes que je rencontre, c'est mon âge. Beaucoup m'interrogent à ce sujet. Personnellement, je me sens prêt à repartir pour un autre voyage. Mais à ce moment, je n'ai aucune idée quant au choix de la destination ...

Dernier avis : comme lors de mes précédents voyages (c'était le 23ème "longue distance" depuis 2001), un livre photo (certainement avec de belles couleurs et sourires) vous sera proposé via un prochain message.

Léon Tillieux de retour du Vietnam, ce premier mai 2025.

sourire ... gratuité vietnamienne !

sourire ... en attendant d'autres ...

 

M08 Transvietnam 2025 - de Tuy Hòa à Phan Thiết

Les dunes colorées de Muy Né

Ce vendredi 18 avril 2025, au regard de l'actualité surtout si nous osons encore tourner les yeux vers Gaza (raids d'Israël sur le dernier hôpital encore opérationnel, population civile dont de nombreux enfants continuellement pris pour cible ... à croire qu'ils veulent aller jusqu'aux derniers ...), il est difficile de ne pas considérer ce vendredi dit « saint » comme un vendredi « noir ». Les très petits problèmes que je rencontre ici au Vietnam (une petite blessure sans gravité à la cheville, la chaleur, un peu de pluie, le manque de sel sur mes frites au restaurant, etc.) ... tout cela est vraiment dérisoire et sans importance. Je continue cependant à vous informer ... Saigon est en vue ... je viens de voir un panneau l'annonçant à 200 km !

Le vendredi 11 avril 2025, après une nuit calme passée dans un camping à 50 mètres de la mer de Chine, j'ai enfourché mon vélo pour parcourir une presqu'île, Hòn Gốm où le français commandant Cousteau a commencé dès 1933 ses célèbres recherches océanographiques. Après un bon bain chaud, dans les eaux bleu-turquoise de la plage "Son Dung" où j'étais seul, je suis rentré au camping, après avoir admiré les bateaux de pêche aux splendides couleurs (voir photos).

Qu’ils sont beaux les bateaux !

Bateau de pêche de forme ronde ... en arrière plan les dunes colorées de Muy Né ... non visitables

Le dimanche 13 avril, je longe la mer ... un parcours avec un peu de dénivelé. Tôt le matin, bon nombre d'hommes et quelques femmes font du vélo de course "dernier cri" pour certains. La plupart me saluent. L'un ou l'autre s'accompagne d'un appareil diffusant une musique de son choix. Si ce n'est pas trop envahissant comme certains Karaokés ... c'est bien !  Au sommet d'un petit col, un groupe mixte fait de la gymnastique qui est tout autant une méditation (le bouddhisme est fort répandu). L'endroit choisi est merveilleux dans un décor de montagne avec la mer en arrière-plan ! La responsable me donne un porte-clef avec les coordonnées de leur association. Trois mots : truthfulness (pleine conscience ?), compassion et forbearance (??)... Même si la traduction fait défaut pour ce dernier mot, l'on comprend aisément qu'il s'agit de ce dont notre monde a grandement besoin !

Offrandes (avec un large sourire) dans le site des tours Cham de Po Nagar

Revenu à la hauteur de la mer, je découvre une plage qui attire du monde en ce dimanche, le "palm Sunday". Le rocher de " Hòn Chồng " également, situé en bord de mer. Le lieu le plus intéressant, c'est certainement les tours Cham de Po Nagar. Retour sur la culture et la civilisation Cham (déjà décrite dans le message précédent lors de la visite du site de Mỹ Sơn  . Ce qui m'a impressionné le plus c'est la ferveur des bouddhistes avec leurs offrandes composées de fleurs et de nourriture. Notez qu'initialement la culture Cham était liée à l'hindouisme.

Avant de quitter la ville de Nha Trang, je visite la pagode de Long Sơn dont l'entrée est constituée de trois portes à battants en bois.

En fin d'après-midi, je quitte cette belle ville de Nha Trang. Apercevant une école catholique, je risque le coup d'y demander la possibilité d'y passer la nuit. D'emblée c'est un "oui" qui m'est donné comme réponse. Je loge dans une salle de classe ... avec deux ventilateurs, ce qui me manquait cruellement les deux nuits passées dans le camping de Đại Lãnh. Je vais pouvoir dormir!

Ni Davos ni Dalat ...

Progressant vers le Sud du Vietnam le long des côtes, mon ami Karl - en visite à Hanoï - me suggère de faire un saut jusque Dalat et ainsi de découvrir les "hauts plateaux". Après réflexion, je me suis dit que je devais revenir à la première option choisie pour ce voyage : les côtes ou l'intérieur du pays ! Et puis après réflexion, pas plus que je n'ai "rien à cirer" avec la station suisse de Davos réunissant périodiquement les "puissants" de ce monde, je ne suis nullement attiré par cette station huppée imaginée et créée par un français pourtant très célèbre, Alexandre Yersin (le fameux inventeur du sérum contre la peste).

Non, je préfère aller à la rencontre des pêcheurs au bord de la mer à Muy Né. Hommes et femmes, dont certains ont passé la nuit sur leur embarcation tout à fait ronde (ressemblant à une piscine), réparent inlassablement des hectomètres de filets. L'une d'entre elles m'offre une étoile de mer. Un jeune m'aborde avec quelques mots d'anglais. Il me demande comment je m'appelle ... "Léon Lukaku", lui répondis-je ... Il sourit car il est fan de football ! Remarquez un tel nom de famille ... c'eût été tout à fait du pur Hazard !

Le village de Muy Né est renommé par ses dunes aux couleurs incroyables : rouge, oranger, etc.  Je les vois de loin depuis la plage où je rencontre les travailleurs de la mer. Voulant m'approcher, j'arrive à l'endroit par où l'on pourrait y accéder. Je tombe sur un sbire qui m'en interdit l'entrée même après moult tentatives de séduction. L'endroit est sinistre car mal entretenu avec plein de déchets - une plaie dans ce pays - même les plus belles plages sont envahies par des tonnes de déchets. Dès lors, j'ai dû me contenter des dunes jouxtant la route principale. Des cars entiers y déversent leurs flots de touristes. Du haut de la dune principale, certains tentent une descente rapide sur un morceau de tapis. Ils arrivent dans le fond plus vite qu'ils ne pensent ... reste à remonter ! Au coucher du soleil, je me contente des couleurs du sable semblable à celui du désert Nord-Africain.

Terminons par une photo contrastée comme j'adore vous envoyer avec un commentaire interrogatif voir incisif ?  Le long de la côte à Muy Né, depuis quelques années, un nombre incroyable d'hôtels de luxe sont apparus, squattant la plus belle partie de la côte et interdisant - c'est une certaine logique mais pas nécessairement juste ni agréable - l'accès à tout un chacun. Il faut bien faire comme aux rivieras italo-françaises et d'ailleurs : laisser éventuellement le dernier bout de plage avec quelques rochers aux familles et aux intrus de mon genre ! Je n'ai réussi qu'une fois à passer sous la barrière à demi-fermée et en trompant le gardien à moitié endormi, lequel est arrivé trop tard pour me dire que je devais quitter ce lieu "réservé" ... ce que je savais déjà bien sûr ... l'important c'est que la photo que je voulais prendre ait été prise avant son arrivée !

Contraste entre le lieu réservé aux ouvriers et le bâtiment qu’ils construisent

Sur la dernière photo style "contraste" jointe, vous verrez l'hôtel immense qui comporte je ne sais combien de chambres ... avec, dans le coin inférieur gauche, la "baraque" où les ouvriers terminant la construction se retrouvent pour "casser la croûte" ou pour dormir pour ceux qui viennent de loin ! 

Ceci dit je vous souhaite une belle et vraie fête de Pâques ... cette année, les cloches ne passeront pas à Faulx-les-Tombes. Le prochain message vous sera envoyé à mon retour le premier mai ... n'oubliez pas l'invitation du 1er mai de mon ami Jean-Paul du GRACQ de Namur.

Anecdotes en vrac (tome deux)

  • Les routes au Vietnam comme déjà dit sont généralement en bon état avec moins de trous il me semble qu'en Belgique. Au bord de la mer, le gouvernement vietnamien construit des voies à deux chaussées séparées parfois avec trois bandes de circulation de chaque côté pour un nombre restreint de véhicules. Avec une belle rangée d'arbres de part et d'autre. Des proposés (hommes et femmes) motorisé.e.s assurent leur survie en les arrosant quotidiennement. Ils et elles se déplacent avec un rouleau de tuyau d'arrosage sur leur engin de déplacement. Heureusement, ce n'est pas ce qui manque au Vietnam !
  • Sur la nationale numéro 1, la route "mandarine", ce qui est étonnant, c'est que les camions pour la plupart roulent sur la bande de gauche, alors qu'il y a deux bandes (en général), si bien que les bus (qui sont nombreux et plus rapides … que le train) doivent les dépasser par la droite et longer la bande d'arrêt d'urgence ... où je me trouve avec mon vélo. Les chauffeurs des cars m'avertissent à l'avance qu'ils vont me frôler ..., en klaxonnent un bon coup ... si fort qu'ils réveilleraient un mort !  Obligé de rester vigilant !  Il m'arrive de suivre le conseil de ma fille Sueli - globe trotteuse expérimentée - en prenant des itinéraires bis le long de la mer ..., avec parfois des surprises au point de vue dénivelé !
  • L'endroit le plus calme où l'on risque de ne rencontrer personne, l'idéal pour une nuit pouvoir "bivouaquer" tranquillement en dehors de la tente trop chaude pour y dormir est un cimetière. Dans le dernier ou j'ai dormi, une tombe proche était éclairée toute la nuit par une lampe branchée sur une batterie alimentée - la journée bien sûr - par un panneau solaire. Génial ... les morts pouvant ainsi continuer à "vivre dans la lumière" même la nuit !

Léon Tillieux à Phan Thiết au Vietnam ... où il a plu - un peu - cette nuit !

 

M07 Transvietnam 2025 - de Hội An à Tuy Hòa

Site historique de Mỹ Sơn - civilisation Cham

Visite du site historique de Mỹ Sơn

Ce vendredi 4 avril 2025, j'ai visité le site historique de Mỹ Sơn, le site le plus important de la civilisation Cham, originaire de Malaisie et Polynésie. Ces peuples de pêcheurs, marins et pirates furent unifiés vers l'an 400 par le roi Bhadravarman 1er. Ayant adopté d'abord l'hindouisme, ils se convertirent au bouddhisme au VIIIème siècle. En conflit avec les autres peuples de la région, les Viets, les Chinois, les Mongols, les Khmers - excusez du peu - le Champa disparu au XVIIème siècle.

Malheureusement, les trésors architecturaux de cette civilisation du site de Mỹ Sơn furent presque totalement détruits durant la guerre du Vietnam des années 1960-1970.  Ils furent pris pour cible par les bombardiers (les tristement "célèbres" B52") étatsuniens et une majeure partie fut détruite à tout jamais.

Les pays belligérants, lorsqu'ils entrent en guerre n'ont aucun scrupule pour écraser des zones où habitent pourtant des êtres humains et des richesses historiques qui n'ont aucune valeur à leurs yeux. Pour l'instant, les Israéliens et les Russes ne cessent leurs agressions malgré les protestations internationales. Entre 1943 et 1945, les bombardiers alliés ont déversé sur des villes comme Essen et Hambourg plus de bombes que nécessaire pour détruire "une fois" les installations militaires. Car plus il y avait de destructions, plus il a fallu reconstruire au lendemain du conflit ... et cela a généré des profits énormes au bénéfice de ceux qui ont profité du financement de la reconstruction d'après-guerre (plan Marshall – celui des années 1950, car les politiciens wallons en ont inventé un autre du même nom plus tard !). Sauf que celles et ceux qui vivaient dans ces villes y ont tout perdu, dont le bien le plus précieux, la vie ... comme mon oncle Joseph qui n'est pas revenu de Hambourg en 1945 ... et que je n'ai jamais pu connaître. Vous comprendrez dès lors mon engagement et mon choix réfléchis, motivés et irréversibles en faveur de la non-violence  ... !

Dans son discours adressé il y a quelques jours au peuple vietnamien, le roi Philippe a dit – et ce n’est plus un poisson d’avril - : " nous avons été profondément émus par les immenses souffrances endurées par votre peuple". Toute guerre quelle qu'en soient les raisons ne peut légitimer de tels moyens destructeurs ...  et il est bon de le redire comme Philippe : " ... Surtout en ces temps où le droit international est bafoué et supplanté par le droit du plus fort."  (Un triste exemple : Gaza)

Première moisson du riz

Moissonneuse pour le riz

La moisson du riz a commencé dans le Sud

Alors que dans le Nord du Vietnam, le riz commence à sortir des rizières, dans certains champs du Sud du pays, les paysans commencent déjà la moisson. Ce dimanche 6 avril, je campe à l'orée d'un bois avec comme panorama, les champs déjà moissonnés en feu. Ce spectacle, impossible de le voir de sa chambre d'hôtel !  Le mercredi suivant en revanche, n'ayant pas trouvé de rizières dans une région plus urbanisée, me voilà à l'hôtel ... impossible de fermer l'œil : à 22 heures trente, la télé résonne toujours dans la pièce d'à côté ... qui est la réception !  Une petite interpellation et la réceptionniste coupe la télé ipso facto.  Hier, par contre, ayant trouvé un camping - vide - le jeune gardien m'a dit que je pouvais y mettre la tente sans payer ... très bien mais les chiens eux n'avaient pas l'intention de m'accueillir aussi bien que leur maître : l'un d'entre eux a aboyé durant une heure quand je suis allé à la toilette. Non le camping sauvage est bien plus calme ... si l'on sait choisir un bon endroit éloigné de la nationale et des karaokés dont les Vietnamiens sont friands ! 

Rencontres exceptionnelles

Mardi 8 avril, il est 7 heures 7 du matin. Je m'arrête pour consulter la carte. Je vois arriver un homme en courant ... avec un bandage au genou. Il s'arrête et nous échangeons en anglais. Will de Newcastle dans Nord de l'Angleterre, réalise un défi incroyable : relier Saïgon à Hanoï en courant durant 40 jours, soit environ 1.700 km. Ingénieur en informatique, il a son ordinateur dans son petit sac à dos ... et continue à travailler ... à distance. Incroyable ... surtout que ce raid a pour but de recueillir des dons pour la lutte contre le cancer. J'envoie un message et une photo de cette superbe rencontre par WhatsApp et vous êtes nombreux à réagir ... plus que par courriel ! Merci pour votre soutien.

Will court pour la recherche du cancer … durant 1.700 kilomètres !

Le même jour, une autre rencontre : un homme assez âgé à moto s'arrête à ma hauteur et m'invite à prendre un jus de noix de coco ... délicieux surtout avec des glaçons et l'intérieur blanc. Parlant bien l'anglais, il m'explique que sa sœur habite en Californie et qu'il va régulièrement lui rendre visite. Il se présente comme bouddhiste. Mais je regrette un peu de n'avoir pas eu le temps d'approfondir cela.

Rencontre avec un boudhhiste

1975-2025 commémoration de la fin de la guerre du Vietnam 

En ce mois d'avril, au Vietnam, ce souvenir fait l'objet de rassemblements officiels. Un jour au matin, j'ai eu l'occasion d'assister au début d'une commémoration avec des spectacles de danse et de chants par les élèves d'une école.

Spectacle scolaire en vue du grand défilé du 30 avril 2025  : 50 ans de la fin de la guerre du Vietnam

Anecdotes en vrac

  • Dans la rue, un aiguiseur vous affûte couteaux et outils : il a le matériel nécessaire sur sa moto ;
  • La ligne de chemin de fer Hanoï - Saïgon a été planifiée par les français, je présume. Il n'y a pas beaucoup de trains ... c'est l'occasion pour un employé de marcher entre les voies pour vérifier leur état et vérifier leur écartement. Avec plus de 2.000 km de voies ferrées, il doit y en avoir de la main d'œuvre ! Et aucun danger ... les conducteurs de train klaxonnent sans arrêt ! Car bien sûr, il y a aussi les vaches qui aiment – se croyant sur leur territoire -  traverser les voies comme elles le font sur les routes !
  • Ayant repéré un chantier naval avec de beaux bateaux à photographier, je trouve le moyen d'y entrer - avec mon flair habituel - mais c'est sans compter sur un chef qui se fâche et m'indique la sortie ... comme on le montre à un chien ; mais réaction diplomatique de ma part en lui montrant que je veux seulement prendre une photo, il se ravise ... d'autant plus que je lui propose de prendre une photo de lui ... Ce qu'il accepte avec un grand sourire ! Métamorphose !
  • Le long des routes nationales, pas besoin de GPS, il y a une borne kilométrique bien mise en évidence et même des bornes hectométriques avec sur chacune le kilométrage depuis la frontière chinoise ; et ce matin, j'ai vu un homme repeindre les données sur ces bornes ... avec un pinceau d'écolier ! Précision vietnamienne.

que les bateaux vietnamiens sont beaux !

Léon Tillieux à Tuy Hòa au Vietnam

 

M06 Transvietnam 2025 - de Huế à Hội An

La citadelle impériale de Huế

J'espère que vous avez bien reçu le message M05 le jour où j'arrivais à la ville impériale de Huế.

Ce 28 mars, quelques-uns d'entre vous se sont inquiété.e.s en apprenant le séisme assez important (de force 7,3 sur l'échelle de Richter) qui a touché le Myanmar (ou ex-Birmanie), la Thaïlande et le Laos où se trouvent mes amis cyclistes brésiliens rencontrés sur la route de Lào Cai. Ici, nous n'avons rien ressenti ... eux non plus !  Il semblerait que le nombre de victimes est important et augmente d'heure en heure surtout au Myanmar.

Huế, cité impériale - visite des tombeaux impériaux et de la cité impériale

Huế est la ville vietnamienne la plus intéressante à visiter avec Hội An, surtout sur le plan historique. J'ai réservé deux jours pour la découverte de cette ville. Samedi 29 mars, avec le vélo allégé de ses encombrants et trop lourds bagages, j'ai effectué une boucle de 35 km. Mais tout d'abord, sur la rive gauche de la rivière dite "des parfums", se dresse la pagode Thien Mu ainsi que le temple de la littérature. A cet endroit, j'ai eu un échange intéressant en anglais avec une dame (voir photo) qui s'intéressa à mes voyages et aux conditions dans lesquelles ils sont organisés. Rares en effet sont les Vietnamien.ne.s avec qui il est possible d'avoir un échange en anglais plus ou moins correct. C'est un peu plus intéressant qu'un bref échange avec une personne (un homme généralement) qui vous dit connaître la Belgique ... en citant Lukaku ou Hazard ... une mise à jour s'avère toutefois nécessaire, il me semble !

