Odyssées vers le Sud

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mercredi 18 octobre 2023

M05 Transcanadienne 2023 : belle arrivée à Vancouver et retour en Belgique

Chers amies et amis, la Transcanadienne s'est terminée à Vancouver ce lundi 16 octobre 2023.

Quelques faits marquants de cette dernière étape

Vancouver ville aux dizaines de gratte-ciel ... ce qui n'est pas ma tasse de thé, vous l'aurez compris après cette belle Transcanadienne qui m'a permis de traverser ces belles régions des Montagnes Rocheuses, de l'Alberta et de la Colombie Britannique ... !

Vu la belle pluie persistante qui m'a accueilli à Vancouver, je propose de changer le nom de cette ville immense en « Cielcouvert. »  Mais je ne devrais pas me plaindre: en 30 jours de route, je n'ai dû affronter la pluie que trois fois.  Une personne rencontrée ce matin dans la rue alors que les vannes célestes s'ouvraient intensément, m'a dit que cette pluie était attendue depuis des mois.  De toute façon les gens ici savent qu'octobre est suivi de plusieurs mois très froids au moins jusque début mai. Mais les gens s'habillent en conséquence.  Même les chiens aujourd’hui ont sorti leur petit manteau d'hiver et cela n'a pas l'air de leur déplaire.  En ce qui concerne l’éducation des enfants et pour les habituer à des températures très froides, par tous les temps, la récréation se passe à l’extérieur ; comme les adultes, ils s’habillent en conséquence !

Après la traversée des Montagnes Rocheuses, la route m'est apparue longue.  A l'image de ce pays immense qu'est le Canada, les distances entre deux villes paraissent longues car il n'y a que très peu de maisons en dehors des villes. Comme déjà dit, pas moyen de trouver facilement du pain ou du ravitaillement. 

Un dernier col de 1244m sans trop de difficultés et des histoires d'eau et de chocolat. 

En parlant avec une personne quelques jours avant d'arriver à Merritt, cette personne m'a averti que le dernier col de Coquihalla serait très dur et qu'il pourrait y avoir de la neige ... dès lors j'avais prévu largement 3 jours pour parcourir les 120 km comportant ce col.  Mais en fait si pour sortir de la vallée où se niche la ville de Merritt, j’ai mis 4 heures pour parcourir 14 km, le reste s'est passé sans trop de difficultés ; j'ai même été très étonné d'arriver déjà au sommet du col après un jour et demi de route.  Il est vrai que 1.244 mètres d'altitude ce n'est finalement que 504 m en plus du Signal de Botrange et même 871 mètres en moins que le Tourmalet ... que j'ai escaladé en 2022 lors de la Transpyrénéenne ... !  C'est donc avec beaucoup de joie que j'ai pris la photo traditionnelle en me disant que mon cœur était toujours bon pour de telles ascensions.  Même si tout comme moi ... Il n'a plus 20 ans !                       

Toutefois j'avais commis l'erreur de partir avec une réserve d'eau insuffisante pour ces 120 km. Et ce qui devait arriver n’arriva ... pas moyen de se ravitailler dans des rochers sans le moindre ruisselet.  Il y avait bien la rivière Coldwater qui en plus d'être froide (comme son nom anglais le dit bien) n'était pas très limpide (au contraire de la rivière Clearwater traversée précédemment).  Si bien que je tentai de faire comme lors de la traversée du désert d'Atacama au Chili en 2013.  Il me suffisait d'agiter derrière moi une bouteille vide pour qu'un camionneur s'arrête et me ravitaille en eau.  Cette fois, au Canada, il y eu bien un gentil monsieur qui s'arrêta (il faisait lui aussi du vélo). Mais sa gourde était déjà bien entamée.  L'intention était bonne mais insuffisante.

Heureusement, un peu plus loin après une longue montée, je croisai trois ouvriers des routes (dont une femme) qui terminaient leur journée. Ils me demandèrent si je n'avais besoin de rien.  Ils me donnèrent deux bouteilles d'eau.  Un peu plus loin en repassant, la femme me donna une troisième bouteille et du chocolat ... ce que j'aime particulièrement comme vous le diront celles et ceux qui me connaissent.  En fait une belle histoire d'eau et de chocolat ... !                    

Une bouteille d’eau supplémentaire offerte avec un beau sourire

Arrivée et bel accueil à Vancouver chez Lise et Patrick pour la fin de la Transcanadienne

 

Grâce au réseau Warmshower, je suis accueilli pour trois jours par un couple qui a traversé l'Europe à vélo, dont la Belgique. Lise est médecin en maison médicale et Patrick est informaticien.  Ils m'accueillent malgré leur emploi du temps très chargé. Je viens de prendre une douche ... ce que je n'ai pas eu souvent l'occasion le long de ces 5 semaines.  Demain, Patrick m'aidera à trouver une caisse en carton chez un marchand de vélos ... sans quoi mon Da Silva (55.000 km au compteur depuis peu) ne pourra pas m'accompagner lors de mon voyage de retour.  Départ jeudi au matin pour un long voyage jusque Zaventem où j'arriverai vendredi 20 octobre à 6h AM (comme on dit en anglais).

En compagnie de mes hôtes : Lise et de Patrick à Vancouver

Un sofa très confortable pour deux nuits de récupération : cela change de la petite tente comme confort et avec une belle température !

Le meilleur café-expresso de Vancouver selon le site Warmshower

Petite ajoute : commentaires affichés sur le site « Warmshower » par Lise et Patrick suite à l’accueil reçu.   « Léon est un véritable « doyen » de la communauté cycliste. C'était merveilleux d'entendre les récits de ses multiples voyages à travers les continents.  Il est gentil et détendu, engagé et autonome.  Il s'est facilement intégré dans notre petite maison et c'était un plaisir de l'accueillir.  Meilleurs vœux pour ses prochaines aventures ! »

Bien sûr qu’il y en aura d’autres … avec un cœur remis en rythme normal et une soif - inextinguible - de rencontres et de découvertes … !  La semaine prochaine comme j'aurai retrouvé mon ordinateur, je vous renverrai les messages de cette Transcanadienne avec les plus belles photos que j'ai eu l'occasion de prendre. J'ajouterai quelques commentaires historiques des coins que j'ai traversés et des faits intéressants de ce pays.

Bonne nuit ou mieux bon réveil au moment où pour moi la nuit va commencer.

Léon à Vancouver au Canada non loin de l'océan Pacifique.

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Quelques dernières photos de la Transcanadienne

Un dernier bivouac - un peu chahuté - dans l’aéroport même de Vancouver avant un départ matinal

Une des rares choses que j’ai appréciée à Vancouver dans le quartier historique de Gastown : l’horloge mue par la vapeur, invention de l’horloger Raymond Saunders datant de 1977.

 

L’art des Peuples Premiers : à l’aéroport de Vancouver, une place importante est donnée à la présentation de l’art de ces peuples qui – comme déjà dit dans un message précédent – ont été anéantis physiquement et culturellement par les nouveaux arrivants d’Europe et d’Asie essentiellement.  Actuellement des efforts importants sont menés par les autorités pour redonner une visibilité à ces œuvres d’art et un changement est remarqué par rapport à ceux qui autrefois traitaient ces êtres humains de « primitifs » … !

Manifestation à Vancouver sous la pluie le mardi 17 octobre 2023 : comme dans de nombreuses villes

et à Bruxelles le dimanche 22 octobre, sont présents des Palestiniens résidents au Canada et d'autres personnes tout aussi scandalisées qu'eux face à cette agression israélienne, ne respectant personne, ni enfants, ni hôpitaux, soutenue scandaleusement - "but not in our name" - par l'Union européenne, les USA et d'autres encore ... !

dimanche 8 octobre 2023

M04 Transcanadienne 2023 : de Jasper à Kamloops

Chers amies et amis "followers" de la Transcanadienne. Merci à celles et ceux qui ont répondu au message précédent.  Cette semaine écoulée, en 7 jours j'ai parcouru un peu plus de 450 km essentiellement en suivant la rivière Thompson Nord.

Voici quelques anecdotes, récits d'accueil et rencontres insolites

Le dernier jour avant d'atteindre Jasper, j'avais effectué une randonnée de plusieurs heures autour de cinq lacs dans lesquels se reflétaient les couleurs jaunes des feuillus en automnisation ainsi que le vert des conifères qui ne perdent pas leurs aiguilles. J'avais laissé mon vélo attaché au panneau d'orientation au parking. Quelle surprise en découvrant une banane et une pomme en plus des bagages du vélo !  Et une bouteille d'eau au porte bidons avec un petit mot en anglais traduit ainsi : « le meilleur bonjour d'amis néerlandais ». Ne venez plus me dire que les Bataves sont radins. Ceux dont j'ignore l'identité et qui m’ont ravitaillé, ne le sont pas !

 

Une banane reçue pour la faim et une pomme pour la soif 

« Bon voyage à vélo » … de la part d’amis Néerlandais 

 

Petite ajoute : des traces fraîches … au bord du cinquième lac, j’aurais pu rencontrer un ours !

Ce n’est pas une blague ! 

 

Voici à présent des anecdotes concernant les nuits où j'ai passé la nuit.  Il y a tout d'abord ce chalet derrière lequel j'ai monté la tente sous une pluie commençante.  Ce n'est que le lendemain que j’ai vu que le vieux bus à deux pas de là, datant des années 1960, n'était pas fermé à clef.  Ce n'est que le matin que j'ai poussé la porte.  Dommage, il aurait fait un refuge de plus à ajouter à une liste déjà longue d'endroits insolites ou j'ai déjà passé la nuit en bivouac ... dont une baignoire dans un immeuble en construction ... mais c'était en 1970 ... il y a longtemps !

 

Ce vieux bus aurait pu être un bel abri si j’avais poussé la porte non fermée ! 

 

Deux belles nuits passées chez des fermiers.

 

La première, après avoir demandé un p'tit carré de prairie dans une ferme qui pratiquait également des cours d'équitation, je reçu une réponse un peu inattendue : la propriétaire contactée par GSM par sa fille me demandait 30 dollars (25 euros) pour une nuit sans douche et éventuellement une toilette !  J'avais payé 24 dollars à Jasper pour du confort.  Je quittais donc cette famille en exprimant mon étonnement et même mon mécontentement.

 

Mais à la ferme voisine, je fus accueilli chaleureusement par Lorenzo, d'origine italienne, venu reprendre une ferme dans ce Canada au climat rude l'hiver et sec l'été ... avec cette année des km2 de perdus par les feux à ne plus finir.  La maison de la ferme est construite en bois et date de 1903 : 120 ans d'âge. Je demandai au fermier de pouvoir dormir dans le foin entre le tracteur et les balles de réserve pour l'hiver. Je n'étais pas loin de la réserve de granulés où les cochons et les ânes venaient se servir comme dans un « self-service ».  En plus un gentil chien (un border collie) venait me tenir compagnie pendant que je me cuisais des pâtes ... comme chaque soir.  La nuit fut très douce même sans la tente.

Une ferme accueillante … pour une nuit dans le foin 

 

Au petit matin, Lorenzo est venu me demander si j'avais besoin de quelque chose ... Je répondai par l'affirmative car je n'avais trouvé aucun pain dans les rares magasins attenant à des stations-services ... une tous les 65 km ! Quelle surprise : outre le pain, du fromage, du saucisson et du café !  « Molto grazie amico Lorenzo »!

 

Lorenzo m’offre le petit déjeuner … accompagné de son gentil Border Collie

 

Le lendemain, je retente l'expérience. Les deux fermiers sont très occupés à emballoter l'herbe fraîchement coupée ... la dernière avant l'hiver.  D'abord hésitant, l'un d'eux est venu vers moi et a dit oui ... vraisemblablement en voyant mon âge. C'est comme en Afrique, être âgé c'est un avantage !  Avis aux amateurs !

 

Ceci dit je vous termine ce message depuis un camping à Kamloops. Demain je reprends la route après un jour de repos. Ici, il n'y a que 2 tentes semblables à la mienne qui semblent minuscules à côté de ces motorhomes surdimensionnés avec « dining-room, sleeping-room et bath-room … et en plus parfois un abri pour le chien ! » et souvent une remorque avec une voiture ... au cas où le mastodonte n'entrerait pas quelque part ... notamment dans les villes à visiter !

 

Je joins une photo de la vallée de la Thompson avec d'un côté la terre dévastée par le feu et de l'autre la nature qui essaye de revivre.

 

Comme le disait le chanteur Joe Dassin de nos 20 ans, c'est maintenant l'été indien avec ses belles couleurs surtout celles des érables.

J'espère que ces nouvelles vous aurons plu. Un dernier message sera envoyé depuis Vancouver ... terme de cette Transcanadienne. Bises. Léon

 

 

Ajoute de photos … je continue puisque dans vos réponses, vous me dites que vous les apprécier !

Un gentil petit animal flaire le vélo de la Transcanadienne 

Mon invité s’intéresse au cadenas du vélo … mais quel est le code ? 