De l'autre côté de la rivière des parfums, il y a toute une série de tombeaux impériaux J'en ai visité deux : "Tự Đức" et "Minh Mang". Les empereurs prévoyaient chacun un site en vue de leur sépulture post mortem. Ils avaient chacun non seulement envie de se réserver un grand et riche espace pérenne mais surtout - étant doués comme beaucoup, encore de nos jours, surtout chez certains hommes politiques et dirigeants inboulonnables, d'un égo surdimensionné - voulaient un espace plus grand que ceux de leurs prédécesseurs. Un peu du trumpisme avant la lettre. C'était une façon pour pérenniser leur souhait que l'on se souvienne longtemps d'eux et surtout de ce qu'ils avaient (fait) réaliser.

Un palais de la cité impériale de Huế

En ce qui concerne la cité impériale, celles et ceux qui ont eu l'occasion de la visiter vous diront que c'est une des X merveilles du monde. En ce qui me concerne, ce fut - un peu - difficile étant donné que j'ai dû affronter toute la matinée du dimanche 30 mars, un crachin persistant bien belge ... mais en tant que belge l'on s'adapte partout !  Il paraît que la pluie est dans les prévisions pour les jours prochains ... tant mieux du point de vue température ... je n'aurai plus les 34 degrés de la semaine passée !

Vous décrire la cité impériale me demanderait des pages d'écriture ... qui pourraient être lassantes. Je ne vais donc point faire concurrence aux Routard, Galimard et autres guides superbement écrits et documentés. Ce qui m'intéressait en revanche c'était d'observer comment se comportent les visiteurs/visiteuses surtout vietnamien.ne.s. Il semblerait que de très nombreuses personnes dans cette région, se revendiquent (ou se croient) descendant.e.s, de sang royal voir impérial. Notez que c'est plausible quand on sait que dans ces demeures aux dimensions "extra-larges", il y a - plutôt il y avait - beaucoup de places pour de très nombreuses concubines. Les empereurs étaient donc bien entourés et sans doute bien "occupés" ! Selon le Routard, le chiffre de 100 est cité ... mais comment savoir ... #MeToo n'existait pas !

Un couple devenu subitement un couple « impérial »

Un couple amoureux de retour dans le passé des mandarin.e.s

Dès lors que ce soit à l'extérieur ou à l'intérieur de ces palais qui rivalisent de beauté, vous pouvez admirer des couples ou des hommes, des femmes, de tout âge, portant de splendides costumes ... qu'ils ont revêtus (loués sans doute) pour assouvir leur rêve d'être - l'espace d'une matinée dans un décor impérial surdécoré - prince, princesse, mandarin, mandarine (je ne sais pas si le vocable existe) ou même empereur et impératrice. Mais vous avez tout le temps d'admirer le spectacle (vivant) ... les selfies sont en effet interminables et sans cesse à recommencer. Tant mieux pour le plaisir des yeux ... ce à quoi vous pourrez être associé.e si vous patientez lorsque les photos que j'ai eu le bonheur de prendre (avec mon appareil photo et non avec mon smartphone car je n'ai pas le réflexe de l'utiliser et surtout parce que ce 'truc" n'a pas de viseur ni de zoom pratique) seront sur ce présent site de mes voyages : www.goffinets.be/kapsud

Notez que ces journées où l'on déambule entre ces sites me fatiguent beaucoup plus que les journées durant lesquelles je pédale ! En fait dans ces visites, observer le comportement des gens est tout aussi important pour moi qu'admirer ce qui n'est que de vieux vestiges et de vieilles pierres ... tout en reconnaissant que le travail des archéologues est important pour la sauvegarde du patrimoine.

Chez les sœurs de Saint-Paul de Chartres

Depuis des années, avec des amis et amies belges et français.e,s., nous nous rendons en pèlerinage à Chartres en France et sommes accueilli.e.s chez les sœurs "de Saint-Paul de Chartres" ... à l'ombre de la célèbre cathédrale. Surprise, dans le Routard, référence est donnée à cette congrégation missionnaire au numéro 42 de la rue Kim Long située sur la rive gauche de la "rivière des parfums" et à proximité d'un tout nouveau pont merveilleusement éclairé la nuit ...  en rouge, couleur nationale oblige (avec alternativement une autre couleur ... quand même !)  J'y saute à vélo le samedi matin ... et me voilà reçu dès 7h45 par Sœur Marie-Kim (voir photo) ... qui parle français, ayant vécu à Chartres il y a une vingtaine d'années. Le lendemain, ayant débuté matinalement mon dimanche par une messe (à 5h15 j'ai maintenant l'habitude d'être un lève-tôt), je l'ai terminé à 19h par une invitation à participer au "souper" de la communauté, avec un plat traditionnel vietnamien se terminant par un délicieux thé au gingembre. L'occasion d'apprendre que les religieuses s'occupent de l'éducation de jeunes filles de familles pauvres. Une autre maison accueille des orphelins. Ce travail important et de longue haleine nécessite un financement. A titre d'exemple, l'approvisionnement en riz (nourriture de base en Asie) revient à 2.000 euros par mois. Je quitte la maison en passant au milieu d'une haie formée par les filles. Merci pour cet accueil ... le dimanche, c'est décidément pour moi la journée contact avec les catholiques vietnamiens ! Restent bien sûr les autres ... et ils/elles sont nombreux.ses !

Soeur Marie Kim et ses consoeurs de Saint-Paul de Chartres à Huế

Sur la route de Da Nang, au premier passage à niveau en quittant Hué, la garde-barrière agite un drapeau ... le train Hà Nội - Huế - Saigon va passer. Les barrières ne se lèvent pas mais traversent la route horizontalement, Elles sont munies de roues (voir photo) ; je crois n'avoir jamais vu cela en Belgique !

Panorama sur la mer de Chine Méridionale en montant le col des nuages au Vietnam

Le col des nuages ... dans les nuages

Lors de la Transandina 2013, le voyage avait commencé par l'itinéraire du "train des nuages" dans la montée du fameux col de Sico entre Argentine et Chili. Ici au Vietnam, ce mardi 1er avril 2025, me voilà arrivé au pied du "col des nuages", l'unique difficulté du genre que je rencontrerai sur le trajet Hà Nội - Saigon. Au début, la visibilité est correcte et permet d'admirer la mer avec des pêcheurs sur leur frêle embarcation. Au fur et à mesure de la montée, je me retrouve dans un épais brouillard. Il était annoncé 20 km de montée ...  mais en fait ce chiffre incluait la descente. C'est donc bien heureux qu'après un peu moins de trois heures de grimpette, j'arrive au sommet ... félicité par un couple de londoniens tout aussi frigorifiés que moi. Le sommet se situant à 496 mètres d'altitude (même pas le Signal - belge - de Botrange !) ce n'est pas comparable aux cols andins (2009, 2013, 2018, 2019 et 2020), ceux du Tadjikistan et du Kirghizistan (2017), les cols pyrénéens (escaladés en 2022 en hommage à mon petit cousin des Yvelines, Hubert Leman) … sans oublier les Rocky Mountains au Canada (2023) et ceux du Haut-Atlas au Maroc (2024). La descente est vertigineuse, (ce que j'aime ... confiant dans mes freins hydrauliques Magura). Après avoir admiré le panorama de ville de Dan Nang et de son port, je me retrouve vite sur la route menant à Hội An... en bénéficiant à nouveau du soleil et d'une température plus élevée.

Arrivée au sommet (496 m !) du col des nuages … au Vietnam

Visite de Hội An

Hội An, charmante ville a gardé des maisons du style colonial français. Petite de taille, cette ville n'a guère été détruite lors de la guerre du Vietnam comme ce fut le cas pour la ville de Da Nang. Énormément de monde dans un piétonnier où malgré tout roulent des mobylettes ! Temples, maisons très anciennes, musées se succèdent et font de Hội An une des villes les plus intéressantes à visiter au Vietnam. Soudain, j'entends parler brésilien : un couple du Nordeste. Nous échangeons brièvement sur l'actualité ... ce qui n'est guère réjouissant. Ils se réjouissent toutefois que ce n'est plus Bolsonaro qui gouverne au Brésil, en appelant celui-ci le "frère jumeau de Trump" !  La visite est encore plus intéressante le soir avec les illuminations et les bateaux circulant en arborant des lanternes éclairées et multicolorées.

Maisons coloniales de Hội An

Illuminations le soir à Hội An

En arrivant à l'hôtel (oui, il m'arrive de faire une petite infidélité à ma tente), je vois un vélo de course. C'est une jeune française qui relie - comme moi - Hà Nội à Saigon (Hồ Chí Minh-Ville). Ce qui est étonnant : le poids du vélo et des bagages (hormis la pilote pourtant plutôt svelte) totalise 20 kg ... sûr qu'elle n'a pas plusieurs tenues de rechange, ni de tente d'ailleurs !  A 100 km par jour, elle sera à Saigon avant moi !  Mais je ne suis pas pressé, j'ai encore 4 semaines devant moi!

A cinq km du centre, la plage de Cửa Đại attire une certaine clientèle et pas n'importe laquelle. En effet selon le Routard (toujours ce guide bien informé), il y a quelques années déjà, le gouvernement a fait disparaitre les petits hôtels pour donner place aux grands "ressorts" et hôtels de luxe. Politique étrangement peu cohérente avec l'orientation officielle du régime vietnamien ! La plage toutefois est accessible à tout un chacun.

Je ne suis pas le seul belge au Vietnam ... ceci n'est pas un poisson d'avril !

… n’est-ce pas Maxime (Prévot, Ministre belge des affaires étrangères et bourgmestre-empêché de Namur, capitale de la Wallonie) !  La personne auprès de qui je réserve la découverte du site historique de Mỹ Sơn pour demain 4 avril, connait quelques mots de français et est au courant que le Roi (Philippe) et la Reine (Mathilde) "de mon pays" sont en visite officielle au Vietnam. Quant à moi, je n'étais vraiment pas au courant de cela. Agnès du magasin Nord-Sud de Gesves ainsi que les amis de l'atelier vélo au centre de réfugiés de la rue de Dave à Jambes m'ont informé. Le 1er avril, j'ai par conséquent essayé d'inviter le roi et la reine (mais c'eut été difficile surtout pour elle avec sa longue robe et son chapeau) de venir - avec un vélo (si possible non-électrique bien sûr) - me rejoindre ne fusse que sur cinq km du côté du col des nuages ... mais je n'ai pas eu de réponse du Palais Royal !

Compte rendu de la visite de Mỹ Sơn dans le prochain message M07

Léon Tillieux à Hội An au Vietnam

 

M05 Transvietnam 2025 - de Hanoï (Hà Nội) à Huế

Coucher de soleil sur les montagnes de la baie d’Along terrestre

Merci à celles et ceux qui ont réagi à mon message M04 que vous avez reçu alors que je revenais à Hà Nội après une boucle de 600 km dans les montagnes du Nord du pays.

Deuxième rencontre d'un cycliste longue distance : Sven, jeune originaire des Pays-Bas qui arrive du Sud, de Hô Chi Minh-Ville. Échanges très intéressants de nos voyages passés, notamment en Ouzbékistan, Tadjikistan et Kirghizistan. Des conseils pour planter la tente ... cela m'intéresse toujours!

Ce jeudi 20 mars au matin, nous prenons la direction de l'hôpital. J'ai rendez-vous avec un médecin car depuis près de deux semaines, je souffre d'une infection au niveau des bronches. Mes amis prénommés Huệ (qui signifie fleur de Lys) et Cường (force et résistance) m'y conduisent. Il s'agit d'un très grand hôpital, l'hôpital franco-vietnamien où nous nous perdons dans les différents niveaux et services. Après une attente pas trop longue, je suis reçu par une jeune dame médecin qui me prescrit des antibiotiques et d'autres médicaments.  En principe, en huit jours je devrais être guéri … !

De retour chez mes amis, je dresse la liste des médicaments à prendre ainsi que la posologie. Une fois cela fait, c'est le moment du départ. Cường m'accompagne avec son VTT pendant les premiers kilomètres jusqu'à ce que la route vers le Sud numéro 1A soit atteinte. Il s'agit de la "route mandarine" ... qui doit vraisemblablement son nom au fait que les Chinois sont passés par ici plus que de coutume en s'y installant à leur gré. Un peu comme les Romains chez nous en Europe il fut un temps !  Il en résultat des routes que l'on utilise encore aujourd'hui. Ici au Vietnam, les routes nationales sont dans un bon état. Comme il y a une bande réservée aux deux roues, je me sens en sécurité. Attention parfois certains usagers deux-roues viennent en sens contraire pour une courte distance. En ville, il y a beaucoup de motocyclettes ; comme tous conduisent à peu près à la même vitesse, il n'y a pas trop d'accrochages. Je n'en ai pas vus ... sauf une moto à terre et en mauvais état ... que j'ai photographiée sous l'œil étonné des "rwêtants" !

Cường m'accompagne au début de la route "Mandarine"

Ce jeudi 20 mars au soir, pour dresser la tente, je suis le conseil de Sven, le cyclo-randonneur rencontré la veille au bord d'un lac célèbre de Hà Nội. Je pénètre dans une propriété de ce que je crois être un temple. Il s'agit d'une très grande maison avec des dépendances. Le propriétaire - par gestes - me permet d'y dresser ma tente et d'y passer la nuit. Il m'indique où se trouvent les toilettes et me donne un masque. Avec son épouse, il essaye de me faire comprendre quelque chose. Impossible ! L'essentiel c'est d'avoir trouvé un endroit pour la tente ... et il fait nettement moins froid que dans le Nord du pays ! Au petit matin, mon hôte me fait visiter la maison ... remplie de richesses de l'époque coloniale française et de celle qui l'a précédée : la chinoise. Mais quelle surprise : une toile représentant le sacre de Napoléon ! J'ignorais que l'on se souvenait encore de ce "petit" tyran aussi loin de Paris un peu plus de 200 ans après ce sacre. Je me demande si dans deux siècles il y aura encore une trace au Capitole de l'investiture de Trump II ... en espérant qu'il n'y aura pas de numéro III ni de clone présidentiel du même genre qui lui succédera ... l'on ne sait jamais avec le développement de l'IA ?

Belle ... cette maison d’accueil !

Etrange ce personnage au Vietnam !

Hồ Chí Minh-Ville (ou Saïgon) à 1.680 km... allez encore quelques coups de pédale ! 

Les rotules commencent petit à petit à me faire moins mal. C'est l'atmosphère vietnamienne qui pénètre doucement!

Une trentaine de km pour arriver à ce que l'on appelle la "baie d'Along terrestre'". Ce vendredi 21 mars, visite du site reconnu par l'UNESCO : Trang Han. Visite en bateau pendant trois heures sur une barque actionnée par les bras courageux d'une dame ... pour quel salaire pour un travail long, répétitif et pénible? Elle seule pourrait me répondre ... mais le vietnamien "non è facile come l'italiano !" Le nombre très élevé de touristes a au moins l'avantage pour la population locale, de créer un nombre impressionnant d'emplois ... surtout féminins. La visite se fait en compagnie de deux jeunes filles espagnoles ... histoire de se remettre à l'espagnol. La Colombie et l'Équateur ... c'était il y 5 ans, juste avant la COVID 19 !

La baie d’Along terrestre Trang Han

Cherchant un endroit pour planter la tente, je risque le coup en demandant à un jeune paysan qui rentrent ses chèvres. C'est ma chance .... il est d'accord. Coucher de soleil imprenable sur les montagnes au même profil que celles de la baie d'Along. Pendant la nuit, j'entends des voix ... ce sont les chèvres qui se demandent qui peut bien dormir si près de chez elles ?

Levé tôt, j'arrive avant le flot de touristes pour la visite du second site, celui de Tam Coc. Le temps est au sec. Très vite la brume se lève. Seconde visite avec vues sur des montagnes semblables comme la veille à celles de la baie d'Along ... avec en plus le cadeau d'un soleil généreux. Aujourd'hui, je suis seul avec le pagayeur ... qui rame avec ses pieds ... comme les pêcheurs du lac Inle en Birmanie mais ici il utilise les deux pieds.

Comme au lac Inle en Birmanie ... mais avec les deux pieds

Reprenant la route, je suis invité dans une ville à pénétrer dans le chapiteau où se prépare un mariage. Je repars avec des boissons et des biscuits.  Le soir, un peu de recherche et j'installe ma tente sur une plateforme en béton en surplomb des rizières ... au moins, c'est plat !  Le voisin donne son accord et s'inquiète si j'ai quelque chose à manger !  La nuit, les "habitant.e.s" du coin se font entendre en ... croassant.  Le matin, parti avant le lever du jour, le soleil fait soudainement son apparition ... une belle journée (de rencontres) s'annonce.

Ce dimanche matin 23 mars, vers 10h30, je me suis approché d'une petite église catholique en zone rurale qui a été construite en 1993. Le curé et des laïcs, prénommés Joseph (leur prénom ,"resté secret" reçu au baptême), parlant l'anglais m'ont invité à un repas vietnamien délicieux : potage, légumes, poissons, fruits de mer ... et du riz bien sûr, sur un plateau tournant sur une table ronde.  De la bière vietnamienne pour agrémenter cela. Plusieurs fois au cours du repas, les convives cognent leur verre en se souhaitant "bonne santé" ... Ce que j'ignore encore en vietnamien !  Une chose est certaine : ce délicieux repas m'a regonflé dans tous les sens du terme.

Le soir dans le même ordre d'idée, j'aperçois au loin une église. En m'approchant, je me rends compte qu'elle est en complète restauration. Les ouvriers qui terminent leur journée me signalent un endroit où je puis dresser ma tente. C'est sans compter sur les responsables paroissiaux, arrivés pour la messe du soir ... qui m'envoient p...... ailleurs. Toutefois un des jeunes ouvriers, sans en référer aux "supérieurs", m'invite à le suivre et me propose une chambre avec matelas et couverture dans une maison à 500 mètres de l'église pour y passer la nuit. En fait, c'est là qu'ils dorment durant la durée du chantier. Ils m'offrent du riz et des sardines grillées ainsi que de petits morceaux de volaille ... et une bière Saïgon alors qu'eux s'offrent "plus d'une" rasade d'alcool … de riz vraisemblablement. A propos de ce genre d'initiative qui vient de la base plutôt que de la hiérarchie, un proverbe malgache dit que "c'est par le fond que la marmite commence à bouillir ... !"  Comprenne qui pourra ... !  Ce fut un dimanche de chance, accueil et partage(s) au menu !

Ce lundi 24 mars, parti très tôt, à midi, j'ai déjà parcouru 50 km. Dans la ville de Vinh, je me trompe et prends une mauvaise direction. Perdu, je demande l'aide d'un pompiste qui quitte sa station d'essence pour me ramener sur le bon chemin. Il m'a attendu juché sur sa moto, durant une très longue distance, certainement entre 5 et 10 km, pour être sûr de me ramener sur la nationale 1 vers Huế... et cela gratuitement !  Avec un beau sourire ... convaincu de ne pas avoir perdu son temps !

Aujourd'hui encore, j'ai été impressionné par le nombre d'églises qui apparaissent à l'horizon parfois avec leurs tours jumelles ... l'on se croirait à s'y méprendre dans les Hauts de France, dans la Beauce chartrienne ou non loin des décors bréliens de la mer du Nord de notre cher plat pays, s'il n'y avait les rizières au vert éclatant et les étangs où viennent se prélasser quelques buffles fatigués.

Quant à moi, ce mardi soir 25 mars, je vais pouvoir me reposer des 90 km parcourus ce jour car j'ai eu l'audace de demander l'accueil dans une paroisse dont j'apercevais l'église monumentale de bien loin. Trois jeunes étudiants présents prennent l'initiative de me répondre positivement en l'absence du curé de la paroisse. Smartphone auto-traducteur aidant, je comprends que ma demande est acceptée par ces jeunes (16-18 ans) en train d'aménager les plantations du jardin jouxtant l'église. Un repas (nouilles vietnamiennes au goût prononcé autant que délicieux) m'est offert et c'est requinquant !  Vers 19 h, dans l'église voisine retentissent les chants de l'office du soir. L'église est pleine. A la sortie, dans la pénombre, la file des confessions est longue. Comme au petit matin - dès 4h50 ... bravo les lève-tôt - pour la messe quotidienne à laquelle je participe également ... cela me rappelle les années 1960 au collège diocésain de Bellevue à Dinant-sur-Meuse, où, à 6h20 (pas à 4h40 ! heureusement) du matin, à jeun, nous descendions en rangs silencieux à la chapelle pour la messe du matin ... avant 50 minutes de d'étude (c'était bien car nous avons appris à travailler) et ... enfin, le petit-déjeuner !  Ici, les femmes - un peu plus nombreuses dont certaines habillées de leur longue belle robe moulante et colorée - sont à droite et les hommes - chemise blanche - à gauche. Remarque concernant l'inculturation du catholicisme au Vietnam : au moment de la consécration, c'est le gong bien asiatique qui retentit. Visiblement, ce Vietnam en est encore peut-être à une époque préconciliaire ... quoique à chaque pilier, est accroché un écran affichant les textes des chants. Rappelons-nous que durant les années 1962-1965, c'était les années dures du régime communiste au Vietnam ... et d'une guerre interminable (il a fallu attendre 1975 avec le départ de Saïgon de l'armée étasunienne). Actuellement après avoir longtemps été interdite, la pratique du culte est ré-autorisée depuis quelques années déjà. Ce que dit le Routard à propos de la pratique "assidue" du Rosaire à laquelle les catholiques vietnamiens s'accrochent encore est bien vrai quand on voit l'assistance fidèle et nombreuse des fidèles (adultes, adolescents et enfants) à la messe quotidienne bien avant le lever du jour ... et la journée de travail. Ce qui m'a surtout impressionné dans cet accueil, c'est que des jeunes catholiques "pratiquants" ici au Vietnam, décident d'accueillir un étranger en l'absence de leur pasteur et qu'ils ne pouvaient contacter malgré leur smartphone ... et je leur dis : "évangéliquement et humainement chapeau, les gars !  Il n'y a pas d'eau chaude dans la chambre où j'ai passé une bonne nuit mais l'important c'est la chaleur de votre coeur !" 

église monumentale à la française

Il est intéressant de rappeler que l'histoire de l'évangélisation de ce qui s'appelait le Tonkin et l'Indochine, a été menée principalement  par des missionnaires français dès le 16ème siècle, alors qu'étaient bien présents et intégrés depuis des siècles, le Confucianisme, originaire de Chine et le Bouddhisme venant de l'Inde. Cette évangélisation de la région continua à être organisée alors que la recherche avide de territoires nouveaux - surtout à partir de 1858 (en 1867, la Cochinchine devient colonie française) - aux richesses convoitées par le système colonisateur français, comme ce fut le cas dans les autres continents du Sud par la plupart des nations européennes et nord-américaines y compris la Belgique. Les deux guerres mondiales du 20ème siècle, les nombreuses luttes de décolonisation - dont celle du Vietnam - et celle que nous sommes malheureusement en train de revivre, ne sont que les conséquences de ces luttes entre les nations pour s'approprier les richesses du sous-sol et autres ... sans respect aucun de ces pays et de leurs populations. Il y a bien sûr d'autres raisons que, par exemple Poutine et Trump ... et d'autres encore (Netanyahou … un autre triste exemple) s'évertuent à poursuivre ... ce qui meuble l'actualité... que je ne puis suivre que de loin, je le reconnais.

En ce qui concerne la langue Vietnamienne, c'est un jésuite portugais appelé Francisco de Pina (1585-1625) qui modifia l'alphabet en utilisant les lettres de nos langues européennes en y ajoutant une accentuation subtile pour tenir compte des différentes variations de sons ... comme pour distinguer Huế, la ville, du prénom Huệ, qui s'écrit de la même manière mais avec des accents différents. Il est dès lors beaucoup plus facile de lire le vietnamien que le Chinois !  Il faut néanmoins un traducteur !  Les inventeurs des smartphones y ont pensé … quitte à « fainéantiser » les candidats interprètes !

Un matin, j'avais aussi été ravitaillé par des jeunes garçons de moins de 12 ans qui m'avaient tout simplement donné de petites bouteilles d'eau ... en se disant : "celui-là, il doit avoir soif !"   Également une fille d'une douzaine d'années qui m'a donné un soda !  Belles initiatives ... avec le sourire en plus !

Ravitaillement en eau avec le sourire ... à la sortie de l'école !

Vous me demanderez vraisemblablement quand j'ai le temps de rédiger ces comptes-rendus de voyage après avoir parcouru près de 90 km, c'est que, couché avec les poules (ou les chèvres) dès 20 heures, vers 2 h du matin, l'insomnie me rattrape ... et j'écris ... en espérant que cela vous intéresse ou parfois vous interpelle ? Si vous constatez que vous n'avez pas reçu un ou plusieurs messages précédents, veuillez me le signaler à ltarchives@hotmail.com ... mon smartphone ne me permet pas de retrouver aisément la liste d'envoi créée sur mon ordinateur avant le départ .. d'où des oublis involontaires. Vous êtes en effet très nombreux à me suivre.

Ce jeudi 27 mars, 7 h du matin. Dans la brume, un paysan conduit son troupeau de vaches dans les champs. Une paysanne arrose son champ aux parcelles de légumes rectilignes ... avant la chaleur de ce jour : la température montera jusqu'à 34 degrés !

Ce vendredi 28 mars : arrivée à Huế... une belle partie de la route vers Hồ Chí Minh-Ville (alias Saïgon) est - déjà - parcourue. Mais au moment où je replie la tente, un paysan venant vérifier l'arrivée d'eau à sa rizière me salue en m'offrant un sourire éclatant comme le soleil qui déjà sort de la brume matinale.

Petite mésaventure ce matin, après avoir replié la tente plantée sur un sentier entre deux champs de riz, je suis reparti erronément vers Hà Nội, vers le Nord. Mais très vite le sens de l'orientation qui m'aide souvent m'a rappelé que le matin, au Vietnam, le soleil n'est pas à droite de la route ... d'où demi-tour !

La visite de cette belle et intéressante ville d'Huế vous sera décrite dans mon prochain message.

La ville de Huế est en vue

Léon Tillieux au Vietnam

 

jeudi 15 mai 2025

M04 Transvietnam 2025 - seconde semaine

Compte-rendu des premiers moments de découvertes à vélo dans les montagnes du Nord

Samedi 8-3-2025

Grâce au plan élaboré par le mari de Hué, je sors facilement de Hanoï. Au fur et à mesure de l'éloignement de cette grande métropole (plus de 8,5 millions d'habitants), le nombre de véhicules diminuent progressivement. Je me dirige vers la ville de Son Tay. Logement dans un petit hôtel. Bilan de cette journée : 83 km de parcourus.

Dimanche 9-3-2025

Les fêtes de mariage sont célébrées dans des chapiteaux avec une décoration florale exceptionnelle... agrémentée de décibels. Vers 14 h, je suis invité à participer à une fête. Cela me rappelle l'Ouzbékistan en 2011. Je décline l'invitation car j'aurais dû attendre 2 heures pour voir arriver les mariés.... Ce sera pour une prochaine fois.

Dans une petite ville, un monsieur sympa m'invite à prendre le thé. Il répare de vieux vélos. Il me montre une fameuse pompe à vélo, très solide, en cuivre ou en laiton, presqu'aussi âgée que moi. En effet, sur cette pompe, il est inscrit "Indochine française." Sans aucun doute, elle est antérieure à Dien-Bien-Phu (1954) !

N'ayant pas trouvé d'hôtel, je cherche un endroit discret pour monter la tente. Patratras, je me casse la pipe ainsi que le vélo et tombe malencontreusement sur le genou droit qui posait déjà problème. Toute la nuit j'imagine un plan B avec les bus ou les trains. Au petit matin, après maints massages du dit genou, je reprends le vélo après avoir baissé légèrement la selle. Le rythme est plus lent mais j'avance sûrement. A midi, ayant mal dormi, je me paie une petite sieste d'une heure au bord du chemin. Un jeune de 14 ans me réveille et me donne deux sandwiches, me confondant sans doute avec un SDF. Un adulte me demande si je n'ai besoin de rien !

Mardi 11 mars... jour de chance !

Après une journée sans problème et 50 km parcourus, je me hasarde à demander l'hospitalité. La maison est traditionnelle ; d'emblée, Luat - c'est le prénom du monsieur - est d'accord de m'offrir " le gîte et le couvert". Il me montre où je vais dormir et où je peux prendre un bain. L'eau chauffe dans une grande marmite. Son épouse, Thank prépare le repas. Dans un premier temps, le plateau chargé de victuailles est déposé à même le sol sur un tapis. Mais ayant pitié de mes genoux, mes hôtes déplacent le tout sur la table un peu plus haute pour me permettre de m'approcher aisément des mets préparés ! Excellente cuisine ! Des fauteuils imposants en bois massif... rien avoir avec le style Ikea !

Maison traditionnelle du Nord Vietnam ... maison d'accueil

Mercredi 12 et jeudi 13 mars

Le dénivelé augmente progressivement à l'approche de Lao Cai. Dans une montée, un couple à vélo me rejoint. Quelle surprise ! Deux jeunes sexagénaires, Diuk et Norma venant du Brésil... ici au Vietnam... c'est incroyable et à vélo ! Le lendemain, ayant pris le bus pour rejoindre la petite ville de Sa Pa, nous nous retrouvons autour d'une table pour échanger sur nos nombreuses expériences de voyage à vélo.

Norma et Diuk, venant du Brésil - do Brasil

Vendredi 14 mars... Un trek dans les montagnes de Sapa.

Parti avec 7 touristes étatsuniens, nous suivons un itinéraire assez escarpé de 12 km, à travers villages et minorité ethnique Hmong. Les Hmongs sont présents dans cette région asiatique avec près de 10.000.000 de personnes en Chine et plus de 1.300.000 au Vietnam. Vêtements et artisanat hautement colorés. Le soleil est au rendez-vous mais la boue aussi... avec l'une ou l'autre glissade. Heureusement, la charmante guide anglophone assure ma sécurité en me donnant la main pour passer les endroits difficiles. De merveilleux paysages se succèdent avec de nombreuses cultures en terrasses.

Femme de l'ethnie Hmong

De retour à Sa Pa, j'enfourche mon vélo pour une longue descente vertigineuse de 30 km... à certains moments en dépassant l'un ou l'autre lourd camion en "rétropédalage"... en évitant au possible les buffles totalement ignorants des règles de circulation !

De retour à la ville de Lào Cai, je n'ai aucune envie de m'approcher de la frontière chinoise... le style de bâtiments pas plus que le regard austère du douanier ne m'inspirent. Après quelques recherches, je trouve un bus pour Ha Giang devant la gare ferroviaire de Lao Cai, grâce à une personne intermédiaire qui négocie deux places (dont une pour le vélo)... avec commission à la clef. Le chauffeur pousse tant qu'il peut... le vélo finit par entrer - sans casse - dans la soute... ouf ! Après une brève attente, le bus démarre et m'emmène dans la partie Nord-Est du Vietnam. Bus super confortable... avec des sièges "semi-cama" pour ne pas oublier le brésilien. Le soleil fait son apparition... tant mieux pour les paysages et les rizières au vert incroyable. Les yeux déjà tournés vers le Sud, ce dimanche 16 mars ... je prends la nationale 2 vers Hanoï.

Mon vélo se sent pousser des ailes. Bizarre dans une petite ville, j'ai l'impression que mon vélo se met à avancer... en montée... sans que je pédale. En fait deux jeunes garçons sur une petite moto électrique - sans rien dire - sont venus se coller à mes bagages... et ont ainsi entraîné le "Da Silva", son pilote et tout le chargement. Génial... rien que pour le plaisir... sans rien demander en échange. Cela m'est arrivé une fois en Afrique... le gars m'avait demandé un bak-chiche !... Et oui... l'Afrique, c'est différent !

Camping "naturel" non loin de la N2. Je n'aime pas le terme "sauvage"... d'autant plus que ce lundi 17 mars, c'est parmi les bananiers que je plante ma tente. Pas de pluie... ne manquent que les bananes !

Images insolites :

- en voyage à moto : poules, coqs, canards... un peu à l'étroit mais ignorant que c'est leur dernier voyage !

- sur un étal : un chien - oui un chien - destiné à être mangé... la tête déjà séparée du corps... "pauvre biesse, terminer ainsi sa vie... de chien !"

- un peu plus vivants : à l'arrière d'une moto toujours... une quarantaine de petits chiots... destinés à la vie !

Peu de réactions en me voyant peiner sur mon vélo sans moteur. Quelques sourires quand même... une question sur mon pays d'origine. Et parfois un nom de footballeur... "au Hazard" !

Question WIFI : omniprésent... le plus facile, dans chaque station-service. Il y a toujours un.e réceptionniste... qui me donne le code, lequel est invariablement: 8 fois 8 ou 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8 ! Génial la diversité ! Mais toujours bien accueilli... et aujourd'hui la jeune réceptionniste m'a offert une chaise pour changer un peu de la selle du vélo !

Ceci dit, j'espère que ces nouvelles vous intéressent. Merci pour les messages que vous m'envoyez... c'est un petit coup de pouce qui fait du bien... les intéressé.e.s savent pourquoi !

A la prochaine semaine. Léon

Travail dans les rizières

Ethnie Hmong - région de Sa Pa

 

mardi 13 mai 2025

M03 Transvietnam 2025 - premières nouvelles de Hanoï

Lundi 3 mars 2025 - gare de Jambes

Chers amies et amis de la Transvietnam, le départ vers Bangkok s'est bien passé. Ce lundi 3 mars, une surprise : il y a un train... et il est à l'heure ! "Despedidos" chaleureux, malgré le petit air frisquet du matin, avec Iraci et Danielle. A Zaventem, je suis arrivé bien à l'avance. Un employé d'Air France n'a rien à faire... il accepte de peser la caisse vélo même si ce n'est pas son job. Résultat : 24,4 kg. En deçà de 25 kgs ! Quant à moi, 73 kgs... On verra au retour combien il en restera ? La charmante hôtesse qui m'enregistre ainsi que mon bagage finit par pouvoir encoder mon visa avec l'aide de sa collègue... Heureusement car sans cela , je ne puis embarquer... me dit-elle ! Il est vrai qu'avec ces belges avec leurs 5 prénoms, c'est un peu compliqué ! "Happy I am" !

Premier vol jusqu'à Bangkok. Pas de problèmes ?

Sauf une longue nuit pratiquement sans fermer l'œil. Il est vrai que pour "tuer" le temps - qui ne passe pas vite - mon voisin a choisi des films d'une violence extraordinaire... où l'on tue plus à la minute que sur le front d'une guerre réelle... j'allais dire normale ! Il n'y a pas d'autre choix au menu mis à part le classique "Pretty woman". L'on comprendra aisément que c'est une bonne façon pour "lessiver" les cerveaux pour qu'ils restent imperméables à toute recherche d'alternative(s) non-violente(s) y compris face à la triste réalité des conflits d'intérêts économiques et autres des super puissances qui cherchent à dominer le (notre) monde ! Dans les nouvelles de l'actualité essentiellement liée à la guerre en Ukraine, il y en a même qui se réjouissent d'un avenir en croissance de l'armement produit du côté de Herstal. Pourquoi ne pas en profiter... ce sont de toute façon d'autres (humains eux aussi pourtant) qui en paient les conséquences ?

La correspondance à Bangkok : une bonne nouvelle concernant le vélo.

La gentille dame qui, lors de l'embarquement à Zaventem m'avait rassuré quant au fait que la courte durée de la correspondance à Bangkok ne poserait pas de problème, quand j'ai pu voir la caisse vélo embarquer dans la soute de l'avion qui nous attendait pour nous amener à Hà Nội, j'étais rassuré et assuré de ne plus revivre l'arrivée l'an passé à Ouarzazate au Maroc où mon fidèle destrier m'avait joué un mauvais tour... durant trois jours d'attente et par conséquent... d'absence !

Des aidants pour remonter le vélo avant de rejoindre le centre de Hanoï

Le temps des formalités frontalières rapidement résolues sans problème, la caisse vélo est arrivée avant moi... sans dommage aucun. Deux hommes se proposent de m'aider pour le remonter. Et hop me voilà parti vers le centre de Hà Nội en poussant mon destrier redevenu fidèle que je chevauche aisément vu que j'ai moins de bagages que les années précédentes, tout en cherchant à m'insérer dans un flot incroyable de véhicules, essentiellement constitués de motocyclettes. De temps en temps, un très rare vélo pour nous rappeler qu'il fut un temps, pendant la guerre du Vietnam où ce moyen de déplacement... "déplaçait" - à la barbe de l'armée américaine - des tonnes de matériel militaire le long de la tristement mais courageuse "piste Ho Chi Minh". C'était il y a plus de soixante ans. "Les temps ont bien changé" dirait l'ami Julos ! Pas sûr que ce soit le cas du côté de la mer noire. En survolant la Crimée, lundi, j'ai redéroulé dans ma tête le film de mon voyage de 2008 avec Yalta en Crimée comme principal point de passage. D'autres "locataires" en ont pris possession... en 2014 ! Petite remarque : ces premiers grands bénéficiaires des accords "de Yalta" (janvier 1945) y avaient conservé - à Sébastopol bien avant 2014 - l'essentiel de leur flotte militaire... que je m'étais hasardé à filmer d'ailleurs !