Une photo qui pose question : ce train canadien - composé de 200 wagons (excusez du peu) – chargés de charbon destiné au Japon.  Calculez le cout pour que ce minerais qui a fait longtemps la richesse et la pollution de notre pays, traverse terres et mers sur des milliers de km : et les accords de Paris dans tout ça ?

 

Photo prise en quittant Mount Robson

samedi 30 septembre 2023

M03 Transcanadienne 2023 : du lac Louise à Jasper dans les Rocky Mountains

Chères amies et amis de la Transcanadienne,

Merci pour vos messages reçus à la suite du message M02.  Veuillez m'excuser pour la présentation de celui-ci... je suis dans une bibliothèque à Jasper avec un clavier Qwerty ... difficile pour les accents !  Chaque fois que je veux taper un « A », c’est une « QU » qui sort !

De belles rencontres de jour en jour

Samedi 23 septembre 2023

Après avoir bénéficié d'une journée sans nuages au Lake Louise, la pluie fait son apparition au moment du départ vers le nord, vers Jasper.  En fin d'après-midi, j'arrive dans un camping ouvert.  Dans le chalet central, un feu a été allumé.  Avec Chris, un cyclotouriste étatsunien, nous passons la nuit auprès du feu après avoir échangé une banane contre un peu de bière ... étatsunienne.

Une belle nuit de repos auprès du feu … dans un camping « ouvert »

Première crevaison sur la bande des « pneus crevés », secoué à chaque passage de camion(s) !

Dimanche 24 septembre 2023

A Saskatchewan Crossing, après avoir descendu le « Col Bow » (ne pas confondre avec Cow-Boy) dont j'ai gravi facilement les côtes pour arriver à un peu plus de 2.000 mètres, je me régale de morceaux de poulet à la sauce d'érable typiquement canadienne. La nuit je la passe dans un petit bois derrière le restaurant. Sans problème ni fâcheuse rencontre !

Col Bow 2.069 mètres – dans le fond, les Rocheuses enneigées

Lundi 25 septembre 2023

Ce fut la journée la plus pénible avec un col interminable au cours duquel j'ai dû pousser mon vélo. Au sommet de ce col de plus de 2.000 mètres également, qui n'en termine jamais, je passe la nuit en surplomb de la route.  Moments d'angoisse surtout entre 2h et 4h, lorsqu'il n'y a plus aucun véhicule pour éloigner les "indésirables" (ours, etc.) ; je sursaute à chaque petit bruit suspect... en fait c'est la pluie qui s'écoule de la tente !

Col permettant d’arriver à la « promenade des champs de glace »

Une nuit au sommet du col … sous la pluie mais sans ours !

Mardi 26 septembre 2023

La pluie s'arrête au petit matin quand j'entreprends la descente du col vers les glaciers qui attirent des milliers de touristes.  Peu de temps avant d'y arriver, je croise un Néo-Zélandais qui, d'Alaska se dirige vers Ushuaia au fin fond de l'Argentine (en 2019, j'en ai fait une partie à vélo en Patagonie dont la célèbre Carretera Austral, allez voir sur ce site www.goffinets.be/kapsud ).  Au moment de quitter le centre d'information sur les visites ... qui attire des centaines de personnes que des bus conduisent vers les points de vue du site, je rencontre un cyclo-randonneur belge qui reconnait le pays d'où je viens : le "11 11 11 CNCD" du gilet jaune qui me protège ainsi que le drapeau belge que j'arbore a l'arrière du vélo.  François lui aussi est parti d'Alaska en juillet et compte arriver a Ushuaïa en l'espace d'une année ... ou peut-être deux ??

Un cyclo-randonneur Néo-Zélandais en route vers Ushuaïa qui m’annonce une bonne nouvelle : une très longue descente … après le col que je viens de gravir !

Rencontre de François de Bruxelles avec en arrière-plan le glacier « Athabasca » lequel recule chaque année de dizaines de mètres, sous l’influence du réchauffement climatique.

No comments !

Mardi 26 au soir, pour la nuit, je passe outre de la barrière d'un camping fermé. Je suis repéré par mon gilet jaune fluo par un des deux canadiens qui ont déjà investi une place tout en haut de la colline, loin des bruits de la route : tentes (hamac pour l'un deux, feu de bois pour le réchauffement bien nécessaire …)  Pour la dure montée, Adam (c'est son prénom ... j'ignore si sa copine s'appelle Eve ?) m'aide à pousser le vélo.  Mais comme le gaillard est terriblement costaud, il va si vite que en fait, je ne puis le suivre et comme je m'accroche au vélo derrière, il me tire en plus des 50 kg du vélo !  Avant le coucher, les deux compères, remarquant je n'étais pas très au courant des dangers des rencontres avec les ours (et surtout des Grizzlis plus dangereux), ils me donnent un spray anti-ours.  Utilisation : si un ours s'approche trop de vous, un premier spray vers le sol dans sa direction, s'il insiste ... un nouveau coup vers ses yeux ... et là, il n'en peut ni n’en veux plus !

Spray anti-ours … faisant partie de tout randonneur averti !

Le lendemain, petit déjeuner avec une saucisse fumée typiquement canadienne.  En cadeau deux pièces pour me réchauffer la plante des pieds ... les deux amis (Adam et Joe) travaillent comme mécaniciens-vélo dans un grand magasin de vélos à Edmonton (province de l'Alberta).  Vous serez d'accord avec moi : que de belles rencontres et pour les jours à venir ... un spray a portée de main, y compris la nuit, pour éloigner les ours ... !

Avec les deux mécaniciens-vélo canadiens, Adam et Joe

Mercredi 27 septembre 2023

Fête de la Communauté française en Belgique, je croise un autre cyclo ... un Sud-Coréen qui va dans le même sens que les précédents (vers le Sud) et compte mettre deux ans pour arriver au bout de l'Argentine ... à croire que tous les cyclos longue distance venant d'Alaska passent par Jasper !  Ce Coréen finance son voyage en prenant des photos (professionnelles) qu'il vend à des revues spécialisées de randonnées vélos, etc.  Le lendemain, je croiserai un français prénommé Etienne de Nantes qui est parti en juillet pour la même aventure.

Rencontre d’un photographe coréen professionnel en route vers Ushuaïa

Jeudi 28 septembre 2023

Visite des très belles chutes de la rivière Athabasca ... tout aussi impressionnantes que celles de Sunwapta, visitées la veille.  L'après-midi avant Jasper, je me paie une longue randonnée autour de cinq lacs : les arbres feuillus aux couleurs jaune d'automne se reflètent avec le vert des sapins dans l'eau couleur turquoise de ces merveilleux plans d'eau ...

Un des cinq lacs situés un peu avant l’arrivée à Jasper

Autre vue d’un des cinq lacs

Idem

Un gentil petit écureuil est resté sur la branche le temps de le prendre en photo

Léon depuis Jasper, "refugié" au camping Wapiti ... du nom de ces animaux, pour lesquels en période d'accouplement, il vaut mieux se méfier ... des mâles uniquement ... tiens tiens !!

Wapiti femelle

Wapiti mâle … à la tête couronnée de défenses à éviter !

A plus dans quelques jours.  Léon à Jasper

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Ajoutes de photos de tant de beaux coins des Montagnes Rocheuses

Retour photographique aux lacs Louise, Miroir et Agnès

Lac Louise

Le Lac Louise et les Rocheuses enneigées

Le lac Miroir … comme son nom l’indique !

Les reflets magnifiques dans le lac Agnès (1)

Les reflets magnifiques dans le lac Agnès (2)

Un bel oiseau au lac Louise

Nuit passée – seul - dans le camping « fermé » de Jonas

Un moyen de se déplacer – un peu plus imposant que le mien - décoré avec de splendides images des Rocheuses

Chutes d’eau d’Athabasca

Chutes d’eau d’Athabasca

Chutes d’eau de Sunwapta

 

samedi 23 septembre 2023

M02 Transcanadienne 2023 : de Calgary au Lac Louise

Calgary : prêt pour le départ d'un périple de près de 1.400 km : samedi 16-09-2023

Vous avez été quelques-uns à répondre à mon premier message, ... Merci. Voici le second message

Arrivée à Calgary via Vancouver

Après un long voyage avec Canadian Airlines de Zaventem à Calgary avec deux escales, Montréal et Vancouver, je suis bien arrivé à Calgary, capitale de l'Alberta où se trouve la plus grande partie des Rocky Mountains (Montagnes Rocheuses en français).

À l'aéroport de Vancouver, comme je cherchais un endroit pour passer la nuit entre deux avions, un employé de l'aéroport m'a dit que je pouvais passer la nuit en attendant mon avion. J'ai trouvé un banc et j'ai pu fermer l'œil de temps en temps quand il n'était pas ouvert pour regarder passer la dame qui nettoyait le sol. J'ai été surpris de voir un employé de l'aéroport porter son (beau) signe distinctif de Sikh (originaire de l'Inde). Il est vrai qu'en Angleterre, il y a des policiers portant un turban Sikh ... pas sûr que cela soit possible à Orly!  On a l'ouverture que l'on veut bien !  Du hublot de l'avion me portant à Calgary, je puis déjà admirer les montagnes qui m'attendent.

Alors que durant le premier vol nous avions eu un excellent poulet au sirop d'érable (et oui on est au Canada), dans l'avion de Calgary, nous avons droit à deux malheureux petits biscuits comme petit déjeuner. Les compagnies non  « low cost » doivent bien sûr concurrencer Ryanair mais c'est quand même un peu fort! Je me console en pensant aux voyageurs de Ryanair qui n'ont rien à se mettre sous la dent et qui ne peuvent même pas se consoler avec le sourire de l'hôtesse de l'air qui a d'autres choses à faire (billets de loterie à vendre et autres cosmétiques) et qui n'a même pas le temps d'aller aux toilettes. Et oui ... on a les propriétaires de compagnies  « low cost » que l'on mérite ... et s'ils deviennent milliardaires ... c'est à cause ou … grâce à nous !

Premier accueil à Calgary

Pour ma première nuit au Canada, je suis accueilli par Don (c’est son prénom) qui accueille des cyclistes Warmshowers pour une nuit depuis une trentaine d'années.  Je plante ma tente dans son jardin sur une belle pelouse. Je bénéficie d'une température agréable ... en sachant que cela va changer dans les prochains jours. Don se soucie de savoir si j'ai eu l'occasion de manger.  Il m'avait bien indiqué par courriel où m'acheter deux bonbonnes de gaz (interdites bien sûr dans les bagages en avion) pour cuisiner.  Il m'en donne une en plus à moitié pleine … elle tiendra près de deux semaines !  Avant de se coucher il m'annonce par message qu'il doit aller à l'hôpital le lundi matin.  Au réveil, il a laissé la porte ouverte : accès à la toilette ... la veille j'avais bénéficié d'une bonne douche chaude.  Merci bien Don et bon rétablissement !

  La tente dans le jardin de Don

De belles rencontres pour le second jour de la première étape

Le dimanche matin, je cherche la route 1A renseignée par Don, route alternative à la nouvelle autoroute N°1.  Je m'adresse à une jeune fille devant une église baptiste (Martin Luther King, le grand militant étatsunien pour les Droits Civiques et pour la Paix était pasteur de cette église). Elle va demander à un adulte qui vient me renseigner.

Produits bio et manque d’eau

Vers midi, je vois un marché de producteurs bio à droite de la route. J'en profite pour me sustenter un peu avec des produits locaux.

Un peu plus tard à court d'eau, je me dirige vers une ferme assez éloignée de la route, laissant mon vélo cadenassé au portillon fermé lui-même avec un cadenas. Un homme me reçoit gentiment et me remplit mes bouteilles.  Non loin de la ferme, un antique charriot âgé d’une centaine d’années, rappelle des épopées lointaines que j’évoquerais un peu plus loin.

Un chariot typique semblable à ceux du temps des pionniers

Une chouette rencontre en arrivant à une aire de camping

C'est au moment où je déchiffre les indications pour choisir un emplacement pour ma tente à côté des mobil-homes qu'arrive une cyclo-randonneuse cherchant aussi un endroit pour camper.  Sue (c'est son prénom ... raccourci de Sueli, ma seconde fille) effectue un tour de plusieurs jours profitant de ses congés (Sue « is a nurse » ... d'environ 35/40 ans ... je ne lui ai pas demandé … plus loin, elle manifestera son étonnement sur cette tranche d’âge que je lui ai attribuée, ne précisant toujours pas si c’est plus ou moins ?).  Nous décidons de planter nos tentes à un endroit. S'en suit un échange sur nos façons de voyager. Via mon site de voyage que mon ami Luc du Gracq de Namur met gentiment à jour (depuis 2009), Sue prend connaissance de mes voyages passés.  Les jours suivants, nous communiquons via WhatsApp: j'ai rarement vu quelqu'un s'intéresser de cette manière aux films que les frères de Ville ont montés à partir de mes images de voyages.

 

Sue de Edmonton en Alberta avec un vélo peu chargé mais à la selle piquant du nez !