Photo de la mer Noire... plus noire que jamais...

Hanoï et "des trains pas comme les autres"

Au menu de ce premier jour, ce mercredi 5 mars 2025, une balade à pied de quoi se mettre dans l'ambiance des transporteurs en tout genre ; des mobylettes surchargées aux gabarits inimaginables, mais aussi des vélos conduits par de charmantes dames, recouverts de fruits et de fleurs multicolores. De sourires aussi de la part de celles et ceux que je photographie... avec le bonheur que vous imaginez. Après avoir déambulé quelques minutes sur le vieux pont Long Biên (ex pont Paul Doumer) - voir la photo jointe - construit "par" les français (et "quelques aidants" parmi les locaux) en 1902, long de 1.682 mètres, traversant le fleuve rouge venant de Chine, j'assiste au passage d'un train " vraiment pas comme les autres " - du moins pas comme les nôtres à la SNCB ou à la SNCF - Pour admirer et "sentir le souffle du train" passer à quelques centimètres du verre de bière que vous avez commandé, il faut être arrivé à temps. Car il y a foule et les derniers arrivants sont refoulés "manu militari" par un duo (homme-femme) chargé de la sécurité ! Il est vrai que l'espace entre les rails et les échoppes est vraiment restreint.

Photo du pont Long Biên

Ceci dit, le train passé, me voilà à la recherche du Décathlon numéro 2 de Hanoi... qui existe bien sûr sur Google maps mais que personne ne connait, même pas celles et ceux qui ont le nez dessus. Enfin me voilà arrivé, après avoir interrogé dix personnes, au sous-sol d'un complexe commercial tout neuf ; j'achète la dernière petite tente deux places (celle en démonstration) grâce à une sympathique vendeuse qui me la replie avec toute la rigueur asiatique accompagnée d'un très beau sourire. "Made in China" ? Mais non "in Vietnam"... natuurlijk ! Paiement par carte Visa... prix asiatique : 28 euros !

Deux jours et une nuit pour bénéficier de la beauté de la Baie d'Along

Je tiens tout d'abord à remercier l'amie vietnamienne qui m'a réservé ce petit extra "hautement touristisé"... pour le voyageur a-typique que je suis. Elle s'appelle Huệ, comme la ville de Huế, ancienne capitale du Vietnam mais ce prénom s'écrit avec un et même deux "accents" différents... question de nuances, bien vietnamiennes ! Pour me conduire à ce merveilleux coin du Sud-Est asiatique, le responsable du voyage m'envoie la veille pas moins de 8 messages WhatsApp pour me préciser le lieu du rendez-vous. Pas moyen de le louper ! Non loin de l’opéra de Hanoï (Hà Nội).

Photo de la baie d’Along... une des baies les plus belles du monde

Bien accueilli par un grand sourire par le responsable du car à 8h10 précises, me voilà embarqué avec des touristes Indiens, Britanniques et des Canadiens dans un car de 50 places. Au programme : un trajet en car de plus ou moins 2h30, un voyage de 50 minutes en petit bateau pour atteindre le grand bateau "Calypso Cruise"... un véritable hôtel flottant... un bateau de croisière(s), une première pour moi ! Nous commençons par un lunch copieux avec fruits de mer (on remettra cela le soir... et avec le lunch copieux du vendredi... j'aurai "mangé sur toutes mes dents" pour les trois prochains jours... même sur celle que l'on m'a enlevée récemment !).

Une courte sieste et nous voilà partis pour la découverte d'une grotte avec une embarcation, appelée sampan, actionnée au moyen de rames par un monsieur portant le chapeau typique des paysans et pêcheurs vietnamiens. De retour sur le bateau, le jacuzzi nous attend à l'extérieur... un peu froid quand même ! Vers 19 heures, le repas du soir et au petit matin... visite d'une très belle grotte, celle de Trung Trang (voir photo) dans l'île de Cat Ba, dans le premier Parc national créé au Vietnam en 1986. Celui-ci a une superficie de près de 14.000 hectares. Beaucoup de marches, des stalactites et des stalagmites comme dans d'autres grottes déjà visitées notamment en France et en Belgique. Un repère de chauve-souris mais je n'en ai vue aucune.

Photo de la grotte

Retour à Hà Nội et veille du départ vers le Nord du Vietnam

Ce vendredi 7 mars 2025, rentré à Hà Nội, je prépare mes bagages pour une nouvelle étape, ce sera la plus accidentée (en dénivelé... espérons pas en incidents) de mon voyage : les montagnes du Nord Vietnam qui jouxtent la Chine. Je vous retrouve dans une semaine avec d'autres nouvelles.

De longs messages .. "trop. longs" disent certain.e.s... pourtant d'autres parmi vous apprécient car, comme ils/elles me le disent : "cela me permet de voyager en pensée avec toi et cela me fait du bien ! "... alors, continuons !

Léon, le 'transvietnamien"

jeudi 20 février 2025

M02 Transvietnam 2025 : à quelques jours du départ

Les rizières de la région de Ha Giang dans les montagnes du Nord du Vietnam

Chers amies et amis de la Transvietnam, bonjour.

A quelques jours du départ

Ernst Friedrich Schumacher). En ce qui concerne la batterie de cuisine, elle est réduite à sa plus simple expression, car partout au Vietnam et le Sud-Est asiatique, il est possible de goûter les délicieux mets de la cuisine à même la rue.

Premières infos concernant les premiers jours de visites. L'arrivée à Hanoï sera facilitée par l'accueil prévu (cảm ơn)chez Mme Hué Tran, amie de My et Karl Wintgens(un ancien d'Entraide et Fraternité, responsable des projets Asie). Après une première visite de Hanoï, la Baie d'Halong est prévue avec une nuit sur un bateaudans la célèbre baie.

Ensuite, ce sera une boucle dans les montagnes du Nord du pays en direction de la Chine : Lao Cai (Sapa) et Ha Giang. Découverte de marchés colorés et des paysages de rizières ... si le temps de ce mois de mars lève brumes et brouillards.

Après cette boucle où le dénivelé sera sérieux, le trajet de Hanoï à Ho Chi Minh Ville(distance théorique 1.678 km selon le français Viamichelin)se déroulera le long des côtes(de la Mer Méridionale de Chine, pas encore re-baptisée à ce jour " Mer Donald Trump II "... sait-on jamais ? )avec moins de dénivelé. Voici la carte qui vous permettra de me suivre tout au long des 60 jours prévus pour ce voyage qui s'annonce certainement très intéressant tant au point de vue paysages que pour les rencontres des populations tout le long de cette route.

Découverte du programme du voyage

 

Une proposition de Jean-Paul Dock (Gracq) pour le retour le 1er mai 2025

La Transvietnam se terminant un jour férié, vous êtes invités à me (nous) retrouver - avec votre vélo - pour la dernière étape à la gare SNCB de Gembloux le jeudi 1er mai 2025 entre 10 et 10h30. Nous roulerons sur le RAVeL de Gembloux vers Hoegaarden et sur celui qui nous ramèneraà Namur dans l'après-midi. Prenez votre pique-nique que nous partagerons à Eghezée.

Les renseignements utiles seront fournis dans les prochains messages que je vous enverrai. Ces retrouvailles seront organisées par mon (grand) ami Jean-Paul Dock que nous reconnaissons sur la photo d'archives prise lors de la première étape (en Belgique) de la Transandine, le 1er mai 2009 ... il y a déjà 16 ans de cela ! Ce long voyage -il dura sept mois pour près de 7.000 km- a fait l'objet d'un film réalisé par Philippe et Michel de Ville, intitulé"La Transandine, l'impossible exploit", à re-visionner sur YouTube sur le présent site de mes voyages : onglet "films de Léon".

Photo d'archives : Eghezée sur le RAVeL vers Hoegaarden - départ de la Transandine

1er mai 2009 : l'on reconnait Jean-Paul Dock et de dos, les frères Alexis de Mozet

Comment sera le (notre) monde dans deux mois ?

Une question difficile à poser et surtout à répondre en ces moments d'incertitudes concernant le sort des Palestiniens de Gaza, des habitant.e.s du Kivu, l'avenir de la Belgique, de l'Europe et du monde avec des guerres (Congo, Ukraine, Soudan, etc.) qui continuent et qui risquent de mal se terminer ... surtout pour de trop nombreux innocent.e.s ... à cause de quelques dirigeants pas innocents du tout !

Léon ... prêt à embarquer pour Hanoï via Bangkok ce lundi 3 mars 2025 - départ prévu par le train à Jambes de 7h25 vers Zaventem, tenant compte des risques de perturbation sur le rail. Bạn tạm biệt !

lundi 27 janvier 2025

M01 Transvietnam 2025 : quelques infos sur le voyage à cinq semaines du départ

Lire la suite...

mardi 7 janvier 2025

M00 Transvietnam 2025 : annonce du voyage

samedi 15 juin 2024

M05 Transatlas 2024 : de la vallée Heureuse au retour en Belgique

Chers supporters, voici la suite et la fin du voyage à travers le Haut Atlas au Maroc.

 

Récit de trois journées dans la vallée Heureuse

Mardi 28 mai : à vélo dans une vallée jusqu'à une source importante

Dans le village de Ibakliouine situé à proximité de mon lieu d'hébergement (Tabant), une petite fille me conduit au lieu où l'on peut découvrir des traces de pattes de dinosaures incrustées dans la pierre ... depuis pas mal de temps ! J'imagine que cela ne fut possible qu'à un moment où le sol (la pierre) était en fusion.  Je ne sais pas, je ne suis pas géologue !  Vraisemblablement les pattes de ces animaux sentirent donc le rôti !  Sans doute ... sans témoins humains (heureusement pour eux) !

Un peu plus loin, une belle source jaillit de la montagne. Au grand bonheur des paysans qui peuvent arroser tour à tour leurs champs et leurs cultures. Au grand bonheur des ânes, chèvres et moutons qui peuvent y étancher leur soif.  Heureux eux aussi ... nous sommes en effet dans la vallée Heureuse (note je ne sais pas pourquoi mon smartphone met systématiquement une majuscule au mot "Heureuse"... heureusement il ne me met pas un autre mot non désiré comme cela arrive parfois ... comme la ville de Poitiers au lieu de potiers !)

Mercredi 29 mai : une vallée désertique

A pied cette fois à la recherche d'une autre source. Pour y arriver, des sentiers de chèvres avec un groupe de maisons berbères aux toits (plats) de terre compressée dont la plupart sont inoccupées. Une seule rencontre : un berger grognon ... je comprends qu'il soit ainsi, à force de vivre seul avec des chèvres ... rebelles de surcroît !  En redescendant, je vois des ouvriers travaillant à un aqueduc amenant l'eau à un terrain où ils ont planté des pommiers.  Ils proposent de m'embaucher... alors que le soleil tape déjà dur.  Non merci ("shoukran" ... orthographe incertaine), je me contenterai de suer sur mon vélo !

Jeudi 30 mai 2024 : visite du "Marabout Sidi Moussa" à Tabant

Situé tout en haut d'un promontoire, cet ancien grenier collectif retrace ce qu'est la vie berbère dans la région. De là-haut, l'on a une belle vision à 360 degrés de la vallée; ce bâtiment est construit en murs de pierres sèches. Dédié à un Marabout qui y serait enterré, des femmes viennent encore lui rendre dévotion.... ainsi que des touristes mais pas avec le même objectif !

Vendredi 31 mai : je quitte la famille Oulaidi ... vers l'Ouest

La veille du départ, séance photos avec les grands-parents, Mohamed et Fama Zaid, leur fils Mustapha, son épouse Kaltouma et leurs deux filles Malak et Maroua ... toute une famille qui m'a réservé un accueil très chaleureux durant quatre jours. Le vendredi 31 mai, départ de bon matin vers l'ouest et la ville de Demnate. Itinéraire très vallonné après une très longue descente.

les grands-parents, Mohamed et Fama Zaid

la veille du départ avec la famille Oulaidi et des proches

Mustapha et Kaltouma avec la petite Malak

Maroua la fille aînée de Mustapha et Kaltouma

Plus j'avance, plus il y a des champs de blé ou d'orge. Incroyable comment l'espace est occupé au maximum, parfois avec de toutes petites parcelles si peu accessibles ... par un tracteur mais bien avec un âne ... toujours "fidèle et courageux" ... mais qui reçoit parfois des injures mais pas - je l'espère - des "coups de pied au ventre" !  La terre est d'un rouge incroyable.  Je croise un nombre incessant de transporteurs (surtout des ânes) disparaissant sous leur chargement de fourrage ou de gerbes de blé ou d'orge.  Dans un village, un bruit persistant : une machine à battre actionnée par un tracteur.  La marque de la machine : Istanbul !  Pendant que les hommes s'affairent autour de la machine, je suis invité à prendre le thé ... avec de l'huile et du pain ... encore tout chaud, venant tout droit du four et du fond du coeur !

Une petite parcelle de céréales qui épouse le relief

Un peu plus loin un homme du haut de son champ déjà moissonné, m'invite à prendre le thé. Son épouse vient d'être mordue par un scorpion. Le remède: "du lait de vache" dit-il, faute de médicament et de dispensaire à proximité !  Je ne sais ce qu'il adviendra de cette femme ?

Un jour de repos à Demnate.

Ayant pu planter ma tente dans le jardin d'un gîte/hôtel, je dispose d'une journée pour visiter les environs.  Tout d'abord un pont naturel.  Impressionnant de descendre au fond de la vallée et de remonter au niveau de l'arche naturelle pour passer sous celle-ci.  Deux jeunes me montrent le chemin.  Leur français tout comme leur anglais est relativement réduit.  De la Belgique, ils connaissent Lukaku ... moi, je ne connais même pas le nom d'un joueur marocain !  A un certain moment, l'ouverture de ce "pont naturel" a la forme de l'Afrique.  Normal: le Maroc fait partie de ce continent.

Le second objectif de la journée, à savoir le village des potiers a failli ne pas avoir lieu.  Heureusement après avoir pédalé deux fois 5 km inutilement en direction du Nord, j'ai rencontré un jeune prénommé Youssef qui m'a guidé à travers les quartiers populaires périphériques de la ville de Demnate. Avec un vélo électrique mais sans batterie (bizarre mais il n'avait plus de chargeur !), il m'a mis sur la route du village recherché. Heureusement, j'ai pu voir (et filmer) deux potiers au travail. Le troisième m'a bien accueilli :  il a voulu que je mette mon vélo juste devant l'entrée de son atelier.  Sans doute craignait-il une bande de garnements du village.  Quand ceux-ci s'approchaient trop, notre potier se transformait en berger en faisant main basse sur un cailloux pour éloigner les gamins comme on éloigne un chien récalcitrant.  Mais voilà l'heure de la prière : notre Ali déploie un carton entre les pièces de poterie qu'il vient de tourner, pour se courber et s'agenouiller pendant que son épouse apporte thé, pain et huile d'olive.  Ce sera mon repas de midi ... un moment de partage alors que je ne saisis presque aucune de ses paroles en arabe ... et réciproquement.

Le potier au travail

A l'hôtel, il y a un groupe d'étudiant.e.s de l'université de Rabat venu.e.s pour un stage d'archéologie et d'ethnologie dans les environs.  Certain.e.s maîtrisent bien le français et/ou l'anglais.  La moitié des filles sont voilées.  Par contre hier soir, trois d'entre elles, cheveux au vent, se sont amusées durant une heure (au moins) à se prendre des selfies de chacune des trois dans toute une série de positions. Ah oui, j'oubliais de vous dire - mais je suppose que vous le savez - que dans ce pays comme dans la plupart des autres pays de de la planète, les smartphones (et plus seulement les GSM) sont presque aussi nombreux que les humains !  Même le berger du haut de sa montagne et la paysanne du haut de son âne est à même de communiquer par ce moyen devenu universel !  L'autre jour, une dame au bord de la route qui venait d'allaiter un enfant, a bien voulu que je les prennent en photo ... à condition que la photo n'atterrisse pas - et ce sont ses mots - "sur Instagram".  Cette dame perdue dans la montagne connaît donc ce mot ... moi qui ne connais à peine ce "réseau social" ... et dans lequel franchement, je ne vois pas ce qu'il y a de social là-dedans ! Mais bon les mots ont souvent plusieurs sens.

Vers le Sud et Ouarzazate : des cols en perspective

Un couple de touristes suisses ont installé leur motor-home dans la cour de l'hôtel où j'ai installé ma tente. Ils me font part du calcul suivant : étant donné qu'il me reste 150 km à parcourir de Demnate à Ouarzazate ... cela représente - selon le monsieur et son smartphone qu'il interroge  -  "4.000 mètres de dénivelé positif" dit-il. Fort bien et je traduis pour moi  : au moins autant de gouttes de sueur (et de courage) ... mais je n'ai pas - encore - fait le calcul ! Je verrai au bout du compte de l'effort fourni !

Trois cols de difficultés décroissantes

Pour le premier col ce fut une montée très longue de 28,4 km, au point que je pensais que je ne verrais jamais la fin avant la fin de la journée.  Au sommet (5 heures et 20 minutes de montée  en restant sur la selle à du 5,3 km/h), rencontre avec un anglais sur une moto BMW ... fabriquée en Inde: "très bonne mécanique" me dit-il.  Bravo pour les ouvriers et ingénieurs indiens  ... quant aux inconvénients pour les anglais de cette délocalisation ?  Et ce en plus du Brexit... !

Ce motard m'explique que la route depuis Ouarzazate est très mauvaise avec beaucoup de passages non goudronnés... en fait les ouvriers travaillent à l'amélioration de cette route qui relie Ouarzazate à Demnate soit 150 km). Une bonne première partie de plus de 30 km est terminée dans le Sud.  A certains endroits dans la montagne, du puissant matériel (Caterpillar, Volvo, etc.) creuse inlassablement la roche pour rectifier le profil de la route.  Les travaux sont colossaux et dureront des années.  Pour les touristes grincheux, il y a une alternative : la très belle route qui relie Marrakech à Ouarzazate en passant par le très beau col de Tizi-n-Tichka (2.260m selon la carte Michelin). C'est cet itinéraire qu'a suivi mon ami André Etchelecou des Pyrénées rencontré dans le désert d'Atacama au Chili en 2013 et chez lui en 2022 lors de la Transpyrénéenne.  André m'invite à l'accompagner en septembre prochain dans un raid à VTT très difficile (et sans doute qualifié d'extrême et un peu fou) de Lhassa au Tibet à Katmandu au Népal ... ce sera pour une autre vie !

Pour en revenir a l'Atlas, en ce qui me concerne, les très bons freins Magura dont est équipé mon vélo "Da Silva" me permettent de toujours freiner à temps (en descente surtout) quand un trou se présente ou lorsqu'un véhicule s'annonce.  En fait ce genre de route même si elle est partiellement en mauvais état, est plus intéressante car elle traverse des paysages insolites et surtout avec un nombre infime de véhicules à croiser.  La sécurité alliée à la beauté des paysages !

Pour les deux cols suivants, dépassant les 2.000 mètres comme le premier, la montée fut bien plus facile et moins longue que dans le sens Sud/Nord... ce que m'avait confirmé le motard anglais !  Au sommet du troisième et dernier col, un camion très lourd s'arrête.  Le chauffeur me demande si j'ai suffisamment de pain ... il est vrai qu'au Maroc le pain est présent à tous les repas (remplaçant les couverts pour, entre les doigts ... de la main droite (!) se servir de la nourriture ... ce à quoi je n'ai pas réussi à m'habituer) et pour les voyageurs, ils veillent à toujours avoir une réserve de pain surtout si le voyage est long ... et la traversée de l'Atlas (en l'occurrence ici le "Haut-Atlas", c'est un peu long ... surtout à vélo) !

Arrivée au sommet du dernier col de la Transatlas

Comme rencontres intéressantes outre des touristes français, belges et portugais ou des motards espagnols, anglais ou allemands, la rencontre la plus intéressante au petit matin, ce fut avec une gentille et paisible marmotte. Contrairement à celles que l'on rencontre parfois subrepticement en Vanoise ou dans le Queyras et qui se cachent aussitôt dans leur trou avant que vous n'ayez eu le temps d'ouvrir votre appareil photo, cette gentille marocaine (il est toujours question de la marmotte) à pris pleinement le temps de se laisser photographier .... sans mettre ses deux petites pattes devant elle pour cacher son beau petit visage et ses beaux yeux. A la grande joie du photographe ... comblé !  Avec elle pas de problème : elle ne demandera pas de ne pas figurer sur Instagram ou Facebook ou que sais-je encore !

Une dernière aventure nocturne : mercredi soir 5 juin 2024

Pour la dernière nuit passée avant l'arrivée à Ouarzazate, alors que je venais de traverser une plaine désertique surchauffée (certainement plus de 35 degrés comme en Ouzbékistan en 2013 ou au Zimbabwe en 2016) durant 35 kilomètres, je trouvai un petit bosquet pour passer une ultime nuit en "camping dit sauvage" à un endroit pas trop éloigné de la N10.  A peine endormi, je fus réveillé par la visite de trois hommes fouinant les lieux avec des torches électriques.  L'un d'eux se présenta comme "président" (je traduis par bourgmestre ou maire pour les ami.e.s d'Outre-Quiévrain) de la commune.  Ils me laissèrent en paix non sans m'avoir demandé si je ne craignais pas les scorpions ?  J'aurais dû leur dire qu'en Afrique, j'ai failli rencontrer lions et autres animaux "moins fréquentables" (comme des éléphants accompagnés de leurs petits) !  Rappelez-vous l'épisode du film 2015 où au Zimbabwe, je passe la nuit à côté de l'hôtel, dans ma tente entourée d'un grillage comme dans une cage de cirque.  Heureusement toutefois... du Maroc, je rentre sans morsure ni vilaine piqure.  Par contre un animal inoffensif a passé une nuit à quelques centimètres de la tente : au matin, j'ai découvert ... une tortue !

Un camping presque désert à Ouarzazate

Pour m'orienter à l'entrée de Ouarzazate à la recherche d'un camping, je m'adresse d'emblée à la bonne personne grâce à laquelle j'arrive aisément à un grand camping.  Grand... mais j'ai toute la place pour moi ... Je choisi un endroit ombragé pour les deux dernières nuits sous tente.  Des rencontres toutefois : avec un couple de Luxembourgeois (le monsieur a travaillé à Namur); un couple de Français dans un mobil-home tirant une remorque (contenant un quad avec lequel monsieur et madame vont "s'amuser" dans les dunes de sable).  Enfin deux couples de Portugais également en motor-home (autonomie complète assurée : cuisine, douche, WC, air-conditionné... dehors il y a 33 degrés !)  Le soir, ces retraités m'invitent pour le repas... arrosé de "vinho tinto" de leur pays bien sûr.  L'occasion pour moi pour me remettre au portugais mais avec une certaine difficulté pour échanger avec ces lusophones, moi qui ai pratiqué plutôt le portugais chantant du Brésil (1974-1977).

Samedi 8 mai 2024, arrivée vers 11h30 chez Ahmed (hôtel Tin Joseph) qui est tout heureux de me revoir et de constater que le compteur du vélo a bien augmenté de plus de 900 km et de 106 heures de roulage.  Il m'appelle "Doyen Léon" ; bien résolu à m'aider comme il le fit à l'aller lors de la - longue - attente du vélo bloqué à Casablanca durant trois jours, il emprunte à un de ses voisins une balance car je souhaite m'assurer que chacun des deux bagages ne dépasse pas 23 kg, limite imposée par les compagnies aériennes et au-delà de laquelle une taxe est perçue par kg excédentaire.  Après avoir démonté le vélo et "ficelé" le reste des bagages, la balance indique respectivement 23 et 22,8 kg !

Dimanche 9 juin 2024 : retour en Belgique

Levé à 5h pour prendre l'avion à Ouarzazate avec mon fidèle destrier (57.456 km au compteur depuis 2009 et 4.937 heures à me supporter sans broncher), retour sans encombre a Zaventem via Casablanca après avoir jeté de très haut un dernier regard sur l'Atlas déjà chauffé par le soleil.

Pour l'embarquement, le contrôle des bagages a été très sévère.  Le camping gaz que j'avais acheté à Ouarzazate a failli ne pas passer.  Finalement j'ai réussi à convaincre le contrôleur qu'il n'y avait plus de gaz ... car il n'y avait plus de bonbonne;  je l'avais vidé complètement au camping.  J'ai dû insister par deux fois pour qu'il me le laisse dans mon bagage (cela vaut quand même 25 euros !)  De plus il a fallu deux fois ouvrir chacun des sacs insérés dans le grand sac ... qui pesait exactement 23 kg sur la balance de l'aéroport !  Heureusement qu'il n'y avait pas de drone, il n'aurait pas pu s'envoler avec moi !

Casablanca : pour le retour, le vélo prend le même avion que moi jusque Zaventem !

A Zaventem,  bel et chaleureux accueil par Danielle, un bon petit souper avec de (vraies) frites belges avant de prendre connaissance des résultats des élections régionales, fédérales et européennes de ce 9 juin 2024.  Nous espérons tous que les derniers débats entre les ténors des partis se sont passés dans le respect de chacun.  Toutefois un vent du Nord venant du Grognon namurois m'a relayé aux oreilles des propos pas très jolis ... et pas seulement "grognons" !  Sans doute beaucoup d'incertitudes et de craintes en perspective pour la constitution prochaine d'un nouveau gouvernement !

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Bilan de la Transatlas 2024

Voici le décompte final:

- kilométrage: 916 km;

- nombre d'heures : 105 heures "de roulage";

- nombre de jours roulés: 18 jours complets;

- moyenne journalière: 50 km;

- moyenne horaire: 8,9 km/h;

- vitesse maximum (en descente de col : 67,33 km/h ... avec 35 kg de bagages dont 5 kg d'eau !);

- vitesse moyenne en côte: 4,5 km/h (sur la selle) ... encore moins quand il faut pousser le vélo ... et son équipement ... ;

- nombre de crevaisons et ennuis techniques: néant;

- nombre de nuits sous tente en camping "sauvage": 12;

- nombre de nuits sous tente en camping "sauvage": 12;

- ​animaux dangereux et autres bestioles rencontrés : néant;

- idem en camping "normal" (avec douche et toilette ... de temps en temps cela fait du bien): 7;

- idem en gîte (avec en plus un bon repas ... surtout des "tagines au poulet") : 9;

- "turista" : une nuit (médicament marocain très efficace);

- rencontres intéressantes : incalculable;

- aides reçues: eau (7 fois) thé (10 fois), orange/mandarines (2 fois), repas offert (3 fois), biscuits (1 fois) ;

- encouragements reçus: incalculable;

- cyclistes longue distance rencontrés : un marocain prénommé Mohamed (77 ans) avec des sacoches "Ortlieb" (90% des cyclo-randonneurs longue distance sont équipés de ce matériel allemand de qualité), zéro étrangers et deux jeunes marocains effectuant un circuit limité;

- pluie : un orage particulièrement fort avec une pluie très froide dans la descente d'un col le dimanche 19 mai (voir message précédent M04) ; a part cela, deux ou trois fois, quelques gouttes insuffisantes pour rafraichir l'atmosphère.

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Avant de terminer,  voici quelques pensées trouvées sur le mur du dernier camping à Ouarzazate, suivies de mes commentaires :

- "Voyager est un triple plaisir: l'attente, l'éblouissement et le souvenir."  Dans mon cas après 3 jours d'attente du vélo qui resta longtemps "non localisable" selon la personne contactée plus de dix fois (par mon ami Ahmed) à "Air Maroc" (Royal de surcroit), ce qui ne fut pas vraiment un "plaisir", arriva l'éblouissement lors de la découverte des vallées de la rose, du Dadès et surtout de la vallée Heureuse avec un "H" majuscule.  Ensuite les montagnes aux si belles couleurs du Haut Atlas ... avec les souvenirs en photos.

- "Voyager vous laisse d'abord sans voix, avant de vous transformer en conteur." ... J'espère que vous qui recevez ces messages, êtes toujours satisfait.e.s du "conteur" et pas seulement du "compteur" de km.

- "It's not just seeing beautiful places. It's about seeing the beauty in every place." Traduction (surtout pour Jacqueline P. qui me lit) : il ne s'agit pas seulement de voir de beaux endroits.  Il s'agit surtout de voir ce qui est beau en chaque endroit.  Et j'ajouterai "dans chaque personne humaine rencontrée".

J'espère avoir été pour vous un relais pour voir par les yeux et par les mots que j'ai utilisés les merveilleux endroits de cette région du Maroc ... à visiter de préférence à vélo ... non électrique, cela va de soi !  Quoique  des gens m'ont dit avoir vu deux étranges vélos surmontés d'un toit constitué de panneaux solaires utiles non pas seulement pour se protéger du soleil (comme déjà dit très généreux au Maroc) mais pour produire l'énergie qu'un cycliste ("normal" c'est â dire sans apport énergétique extérieur) produit par les mouvements de ses propres jambes !

Ceci dit, je vous souhaite bonne lecture de ma (longue) prose agrémentée d'une sélection de photos.

Léon Tillieux, le "transatlassien" comblé

M04 Transatlas 2024 : de la vallée des Roses à la vallée Heureuse

 

Chers amies et amis, merci pour vos messages et encouragements. Voici le compte-rendu de la suite du voyage en terre marocaine.

La route au jour le jour entre la vallée des roses et la vallée Heureuse

Première expérience de la piste marocaine

Le jeudi 16 mai, je quitte les amis de l'écolodge d'Almdoune vers la vallée du Dadès. Yassin m'a indiqué une piste raccourci vers cette vallée. A Bou Tharar, je suis rejoint par Antoine et Fanny rencontrés au lodge; avec eux je vais récupérer en voiture les objets cachés dans un tas de pierres, ce qui avait permis d'alléger un peu le poids des bagages à l'aller dans la vallée des roses. Merci à eux et me voilà en route par cette piste un peu difficile à cause des cailloux et des zones de sable. Merci au chauffeur qui m'a indiqué la bonne route à un endroit où j'allais me tromper...! Après avoir réussi à piloter ma monture sans trop de chutes, j'arrive dans la belle vallée luxuriante du Dadès. Le soir, n'ayant pas trouvé un endroit discret dans cette zone urbanisée pour planter ma tente, j'opte pour un camping attenant à un hôtel, avec une douche bienvenue.

Deux montées en épingle à cheveux

Après être passé par un très beau défilé entre les rochers, me voilà montant dans une série d'épingles à cheveux avec un nombre impressionnant de tournants. Vu d'en haut cela ressemble à certains cols en France. Montée toutefois facilitée par un bon revêtement. Au total cela vaut bien la montée de l'Alpe d'Huez... mais en ce qui me concerne pas avec un vélo de 7 kg comme les adeptes professionnels de la petite reine !

Arrivée au sommet d'un col de près de 3.000 mètres après plus de 20 km de travaux

Le samedi 18 mai me voilà embarqué dans un col en travaux "dont le sommet frise les 3000 mètres" m'avait prévu un restaurateur qui m'avait cuisiné des frites... hélas pas "belges" à mon goût !  Avant d'arriver aux travaux, un touriste allemand du haut de son 4x4 m'avait prévenu qu'il y aurait des engins de chantiers et des passages de cailloux et de sable. Il m'avait semblé être agacé par ces travaux sur une longueur de 20 km qui retardaient son planning et changeait quelque peu la couleur de son véhicule. Bien sûr j'ai dû puiser dans mes réserves pour, au bout de 4 heures d'effort, arriver au sommet et au macadam au moment où un couple franco-autrichien m'offrait de délicieux biscuits marocains.

Permettez-moi de vous exposer ici ma réflexion à propos de ces travaux et d'autres qui en Belgique ont déjà fait couler beaucoup d'encre. Ce col marocain n'était pas répertorié comme col routier sur la carte Michelin car considéré comme une piste vivement déconseillée en hiver (et oui tout le monde ne le sait pas mais il neige aussi au Maroc en hiver). Ces travaux vont permettre aux usagers nationaux et étrangers d'accéder à ce col plus facilement en toute saison. De la même manière que lorsque les travaux au carrefour Léonard à Bruxelles seront terminés (ce qui présuppose qu'ils ne soient pas sans cesse postposés satisfaisant ainsi les égos de certains politiciens et permettant aux média de remplir leurs pages et éditoriaux alors que l'actualité nationale et internationale ne manquent pas de sujets), les usagers - belges et étrangers - seront tous heureux de retrouver un itinéraire sécurisé. Mais entre nous ... une fois que les travaux (autour du fameux Léonard) seront terminés et que chacun pourra de nouveau se lever une heure plus tard, reprendre la voiture après avoir essayé le train (moyen de transport pourtant bien plus éco-responsable) combien prendront la peine de remercier ingénieurs, maîtres de travaux et ouvriers qui sur ces autoroutes risquent leur vie pour offrir aux usagers de bonnes conditions de circulation. Ici au Maroc, les ouvriers rencontrés sur ces chantiers poussiéreux et surchauffés par un soleil parfois trop généreux, ont toujours pris la peine de m'encourager et certains m'ont offert le thé sur le lieu même de leur travail... avec un sourire si éloigné des esprits chagrins et chagrigneurs entendus ces derniers temps. Qu'ils en soient remerciés ...

Vous avez dit chaleur ?

Dimanche 19 mai alors que je m'apprêtais à descendre durant 25 km, je m'étonnais que les ingénieurs marocains installent des canaux d'évacuation d'eau le long des routes de montagne, croyant que la pluie est rare dans ce pays, j'ai dû réviser mon jugement lorsque j'ai dû essuyer un gros orage. Pluie dure et très froide du style "flèche wallonne 2024". Heureusement j'avais vêtements adaptés, gants et cagoule pour affronter ces intempéries. De plus, frigorifié, je me réfugiai dans un hangar ouvert occupé par quelques ballots de foin et des hirondelles qui y ont élu domicile. Dans la vallée un peu plus loin, une famille m'offrait le thé pour me réchauffer. Ce soir-là ayant planté ma tente à l'écart de la route, bien vite un troupeau de chèvres fit son apparition. Ensuite bien sûr le petit berger qui me montra comment utiliser une sorte de fronde pour ramener les chèvres récalcitrantes au troupeau. Avec un coup sec qui détonne comme un coup de fusil !

Deux nuits bien différentes

La première, la tente dressée sur un chemin menant à une habitation en construction avec le seul passage d'une écolière rentrant de l'école. Une nuit qui s'annonçait paisible et réparatrice. Et bien que non ... c'était sans compter sur les innombrables chiens qui peuplent les villages environnants et qui se sont mis à aboyer une bonne partie - pour ne pas dire la totalité - de la nuit. Mais ils n'étaient pas les seuls. Des ânes - au nombre inconnu - se joignaient aux premiers pour agrémenter la nuit de leur cri caractéristique : en ce faisant, ces animaux par ailleurs si courageux et utiles pour un tas de transports, allaient chercher bien loin l'air nécessaire à ce bruit sourd et saccadé audible à des kilomètres à  la ronde "à fé tronner leu vinte à tôt sketter" dirait en wallon notre ami Bernard Van Vynckt, "li flamin curé" de Marche-en-Famenne, digne successeur de Paul Malherbe "po les messes è wallon do londi dès fièsses di Wallonye à Nameur". Veuillez excuser mon piètre wallon surtout du point de vue orthographique. Je demanderai à mon ami Joseph Dewez (président des Relis Namurois) de réviser ma prose.

La seconde nuit le mardi 21 mai. Ayant voulu absolument arriver en haut d'un col avant la fin de la journée, je suis arrivé trop tard pour avoir le temps de trouver un endroit adéquat (calme, discret et plat pour monter la tente) si bien que j'ai dû me résoudre à demander à une famille la permission de bivouaquer derrière chez eux. Difficile: dans la famille approchée, la fille était opposée résolument alors que la maman hésitait. Je comprenais tout de leur désaccord même si je ne parle pas arabe. Finalement c'est le coeur de la seconde qui a gagné. Je montais la tente sous un arbre à l'arrière de la maison alors que "la dame rentrait ses blancs moutons même s'il n'y avait pas d'orage à l'horizon". Le chien de la famille quant à lui, était du même avis que la fille: il aboya toute une longue partie de la nuit... pour finalement au petit matin venir s'étendre non loin de moi en se taisant, ayant fini par comprendre que je n'étais plus un étranger. Dès que je montrai le nez en dehors de la tente, la maman m'apporta un plateau avec pain et lait ... de ses moutons qu'elle ne tarda pas à conduire vers les pâturages - visuellement pas aussi verts que dans les Pyrénées...! Puisse ce modeste témoignage d'accueil dans un village perdu de l'Atlas marocain inspirer positivement les Européens (dirigeants, futurs élu.e.s ... et - nous - électeurs) en ce qui concerne la problématique (certes complexe) de l'arrivée des migrants (certes nombreux) aux portes de la Méditerranée.