Le lendemain, je repars avant Sue.  Elle me rattrape bien vite avec un VTT chargé de très peu de bagages (à côté des miens qui totalisent 30 kg aux balances des aéroports). Elle me demande de rectifier une selle piquant assez fort du nez ... ce qui doit être assez inconfortable !  En moins de deux, la selle est redressée.  Sue réenfourche son vélo, hyper contente, non sans nous fixer un rendez-vous sur la route (encore longue) de Jasper. Plus tard elle décide de faire d'abord une boucle vers le Sud … et au Camping de Jasper nous nous loupons de 24 heures !

Histoire d'ours et de trains

À propos des nuits passées en camping dans la nature - en anglais wildcamping - qui sonne mieux que "camping sauvage" qui n'a rien de sauvage et que je pratique depuis 2,3,4 - voir plus - décennies.  Tout a toujours bien été ... sauf qu'ici dans ce beau pays, il y a des ours, surtout intéressés par notre nourriture à nous humains, en préparation à une longue hibernation de 4 mois !

Si bien que pour passer les trois nuits suivantes, j'ai dressé  ma tente, à l'abri du regard entre l'autoroute et la ligne de chemin de fer ... en croyant et en espérant que les ours candidats à s'approcher de moi soient suffisamment effrayés par les bruits des voitures et des trains.  Plus loin un cyclo-randonneur me dira que la simple sonnette du vélo les dérange et les éloigne … ouf !

Des trains au Canada, vous les regardez passer aux passages à niveau pendant de très longues minutes. En effet ces trains, à l'image de ce très grand pays qu'est le Canada, sont équipés de 4 locomotives (deux devant pour tirer, une ou deux au milieu et une pour pousser les 200 wagons de marchandises) ... Je ne les ai compté qu'une fois !  Une autre fois, à Kamloops, j’étais sur un pont au moment où un train – interminable lui aussi – était composé de wagons chargés de minerais d’apparence noire.  Un cycliste rencontré à ce moment me confirma qu’il s’agit bien de charbon … dont une bonne partie est exporté aujourd’hui encore et depuis des années, au Japon … en manque de sources d’énergie … bien loin des objectifs tant importants de Kyoto, de Paris, etc.

Le train « Canadian Pacific » - traversée des Rocheuses aux cimes enneigées

Les nuits sont assez froides. Le matin la toile de la tente est givrée et mes  bouteilles d'eau gelées. Donc comme d'habitude pas de toilette ... mais comme je suis seul ... (no comments !)  Je termine ce message en espérant qu'il vous a plu et que vous avez appris quelque chose sur le Canada. Dans le prochain, je vous raconterai mes merveilleuses découvertes des lacs que j'ai visités aujourd'hui et qui portent des prénoms bien connus dans mon entourage : Louise et Agnès...

Léon au Canada au Lake Louise.

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Ajoute importante sur l’historique du Canada

(aussi valable pour les USA, l’Amérique « dite Latine », l’Australie, etc.)

Quand j’étais gamin, vers 1960, à Andoy dans le grenier de la maison, je me revois encore avec mon cousin Fernand, jouer à « Cow-boys / Indiens ou Indigènes ».  A l’image des séries télévisées de l’époque et des Western produits avec des millions de dollars aux USA, nous voulions chacun être du côté des plus forts … nous voulions être « les premiers » … et « l’indien, l’indigène » était toujours le vaincu !

Or dans nos cours d’histoire de l’école de l’époque de notre enfance et adolescence, on nous enseignait – erronément – que l’Amérique (dite par après « Latine ») avait été découverte par un certain Christophe Colomb et que le Canada (puisque c’est là où je veux en venir) avait été découvert en 1604 par Pierre de Monts et Samuel de Champlain, du côté français, Henri Hudson en 1610 (lequel a donné son nom à la baie) pour les Anglais !!!!  Erreur sur toute la ligne.  Récemment des chercheurs canadiens ont soutenu la thèse que cette partie du continent Nord-Américain a été occupé par des êtres humains depuis plus de 20.000 ans (à titre de comparaison, Abraham de la bible, cela fait tout au plus environ 4.000 ans) !  C’est dire que ces humains habitant des régions à l’instar des peuples Aztèques au Mexique, Quechuas, Incas en Equateur et au Pérou, Aymaras en Bolivie, etc.(voir sur le site de mes voyages le film réalisé sur la « Transandine 2009 ») … étaient bien « les premiers ».  C’est la raison pour laquelle les anthropologues – par respect de l’histoire telle qu’elle s’est vraiment passée et aussi par respect de ces personnes humaines – les appellent « Peuples Premiers » ou « First Nations » ou encore « Indigenous People » en anglais, quoique le terme « Indigène » peut être péjoratif.  Mais là c’est à chacun.e qu’il revient de rectifier son jugement s’il est erroné !

En observant la multiethnicité des humains croisés dans les régions du Canada que j’ai traversées, j’ai pu retrouver dans les visages de ces personnes, ce mélange d’origines « pré-conquistadores » auxquelles sont venus s’ajouter bien d’autres migrants venant d’Europe mais aussi de Chine, du Japon, etc. au 19ème siècle et tout au long du vingtième.  A Vancouver, un quartier entier est appelé « Chinois » avec des restaurants par dizaines.  Car si les migrants des pays asiatiques se sont mariés uniquement avec des personnes de leur pays d’origine, il y a eu bien sur des mélanges – à l’instar du Brésil par exemple – entre les « Peuples Premiers » et les arrivants d’origine européenne.

Mais ce dont je voudrais attirer l’attention dans cette longue histoire (depuis le XVIème siècle) de relations entre les « Peuples Premiers » et les conquérants de la première heure (plutôt des premiers siècles de la conquête de l’Ouest comme aux USA), ce sont surtout les Peuples Premiers qui ont payé de leur(s) vie(s), de leur culture bafouée sans retenue, de la perte de leur identité.  Je pense ne pas me tromper en disant que, à l’instar de l’Amérique dite Latine, des génocides soit locaux soit plus conséquents comme en Amérique du Sud (où l’on parle de 5 millions d’êtres humains victimes des conquistadores – espagnols est-il nécessaire de le rappeler ( ?) au XVIème siècle) ont été perpétrés dans les régions petit à petit conquises par des chercheurs d’or et d’autres minéraux, de fourrures, de terres cultivables … ou d’intérêts immobiliers au XXème siècle … !

Histoire des camps d’internement au Canada entre 1914 et 1918 et 1940-1945

Visite d’un site mémoriel retraçant les souffrances d’êtres humains dans des conditions climatiques épouvantables.

Site mémoriel à côté de la route Banff-Laggan (ancien nom de Lake Louise)

Un épisode pas très glorieux de ce pays se voulant – comme beaucoup d’autres – défenseur de la liberté et des Droits Humains, épisode gardé secret jusqu’il y a peu.

Durant la première guerre mondiale, alors que le Canada – rejoint par les USA – était entré dans le conflit aux côtés de la France, de la Belgique, du Royaume Uni, il y avait sur son sol des personnes venues travailler dans les années précédant le conflit aux grands chantiers dont ceux des lignes de chemin de fer mais venant des pays « ennemis » : Allemagne, Autriche, Bulgarie, etc.  Craignant ces personnes – qui n’avaient nullement choisi leur camp – les autorités canadiennes décidèrent de les interner dans des camps de travail (routes, voies de chemin de fer), notamment dans cette région réputée très froide en hiver qu’est la région des Montagnes Rocheuses.  Un épisode pas très glorieux du Canada, que le même pays opéra de nouveau lors du conflit 1940-1945, à l’encontre des Japonais … des êtres humains qui étaient descendants – et qui n’avaient pas demandé l’être non plus – depuis 2 ou 3 générations, des migrants venus du pays du soleil levant.

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D’autres photos prises entre Calgary et Lake Louise

Le bus scolaire recopié par Fischer Price lorsque nos enfants étaient enfants.

Premier lever du soleil en cette terre de conifères

Reflets dans le bleu de la rivière Bow

A l’entrée du Canyon de Johnston

Chute d’eau dans le Canyon Johnston

Le feu est passé par là … mais la nature veut revivre

En vue : les Rocheuses

piège pour animaux à 4 pattes : passage interdit également aux humains … sauf s’ils veulent « trépasser » !

Premières couleurs d’automne dans les Montagnes Rocheuses

 

 

mardi 12 septembre 2023

M01 Transcanadienne 2023 : à 3 jours du grand départ

Chers amies et amis de la Transcanadienne,

Vous avez été un peu plus de 80 à répondre positivement à ma proposition de vous envoyer des nouvelles de la Transcanadienne que je projette de réaliser du 15 septembre au 20 octobre prochain ... sur 300 invitations, c'est pas mal !

Incertitudes avant le grand départ - le 11 septembre, date qui restera en mémoire

L'extension et la persistance des feux de forêts au Canada, ne me rassure nullement au moment de m'envoler vers ce pays que je visite pour la première fois.  Grâce à Radio Canada, je suis journellement l'évolution des feux heureusement à la baisse dans les régions que je souhaiterais traverser.  Au besoin, un changement d'itinéraire s'avèrera indispensable ... "wait ans see !"

C'est toutefois le coeur et l'esprit en paix que je pars après un  dernier adieu ce lundi 11 septembre à ma sœur Aline, décédée ce 6 septembre après une longue souffrance de 3 mois mais aussi entourée admirablement par son mari Jacques et la famille proche, ses enfants et petits-enfants.

Un 11 septembre qui restera présent dans ma mémoire comme la date du 11 septembre 1973, le jour où la junte de Pinochet au Chili, aidée par la CIA américaine, a mis fin au projet de Salvador Allende, lequel annonçait justice et plus de démocratie, en priorité pour les moins nantis.  Et aussi le 11 septembre 2001 où le monde a basculé et entrainé un chamboulement mondial qui n'est pas prêt de s'arrêter.

Incertitude et inquiétude également pour de nombreuses personnes en Belgique, ayant des proches dans les régions sinistrées au Maroc, suite au terrible tremblement de terre d'il y a deux jours. 

Des propositions d'accueil sur "Warmshowers.org"

Ce site me permet - en tant que membre disposé à accueillir chez moi des cyclo-randonneurs/randonneuses longue distance -  de préparer ce voyage sereinement.  Pour ce qui est du dernier jour, le 19 octobre 2023, avant de prendre à Vancouver l'avion de retour, Lise et Patrick ont promis de m'accueillir pour la dernière nuit en terre canadienne.

Pour ce qui est du premier jour d'arrivée à Calgary, ce samedi 16, en partance pour les Montagnes Rocheuses, je n'ai pas encore - à ce jour - trouvé de lieu d'accueil. Toutefois Kelly de Calgary, le 6 septembre, m'a donné quelques informations importantes : 

" Tu peux trouver l’équipement dont tu as besoin (bonbonnes pour camping-gaz, interdites en avion) à la coopérative d’équipement de montagne.  Je te conseille de prendre la route numéro 1A qui est une ancienne route moins fréquentée que la nouvelle et par laquelle tu découvriras de splendides paysages.  Prévois aussi un spray (et du poivre) pour écarter les ours - à oui, j'allais oublier que je pouvais faire de surprenantes voir mauvaises rencontres ...! - La ville de Calgary est actuellement marquée par l’arrivée de nombreux réfugiés ukrainiens, par les « réfugiés » canadiens, éloignés des villes menacées par les feux et par des étudiants cherchant un hébergement.  Si je n’avais pas un voyage en vue le 20 septembre, c’eut été un plaisir de t’accompagner vers les Montagnes Rocheuses."

Et moi aussi ... quoique l'expérience de mes 15 voyages précédents me conforte dans l'idée de voyager seul ... bien sur, seul avec moi-même ... mais avec les problèmes limités à une seule personne.  Par ailleurs, voyager seul  facilite et favorise la rencontre d'autres personnes sur le(s) chemin(s) et de bénéficier vraiment du voyage.

Le coeur remis à l'endroit ... je peux partir ...

Après une courte hospitalisation d'un jour et demi, le jeudi 7 à St-Luc (Bouge), grâce au Dr Sprimont, cardiologue et à son équipe, mon coeur est reparti à l'endroit ... tout en restant bien à gauche !  Il m'a souhaité un bon voyage "dans les Rocheuses".

Le vélo et les bagages sont prêts

Photo prise le 26 août 2023, jour de mon anniversaire ... trois pneus, c'est mieux que deux !

Lorsque vous recevrez le deuxième message de la Transcanadienne, je serai déjà en route vers et dans les Rocheuses depuis quelques jours.  Normalement dans cette région, il devrait y avoir moins de feux en activité.  Je crains toutefois les fumées et ce serait dommage de ne pas pouvoir admirer la beauté des lacs et montagnes que connait cette région.

A bientôt.    Léon, le transcanadien 

mercredi 16 août 2023

M06 Transpyrénéenne 2022 : de St-Gaudens à FLT - tout a une (bonne) fin - du 7 au 19 juin 2022 !

" On n'abandonne jamais un travail qu'on a commencé "

Eugène Christophe, 1913, Sainte-Marie de Campan

Du temps du coureur Eugène Christophe, il y avait sans doute déjà des drogues mais pour ce courageux, il n'y en a qu'une !