Une cathédrale au Maroc !

J'ignorais que le Maroc compte dans ses lieux à visiter un de ces joyaux de l'art roman ou gothique tels que Chartres, Amiens ou Reims. Mais il s'agit de tout autre chose: plus imposant et vieux de millions d'années. Un énorme rocher que j'ai eu le loisir de contempler bien avant d'arriver au pied de ce "monument" et encore de nombreuses heures en le quittant. Je passai deux nuits dans un camping afin d'avoir le loisir de randonner autour de cette « cathédrale ». Un grand merci à un berger de m'avoir remis sur le bon chemin. Au point culminant de ce tour qui dura finalement cinq heures, je tentai un chemin d'escalade mais très vite, en voyant que cela était réservé à des personnes expérimentées, je renonçai ... désireux de vous revoir à l'issue de cette Transatlas...

Une cathédrale en pierre au Maroc !

Un long "au revoir" à la cathédrale. J'ignorais en prenant le chemin vers la vallée heureuse, que ce "monument" allait rester visible (dans mon dos) durant des heures. En effet la route était non seulement dépourvue de macadam mais ne cessait de s'élever. Cela dura 11km  interminables. Péniblement, je poussais ma monture ... et son chargement !  Les pneus sautaient sur les cailloux trop souvent mal placés.  Mon pied glissait sur des graviers roulant comme des billes d'écolier. De temps en temps, un juron sortait de ma bouche fatiguée... dans la langue de Vondel, car il me semble que cela sonne mieux. Peu de rencontres : un Français perdu dès le départ faute de signalisation, un duo de rallymen Français dans une ancêtre Renault 25 ... soulevant inutilement de la poussière mais dont le chauffeur me rassura en m'informant qu'il n'y avait "plus que" 20 km dont la moitié de descente avant de retrouver le macadam, et une petite dizaine de camionnettes chargées d'une tonne de matériel et "par dessous tout" comme le chantait Bécaud, entre 15 et 20 passagers ... forcés - faute de place - de rester debout et de s'agripper les uns aux autres dans les tournants.

Après une nuit passée dans la tente installée sous un énorme rocher synclinal, avant d'atteindre la vallée Heureuse, laissez-moi vous dire - mais je crois que je finirai par vous lasser - que je me suis encore payé deux cols: un de 15 km (près de 4h sur la selle pour l'ascension) le dimanche 26 mai au nom très marocain de Tizi-Tbilissi et un de 8 km le lundi 27.  Je vous épargnerai les chiffres mais vous dirai que j'ai fait une très belle rencontre d'un berger aux 100 chèvres occupant toute la largeur de la route.

J'espère que cela vous a plu de me suivre dans cette folle, dure mais combien enrichissante (au point de vue rencontres) épopée "transatlassienne"

Dans le prochain message je vous décrirai mes découvertes et rencontres ici dans la vallée Heureuse. Je suis arrivé hier lundi 27 mai en début d'après-midi, au gîte "des roses", accueilli par Mustapha, le souriant frère d'Oumar et de Yassin (voir message M03 – « Zen écolodge » d'Almdoune), son épouse, ses parents ... bien connus de mon amie Michèle Hicorne. Compte-rendu de leur accueil dans le prochain message.

En ce qui concerne l’accueil, j’ai passé une nuit chez un jeune prénommé Aïmad qui m'a accueilli dans sa minuscule maison de 10 mètres carrés. Une nuit dont je me souviendrai car "agrémentée" par une courte mais vite maîtrisée "turista".  Merci au médicament marocain acheté préventivement à Ouarzazate

Léon Tillieux le « bienheureux » cyclo-randonneur arrivé dans la vallée Heureuse au Maroc. 

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Annexes : de beaux visages berbères ... respirant et inspirant la bonté !
 
 
Un dromadaire guidé par un adolescent
 
Ce berger aux cent chèvres m'a montré fièrement son gsm !
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 

M03 Transatlas 2024 : de Ouarzazate à la vallée des Roses

Merci pour les nombreux messages reçus et vos encouragements.

1- Dimanche 12 mai 2024 - Au revoir Ouarzazate

Aidé d'Ahmad, je remonte le vélo qui n'a reçu aucun dommage durant les vols. Vers 12h30, j'enfourche ma monture retrouvée. A côté du drapeau tricolore belge, Ahmad a attaché un drapeau marocain.

Quelques personnes me saluent. Certains klaxonnent. Je sors de la ville. La route est revêtue d'un asphalte impeccable ... "meilleur qu'en Allemagne" m'ont dit des motards allemands !  Vous en conclurez qu'il faudrait embaucher des sociétés marocaines pour réparer nos routes en Belgique ??

La plupart des taxis et de nombreuses voitures sont des "Dacia". J'ai expliqué à Ahmad l'origine roumaine de la Dacia, ancêtre de la Renault 12 des années 1970. Ces voitures montées actuellement au Maroc n'ont rien à  voir avec les Dacia roumaines de l'époque Ceausescu ni avec l'est-allemande Traban repérable au moteur et son bruit d'essoreuse.

Première halte à 17 h le dimanche 12 mai dans la ville de Skoura, une palmeraie de 25 km2. Un repas "tagines poulet" avant de poursuivre ma route à la recherche d'un endroit pour bivouaquer, ce qui est possible au vu de la température élevée qui règne dans cette région.

2- Première nuit sous tente

Pour la première nuit sous tente, je choisi un coin discret en hauteur non visible de la route. Pour monter la tente, je dois affronter un vent  terrible. Je leste la tente avec de grosses pierres ... ce n'est pas cela qui manque ici. Le début de la nuit est chaud mais cela va se rafraîchir au p'tit matin.

3-  Lundi 13 et mardi 14 mai 2024 - En route vers la vallée des roses

Une très ancienne Kasbah

Levé à 5h30, j'enfourche le vélo à 7h30 après  avoir assisté au lever du soleil. Un premier col de 1.370 mètres grimpé sans la moindre difficulté ... car je suis sur de l'asphalte (marocain !). A 14h, j'arrive à El Kalaa N'Gouma. Vue splendide sur la ville. Je demande mon chemin pour ne pas louper la vallée des roses. Des enfants vendent de l'artisanat confectionné avec des roses. Des dames récoltent les fleurs pour faire du parfum. Un médecin s'arrête... Il m'invite chez lui : il reçoit des stagiaires médecins de l'université de Liège.

Ces dames récoltent les roses en vue de faire du parfum

Oui, je suis bien dans la vallée des Roses

La montée est assez raide ... le "Da Silva" est toujours trop chargé (mon péché mignon) !  Vers 18h, j'opte pour un coin tranquille dans la vallée des roses. Pas de perturbation durant la nuit et au p'tit matin, je démarre à 7h pour bénéficier des heures supportables avant que le soleil ne tape trop fort. J'ai préalablement réduit le poids des bagages en cachant une partie des vêtements prévus pour la haute montagne dans un tas de pierres. Je récupérerai cela au retour ... gants, cagoule, poêle pour cuisiner ... pas absolument nécessaire ou utile pour l'instant !

4- Deux nuits dans un "écolodge" très sympa !

Avant d'arriver à Alemdoune chez les amis de mon amie Michèle Hicorne ("la féminine" des 4 membres de l'équipe "Pas-lestine" de l'Oxfam Trail Walker 2013-2014 avec André Verlaine, moi-même et notre regretté Marcel Haulot trop tôt décédé en 2021),  j'arrive à l'écolodge situé à deux pas de la vallée d'Agouti.  Dans le village, on m'a déjà offert "le" thé marocain deux fois : l'instituteur à qui je demandais la route et les hommes présents dans une tente venant d'être montée en vue des funérailles d'un jeune habitant originaire du village décédé dans le nord du pays.

Yassin, qui m'accueille m'offre une chambre pour deux nuits ... au lieu du jardin où je pensais monter la tente. Une bonne douche suivi du "thé" bien sûr (pas sur mais bien sucré) et le repas : une délicieuse pizza berbère ... rien à voir avec notre insignifiante "fast food" américanisée (avant que celle-ci ne soit chinisée  !)

L'après-midi, après une courte mais récupérante sieste, je me rends dans les gorges d'Agouti aux couleurs merveilleusement éclairées par un soleil déjà moins fort. Peu de personnes rencontrées : un berger dont les chèvres broutent les arbustes dont certains ornés des fameuses roses qui ont donné le nom à la région. Quelques Vttistes s'évertuent à passer par des endroits plus tôt adaptés à de la randonnée. Mais bon tant que ce n'est pas des motards ou des quads...!

5- Mercredi 15 mai 2024 - visite commentée du village

Après le délicieux repas du mardi soir - cuisine berbère - composé d'une succulente tajine poulet citron, la musique berbère réunit un groupe de randonneurs français (composée d'un homme et d'une dizaine de femmes), un jeune couple français, Antoine et Fanny, habitant Arith, un petit village savoyard à 30 km d'Annecy, en recherche de culture et mode de vie berbère, nous passons une nuit calme dans ces montagnes marocaines.

Ce mercredi matin, avec Yassin comme guide nous faisons connaissance avec le village. Sur le plan de l'agriculture avec des parcelles et un système d'irrigation permettant un accès équitable aux différentes familles du village. L'eau devient de plus en plus rare suite au changement climatique et la raréfaction des pluies (rarement seulement durant quelques minutes). Les montagnes ainsi privées de cet or bleu ne parviennent plus à alimenter les nappes phréatiques. Le chef du village veille et intervient en cas de conflit.

Nous traversons différents villages avec écoles maternelles, primaires et même un lycée régional. L'enseignement est entièrement gratuit.

La Kasbah est toujours construite au point le plus élevé du village

Après la visite d'une très ancienne kasbah, Yassin nous détaille l'historique de ce lieu central du village avec les différentes fonctions de cette "forteresse" habitée jusqu'à la fin du 18ème siècle. Dans l'antique cuisine au plafond encore noirci par les fumées, des chèvres ont élu domicile ! A côté de cette imposante construction, il y avait un grenier communautaire - véritable banque - où les habitants du village disposaient d'un local sécurisé où chaque famille entreposait réserves de nourriture, valeurs monétaires, etc.

Après un repos mérité l'après-midi, un délicieux couscous nous attend. Saveurs qui réjouissent nos papilles avant de quitter ces si gentilles personnes qui nous ont accueillis.

6. Retour vers la vallée du Dadès

Après deux nuits et près de deux jours de repos mais aussi de rencontres, je repars vers le Sud par la même route, sinueuse et escarpées qu'à l'aller. Je quitte Yassin et ses amis. Je retrouverai sa famille dans la vallée  heureuse.

Mais avant de remonter sur mon vélo qui a bénéficié  d'une journée de repos, Yassin me renseigne un raccourci partant du village de Bou Thara vers Ait-Youl dans la vallée du Dadès (pour celles et ceux qui veulent me suivre sur Google Maps). Antoine et Fanny sont passés par cette vallée et m'ont renseigné un itinéraire très intéressant vers la Vallée Heureuse en passant par la ville d'Imitchil et la fameuse « cathédrale » (un énorme rocher visible de loin). Routes un peu cabossées, voir des pistes mais assurant des paysages splendides.

Compte tenu de cela, le prochain message vous sera vraisemblablement envoyé dans un nombre de jours encore inconnu à ce moment car dépendant des aléas de la route, de la chaleur, de l'accès à l'eau, etc.

Ceci dit ... à la prochaine.

Signé Léon, le transatlassien, pas encore trop fatigué ...!

Mes excuses pour les fautes et les accents erronés... c'est la faute - pas à Voltaire - mais à mon Smartphone qui par ailleurs me permet de communiquer par WhatsApp 

Nous vous offrons notre sourire

Je vous regarde d'un oeil !

Bien sûr que vous pouvez voir nos sourires et nos (beaux) yeux !

 

 

 

M02 Transatlas 2024 : de la gare de Jambes à Ouarzazate au Maroc

Chers amies et amis de la Transatlas, voici les premières nouvelles de ce nouveau voyage.

8 mai 2024 - De la gare de Jambes à  Zaventem

Une première pour moi : suivant le conseil de notre voisin Gilbert, je me rends à Zaventem par le train direct.  Gentiment aidé par Danielle et ma fille Iraci, je prends place dans le wagon-vélos avec la caisse contenant le « Da Silva » et le bagage tous deux limités à 23 k.

A l'enregistrement du vélo, celui-ci pèse 24,8 kg. Deux employés d'Air Maroc discutent entre eux ... et ne me réclament pas de supplément.  Mon voyage au pays des "gens gentils" commence bien !

Mais ... attendons !

Un premier vol m'emmène à Casablanca. Une escale de deux heures et avec le second vol, je débarque à Ouarzazate en pleine nuit. Un taxi m'attend pour m'emmener chez "Tini Joseph" à deux pas de l'aéroport.

Pas de vélo!

Pour la première fois en 15 ans de voyages vers les Amériques, l'Asie et l'Afrique, le vélo bien emballé dans sa caisse en carton, n'est pas là à l'arrivée. Déclaration faite à deux heures de la nuit auprès d'une employée un peu endormie, en lutte avec une imprimante récalcitrante, je repars avec mon gentil taximan qui m'a patiemment attendu.

Une première journée d'attente

Bien accueilli par le gérant de l'hôtel "Tini Joseph" qui se prénomme Ahmad, je me réveille en pensant d'abord à mon compagnon - fidèle monture - qui ne m'a jamais fait faux bon !  Bien aidé par Ahmad très empathique, nous partons a la recherche de bonbonnes de gaz, absolument indispensables à un randonneur mais interdites dans les soutes à bagages tout comme les pneumatiques gonflés.  Au retour, Ahmad propose lui-même de téléphoner deux et même trois fois au numéro que l'on m'a donné pour aller à la chasse aux renseignements. Sans succès, l'on me répond qu'il n'y a pas de traces de mon vélo à Casablanca. La personne met même en doute qu'il ait été vraiment embarqué à Zaventem !!! Impossible : j'y étais trois heures avant le décollage et je l'ai vu partir avec les bagages "hors dimension" pour ne pas parler franglais.

Jeudi 9 mai 2024 - 23h

Pour me remettre de ces incertitudes et émotions, après un bon souper marocain, je me couche en me disant que la nuit porte conseil. Demain sera un autre jour. Dans la nuit, je rêve que le vélo réapparaît ...!  Mais bon !

Une seconde, une troisième... journée d'attente !

Par courriel je contacte l'agence Connections de Namur où j'ai acheté le billet à la compagnie Royal Air Maroc.  Les dames très empathiques elles aussi, me répondront par courriel à deux, trois, quatre ... reprises : rien de positif. Rien de "Royal" dans tout cela !

Samedi 11 mai 2024 - 18h10, nouvel appel téléphonique avec une réponse énigmatique: le bagage a été localisé... sans préciser où  !  Une heure plus tard ... la personne répondant nous informe que le vélo se trouve à Casablanca ... ou à Ouarzazate ... ici je doute mais heureusement il n'est pas à Tombouctou ou à Bamako !

Dimanche 12 mai 2024 - 7h30 du matin : Ahmad me propose de nous rendre en voiture à l'aéroport pour poursuivre notre recherche.

Youppie le vélo est arrivé!

Il était déjà là hier samedi matin ... mais il fallait bien 24h pour que la communication passe... nous sommes quand même à 500 mètres de l'aéroport...! Fou de joie, nous revenons chez Ahmad avec la caisse rapidement ouverte. En moins de deux, les bagages sont répartis de part et d'autre du vélo.  Et vers 11 heures, ce dimanche matin, me voilà parti sur ma monture retrouvée vers l'est en tournant le dos à Ouarzazate (le Hollywood marocain de plusieurs réalisateurs, dont je n'ai vu aucune trace) avec l'impression d'y avoir tourné un mauvais film ... qui sera vite oublié.

Car me voilà en route vers la vallée des Roses, où je suis attendu dans un lodge écologique. La suite dans le prochain message.

Notes complémentaires

"Tin Joseph" tel est le nom de l'hôtel ou je suis resté plusieurs nuits en attendant le vélo. Ahmad le gérant qui m'a bien aidé m'a expliqué le sens du mot Ouarzazate. "Ouar" est un mot berbère signifiant "sans" et "Zazate" un mot arabe signifiant "bruit." Ouarzazate serait donc une ville sans bruit ... ce que j'apprécie et surtout apprécierai particulièrement dans mon périple, surtout les nuits suivant un long trajet à vélo !  Ahmad a ouvert cet hôtel en 2019 et l'a appelé Joseph en souvenir de son père qui portait le prénom d'un personnage important de la bible - un fils de Jacob (Youssef en arabe) lui-même petit-fils d'Abraham - vénéré par les trois religions monothéistes: Judaïsme, Christianisme et Islam.

Les Berbères, selon Ahmad sont présents au Maroc depuis des temps immémoriaux, bien avant les Arabes et selon lui - fier d'être Berbère - la majorité des Marocains "portent l'ADN  de cette origine berbère... et non pas arabe même s'ils ont dû assimiler cette langue … et leu religion, l’Islam."  Quant à son père, il parlait correctement le français à l'époque où le Maroc était un protectorat français (1912-1956).  C'est la raison pour laquelle il utilise le terme français pour le nom de l'hôtel, alors qu'il se prénommait "Youssef".

Ouarzazate, ville de garnisons.  Dans chaque quartier, à chaque sortie de la ville, une caserne repérable par les hommes kaki à l'entrée, par le clairon et le tambour qui roule le matin vers 8h. (! No camera, no photos). Bien, mais cela doit représenter un bon pourcentage du budget de l'état marocain !  D'aucuns diraient que cela crée beaucoup d'emplois ! Mais j'ai vu aussi pas mal d'écoles et de centres de formation. Ahmad a un ordinateur Lenovo, la même marque que le mien... "fabriqué au Maroc" dit-il fièrement, lui qui a travaillé dans plusieurs pays de l'Afrique de l'Ouest (Burkina Faso, Mali, etc.), pays qui de plus en plus "lorgnent" vers Moscou pour un avenir incertain pour eux ... comme pour nous !

Atlassement vôtre , Léon Tillieux

 

 

jeudi 18 avril 2024

M01 Transatlas 2024 : en route vers la vallée heureuse dans le Haut Atlas Marocain

 

Nouveau voyage à vélo en vue en ce printemps 2024 :

du mercredi 8 mai au dimanche 9 juin 2024 dans le Haut-Atlas marocain

Après un hiver durant lesquels mes jambes se sont quelque peu endormies, me voilà "tout heureux" de me préparer à un nouvelle traversée en montagne : le Haut-Atlas au Maroc.