Chers amies et amis de la Transpyrénéenne,

Pour celles et ceux qui ne savent pas ce que FLT signifie, c'est simple : c'est Faulx-les-Tombes où je réside (quand je suis en Belgique).  Tout a une fin et cette Pyrénéenne qui se termine, se termine bien en fait.  Pas d'accident, pas de problème de santé (mon coeur va - encore - très bien) et pas de problèmes techniques (crevaison, roue voilée, etc.)

Rencontres et souvenirs divers

Un Argentin craignant l'orage

Pour ces rencontres, l'avantage de parler plusieurs langues me permet de communiquer avec la plupart des cyclo-randonneurs.  C'est ainsi que, alors que j'étais dans la descente du col d'Aspin, je croise un cyclo-randonneur, hispanophone résidant en Espagne mais Argentin d'origine me demande s'il pourra atteindre le sommet du col avant l'orage ? Moi, j'ai eu la chance de rencontrer le fermier et sa "bétaillère" (cfr. message précédent)... j'espère pour lui qu'il a pu se mettre à l'abri des bourrasques de vent et des trombes d'eau qui sont mainte fois les caractéristiques des orages en (haute) montagne.

Le souvenir d'Eugène Christophe

En arrivant à Sainte-Marie-de-Campan, le souvenir d'Eugène Christophe est bien visible sur un monument commémoratif dans ce petit village.  Rappelons-nous qu'en 1913, l'infortuné coureur cassa sa fourche à 10 km de ce village où il y avait un forgeron, nommé Joseph Bayle pour être précis.  Selon les règlements très stricts de l'époque, le coureur pouvait réparer mais sans aide aucune du forgeron.  Il réussit à repartir mais perdit le Tour de France vu le retard accumulé, alors qu'il était passé en tête du col du Tourmalet lors de la très longue étape Bayonne-Luchon, longue - excusez du peu - de 326 km !  Toutefois, il a laissé dans ses mémoires une maxime qui peut encore 100 ans après, nous aider à toujours choisir d'affronter l'adversité envers et contre tout : "On n'abandonne jamais un travail qu'on a commencé".  Il est vrai que maintenant les règlements de ce fameux Tour de France ont bien changé.  Si un coureur a la moindre petite poussière qui "ennuie" son dérailleur, dans les 10 secondes qui suivent, un mécano lui glisse un nouveau vélo sous le postérieur... avec en plus une belle "poussette" - permise tiens, tiens - au même endroit !  De plus avec la technologie moderne et les oreillettes, les coureurs sont avertis des moindres faits et gestes des concurrents.  Et comme ils sont payés parfois par des marques qui sentent même le pétrole (Émirats Arabes), ce ne sont plus les concurrents qui décident du déroulement de la course mais les intérêts (business is always business !) de ces sponsors dont les représentants - qui ne sont peut-être jamais monté sur un vélo et par conséquent n'ont jamais "suquelé" dans la montée d'un col - sont sans aucun doute bien assis dans leurs fauteuils en train de suivre l'évènement à la télé...!  Un siècle auparavant, c'était un brave forgeron qui encourageait le coureur - seulement en le regardant - lequel n'avait peut-être jamais manipulé une pince de forge (il était toutefois serrurier) !

Petite ajoute sur la stupidité - passée et actuelle - de certains règlements

Dans l'histoire du coureur malchanceux, celui-ci écopa malgré tout d'une pénalité de 10 minutes alors qu'il avait réparé sa fourche sans l'aide du forgeron mais les juges de l'époque avaient bien noté que le fils du forgeron avait actionné le soufflet de la forge.  Cela me donne l'occasion de rapprocher ce fait, d'histoires (vraies) qui datent du "dernier" confinement... qui comme chacun sait ne date pas de Mathusalem.  En avril 2020, alors que les citoyens français ne pouvaient se déplacer à pied chaque jour de plus d'un kilomètre autour de leur domicile (sauf pour ceux qui avaient l'autorisation écrite pour aller travailler), il nous a été rapporté que certaines personnes ont dû payer une amende salée pour avoir parcouru 200 mètres (pas kilomètres) de trop.  De même notre coureur belge Philippe Gilbert écopa lui aussi d'une amende parce que - à l'entrainement, à Monaco (tiens oui, c'est la France !) - il avait parcouru 40 km (quarante vous lisez bien... pas 400 !) ... soit 3 fois de trop selon le - stupide faut-il le dire - règlement... ! Incroyable dans un pays appelé France... Jean Ferrat aurait bien fustigé cela dans sa célèbre chanson "Ma France" censurée sur les ondes en 1968 !

Un soirée partagée dans un camping avec deux Bruxellois sympas

Vendredi 10 juin, je me "paie" quand même un camping pour communiquer facilement avec mon petit cousin Pierre, le fils de l'infortuné Hubert, qui vient à ma rencontre pour l'ascension du dernier col de la Transpyrénéenne.  Il est presque nuit lorsque les deux campeurs m'invitent à prendre un verre auprès de leur motor-home.  Nous échangeons nos souvenirs et rencontres le long des routes de nos voyages.  Il en est qui comme moi voyagent avec presque leur maison sur leur monture... il en est qui n'ont que très peu de bagages, parfois à peine un sac de couchage sans tente.  Comme cette jeune allemande parcourant à pied le très bel intinéraire allant de Biarritz à Toulouse, appelé "la vélo-route de la Garonne"; cette jeune randonneuse avait sur elle un sac de la grosseur d'un sac d'écolier.  Je l'ai vu sortir d'un cimetière... où - comme moi - elle allait remplir sa gourde.  Elle a sans doute dû traverser plusieurs villages avant de trouver une boulangerie ouverte !

Le dernier col : le col de Port

Samedi 11 juin, 9h55, comme ils l'avaient prévu, Pierre et ses deux fils, Nicolas et Mattéo, arrivent à vélo au camping "le Puech" de Massat en Ariège.  Pour alléger ma monture, une partie des bagages est répartie entre les trois cyclos.  Vient la montée du dernier col de la Transpyrénéenne qui ne nous fera pas trop transpirer car le pourcentage n'est que de 5 à 6% et car la route est souvent ombragée.  Photo-souvenir au sommet du col; puis les deux jeunes Nicolas et Matéo s'en vont dans la descente rapide (c'est ce qu'ils préfèrent) ... le papa leur ayant recommandé de lancer la cuisson des saucisses pour le repas de midi.   Précisons que pour l'apéro, Nicolas avait déniché au bord de la route une grande bouteille (pleine) de bière belge des Ardennes... !  Saurat est en vue ; ce petit village ariégeois m'accueille pour quatre nuits récupératrices !

Avec Nicolas, Pierrot et Mattéo arrivés au col de Port 1.249 mètres - samedi 11 juin 2022

Le marché du village à Saurat

Dimanche 12 juin au matin, c'est le marché comme chaque dimanche.  J'accompagne Pierrot qui vend son miel, fruit de son travail (il a des centaines de ruches qu'il change de place selon les saisons : miel des fleurs de printemps, des fleurs de montagne d'été, des rhododendrons, du tilleul, de la bruyère, etc.)  Pierrot connaît pas mal de monde dans le village et écoule aisément son miel.  Celui de 2020 est déjà considéré comme "périmé" et donc invendable par les très spécialistes français de l'équivalent de l'AFSCA belge (Agence Fédérale pour la Sécurité de la Chaîne Alimentaire).  Mais quelle stupidité, le miel se bonifie comme le Porto.  Pierrot me dit que le miel trouvé en Egypte datant du temps des pyramides est un des meilleurs que l'on puisse trouver ! Décidément "Ma France !!"... surenchérirait Jean Ferrat !

Sur la place du village, un jeu de piste parents-enfants est organisé sur le thème de l'alimentation, qui consiste à retrouver les différents ingrédients du chaudron magique caché dans les platanes.

Pierrot me présente le maire du village.  Je lui dis que Saurat est le village natal d'une de nos tantes : Alice Feraille-Jauze, d'origine française, qui habita longtemps à Haltinne et qui a vécu jusqu'au début de sa centième année en 2017.

Les diverses tâches d'un producteur de miel

Lundi 13 juin 2022, j'accompagne Pierrot dans ses diverses tâches ; un producteur de miel de mars à novembre a des journées bien remplies.  Aujourd'hui, avec sa compagne, il extrait d'abord le miel récolté ce printemps ; ensuite, il lance l'appareil qui remplit les pots avec un dosage au gramme près.  Hier soir, il y a eu un orage mais comme le temps est redevenu beau, nous partons dans la montagne, mettre les "hausses" aux ruches pour que les abeilles puissent les remplir du fruit de leur travail.  Car par ces temps d'été précoce, cela bourdonne à qui mieux mieux !  Dans les montagnes proches d'Andorre et de l'Espagne, les abeilles buttinent les fleurs de Rhododendron... et le miel est très apprécié par les acheteurs.  Nous partons avec un camion chargé de 140 hausses que Pierrot ajoutera à la plupart des 144 ruches disposées dans 3 zones haut perchées de la montagne.

Pique-nique en montagne

Lundi 13 juin 19h, la famille Leman m'invite à gravir un montagne toute proche en haut de laquelle subsistent les ruines du château de Calamès.  Il y a deux ans, un industriel voulait raser la moitié de cette montagne pour en faire des matériaux pour les routes et la construction.  Un comité local se constitua et empêcha le projet de se réaliser; ils gagnèrent surtout que cette montagne est en zone "Natura 2000"... l'engagement citoyen peut mettre "halte là" à des appétits de businessmen si peu respectueux de la "Terre" !

Au sommet, nous arrivons avant le coucher du soleil.  Nous pique-niquons non loin des ruines du château qui appartenait au 13ème siècle au Comté de Foix et qui fut délaissé dès le 14ème siècle suite à un conflit avec les Royaume de France et d'Aragon.  Comment a-t-on pu amener tant de pierres pour construire cet édifice de défense ?  Réponse de Pierre : "ils avaient des esclaves à l'époque !" Quand nous redescendons, il fait déjà nuit.  Demain, l'école et le travail attendent mes hôtes.

Du haut de la montagne, vue plongeante sur la vallée du Saurat et dans le fond sur Tarascon-sur-Ariège

La grotte de Bédeilhac

Pour visiter cette grotte située à 3 km de Saurat, il est recommandé de se vêtir d'un polar vu que la température est de 12 degrés dans cette grotte.  Les contemporains de l'homme de Cro-Magnon, alors qu'ils étaient nomades ont laissé des traces : des peintures d'animaux (bison, cheval) et même l'empreinte de leur main.

Le retour via Toulouse, Paris, Maubeuge et le RAVeL longeant la Sambre

Pour aller chercher le train de retour, il me reste deux jours à pédaler sur un terrain moins pentu dont une partie le long du canal du midi.

Quelques belles images de la Transpyrénéenne

Un rapace dans un ciel bleu

Rencontre en début d'escalade dans la montagne proche de l'Espagne : l'Isart, emblème des Pyrénées

 

Futur grimpeur du Tourmalet ?    Un "vrai béret basque"... selon le porteur !

Paysage montagnard

Coucher de soleil non pas andin mais pyrénéen

 

M05 Transpyrénéenne 2022 : d’Eysus à St-Gaudens - 6 cols pyrénéens en six jours du 30 mai au 07 juin 2022 !

Merci à celles et ceux d'entre vous qui ont répondu à mon message précédent et qui m'ont encouragé de la sorte à l'approche de la partie la plus pentue de la Transpyrénéenne.

Six cols Pyrénéens en six jours !

Mardi 31 mai 2022. Rencontre imprévue à Ferrières

Avant d'entamer l'ascension du Soulor, je passe une nuit tranquille dans ma tente montée sur la place du village où la Municipalité a installé des toilettes à l'attention des touristes. Un villageois m'informe qu'il y a 50 ans il y avait une dizaine de bistrots et trois magasins dans ce village où l'on a extrait un minerai de fer de qualité durant des décennies. Aujourd'hui c'est le désert (cfr. message précèdent).

Le matin, alors que je suis en train de m'habiller, j'entends quelqu'un m'appeler par mon prénom. C'est Jean-Claude, un cyclo-randonneur avec qui j'avais pris le bateau pour traverser la Gironde avant d'arriver à Bordeaux. Il habite ce village et ce matin, il monte le Soulor... il arrivera au sommet bien avant moi car il n'a pas de bagages !

La montée de ce col se passe bien. A ma grande surprise, je monte l'entièreté du col en restant sur le vélo. Bien sûr de temps en temps, je m'arrête pour souffler un peu, boire et manger quelques noix de cajou. Au sommet, après un temps de "pédale" d'un peu plus de trois heures, à une moyenne de 4,34 km/h., j'échange avec 4 motards venant de Belgique. Je leur fais part qu'Hubert d'une certaine façon, m'accompagne durant ce raid.