Le périple : au départ de Ouarzazate, une boucle en passant par la vallée des Roses, la vallée et les gorges du Dadès pour rejoindre la vallée heureuse et retour à Ouarzazate.

Aït Bougmez, la vallée heureuse … vallée secrète

A l’ombre du M’Goun, une haute montagne du Maroc, le seigneur des lieux, l’eau a créé un immense jardin où les nuances de vert des cultures en terrasses se mêlent à la terre rouge et au bleu éclatant du ciel. Au cœur du Haut-Atlas central, se nichent les Aït Bougmez, la “vallée heureuse” dont les Berbères sont les gardiens…

Enclave du Haut-Atlas isolée il y a peu encore, une piste goudronnée permet aujourd’hui de pénétrer dans la vallée s’étirant en un long ruban vert de 35 kilomètres irrigué par les seguias, ces canaux qui répandent l’eau de la rivière pour créer des terrasses en damier, véritable mosaïque aux couleurs éclatantes. Quelque 25 villages d’agriculteurs berbères ponctuent le paysage, réunis autour des greniers fortifiés ou des tighremts (anciennes maison fortes). Des villages de terre ocre étagés sur les versants de la montagne, dominant les champs de blé, d'orge et de maïs. Agriculture, élevage et artisanat rythment la vie des villageois. Dans cette vallée d’altitude, le temps s’écoule lentement.

Un autre temps… toutefois perturbé par l’invasion des smartphones et autres technologies de « notre temps »

Au rythme des saisons et des récoltes, la vie des Berbères s’écoule, immuable. A l’automne, avec leurs araires en bois, les hommes labourent les champs. En hiver, les femmes tissent des couvertures en laine, vont chercher l’eau au puits. Au printemps, les hommes creusent et entretiennent les précieux canaux d’irrigation. Qui l’été feront fleurir arbres fruitiers, champs d’orge et de blé : vient alors le temps des moissons pour toute la famille.

C’est la civilisation de l’essentiel, de l’indispensable, de l’économie. Ici, l’individualisme, le superflu, sont inconnus. Sobriété des maisons, humilité des hommes dans leurs gestes, leurs conversations toujours brèves et efficaces. On ne répète pas un message, on ne parle jamais pour parler. Hospitalité, sourires chez les enfants surpris dans leurs jeux, chez les femmes qui reviennent des champs ou du puits, chez les hommes qui préparent le thé pour leurs hôtes. La “vallée heureuse”, un nom qui raisonne comme une invitation au voyage.

Visages berbères

En langue berbère, ce sont les Imazighen, des “hommes libres” qui vivent en harmonie avec la nature. Perse, mède, cananéenne, indienne…, leur origine se perd dans les méandres de l’Histoire et la mémoire des mythes. Une structure de société millénaire : familles, villages, clans, tribus et confédérations. Une culture ancestrale : un attachement profond à la terre, l’importance de la communauté, le sens du sacré, l’hospitalité. Le peuple berbère perpétue un patrimoine indissociable de l’identité du Maroc.

A suivre au fil des billets que vous recevrez par courriel au fur et à mesure de l’avancement de ce nouveau voyage.

Léon Tillieux

mercredi 18 octobre 2023

M05 Transcanadienne 2023 : belle arrivée à Vancouver et retour en Belgique

Chers amies et amis, la Transcanadienne s'est terminée à Vancouver ce lundi 16 octobre 2023.

Quelques faits marquants de cette dernière étape

Vancouver ville aux dizaines de gratte-ciel ... ce qui n'est pas ma tasse de thé, vous l'aurez compris après cette belle Transcanadienne qui m'a permis de traverser ces belles régions des Montagnes Rocheuses, de l'Alberta et de la Colombie Britannique ... !

Vu la belle pluie persistante qui m'a accueilli à Vancouver, je propose de changer le nom de cette ville immense en « Cielcouvert. »  Mais je ne devrais pas me plaindre: en 30 jours de route, je n'ai dû affronter la pluie que trois fois.  Une personne rencontrée ce matin dans la rue alors que les vannes célestes s'ouvraient intensément, m'a dit que cette pluie était attendue depuis des mois.  De toute façon les gens ici savent qu'octobre est suivi de plusieurs mois très froids au moins jusque début mai. Mais les gens s'habillent en conséquence.  Même les chiens aujourd’hui ont sorti leur petit manteau d'hiver et cela n'a pas l'air de leur déplaire.  En ce qui concerne l’éducation des enfants et pour les habituer à des températures très froides, par tous les temps, la récréation se passe à l’extérieur ; comme les adultes, ils s’habillent en conséquence !

Après la traversée des Montagnes Rocheuses, la route m'est apparue longue.  A l'image de ce pays immense qu'est le Canada, les distances entre deux villes paraissent longues car il n'y a que très peu de maisons en dehors des villes. Comme déjà dit, pas moyen de trouver facilement du pain ou du ravitaillement. 

Un dernier col de 1244m sans trop de difficultés et des histoires d'eau et de chocolat. 

En parlant avec une personne quelques jours avant d'arriver à Merritt, cette personne m'a averti que le dernier col de Coquihalla serait très dur et qu'il pourrait y avoir de la neige ... dès lors j'avais prévu largement 3 jours pour parcourir les 120 km comportant ce col.  Mais en fait si pour sortir de la vallée où se niche la ville de Merritt, j’ai mis 4 heures pour parcourir 14 km, le reste s'est passé sans trop de difficultés ; j'ai même été très étonné d'arriver déjà au sommet du col après un jour et demi de route.  Il est vrai que 1.244 mètres d'altitude ce n'est finalement que 504 m en plus du Signal de Botrange et même 871 mètres en moins que le Tourmalet ... que j'ai escaladé en 2022 lors de la Transpyrénéenne ... !  C'est donc avec beaucoup de joie que j'ai pris la photo traditionnelle en me disant que mon cœur était toujours bon pour de telles ascensions.  Même si tout comme moi ... Il n'a plus 20 ans !                       

Toutefois j'avais commis l'erreur de partir avec une réserve d'eau insuffisante pour ces 120 km. Et ce qui devait arriver n’arriva ... pas moyen de se ravitailler dans des rochers sans le moindre ruisselet.  Il y avait bien la rivière Coldwater qui en plus d'être froide (comme son nom anglais le dit bien) n'était pas très limpide (au contraire de la rivière Clearwater traversée précédemment).  Si bien que je tentai de faire comme lors de la traversée du désert d'Atacama au Chili en 2013.  Il me suffisait d'agiter derrière moi une bouteille vide pour qu'un camionneur s'arrête et me ravitaille en eau.  Cette fois, au Canada, il y eu bien un gentil monsieur qui s'arrêta (il faisait lui aussi du vélo). Mais sa gourde était déjà bien entamée.  L'intention était bonne mais insuffisante.

Heureusement, un peu plus loin après une longue montée, je croisai trois ouvriers des routes (dont une femme) qui terminaient leur journée. Ils me demandèrent si je n'avais besoin de rien.  Ils me donnèrent deux bouteilles d'eau.  Un peu plus loin en repassant, la femme me donna une troisième bouteille et du chocolat ... ce que j'aime particulièrement comme vous le diront celles et ceux qui me connaissent.  En fait une belle histoire d'eau et de chocolat ... !                    

Une bouteille d’eau supplémentaire offerte avec un beau sourire

Arrivée et bel accueil à Vancouver chez Lise et Patrick pour la fin de la Transcanadienne

 

Grâce au réseau Warmshower, je suis accueilli pour trois jours par un couple qui a traversé l'Europe à vélo, dont la Belgique. Lise est médecin en maison médicale et Patrick est informaticien.  Ils m'accueillent malgré leur emploi du temps très chargé. Je viens de prendre une douche ... ce que je n'ai pas eu souvent l'occasion le long de ces 5 semaines.  Demain, Patrick m'aidera à trouver une caisse en carton chez un marchand de vélos ... sans quoi mon Da Silva (55.000 km au compteur depuis peu) ne pourra pas m'accompagner lors de mon voyage de retour.  Départ jeudi au matin pour un long voyage jusque Zaventem où j'arriverai vendredi 20 octobre à 6h AM (comme on dit en anglais).

En compagnie de mes hôtes : Lise et de Patrick à Vancouver

Un sofa très confortable pour deux nuits de récupération : cela change de la petite tente comme confort et avec une belle température !

Le meilleur café-expresso de Vancouver selon le site Warmshower

Petite ajoute : commentaires affichés sur le site « Warmshower » par Lise et Patrick suite à l’accueil reçu.   « Léon est un véritable « doyen » de la communauté cycliste. C'était merveilleux d'entendre les récits de ses multiples voyages à travers les continents.  Il est gentil et détendu, engagé et autonome.  Il s'est facilement intégré dans notre petite maison et c'était un plaisir de l'accueillir.  Meilleurs vœux pour ses prochaines aventures ! »

Bien sûr qu’il y en aura d’autres … avec un cœur remis en rythme normal et une soif - inextinguible - de rencontres et de découvertes … !  La semaine prochaine comme j'aurai retrouvé mon ordinateur, je vous renverrai les messages de cette Transcanadienne avec les plus belles photos que j'ai eu l'occasion de prendre. J'ajouterai quelques commentaires historiques des coins que j'ai traversés et des faits intéressants de ce pays.

Bonne nuit ou mieux bon réveil au moment où pour moi la nuit va commencer.

Léon à Vancouver au Canada non loin de l'océan Pacifique.

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Quelques dernières photos de la Transcanadienne

Un dernier bivouac - un peu chahuté - dans l’aéroport même de Vancouver avant un départ matinal

Une des rares choses que j’ai appréciée à Vancouver dans le quartier historique de Gastown : l’horloge mue par la vapeur, invention de l’horloger Raymond Saunders datant de 1977.

 

L’art des Peuples Premiers : à l’aéroport de Vancouver, une place importante est donnée à la présentation de l’art de ces peuples qui – comme déjà dit dans un message précédent – ont été anéantis physiquement et culturellement par les nouveaux arrivants d’Europe et d’Asie essentiellement.  Actuellement des efforts importants sont menés par les autorités pour redonner une visibilité à ces œuvres d’art et un changement est remarqué par rapport à ceux qui autrefois traitaient ces êtres humains de « primitifs » … !

Manifestation à Vancouver sous la pluie le mardi 17 octobre 2023 : comme dans de nombreuses villes

et à Bruxelles le dimanche 22 octobre, sont présents des Palestiniens résidents au Canada et d'autres personnes tout aussi scandalisées qu'eux face à cette agression israélienne, ne respectant personne, ni enfants, ni hôpitaux, soutenue scandaleusement - "but not in our name" - par l'Union européenne, les USA et d'autres encore ... !

dimanche 8 octobre 2023

M04 Transcanadienne 2023 : de Jasper à Kamloops

Chers amies et amis "followers" de la Transcanadienne. Merci à celles et ceux qui ont répondu au message précédent.  Cette semaine écoulée, en 7 jours j'ai parcouru un peu plus de 450 km essentiellement en suivant la rivière Thompson Nord.

Voici quelques anecdotes, récits d'accueil et rencontres insolites

Le dernier jour avant d'atteindre Jasper, j'avais effectué une randonnée de plusieurs heures autour de cinq lacs dans lesquels se reflétaient les couleurs jaunes des feuillus en automnisation ainsi que le vert des conifères qui ne perdent pas leurs aiguilles. J'avais laissé mon vélo attaché au panneau d'orientation au parking. Quelle surprise en découvrant une banane et une pomme en plus des bagages du vélo !  Et une bouteille d'eau au porte bidons avec un petit mot en anglais traduit ainsi : « le meilleur bonjour d'amis néerlandais ». Ne venez plus me dire que les Bataves sont radins. Ceux dont j'ignore l'identité et qui m’ont ravitaillé, ne le sont pas !

 

Une banane reçue pour la faim et une pomme pour la soif 

« Bon voyage à vélo » … de la part d’amis Néerlandais 

 

Petite ajoute : des traces fraîches … au bord du cinquième lac, j’aurais pu rencontrer un ours !

Ce n’est pas une blague ! 

 

Voici à présent des anecdotes concernant les nuits où j'ai passé la nuit.  Il y a tout d'abord ce chalet derrière lequel j'ai monté la tente sous une pluie commençante.  Ce n'est que le lendemain que j’ai vu que le vieux bus à deux pas de là, datant des années 1960, n'était pas fermé à clef.  Ce n'est que le matin que j'ai poussé la porte.  Dommage, il aurait fait un refuge de plus à ajouter à une liste déjà longue d'endroits insolites ou j'ai déjà passé la nuit en bivouac ... dont une baignoire dans un immeuble en construction ... mais c'était en 1970 ... il y a longtemps !

 

Ce vieux bus aurait pu être un bel abri si j’avais poussé la porte non fermée ! 

 

Deux belles nuits passées chez des fermiers.

 

La première, après avoir demandé un p'tit carré de prairie dans une ferme qui pratiquait également des cours d'équitation, je reçu une réponse un peu inattendue : la propriétaire contactée par GSM par sa fille me demandait 30 dollars (25 euros) pour une nuit sans douche et éventuellement une toilette !  J'avais payé 24 dollars à Jasper pour du confort.  Je quittais donc cette famille en exprimant mon étonnement et même mon mécontentement.

 

Mais à la ferme voisine, je fus accueilli chaleureusement par Lorenzo, d'origine italienne, venu reprendre une ferme dans ce Canada au climat rude l'hiver et sec l'été ... avec cette année des km2 de perdus par les feux à ne plus finir.  La maison de la ferme est construite en bois et date de 1903 : 120 ans d'âge. Je demandai au fermier de pouvoir dormir dans le foin entre le tracteur et les balles de réserve pour l'hiver. Je n'étais pas loin de la réserve de granulés où les cochons et les ânes venaient se servir comme dans un « self-service ».  En plus un gentil chien (un border collie) venait me tenir compagnie pendant que je me cuisais des pâtes ... comme chaque soir.  La nuit fut très douce même sans la tente.

Une ferme accueillante … pour une nuit dans le foin 

 

Au petit matin, Lorenzo est venu me demander si j'avais besoin de quelque chose ... Je répondai par l'affirmative car je n'avais trouvé aucun pain dans les rares magasins attenant à des stations-services ... une tous les 65 km ! Quelle surprise : outre le pain, du fromage, du saucisson et du café !  « Molto grazie amico Lorenzo »!

 

Lorenzo m’offre le petit déjeuner … accompagné de son gentil Border Collie

 

Le lendemain, je retente l'expérience. Les deux fermiers sont très occupés à emballoter l'herbe fraîchement coupée ... la dernière avant l'hiver.  D'abord hésitant, l'un d'eux est venu vers moi et a dit oui ... vraisemblablement en voyant mon âge. C'est comme en Afrique, être âgé c'est un avantage !  Avis aux amateurs !

 

Ceci dit je vous termine ce message depuis un camping à Kamloops. Demain je reprends la route après un jour de repos. Ici, il n'y a que 2 tentes semblables à la mienne qui semblent minuscules à côté de ces motorhomes surdimensionnés avec « dining-room, sleeping-room et bath-room … et en plus parfois un abri pour le chien ! » et souvent une remorque avec une voiture ... au cas où le mastodonte n'entrerait pas quelque part ... notamment dans les villes à visiter !

 

Je joins une photo de la vallée de la Thompson avec d'un côté la terre dévastée par le feu et de l'autre la nature qui essaye de revivre.

 

Comme le disait le chanteur Joe Dassin de nos 20 ans, c'est maintenant l'été indien avec ses belles couleurs surtout celles des érables.

J'espère que ces nouvelles vous aurons plu. Un dernier message sera envoyé depuis Vancouver ... terme de cette Transcanadienne. Bises. Léon

 

 

Ajoute de photos … je continue puisque dans vos réponses, vous me dites que vous les apprécier !

Un gentil petit animal flaire le vélo de la Transcanadienne 

Mon invité s’intéresse au cadenas du vélo … mais quel est le code ? 

Une photo qui pose question : ce train canadien - composé de 200 wagons (excusez du peu) – chargés de charbon destiné au Japon.  Calculez le cout pour que ce minerais qui a fait longtemps la richesse et la pollution de notre pays, traverse terres et mers sur des milliers de km : et les accords de Paris dans tout ça ?

 

Photo prise en quittant Mount Robson

samedi 30 septembre 2023

M03 Transcanadienne 2023 : du lac Louise à Jasper dans les Rocky Mountains

Chères amies et amis de la Transcanadienne,

Merci pour vos messages reçus à la suite du message M02.  Veuillez m'excuser pour la présentation de celui-ci... je suis dans une bibliothèque à Jasper avec un clavier Qwerty ... difficile pour les accents !  Chaque fois que je veux taper un « A », c’est une « QU » qui sort !

De belles rencontres de jour en jour

Samedi 23 septembre 2023

Après avoir bénéficié d'une journée sans nuages au Lake Louise, la pluie fait son apparition au moment du départ vers le nord, vers Jasper.  En fin d'après-midi, j'arrive dans un camping ouvert.  Dans le chalet central, un feu a été allumé.  Avec Chris, un cyclotouriste étatsunien, nous passons la nuit auprès du feu après avoir échangé une banane contre un peu de bière ... étatsunienne.

Une belle nuit de repos auprès du feu … dans un camping « ouvert »

Première crevaison sur la bande des « pneus crevés », secoué à chaque passage de camion(s) !

Dimanche 24 septembre 2023

A Saskatchewan Crossing, après avoir descendu le « Col Bow » (ne pas confondre avec Cow-Boy) dont j'ai gravi facilement les côtes pour arriver à un peu plus de 2.000 mètres, je me régale de morceaux de poulet à la sauce d'érable typiquement canadienne. La nuit je la passe dans un petit bois derrière le restaurant. Sans problème ni fâcheuse rencontre !

Col Bow 2.069 mètres – dans le fond, les Rocheuses enneigées

Lundi 25 septembre 2023

Ce fut la journée la plus pénible avec un col interminable au cours duquel j'ai dû pousser mon vélo. Au sommet de ce col de plus de 2.000 mètres également, qui n'en termine jamais, je passe la nuit en surplomb de la route.  Moments d'angoisse surtout entre 2h et 4h, lorsqu'il n'y a plus aucun véhicule pour éloigner les "indésirables" (ours, etc.) ; je sursaute à chaque petit bruit suspect... en fait c'est la pluie qui s'écoule de la tente !

Col permettant d’arriver à la « promenade des champs de glace »

Une nuit au sommet du col … sous la pluie mais sans ours !