Le Tourmalet sans pousser le vélo

A Luz-st-Sauveur, il me reste 19 km à escalader un des cols les plus difficiles du Tour de France (au programme depuis 1910). Je choisi de couper la poire en deux : 13 km pour une après-midi (jeudi 2 juin) et les 6 derniers km les plus durs pour le jour suivant. À 16h, je repère un endroit plat pour dresser la tente. Un peu en surplomb de la route, je vois de temps en temps, une voiture qui s'arrête : madame en sort, prend vite deux photos du paysage (qui faut-il le dire est exceptionnel à admirer...). 19 secondes se sont écoulées ; madame est rentrée dans la voiture et celle-ci redémarre... déjà ! Pour les seflies, cela met un peu plus de temps. Petite remarque : en ce qui concerne les selfies, à Lourdes, je n'ai jamais vu autant de gens prendre des selfies ("autoportraits" en français). J'ai l'impression qu'au total cela doit dépasser le nombre de chapelets récités par l'ensemble des pèlerins...! Mais revenons à nos moutons, en fait il s'agit plutôt de vaches... !

Une nuit au calme dans la montagne

A partir de 18h, la montagne retrouve totalement son calme : les touristes ont regagné leur hôtel ; les voitures et les motos se sont tues. L'on n'entend plus dans ce bel environnement que les murmures des cascades et les cloches des vaches. Mais quel bonheur. Celles-ci viennent manger l'herbe tendre à quelques mètres de la tente... après tout, elles sont chez elles ! La nuit, alors que la journée a été bien ensoleillée, un orage éclate. Dans la montagne, les bruits du tonnerre sont amplifiés mais heureusement cela ne dure pas des heures! Au petit matin, les rayons du soleil viennent déjà "caresser" les montagnes les plus hautes.

Arrivée au sommet du Tourmalet

Le jeudi 2 juin, levé très tôt, je monte les derniers 6 km, encouragés par les cyclos qui chevauchent leur vélo bien plus léger. Je croise un jeune qui s'arrête et qui me raconte son voyage en tandem : Maxime et Lise de Nantes (blog : TAND-E-MOTIONS) ont traversé la Chine et connaissent un couple de la Rochelle qui eux ont réussi la liaison Péking/ France et que j'avais rencontré en Ouzbékistan en 2013. Le monde des cyclos-voyageurs (tandem ou pas) est bien petit malgré l'importance des distances parcourues. La dernière partie du col (300 mètres) est à 15% mais je parviens à rester sur ma monture. Pour franchir la ligne du sommet, un couple du Valais suisse m’applaudit ! Et j'en suis fier... si vous aviez été là, je parie que vous auriez fait de même !

Une nuit d'orage un peu particulière dans l'Aspin.

Le jeudi 2 juin, alors que je me retrouve en peu de temps au bas du col du Tourmalet (la descente va toujours plus vite que la montée... parfois à plus de 50 km/h poussé par les 30 kg de bagages + 18 pour le vélo + 68 pour le pilote... qui en a perdu quelques-uns faut-il le dire), Je remonte facilement la vallée qui me conduit au pied du col d'Aspin. Comme pour le Tourmalet, je reste sur ma monture et dans le soleil, franchi la ligne du sommet. En descendant le col d'Aspin, un violent orage s'annonce. Je m'adresse à un fermier qui quitte son hangar. Il me propose de passer la nuit dans une bétaillère toute neuve. Je tiens à préciser que cette bétaillère était dans un état impeccable. Le comble, c'est que le constructeur a mis une notice : "seulement pour transport d'animaux vivants" ... ouf, je respire... ! L'orage ne tarde pas à s'abattre. Le matin soleil de nouveau ! Je suis certainement le seul bipède à avoir séjourné dans ce moyen de transport... l'important c'est que j'ai dormi au sec !

Une bénédiction pétaradante à Bagnères-de-Luchon

Samedi 4 juin, je continue sur ma lancée et me voilà dans le col du Peyresourde. Le soleil est toujours bien là ; heureusement, je bénéficie de certains passages à l'ombre. Après une très belle descente de 16 km, j'arrive à Bagnères-de-Luchon. Le lendemain, jour de Pentecôte à Luchon, station thermale depuis les Romains, l'Esprit-Saint ne sait plus où donner de la tête ! Après la grand-messe, une foule nombreuse fait une double file d'honneur attendant que le curé bénisse les motards (et leur moto) devant l'église. Les parents ont emmené leurs enfants. Certains applaudissent puisque papa et maman applaudissent même s'ils ne conduisent pas ce genre d'engin... un peu dangereux quand même. Certains enfants, effrayés par le bruit des moteurs de ces machines se réfugient dans les jupes de maman. Quand il n'y a plus rien à bénir, chacun rentre chez toi. Vous direz chez nous, l'on bénit bien les chevaux, les ânes, sans oublier chiens et chats (cfr. la Saint-Hubert au début novembre). L'avantage ici avec les motos, en principe c'est qu'il n'y a rien à ramasser après leur passage (pour les animaux, c'est très différent surtout olfaltiquement parlant)... sauf que, avec les motos pour l'environnement et surtout pour la santé des oreilles - aurait dit Julos - ce n'est pas idéal. Précisons encore que la nuit passée dans un camping, j'ai eu l'occasion d'échanger avec un jeune allemand, venant à vélo de Lisbonne. Il avait planté sa petite tente à l'endroit proposé par la responsable du camping mais se retrouva avec des motards venus spécialement dans la ville thermale à l'occasion de la rencontre annuelle des motards. Quant à moi, j'avais pris la précaution de m'éloigner le plus possible en trouvant un endroit calme au fond du jardin... La nuit fut calme pour moi ... et bien réparatrice !

Une incursion en Espagne avant un col digne des Andes

Ce lundi de Pentecôte, après avoir franchi la veille le col du Portillon par une petite incursion en Espagne de 20 km, je choisi de passer par le col d'Altigascou au lieu du col de Menté. La route est étroite et inconnue du Tour de France. Un groupe de cyclistes me dépasse... ce qui n'a aucun mérite bien sûr. Le profil de la route s'accentue puis le goudron disparaît pour faire place à des cailloux ; je me retrouve dans les Andes. Avec bonheur car je ne croiserai que trois voitures et trois motos. Les deux derniers viennent d'Allemagne et me demandent si je n'ai aucun problème avec "my bike"... il y a tout de même des motards sympas ! En effet, au moindre ennui mécanique, dans un tel environnement, vous risquez de vous retrouver seul et démuni ! Le soir près d'un village appelé Couledoux (NDLR que certains de mes amis des Ardennes connaissent bien), je campe près d'une rivière (j'apprendrai le lendemain qu'il s'agit du Ger). La nuit je serai bercé par les symphonies des cascades... fini les motos !

Précision : je n'ai pas rencontré d'ours !

Bilan des cols Pyrénéens:

  • mercredi 1er juin : col du Soulor (12 km - 3h de montée)
  • jeudi 2 et vendredi 3 juin : col du Tourmalet (19 km - 4h15 de montée)
  • vendredi 3 juin : col d'Aspin (12 km - 2h30 de montée)
  • samedi 4 juin : col de Peyresourde (10 km - 2h30 de montée)
  • dimanche 5 juin : col du Portillon (Espagne 9,5 km - 2h15 de montée)
  • lundi 6 juin : col d'Artigascou (10 km - 3h40 de montée dont un tiers en poussant le vélo)

Fin de la Transpyrénéenne

Après les cols, il me reste à rejoindre en Ariège, Pierre et Simon, les deux fils de mon cousin Hubert avec qui je passerai quelques jours. Pierre et son fils Matéo m'ont promis de venir à ma rencontre entre St-Giron et Saurat où Pierre produit du miel. Puis ce sera le retour en train depuis Toulouse. L'arrivée à Namur via le RAVeL le long de la Sambre est prévu le dimanche 19 juin en fin de journée.

Léon à Saint-Gaudens

Ajoute : photos des étapes précédentes

Reflets spéciaux à Bordeaux Année de canicule

Dans les marais poitevins près de Nior

Camping (sauvage... pas tant que ça !) au bord de la Loire

Quel bonheur et quelle quiétude de pouvoir s'endormir dans un coin de paradis le long de la Loire

Dans de nombreux villages en France, l'éclairage public est suspendu durant certaines heures de la nuit... une décision prise avec un "peu de courage politique" et de "bon sens"... à quand en Belgique une telle décision intelligente pour l'avenir de la planète ??

samedi 12 août 2023

M04 Transpyrénéenne 2022 : de Saintes à Eysus, les Pyrénées sont atteintes !

Chers amies et amis de la Transpyrénéenne, un grand merci à celles et ceux qui m'ont envoyé un message d'encouragement.

Me voilà donc arrivé dans les Pyrénées après 1.580 kms et 23 jours de roulage !

Lire la suite...

M03 Transpyrénéenne 2022 : de St-Loup à Chatellerault, mise en jambes en vue de la Transpyrénéenne

Chers amies et amis, voici les premières nouvelles de la Transpyrénéenne 2022

Sur les photos de ce billet, vous découvrirez le volume des bagages (30 kg + les 20 kg du vélo + les 75 kg du pilote... et oui, il a grossi, faute de randonnées... à cause de la COVID !) qui m'accompagnent vers le Sud. 

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mercredi 9 août 2023

M02 Transpyrénéenne 2022 : annonce du Raid en hommage à mon cousin Hubert Leman

Raid Transpyrénées du 1er mai au 19 juin 2022 en hommage à Hubert Leman

         "un cyclo au grand coeur" 1947 - 2022

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M01 Transpyrénéenne 2022 : voyage à vélo vers les Pyrénées en souvenir de mon cousin Hubert Leman

Chers amies et amis,

Il y a deux ans, je revenais de mon périple en Amérique du Sud, juste avant la pandémie de la COVID19.  Il y aura bientôt un an, en juillet 2021, je terminais une boucle à vélo en Allemagne au moment où les intempéries du 14 juillet entrainaient de nombreux morts et des dégâts importants en Belgique et en Allemagne.

Dans une semaine, je réenfourche mon vélo "Da Silva" qui m'a transporté à travers les Andes (2009, 2013, 2018, 2019, 2020) et une partie de l'Afrique (2015 et 2016).  C'est année, ce sera un périple plus modeste, profitant de la "réouverture des frontières" sur le plan sanitaire.  Parti de Namur le dimanche 1er mai prochain, je rejoindrai Chartres le dimanche 8 mai où je participerai pour la 43ème fois au pélé du Monde du Travail. Ensuite je prendrai la direction des Pyrénées en suivant la route "EuroVélo n°3" appelée également "Véloroute des pèlerins".  En annexe, une photo reprenant le parcours français de cette route partant de Scandinavie vers Saint-Jacques de Compostelle.  Je m'en écarterai pour saluer ma cousine dans les Yvelines (voir ci-dessous).  Je retrouverai l'Euro-Vélo 3 à Orléans.

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vendredi 13 mars 2020

M08 Transandina 2020 : arrivée à Quito en Equateur

Au petit matin, vue sur le lac de San Pablo près de la ville d’Otavalo en Equateur

Bien arrivé à Quito, terme de la transandina 2020

En quittant Otavalo, la ville aux marchés colorés et parfois fortement odorants (celui des animaux) le samedi 29 février 2020, en route vers Quito, j’ai du affronter un orage. Je m’étais réfugié au bon moment dans un garage attenant à une maison, où il y avait un « gentil » chien qui, pour une fois n’aboyait et ne mordait pas !

Heureusement un peu plus loin, j’avais repéré une cabane de paysan pour me réfugier et y passer la nuit. Problème : la porte était fermée mais sans serrure et bloquée de l’intérieur, il y avait donc une autre entrée, que j’ai trouvée (avec mon flair habituel) à l’arrière. J’ai donc pu y entrer avant la pluie qui reprenait de l’intensité. Malheureusement le toit fuitait de partout et j’installais la tente à l’endroit le moins exposé.

La nuit, m’endormir fut difficile à cause des camions qui peinaient à monter la côte et des bus qui freinaient bruyamment de l’autre côté, la panaméricaine n’étant pas loin. Par ailleurs, une fête proche diffusa de la musique (pas très intéressante mais avec des basses qui auraient réveillé un sourd à des kilomètres de là) jusque 4 heures du matin.

Le lendemain, levé dès 6 heures, je serais bien aller réveiller les fêtards mais je me calmai en m’émerveillant devant le paysage donnant sur le lac San Pablo et le volcan Imbabura à l’est d’Otavalo, tout cela sous un soleil radieux. Une longue montée de 6 km pour arriver au sommet avec une indication annonçant Quito à 55 km, et une longue descente de 30 km, de quoi me réjouir vous comprenez !

Lorsque je croisai deux (plus tout jeunes) cyclo-randonneurs allemands partis il y a plus d’un an d’Ushuaïa, vers l’Alaska, je leur annonçais la mauvaise nouvelle (pour eux) qu’une très longue montée les attendait. Eux de me rétorquer que pour arriver à Quito, c’était aussi très « montant ».

Je continuai la descente avec une pointe à 60 km/heure, confiant dans mon unique frein arrière encore bien efficace, c’était pour moi la dernière descente vertigineuse et « grisante » de la transandine 2020 ! Un peu plus loin, une cyclo-randonneuse dans l’autre sens (celui de la montée). Ayant traversé la route pour « bater un papo » avec elle, celle-ci, une chilienne, partie de Santiago vers le nord de l’Equateur, me remercia d’avoir traversé la route (la « Panam ») pour la saluer.

Elle me donna un renseignement important : si je voulais camper, c’était dans les 5 km suivants car après cela, c’était déjà la région urbanisée de Quito, longue de 50 km. Aussi je ne tardai pas à trouver un bel endroit (à l’abri des regards) surplombant une rivière pour le dernier bivouac avant Quito.

Etonnante cette dernière nuit, pas de pluie... Heureusement car vers midi, j’avais tout sorti des sacs et au soleil tapant équatorial, tout (tente, matelas, sac de couchage, vêtements) fut séché en un quart d’heure. Je ne devrai donc pas recommencer le lendemain.

Refuge un peu délabré, sinistre diront certain.e.s mais bienvenu en cas de pluie !

Séchage complet et rapide au soleil équatorial !

Le lendemain, après une longue côte interminable, l’entrée de Quito me confronta comme à Medellin (message 4) à une circulation intense. Le plus dur ce fut de devoir avaler les gaz polluants de nombreux véhicules au moteur d’un autre âge ou mal réglé. Sans GPS mais ayant noté les noms des différentes avenues se succédant, j’arrivai sans encombre au CEAFAX.

Là, Victoria et David (parlant tous deux le français, ou plutôt le canadien car ayant étudié à Montréal) et les autres employé.e.s dont Paulina, Hector et Jacinto m’attendaient comme prévu. J’arrivai juste un peu avant le repas de midi.

Je suis hébergé pendant une semaine, partageant le repas de midi avec le personnel et me débrouillant pour le déjeuner et le repas du soir en ayant accès à la cuisine.

Le CEAFAX est un centre fondé il y a 35 ans par les jésuites pour favoriser l’éducation audio-visuelle en ville et dans les communautés villageoises dans une perspective de développement intégral « de tout l’Homme et de tous les hommes » (référence à l’encyclique « Populorum Progressio » de Paul VI de 1967). Une priorité du travail cible surtout les écoles et collèges.

Bienvenue à Quito, terme de la Transandina 2020

Une empanada bienvenue à l’heure de midi !

Alors que je consultais mes notes pour vérifier l’itinéraire à suivre dans Quito, un vendeur dans une petite échoppe m’interpelle pour m’offrir une empanada bien venue à l’heure de midi. Il s’agit d’un réfugié vénézuélien qui est à Quito depuis trois ans se débrouillant ainsi avec sa famille ! Muchas grazias amigo !

« Il n’y a pas de problèmes, rien que des solutions » 
Oui mais parfois ce n’est pas si simple !

Dans le message précédent, je vous avais parlé de la situation inextricable d’un passeport sans visa d’entrée à cause d’un ordinateur se souvenant trop bien de mon voyage en Equateur en 2009 ! Ce mardi 3 mars, avec l'aide d'Hector du CEAFAX où je suis hébergé, je suis allé ce matin au Ministère des Migrations.

Cette fois, nous avons bien compris et la personne qui nous recevait nous l’a dit sèchement : je suis "un illégal" car je n'ai pas de visa d'entrée dans le pays (qu’ils n’ont pas voulu me donner). Dès lors en quittant le pays à l'aéroport, je "devrais" (et pas "devrai") payer 800 $ d'amende, mais ce que l'employé ne disait pas et il a fallu lui tirer les vers du nez : "si je refuse de payer, je peux quand même sortir du pays sauf que, puisque je refuse l'amende, je ne pourrai pas rentrer en Equateur durant 2 ans."

OK alors, je suis d'accord puisque de toute façon je ne comptais pas revenir en Equateur dans les années à venir ! Après tout, c’est si simple, pourquoi compliquer quand on peut faire simple ?

Un grand merci à l’équipe du CEAFAX de Quito qui m’a soutenu et conseillé dans ces démarches. En revanche, je me permets d’attribuer une mauvaise note au consulat de Belgique à Quito qui m’avait envoyé un courriel, disant qu’ils ne pouvaient rien faire même pour les Belges en cas de problème de migration. Ils auraient pu simplement me donner l’information concernant l’amende que l’on n’est pas obligé de payer !

Aussi je me demande à quoi ils servent ? Il est vrai qu’ils ont beaucoup de travail pour préparer les voyages éventuels (mais peu probables) de Philippe et Mathilde et des délégations économiques (une par région) de notre petit pays !

Un autre (petit) problème avec Outlook

Outlook dit vouloir limiter le nombre de messages indésirables en mettant une limite au nombre de messages envoyés dans une liste d’adresses. Mais – stupidité vous en conclurez – sans dire quelle est cette limite. Donc de ma liste d’adresses qui ne fonctionnait plus, j’ai passé mon temps à en recréer plusieurs petites de 50 adresses maximum, comme si 1 x 250 ou 5 fois 50, ce n’était pas la même chose, dirait un enfant de six ans !

En fait, j’ai compris, Outlook veut que je passe à la solution « premium », qui est... payante ! Ceci dit, suite à cette modification, soit je vous ai perdu.e, vous ne recevez plus mes messages et vous ne pourrez pas me le faire savoir, soit vous recevez le message deux fois, mais cela, vous me le direz et je recevrai un message de vous. Merci !


Visite de Quito, une des premières villes sacrée patrimoine mondial par l’Unesco

La meilleure façon de visualiser l’entièreté de cette ville très étendue qu’est Quito c’est de grimper au Panecillo (de l'espagnol : « petit pain »), une des nombreuses collines. De son sommet, on peut voir le champ de bataille historique où le maréchal Sucre a vaincu les Espagnols dans la bataille décisive de l'indépendance en 1822 sur les flancs du volcan Pichincha à l'ouest. Pour y arriver, il faut grimper les quelque 800 marches et comme l’on arrive à 3.000 mètres d’altitude, le cœur trinque « un peu » et il faut s’arrêter à de nombreuses reprises.

À son sommet se trouve une statue de la Vierge, un peu particulière. Il s’agit d’une réplique en aluminium, de 38 mètres de haut d’une statue de bois polychrome taillée en 1734 par Bernardo de Legarda. Une vierge avec des ailes faisant plutôt penser à un ange, écrasant à ses pieds un serpent évoquant les versets de l’Apocalypse. En montant à l’intérieur du support de la statue, l’on découvre la plupart des quartiers de la ville de Quito.

En cette fin d’après-midi de ce mercredi 4 mars, j’ai de la chance : pas de pluie mais un soleil couchant, chatoyant éclairant les innombrables habitations de tout gabarit, allant des petites maisons aux couleurs vives, les édifices de l’époque coloniale, jusqu’aux gratte-ciel et immeubles modernes nettement moins beaux.

La vierge de Quito au sommet du Panecillo

Il y a aussi bien sûr les nombreuses églises et couvents qui ont été construits dès le 16ème siècle dans la foulée de la conquête espagnole. Dans le centre historique, l’on découvre successivement et dans un espace restreint les constructions des Franciscains, Dominicains, Carmélites, Augustins, des religieux de l’ordre de la Merced, sans oublier l’œuvre exceptionnelle des Jésuites, l’église « de la compagnie » :

A ce propos, lorsque l’on entre dans cet édifice, l’on est de suite marqué par cette opulence et je dirais même cette « débauche » d’or. En revenant à l’histoire des conquistadors, l’on ne peut oublier que ce métal précieux a fait l’objet d’une des plus dramatiques confrontations entre les envahisseurs européens et les civilisations (Incas, Mayas, Mapuches et autres) qui peuplaient ce continent finalement « latinisé et christianisé ».

Avec toutefois, à chaque coin de rue, des traces humaines vivantes de ces civilisations pré-européennes dans les visages, les coloris des vêtements de ces hommes et de ces femmes des différentes communautés « indiennes », qui pour survivre, vous proposent de calmer votre faim ou des gadgets, allant des jouets pour votre enfant jusqu’au dentifrice et des rouleaux de papier toilette, ce qui peut être utile dans certains cas !

Il y a aussi les édifices publics, monuments rappelant les batailles pour l’indépendance, et bien sûr banques, hôtels, etc. De nombreux musées également et leur riche patrimoine religieux et autre. Sans oublier le parc de la « Plaza grande » où l’on peut se reposer si l’on ne se trouve pas à proximité d’un messager de la « bonne nouvelle » qui débite son texte inlassablement sans s’égosiller, pendant des heures, et ce, ce qui m’étonne, sans perturber nullement celles et ceux qui sont assis près de vous !

Cloître fleuri du couvent des Dominicains

Tout ce qui fait de Quito, une des villes les plus belles du continent. Avec son million et demi d’habitants, Quito a la taille de Bruxelles (un peu plus) et est loin de Cali (4 millions) et de Bogota (7,5 millions) en Colombie voisine.

Quito de nuit, la "plaza grande"

Echanges de souvenirs, de rêves futurs et de droits humains

Excellente soirée hier jeudi 5 mars, dans un bon restaurant italien, invité par David M. au nom de l’équipe du CEAFAX. Depuis 17 ans qu’il travaille au sein de cet organisme à Quito, David, parlant Français (plutôt canadien car il a passé trois ans d’études à Montreal) a eu l’occasion de voyager à plusieurs reprises en Amérique (Sud et Nord), Europe, Moyen-Orient et Afrique (Egypte, Ethiopie, Kenya).

Avec dans la tête d’autres rêves de voyage comme celui de traverser (pas à vélo bien sûr) sur la ligne de l’équateur, l’immense région de l’Amazonie qui couvre 6 pays (Venezuela, Colombie, Equateur, Pérou, Bolivie, et bien sûr le Brésil).

Nous avons également parlé de la composition multiraciale des pays que j’ai visités ainsi que de la présidence de Rafael Correa (15 janvier 2007 – 24 mai 2017). A propos de celui-ci, rappelons que son épouse est jamboise (fille de Paul Malherbe, ancien colonel para-commando, récemment décédé, homonyme de notre regretté curé de St-Jean, Pol Malherbe), que Rafael a connue lors de ses études à Louvain-la-Neuve.

David précise que Anne, l’épouse de l’ex-président équatorien, a toujours voulu rester discrète en refusant d’endosser le statut protocolaire de première dame de l’Equateur. En revanche, en 2007, elle eut le courage de prendre position contre l’enfermement de deux Équatoriennes (Ana Cajamarca et sa fille de onze ans, Angelica) au centre de Steenokkerzeel.

Ses déclarations furent jugées « offensantes » et « infondées » par le ministre belge des Affaires étrangères de l’époque Karel De Gucht. Déclarations étonnantes puisque l’on sait que la Belgique n’est pas un exemple en ce qui concerne l’enfermement jugé inhumain par les organismes de défense des Droits de l’Homme surtout lorsqu’il s’agit d’enfants, innocents de surcroit. « Proclamer la vérité vous rendra libres », dit bien une maxime, envers et contre tout !

Les enfants (de tous les pays) ont les mêmes Droits !

Famille présidentielle belgo-équatorienne Rafael Correa - Anne Malherbe

Un saut en Amazonie Equatorienne

Vendredi 6 mars, 9h du matin, je prends un bus de la compagnie « Corredor-Sul-Occidental » pour rejoindre le terminal de bus « Quitumbe ». « Pars à l’avance », me dit Paulina ; en effet le trajet dure une heure pour 16 points d’arrêt.

Le bus pour Tena et Misahualli démarre à 11h30 pour un trajet de 7 heures via Ambato au lieu de 2 heures suite à des travaux sur la route que j’avais parcourue à vélo il y a 11 ans, via le col de Papallacta, lors des premiers jours de la « Transandina 2009 ».

Le voyage en bus de Quito à Misahualli d’une durée de 7 heures fut assez pénible de par le fait que j’ai dû « subir » 4 films d’affilée dont les trois premiers comportaient des scènes de violence à raison de 95% du temps. Dieu sait combien de balles ont été tirées et autant de morts.

N’en pouvant plus, je suis allé demander au chauffeur de ne pas lancer le troisième film mais il a fait semblant de ne pas comprendre. Les autres passagers restant amorphes, habitués qu’ils sont de devoir subir les choses mêmes les plus injustes et les plus absurdes. L’on s’étonnera que la violence gagne de plus en plus de terrain dans les relations entre les humains !

A Shiripuno ou Amélie travaillait auparavant, l’on constate une augmentation terrible de la violence, due à l’alcool, aux manques d’emploi et d’éducation, non seulement chez les hommes mais aussi maintenant chez les femmes ! Mais quel moyen avons-nous pour empêcher la production de telles inepties profitant quelque part à quelques personnes sans scrupule ?

Entre Banos et Puyo, j’ai refait en sens inverse le chemin que j’avais parcouru à vélo en 2009. Longeant une rivière, il y a beaucoup de tunnels que je n’avais pas empruntés mais via la corniche m’offrant des paysages époustouflants avec notamment un passage au pied du volcan Tungurahua dont je vous ai parlé dans un précédent message.