Mardi 26 septembre 2023

La pluie s'arrête au petit matin quand j'entreprends la descente du col vers les glaciers qui attirent des milliers de touristes.  Peu de temps avant d'y arriver, je croise un Néo-Zélandais qui, d'Alaska se dirige vers Ushuaia au fin fond de l'Argentine (en 2019, j'en ai fait une partie à vélo en Patagonie dont la célèbre Carretera Austral, allez voir sur ce site www.goffinets.be/kapsud ).  Au moment de quitter le centre d'information sur les visites ... qui attire des centaines de personnes que des bus conduisent vers les points de vue du site, je rencontre un cyclo-randonneur belge qui reconnait le pays d'où je viens : le "11 11 11 CNCD" du gilet jaune qui me protège ainsi que le drapeau belge que j'arbore a l'arrière du vélo.  François lui aussi est parti d'Alaska en juillet et compte arriver a Ushuaïa en l'espace d'une année ... ou peut-être deux ??

Un cyclo-randonneur Néo-Zélandais en route vers Ushuaïa qui m’annonce une bonne nouvelle : une très longue descente … après le col que je viens de gravir !

Rencontre de François de Bruxelles avec en arrière-plan le glacier « Athabasca » lequel recule chaque année de dizaines de mètres, sous l’influence du réchauffement climatique.

No comments !

Mardi 26 au soir, pour la nuit, je passe outre de la barrière d'un camping fermé. Je suis repéré par mon gilet jaune fluo par un des deux canadiens qui ont déjà investi une place tout en haut de la colline, loin des bruits de la route : tentes (hamac pour l'un deux, feu de bois pour le réchauffement bien nécessaire …)  Pour la dure montée, Adam (c'est son prénom ... j'ignore si sa copine s'appelle Eve ?) m'aide à pousser le vélo.  Mais comme le gaillard est terriblement costaud, il va si vite que en fait, je ne puis le suivre et comme je m'accroche au vélo derrière, il me tire en plus des 50 kg du vélo !  Avant le coucher, les deux compères, remarquant je n'étais pas très au courant des dangers des rencontres avec les ours (et surtout des Grizzlis plus dangereux), ils me donnent un spray anti-ours.  Utilisation : si un ours s'approche trop de vous, un premier spray vers le sol dans sa direction, s'il insiste ... un nouveau coup vers ses yeux ... et là, il n'en peut ni n’en veux plus !

Spray anti-ours … faisant partie de tout randonneur averti !

Le lendemain, petit déjeuner avec une saucisse fumée typiquement canadienne.  En cadeau deux pièces pour me réchauffer la plante des pieds ... les deux amis (Adam et Joe) travaillent comme mécaniciens-vélo dans un grand magasin de vélos à Edmonton (province de l'Alberta).  Vous serez d'accord avec moi : que de belles rencontres et pour les jours à venir ... un spray a portée de main, y compris la nuit, pour éloigner les ours ... !

Avec les deux mécaniciens-vélo canadiens, Adam et Joe

Mercredi 27 septembre 2023

Fête de la Communauté française en Belgique, je croise un autre cyclo ... un Sud-Coréen qui va dans le même sens que les précédents (vers le Sud) et compte mettre deux ans pour arriver au bout de l'Argentine ... à croire que tous les cyclos longue distance venant d'Alaska passent par Jasper !  Ce Coréen finance son voyage en prenant des photos (professionnelles) qu'il vend à des revues spécialisées de randonnées vélos, etc.  Le lendemain, je croiserai un français prénommé Etienne de Nantes qui est parti en juillet pour la même aventure.

Rencontre d’un photographe coréen professionnel en route vers Ushuaïa

Jeudi 28 septembre 2023

Visite des très belles chutes de la rivière Athabasca ... tout aussi impressionnantes que celles de Sunwapta, visitées la veille.  L'après-midi avant Jasper, je me paie une longue randonnée autour de cinq lacs : les arbres feuillus aux couleurs jaune d'automne se reflètent avec le vert des sapins dans l'eau couleur turquoise de ces merveilleux plans d'eau ...

Un des cinq lacs situés un peu avant l’arrivée à Jasper

Autre vue d’un des cinq lacs

Idem

Un gentil petit écureuil est resté sur la branche le temps de le prendre en photo

Léon depuis Jasper, "refugié" au camping Wapiti ... du nom de ces animaux, pour lesquels en période d'accouplement, il vaut mieux se méfier ... des mâles uniquement ... tiens tiens !!

Wapiti femelle

Wapiti mâle … à la tête couronnée de défenses à éviter !

A plus dans quelques jours.  Léon à Jasper

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Ajoutes de photos de tant de beaux coins des Montagnes Rocheuses

Retour photographique aux lacs Louise, Miroir et Agnès

Lac Louise

Le Lac Louise et les Rocheuses enneigées

Le lac Miroir … comme son nom l’indique !

Les reflets magnifiques dans le lac Agnès (1)

Les reflets magnifiques dans le lac Agnès (2)

Un bel oiseau au lac Louise

Nuit passée – seul - dans le camping « fermé » de Jonas

Un moyen de se déplacer – un peu plus imposant que le mien - décoré avec de splendides images des Rocheuses

Chutes d’eau d’Athabasca

Chutes d’eau d’Athabasca

Chutes d’eau de Sunwapta

 

samedi 23 septembre 2023

M02 Transcanadienne 2023 : de Calgary au Lac Louise

Calgary : prêt pour le départ d'un périple de près de 1.400 km : samedi 16-09-2023

Vous avez été quelques-uns à répondre à mon premier message, ... Merci. Voici le second message

Arrivée à Calgary via Vancouver

Après un long voyage avec Canadian Airlines de Zaventem à Calgary avec deux escales, Montréal et Vancouver, je suis bien arrivé à Calgary, capitale de l'Alberta où se trouve la plus grande partie des Rocky Mountains (Montagnes Rocheuses en français).

À l'aéroport de Vancouver, comme je cherchais un endroit pour passer la nuit entre deux avions, un employé de l'aéroport m'a dit que je pouvais passer la nuit en attendant mon avion. J'ai trouvé un banc et j'ai pu fermer l'œil de temps en temps quand il n'était pas ouvert pour regarder passer la dame qui nettoyait le sol. J'ai été surpris de voir un employé de l'aéroport porter son (beau) signe distinctif de Sikh (originaire de l'Inde). Il est vrai qu'en Angleterre, il y a des policiers portant un turban Sikh ... pas sûr que cela soit possible à Orly!  On a l'ouverture que l'on veut bien !  Du hublot de l'avion me portant à Calgary, je puis déjà admirer les montagnes qui m'attendent.

Alors que durant le premier vol nous avions eu un excellent poulet au sirop d'érable (et oui on est au Canada), dans l'avion de Calgary, nous avons droit à deux malheureux petits biscuits comme petit déjeuner. Les compagnies non  « low cost » doivent bien sûr concurrencer Ryanair mais c'est quand même un peu fort! Je me console en pensant aux voyageurs de Ryanair qui n'ont rien à se mettre sous la dent et qui ne peuvent même pas se consoler avec le sourire de l'hôtesse de l'air qui a d'autres choses à faire (billets de loterie à vendre et autres cosmétiques) et qui n'a même pas le temps d'aller aux toilettes. Et oui ... on a les propriétaires de compagnies  « low cost » que l'on mérite ... et s'ils deviennent milliardaires ... c'est à cause ou … grâce à nous !

Premier accueil à Calgary

Pour ma première nuit au Canada, je suis accueilli par Don (c’est son prénom) qui accueille des cyclistes Warmshowers pour une nuit depuis une trentaine d'années.  Je plante ma tente dans son jardin sur une belle pelouse. Je bénéficie d'une température agréable ... en sachant que cela va changer dans les prochains jours. Don se soucie de savoir si j'ai eu l'occasion de manger.  Il m'avait bien indiqué par courriel où m'acheter deux bonbonnes de gaz (interdites bien sûr dans les bagages en avion) pour cuisiner.  Il m'en donne une en plus à moitié pleine … elle tiendra près de deux semaines !  Avant de se coucher il m'annonce par message qu'il doit aller à l'hôpital le lundi matin.  Au réveil, il a laissé la porte ouverte : accès à la toilette ... la veille j'avais bénéficié d'une bonne douche chaude.  Merci bien Don et bon rétablissement !

  La tente dans le jardin de Don

De belles rencontres pour le second jour de la première étape

Le dimanche matin, je cherche la route 1A renseignée par Don, route alternative à la nouvelle autoroute N°1.  Je m'adresse à une jeune fille devant une église baptiste (Martin Luther King, le grand militant étatsunien pour les Droits Civiques et pour la Paix était pasteur de cette église). Elle va demander à un adulte qui vient me renseigner.

Produits bio et manque d’eau

Vers midi, je vois un marché de producteurs bio à droite de la route. J'en profite pour me sustenter un peu avec des produits locaux.

Un peu plus tard à court d'eau, je me dirige vers une ferme assez éloignée de la route, laissant mon vélo cadenassé au portillon fermé lui-même avec un cadenas. Un homme me reçoit gentiment et me remplit mes bouteilles.  Non loin de la ferme, un antique charriot âgé d’une centaine d’années, rappelle des épopées lointaines que j’évoquerais un peu plus loin.

Un chariot typique semblable à ceux du temps des pionniers

Une chouette rencontre en arrivant à une aire de camping

C'est au moment où je déchiffre les indications pour choisir un emplacement pour ma tente à côté des mobil-homes qu'arrive une cyclo-randonneuse cherchant aussi un endroit pour camper.  Sue (c'est son prénom ... raccourci de Sueli, ma seconde fille) effectue un tour de plusieurs jours profitant de ses congés (Sue « is a nurse » ... d'environ 35/40 ans ... je ne lui ai pas demandé … plus loin, elle manifestera son étonnement sur cette tranche d’âge que je lui ai attribuée, ne précisant toujours pas si c’est plus ou moins ?).  Nous décidons de planter nos tentes à un endroit. S'en suit un échange sur nos façons de voyager. Via mon site de voyage que mon ami Luc du Gracq de Namur met gentiment à jour (depuis 2009), Sue prend connaissance de mes voyages passés.  Les jours suivants, nous communiquons via WhatsApp: j'ai rarement vu quelqu'un s'intéresser de cette manière aux films que les frères de Ville ont montés à partir de mes images de voyages.

 

Sue de Edmonton en Alberta avec un vélo peu chargé mais à la selle piquant du nez !

Le lendemain, je repars avant Sue.  Elle me rattrape bien vite avec un VTT chargé de très peu de bagages (à côté des miens qui totalisent 30 kg aux balances des aéroports). Elle me demande de rectifier une selle piquant assez fort du nez ... ce qui doit être assez inconfortable !  En moins de deux, la selle est redressée.  Sue réenfourche son vélo, hyper contente, non sans nous fixer un rendez-vous sur la route (encore longue) de Jasper. Plus tard elle décide de faire d'abord une boucle vers le Sud … et au Camping de Jasper nous nous loupons de 24 heures !

Histoire d'ours et de trains

À propos des nuits passées en camping dans la nature - en anglais wildcamping - qui sonne mieux que "camping sauvage" qui n'a rien de sauvage et que je pratique depuis 2,3,4 - voir plus - décennies.  Tout a toujours bien été ... sauf qu'ici dans ce beau pays, il y a des ours, surtout intéressés par notre nourriture à nous humains, en préparation à une longue hibernation de 4 mois !

Si bien que pour passer les trois nuits suivantes, j'ai dressé  ma tente, à l'abri du regard entre l'autoroute et la ligne de chemin de fer ... en croyant et en espérant que les ours candidats à s'approcher de moi soient suffisamment effrayés par les bruits des voitures et des trains.  Plus loin un cyclo-randonneur me dira que la simple sonnette du vélo les dérange et les éloigne … ouf !

Des trains au Canada, vous les regardez passer aux passages à niveau pendant de très longues minutes. En effet ces trains, à l'image de ce très grand pays qu'est le Canada, sont équipés de 4 locomotives (deux devant pour tirer, une ou deux au milieu et une pour pousser les 200 wagons de marchandises) ... Je ne les ai compté qu'une fois !  Une autre fois, à Kamloops, j’étais sur un pont au moment où un train – interminable lui aussi – était composé de wagons chargés de minerais d’apparence noire.  Un cycliste rencontré à ce moment me confirma qu’il s’agit bien de charbon … dont une bonne partie est exporté aujourd’hui encore et depuis des années, au Japon … en manque de sources d’énergie … bien loin des objectifs tant importants de Kyoto, de Paris, etc.

Le train « Canadian Pacific » - traversée des Rocheuses aux cimes enneigées

Les nuits sont assez froides. Le matin la toile de la tente est givrée et mes  bouteilles d'eau gelées. Donc comme d'habitude pas de toilette ... mais comme je suis seul ... (no comments !)  Je termine ce message en espérant qu'il vous a plu et que vous avez appris quelque chose sur le Canada. Dans le prochain, je vous raconterai mes merveilleuses découvertes des lacs que j'ai visités aujourd'hui et qui portent des prénoms bien connus dans mon entourage : Louise et Agnès...

Léon au Canada au Lake Louise.

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Ajoute importante sur l’historique du Canada

(aussi valable pour les USA, l’Amérique « dite Latine », l’Australie, etc.)

Quand j’étais gamin, vers 1960, à Andoy dans le grenier de la maison, je me revois encore avec mon cousin Fernand, jouer à « Cow-boys / Indiens ou Indigènes ».  A l’image des séries télévisées de l’époque et des Western produits avec des millions de dollars aux USA, nous voulions chacun être du côté des plus forts … nous voulions être « les premiers » … et « l’indien, l’indigène » était toujours le vaincu !

Or dans nos cours d’histoire de l’école de l’époque de notre enfance et adolescence, on nous enseignait – erronément – que l’Amérique (dite par après « Latine ») avait été découverte par un certain Christophe Colomb et que le Canada (puisque c’est là où je veux en venir) avait été découvert en 1604 par Pierre de Monts et Samuel de Champlain, du côté français, Henri Hudson en 1610 (lequel a donné son nom à la baie) pour les Anglais !!!!  Erreur sur toute la ligne.  Récemment des chercheurs canadiens ont soutenu la thèse que cette partie du continent Nord-Américain a été occupé par des êtres humains depuis plus de 20.000 ans (à titre de comparaison, Abraham de la bible, cela fait tout au plus environ 4.000 ans) !  C’est dire que ces humains habitant des régions à l’instar des peuples Aztèques au Mexique, Quechuas, Incas en Equateur et au Pérou, Aymaras en Bolivie, etc.(voir sur le site de mes voyages le film réalisé sur la « Transandine 2009 ») … étaient bien « les premiers ».  C’est la raison pour laquelle les anthropologues – par respect de l’histoire telle qu’elle s’est vraiment passée et aussi par respect de ces personnes humaines – les appellent « Peuples Premiers » ou « First Nations » ou encore « Indigenous People » en anglais, quoique le terme « Indigène » peut être péjoratif.  Mais là c’est à chacun.e qu’il revient de rectifier son jugement s’il est erroné !

En observant la multiethnicité des humains croisés dans les régions du Canada que j’ai traversées, j’ai pu retrouver dans les visages de ces personnes, ce mélange d’origines « pré-conquistadores » auxquelles sont venus s’ajouter bien d’autres migrants venant d’Europe mais aussi de Chine, du Japon, etc. au 19ème siècle et tout au long du vingtième.  A Vancouver, un quartier entier est appelé « Chinois » avec des restaurants par dizaines.  Car si les migrants des pays asiatiques se sont mariés uniquement avec des personnes de leur pays d’origine, il y a eu bien sur des mélanges – à l’instar du Brésil par exemple – entre les « Peuples Premiers » et les arrivants d’origine européenne.

Mais ce dont je voudrais attirer l’attention dans cette longue histoire (depuis le XVIème siècle) de relations entre les « Peuples Premiers » et les conquérants de la première heure (plutôt des premiers siècles de la conquête de l’Ouest comme aux USA), ce sont surtout les Peuples Premiers qui ont payé de leur(s) vie(s), de leur culture bafouée sans retenue, de la perte de leur identité.  Je pense ne pas me tromper en disant que, à l’instar de l’Amérique dite Latine, des génocides soit locaux soit plus conséquents comme en Amérique du Sud (où l’on parle de 5 millions d’êtres humains victimes des conquistadores – espagnols est-il nécessaire de le rappeler ( ?) au XVIème siècle) ont été perpétrés dans les régions petit à petit conquises par des chercheurs d’or et d’autres minéraux, de fourrures, de terres cultivables … ou d’intérêts immobiliers au XXème siècle … !

Histoire des camps d’internement au Canada entre 1914 et 1918 et 1940-1945

Visite d’un site mémoriel retraçant les souffrances d’êtres humains dans des conditions climatiques épouvantables.

Site mémoriel à côté de la route Banff-Laggan (ancien nom de Lake Louise)

Un épisode pas très glorieux de ce pays se voulant – comme beaucoup d’autres – défenseur de la liberté et des Droits Humains, épisode gardé secret jusqu’il y a peu.

Durant la première guerre mondiale, alors que le Canada – rejoint par les USA – était entré dans le conflit aux côtés de la France, de la Belgique, du Royaume Uni, il y avait sur son sol des personnes venues travailler dans les années précédant le conflit aux grands chantiers dont ceux des lignes de chemin de fer mais venant des pays « ennemis » : Allemagne, Autriche, Bulgarie, etc.  Craignant ces personnes – qui n’avaient nullement choisi leur camp – les autorités canadiennes décidèrent de les interner dans des camps de travail (routes, voies de chemin de fer), notamment dans cette région réputée très froide en hiver qu’est la région des Montagnes Rocheuses.  Un épisode pas très glorieux du Canada, que le même pays opéra de nouveau lors du conflit 1940-1945, à l’encontre des Japonais … des êtres humains qui étaient descendants – et qui n’avaient pas demandé l’être non plus – depuis 2 ou 3 générations, des migrants venus du pays du soleil levant.

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D’autres photos prises entre Calgary et Lake Louise

Le bus scolaire recopié par Fischer Price lorsque nos enfants étaient enfants.

Premier lever du soleil en cette terre de conifères

Reflets dans le bleu de la rivière Bow

A l’entrée du Canyon de Johnston

Chute d’eau dans le Canyon Johnston

Le feu est passé par là … mais la nature veut revivre

En vue : les Rocheuses

piège pour animaux à 4 pattes : passage interdit également aux humains … sauf s’ils veulent « trépasser » !

Premières couleurs d’automne dans les Montagnes Rocheuses

 

 

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