Arrivé au Rio Napo, après avoir traversé la rivière, le chauffeur m’a dit de prendre un autre bus en correspondance pour rejoindre Misahualli à 18 km. Comme celui-ci tardait à venir, un homme parlant italien me proposa de monter à l’arrière d’une camionnette avec un gamin, fils de boulanger.

Me voilà juché sur des sacs de carottes et autres légumes - vous connaissez mon caractère intrépide - lorsque nous sommes arrêtés par un contrôle de police. « Ouaille mon passeport sans visa ! »

En moins de deux, nous sautons en dehors du véhicule en « stoemelings » lorsque le bus arrive qui nous emmène sans problème à destination alors que la nuit est presque déjà tombée ! « L’aventure commence au crépuscule de chaque soir » dirait le Grand Jacques !

Ceci dit, c’est avec un très grand bonheur que j’ai retrouvé ma petite-cousine Amélie que je n’avais plus vue depuis plus de 10 ans, lors de la traversée des Andes en 2009.

En attendant la cuisson d’excellentes « pizze », nous avons regardé ensemble le film réalisé sur le voyage de 2009, en compagnie d’Amélie, Huaira le garçon qui n’avait que quelques mois, de Yaku, sa petite sœur qui n’était pas née à l’époque et du compagnon d’Amélie, Miguel de nationalité argentine.

La famille d’accueil à Misahualli : Huaira, Amélie, Miguel et Yaku

Amélie enseigne dans une école privée financée par une fondation étatsunienne, Antioquia ; elle est responsable de la classe de remédiation tandis que Miguel est le vice-directeur de l’école. La pédagogie utilisée dans cette école promeut une éducation basée sur le respect mutuel des élèves, un apprentissage participatif et progressif ainsi que la collaboration des parents au projet.

L’école est ouverte aux degrés maternel, « fondamental » et aux premières années du secondaire pour utiliser des vocables « belges ». Les parents contribuent au coût de l’école en fonction de leurs revenus ; les parents démunis du fait d’être sans emploi, contribuent au projet en travaillant à l’entretien des classes ou à l’extension de l’école.

En visitant les locaux propres et colorés, l’on remarque la nette différence avec ceux des écoles financées par le ministère équatorien de l’éducation, qui bien sûr investit dans ce domaine y compris dans les villages les plus reculés, mais dont les bâtiments, après quelques années, se retrouvent dans un piteux état, faute d’entretien, de moyens et de prise de conscience des personnes responsables.

Ce samedi 7 mars, après avoir mangé au restaurant un plat typique, appelé « maito » avec du poulet ou du tilapia présenté dans une feuille de « bijao », nous avons fait un tour en pirogue sur la lagune « Isla Paicawe ».

Nous avons vu d’énormes poissons « paiche » (l’équivalent en brésilien du Pirarucu), pouvant mesurer jusqu’à 3 mètres de long, des singes petits et grands (« singes-araignées), des iguanes et un oiseau appelé « hoatzin » (voir photo).

Avec Amélie et Yaku sur la lagune,

L'oiseau hoatzin

Huaira montre l'emplacement de l'Equateur sur le globe

Dimanche matin consacré en partie au culte : le pasteur d’origine cubaine essaye de conscientiser les gens aux problèmes de drogues, alcoolisme et en cette journée mondiale de « la mujer », il appelle au respect des femmes dans tous les domaines de la vie.

Pour le repas de midi ; Miguel en bon Argentin nous prépare une bonne viande cuite selon le mode "a la parilla" de son pays. L’après-midi, nous sommes allés au bord de la rivière « Misahualli » pour nager. Des jeunes du coin descendent les rapides sur des chambres à air de camion, ne pouvant se payer les tarifs des kayaks des agences de voyage !

Lundi matin, avant de reprendre le bus de Quito, j’ai salué les nombreux élèves de l’école arrivant très tôt pour la journée ou pour la semaine pour celles qui résident à l’internat. Ce fut ensuite l’embrassade avec cette sympathique famille franco-argentine (Amélie, Miguel, Huaira et Yaku) nous promettant de nous revoir dans un avenir pas trop lointain, en France ou en Belgique.

Quant au trajet de retour avec le bus de la compagnie « Amazonas », égal à celui de l’aller, à oublier. Mais il y a tant d’autres belles choses, de beaux paysages et surtout de belles personnes au cours de rencontres à garder en mémoire pour cette Transandine 2020, la dernière du nom.

Les mots « Transandine 2020 » écrits sur le sable du Rio Misahualli en Amazonie équatorienne, que l’eau emportera comme nos rêves s’envolent au fil de nos vies. Restent dans nos cœurs le souvenir et la fierté de les avoir réalisés et vécus.

Préparation du retour en Belgique

Depuis l’aventure du départ à Zaventem (9 janvier 2020), où un surplus de poids du vélo et du bagage à embarquer dans l’avion de la KLM risquait de me coûter 2 x 100 € pour quelques kilos excédentaires (du chocolat !), à Quito, j’ai veillé à ce que la limite de 23 kilos ne soit pas dépassée ni pour mon destrier, ni pour le bagage rentrant également au pays. D’où utilisation d’une balance bien précise :

Non la caisse contenant le vélo ne dépassera pas 23 kilos !

Autres photos, avec leur commentaire





Photos diverses et souriantes des marchés d’Otavalo

Mais oui, maman, avec l’âge, tu es un peu dure d’oreille !

Tailleur, atelier ouvert sur la rue !

A Quito : deux Colombiens en route – biens chargés – vers l’Argentine.


 

 

Un message sympa !

Parmi les nombreux messages de sympathie et d’encouragement de votre part, j’en retiens un que je retranscris ci-après, et qui vient d’un couple très sympathique et jeune d’esprit, tout en ayant dépassé les 4x20 ans :

« Hello Léon et merci pour ces comptes-rendus qui nous font découvrir d’autres horizons. Ils nous projettent hors de notre petit “chez soi”. Heureusement grâce à vous, nous pouvons continuer à voyager avec nos yeux, même si nos jambes deviennent de plus en plus récalcitrantes, Notre souhait : puissiez-vous continuer longtemps sur votre lancée. Très amical souvenir. »

Marie-Thérèse et Jean-François Lopépé du Grand Namur

Mercredi 11 mars 2020 17h30 - atterrissage à Zaventem

Au grand plaisir de vous revoir en Belgique.

Léon

Remise des compteurs à zéro pour le prochain voyage !

Destination encore inconnue à ce jour !

jeudi 5 mars 2020

M07 Transandina 2020 : de Pasto (Colombie) à Otavalo (Equateur)

Lac de Cuicocha en Equateur, cratère volcanique

Fin de la traversée de la Colombie

En quittant Alvaro qui m’a hébergé durant 3 nuits, j’ai ressenti combien l’accueil est une qualité des Colombiens, du moins chez ceux chez qui j’ai été hébergé. Quand je suis arrivé à Ipiales, la dernière ville au sud de la Colombie, j’avais deux adresses de « Warmshowers ». Pour la première, j’étais arrivé à la bonne rue ; un garde privé du quartier, prénommé Lasso a téléphoné à David ; comme celui-ci ne répondait pas, il a essayé au deuxième et cela a marché.

Ozkar, a bien voulu que je passe la nuit chez lui. Il s’agit d’une ancienne station d’essence et les cyclistes peuvent passer la nuit dans un local un peu fourre-tout. Pas d’électricité mais la fille d’Ozkar m’a donné une bougie. Pas de cuisine mais Ozkar m’a chauffé de l’eau pour une bonne soupe « Royco ». Cela faisait longtemps que je n’avais plus eu l’occasion de m’en préparer une !

En quittant Alvaro, avec qui nous avons eu de beaux échanges sur la Colombie

Visite du sanctuaire Notre-Dame de « Las Lajas »

En chemin, j’ai recroisé le cyclo-pèlerin qui venait du nord de la Colombie et qui n’avait pas beaucoup de bagages ; il était tout heureux de revenir de l’endroit où il était allé prier. Je m’y suis rendu également et j’ai découvert une basilique d’une construction impressionnante, dans une vallée étroite et dominant tout le paysage. Vous en jugerez vous-mêmes en voyant la photo.

Quant aux nombres d’ex-votos apposés aux murs et aux rochers attenants, l’on peut en conclure que des centaines de personnes ont été satisfait.e.s car exaucé.e.s de leurs demandes. Dans l’église, je vois des sacs à dos « européens » et j’entends parler français. Ce sont trois jeunes dont un belge d’Anvers voyageant en « backpakers ». Ils viennent de l’Equateur ; comme j’y serai le lendemain, nous échangeons des pesos contre des dollars étatsuniens… puisque l’Equateur a adopté cette devise comme monnaie nationale.

Il est près de 17h ; les jeunes comptent prendre un bus pour Pasto : 85 kms. Ils pensent qu’il leur faudra 2h de route ; que nenni, après renseignements chez les locaux, il faut prévoir 4h, car il y a des travaux. J’ai eu moi-même pas mal de difficultés pour traverser ces tronçons à vélo après avoir mangé pas mal de poussière et respiré à de nombreuses reprises les gaz d’échappement. Mais comme vous me lisez, je suis toujours vivant !

Je ressens cependant déjà les difficultés dues à l’altitude. Ce sera encore plus dur en Equateur : Quito se perche à 3.000 mètres !

Le sanctuaire de « Las Lajas » est une église néogothique construite en 1916 dans une gorge où une fillette muette aurait par miracle retrouvé la parole.

Entrée en Equateur : un ordinateur qui se souvient trop bien de mon passage en 2009

En mai 2009, j’arrivais à Quito (dans la nuit du 1er au 2 mai exactement) pour le départ de la Transandina en direction de Salta en Argentine en traversant l’Equateur, le Pérou et la Bolivie. Ce samedi 22 février 2020, tout confiant j’arrive à la frontière entre la Colombie et l’Equateur après une dernière nuit en Colombie chez Ozkar.

Pour sortir de Colombie, pas de problème. Pour entrer en Equateur, je pensais que cela aller comme sur des roulettes. Et bien non l’ordinateur du douanier lui dit que je suis bien entré en mai 2009 en Equateur mais que je n’en suis jamais sorti… !

En fait, dans le sud de l’Equateur, j’avais choisi une petite route qui passait par Zuma et un dimanche après-midi, je suis entré au Pérou via un poste de douane dans un petit village. Allez voir la vidéo du film de 2009 et vous verrez qu’un douanier lève une barrière douanière « jaune et noir » constituée d’une branche d’arbre plus ou moins tordue, pour me laisser passer ; c’était le dimanche 14 juin 2009, jour de la fête des pères.

Le problème c’est qu’il n’y avait pas d’ordinateur pour enregistrer ma sortie et ce samedi, je n’ai pas avec moi en 2020, le passeport (périmé depuis) que j’avais en 2009 et que me réclame le douanier. Dès lors, celui-ci m’envoie chez un autre douanier qui me dit que « cela va durer car il y a un grave problème ». Je me voyais déjà retourner en Colombie et aller chercher mon avion de retour à Quito, je ne sais comment ?

Une demi-heure s’écoula et une dame, une cheffe vraisemblablement mais néanmoins en tant que « médiatrice », vient annoncer que je peux entrer en Equateur et aller chercher mon avion à Quito le 10 mars prochain, mais sans me donner de cachet d’entrée sur mon passeport « puisque officiellement, je n’en suis jamais sorti depuis 2009. » dit-elle !

Pourtant, il me semble que j’ai vu pas mal d’autres pays entretemps (vous pouvez confirmer !) Inextricable avec en plus – dit la cheffe – si je reviens en Equateur durant les deux prochaines années, je devrai(s) payer une amende de 800 dollars. Ouf d’abord que je ne paie pas d’amende le 10 mars 2020… pour une erreur ou un manque dont je ne suis nullement responsable ! C’est comme cela avec la Justice, c’est souvent la « victime » qui paie. Ne venez plus me dire qu’un ordinateur n’a pas assez de mémoire ; ici c’est pire qu’un éléphant !

Visite d’Ibarra en bus à l’occasion du carnaval

J’ai souvent rêvé de vivre un carnaval sud-américain ; cette année, l’opportunité se présente : Ibarra célèbre le carnaval le lundi 24 février. Une occasion de visiter la ville la veille et de filmer un des événements annuels majeurs pour une population qui n’a pas souvent l’occasion de se réjouir.

Le lundi de carnaval, je me suis rendu en bus dans un village qui s’appelle Chota. Les gens, surtout les enfants et les jeunes s’amusent à s’asperger d’eau et de mousse. A Binche, ce sont des oranges, à Andenne, des oursons ; ici, on risque de rentrer plus mouillé qu’à l’arrivée ! Pas très génial en fait.

Par contre ce fut l’occasion de retrouver Alexandra d’Erpent que j’avais rencontrée - à vélo elle aussi – à plusieurs reprises sur la « carretera austral » au Chili en mars 2019. A Ibarra, nous avons échangé les souvenirs de nos voyages 2020 actuels en Colombie et en Equateur. Et même de la mousse au chocolat délicieuse comme en Belgique !

Quelques jours après ce bon moment, le jeudi 27 février, alors que je peinais dans une longue montée pour sortir de la ville d’Ibarra, j’entends quelqu’un qui crie « Léon, Léon » depuis une voiture … c’était Alexandra qui avait délaissé le vélo pour quelques jours et qui se rendait à Quito en voiture avec une amie.

Retrouvailles avec Alexandra d'Erpent (Carretera austral 2019 au Chili)

Une route impossible pour monter à 3.800 mètres d’altitude.

Ce mardi « gras », j’ai eu la bonne idée de prendre une petite route alternative entre Tulcan et El Angel. Etant donné que les gens à qui je demandais le chemin m’envoyaient par la Panaméricaine, j’ai fait un détour de 14 km et une montée inutile de 7 km ! Après avoir retrouvé le bon chemin, j’ai appris que j’étais devancé par un couple de cyclistes néerlandais.

Traversant le « paramo » aux splendides paysages (typiques de certaines régions du Venezuela et de la Colombie mais aussi d’Equateur) où l’on peut compter d’innombrables frailejones (dont le nom latin est « Espeletia pycnophyllia » et qui jouent un rôle essentiel en retenant l’eau dans une zone dépassant les 3.000 mètres où les arbres ne poussent plus), j’ai mis près de 9 heures pour arriver dans la nuit au sommet : 3.800 mètres, je ne m’attendais pas à un tel dénivelé si bien que le mal des montagnes m’a gagné en fin de parcours !

Alexandra était passée par là avec Valentine (Chili « carretera austral » 2019 également) et un ami ; elle m’avait dit que je pouvais passer la nuit dans un chalet où se retrouvent les gardes du parc naturel de « El Angel ». Les Néerlandais y étaient arrivés dans l’après-midi ; avec leur jeunesse et des pneus d’une section double des miens, ils avaient bouclé le trajet en moins de 4 heures !

Une bonne partie du trajet, j’ai poussé le vélo. J’ai eu cependant de la chance, j’ai évité l’orage qui avait arrosé mes amis. La route empierrée et très « cabossée » était détrempée et ce fut une longue journée très difficile.

Le lendemain et les jours qui suivent, une descente vers Ibarra d’un dénivelé de 2000 mètres : je dois resserrer mon (unique) frein arrière !

Le Paramo et ses milliers de "frailejones"

Un frailejone fleuri

Ce mercredi, je suis bien descendu, d’abord par une route dingue et pire que les tronçons pavés de Paris-Roubaix (vous en jugerez en voyant les photos) et ensuite une belle route asphaltée : 36 km de descente. Néanmoins, les routes en Equateur ne sont pas aussi belles qu’en Colombie, c’est un peu comme en Belgique : l’on doit parfois slalomer entre les trous !

Des pavés pires que sur le Paris-Roubaix

Question : comment se fait-il que tant de jeunes voyagent à vélo pour découvrir le monde et ce pendant de longues périodes ? Les Néerlandais de « El Angel » voyageaient depuis deux ans. Ils avaient travaillé auparavant et économisé pour un long voyage. En fait, maintenant et pas dans 40 ou 50 ans !

Qui sait, avec des gouvernements du style Michel et Bacquelaine (ou Macron), les enfants d’aujourd’hui ou qui vont naître dans les décennies qui viennent, devront peut-être travailler jusqu’à 69 ans puis 71, 73 (en fait pour faire comme dans les pays voisins), 77 ans pour avoir une pension? 77 c’est un peu exagéré… il ne serait même plus permis de lire les aventures de Tintin, une fois en retraite !

Revenons aux jeunes qui voyagent et qui se disent : autant faire une pause quand on n’a pas encore 30 ans et que l’on peut encore pédaler ! Evidemment, il faut avoir une profession qui permette de retrouver facilement du travail au retour. Mais avec une ouverture d’esprit et d’ouverture sur le monde à l’issue d’une telle expérience de vie, qui peut avoir son poids dans un curriculum vitae !

Otavalo, ville indigène, marchés, artisanat, lacs et volcan.

Perchée à 2.530 mètres au dessus du niveau de la mer, Otavalo, ville coloniale porte le nom d’un des peuples indigènes de l’Equateur. L’artisanat occupe une place importante dans l’économie de la région. La ville est surtout connue pour son marché du samedi.

Dans les environs, la lagune de Cuicocha qui se trouve au pied d’un volcan éteint, le Cotocachi est en fait un cratère volcanique de 4 km sur 3 avec une profondeur approximative de 200 mètres.

Ce vendredi 28 février, le temps couvert et la pluie font place au soleil. En bus et taxi partagé avec une famille française à l’aller et deux suissesses au retour, j’arrive à une altitude dépassant les 3.000 mètres. Un peu plus de 4 heures pour boucler le tour du lac avec des vues merveilleuses d’une nature protégée.

L'artisanat d'Otavalo

Couleurs vives du marché d'Otavalo

Un peu d’histoire : Rumiñahui (« œil de pierre » en quechua) était un grand général inca. Il lutta contre les Espagnols et résista 1 an et 5 mois après la mort d'Atahualpa, le dernier empereur de l’empire inca indépendant, lâchement assassiné par les conquistadores, plus précisément par le sinistre Francisco Pizzaro.

Rumiñahui était sur le point de battre les espagnols, qui possédaient arquebuses, fusils et chevaux (inconnus auparavant pour les Incas) quand le volcan Tungurahua se réveilla et les indigènes crurent que c’était une punition des dieux. Rumiñahui et les siens furent vaincus. Au centre de la ville d’Otavalo, il y a une statue rappelant sa vie. Notons que le dit volcan se réveille de temps en temps comme en 1999 et 2006, lorsque cela entraina la mort de 6 personnes.

Ce samedi 29 février 2020 (année bissextile, je bénéficie d'un jour de plus), je prends la route de Quito. Il me reste 90 km à parcourir. Ce lundi 2 mars, je suis bien arrivé à Quito, accueilli par les amis de Théo Mertens au CEAFAX, après une longue côte interminable (Quito se perche à 3.000 mètres d'altitude).

Bilan de la Transandine 2020 : 38 jours cyclés pour 2.360 km

Autres photos (commentées)

Pour les fresques murales, les équatoriens sont doués

Cette dame pousse son étal vers le marché d'Otavalo

Que de fils, comment l'électricien s'y retrouve-t-il ?

En Sicile, l'on appelle ces fruits des "figues d'Inde"

Une briqueterie, qui me rappelle mon travail au Brésil (1974-1977)

Couleurs équatoriennes

samedi 22 février 2020

M06 Transandina 2020 : de Popayan à Pasto en Colombie

 

Les Andes en fleurs (suite)

Rappel historique d’un long conflit interne à la Colombie (Wikipedia)

Le conflit armé colombien est un conflit interne en Colombie. On date son origine au milieu des années 1960 avec la création de différentes guérillas. À partir des années 1980, des groupes paramilitaires se constituent, se présentant comme une force de contre-insurrection opposée aux guérillas que l'État ne parvient pas à vaincre. Au cours des années 2000, les Autodéfenses unies de Colombie, principal groupe paramilitaire, sont officiellement désarmées après un accord de paix avec le gouvernement (remplacées par des « groupes émergents » moins puissants).

Le conflit se poursuit à la fin des années 2000 entre les Forces Armées Révolutionnaires de Colombie (FARC) et l'Armée de Libération Nationale (ELN marxiste), les cartels paramilitaires (BACRIM) et les forces gouvernementales. Le tout dans un contexte de lutte contre un système dominant et d’autre part impliquant un vaste trafic de narcotrafiquants à la dimension internationale (plus proche de nous, le port d’Anvers en est une des plaques tournantes). La drogue, si cela pousse en Colombie et ailleurs, c’est parce que « l’on » en consomme chez nous, et cela rapporte grandement à plus d’un intermédiaire !

Entre 1964 et 2016, le conflit a fait 260.000 morts, 45.000 disparus et 6 millions de déplacés et constitue, selon le sous-secrétaire des Nations unies pour les questions humanitaires, « la plus grande catastrophe humanitaire de l’hémisphère occidental ».

Un accord de cessez-le-feu définitif (les FARC observaient déjà auparavant un cessez-le-feu unilatéral) est annoncé le 23 juin 2016 qui est déclaré comme étant « le dernier jour de guerre » entre les FARC et le gouvernement. L'accord de paix est finalement signé le 24 août avec les FARC et l’ELN. Toutefois cet accord n’est pas validé par le référendum du 2 octobre 2016, comme déjà dit dans mon message précédent.

L’ELN rompt les accords de paix et lance une action de blocage, ce mois de février 2020

Fin 2019, une partie de l’ELN (Armée de Libération Nationale) rompt les accords de paix. Il y a quelques jours, ils annoncent une action d’envergure de blocage des routes pour les 4 jours du 14 au 17 février. Les spécialistes confirment cependant que l'impact du couvre feu décrété par les autorités est et sera limité.

Selon les experts, l'ELN n'est pas suffisamment puissante pour impacter le pays dans son ensemble, au contraire ils estiment leur capacité de nuisance à un nombre très limité de zones et de villages situés dans des régions pour la plupart reculées et non touristiques.

Concrètement : dans les régions les plus touristiques du pays (Bogota, Medellin, Pereira, Armenia, Santa Marta, Cartagena) aucun problème n'est à signaler et tous les services de transports fonctionnent.

De manière plus générale les tensions sont limitées aux régions frontalières avec le Venezuela et en particulier le Catatumbo, l'Arauca et le Vichada, et au sud du pays dont certaines parties du Cauca, Choco et Nariño, c’est justement là (Nariño et Cauca) que nous (les deux amies belges Alexandra et Valentine et moi-même) nous nous trouvons en ces 14, 15, 16 et 17 février !

L’ELN (Ejercito de Liberacion Nacional) rompt la trêve

Mais pas de panique, nous sommes vigilants !

Comme je me trouve dans la région entre Popayan et Pasto, je suis très vigilant. Ce samedi 15 février, en quittant le village de Rosas, j’entame une très longue descente, environ 75 km, mis-à part une côte de 2 km et quelques petites de temps en temps. C’est bien mais je me dis que pour arriver à Pasto, je vais devoir remonter tout cela.

Au début, il n’y a presque personne qui circule, il fait subitement plus facile respirer ! Au premier péage, les deux dames employées attendent les véhicules, nous avons le temps de causer, « bater un papo » comme l’on dit en brésilien.

Un peu plus loin, quelques militaires sont de garde. Quelques mots échangés avec eux, la situation est sous contrôle. Je puis continuer ! Le premier militaire me répond gentiment. Le second, fait le salut en claquant des talons quand je passe, comme si j’étais un officier ! Quel honneur, « moi qui ne fut même pas soldat », dirait Jacques Brel !

Militaire en mission de surveillance (photo prise en « stoemelings»)

Au terme de la journée, je traverse un pont qui « danse » à chaque passage de véhicule lourd. De l’autre côté, des militaires sont retranchés, cachés dans les arbres avec armes et jumelles. Pas de danger ! Merci à Anne Dollet de France pour les infos actualisées reçues par courriel le 14 février.

Une rivière dans une vallée magnifique

Le matin, en échangeant avec Tania et son frère, deux jeunes qui marchent le long de la route, munis d’une machette (pour couper un peu d’herbe pour les moutons), ceux-ci me disent qu’ils ne craignent pas trop les « guerilleros ». D’abord, ceux-ci ne s’en prennent pas aux paysans mais bien aux voyageurs des voitures et des bus qui, étant donnés qu’ils voyagent, ont toujours sur eux quelques (cela varie) réserves de pesos, ou des dollars, des euros lorsqu’il s’agit de voyageurs étrangers à vélo par exemple... Mais comme déjà dit, j’avance « à vue » !

Tania et son frère sont rassurants

Commentaire : en fait les membres de l’ELN, entendent par cette action, rappeler qu’ils existent encore, montrer qu’ils sont toujours actifs et qu’il faudra tenir compte de leur organisation à l’avenir. Ils prétendent ainsi, qu’en bloquant les routes, au moins on parlera d’eux.

Rencontre d’un globe-trotter marchant de Ushuaïa jusqu’en Alaska.

Dimanche 16 février, alors que peu de véhicules circulent, je vois arriver devant moi un marcheur poussant un tricycle, plutôt une remorque dans laquelle prennent place d’habitude un ou deux enfants derrière l’un de leurs parents à vélo. Il s’agit de Oliwer, un jeune slovène, parti d’Ushuaïa à pied avec l’intention de rejoindre l’Alaska, un voyage demandant environ trois ans pour plus de 26.000 km.

L’an passé, en Argentine, j’avais croisé un Japonais qui terminait le même chemin mais en sens inverse et qui marchait pour la paix ! Oliwer n’est pas seul, il a recueilli un chien abandonné au Pérou, qu’il a baptisé Carlito, qui se laisse conduire car il a trouvé une place privilégiée dans le « véhicule ».

Depuis le départ (plus de 13.000 km parcourus), Oliwer a usé trois paires de pneus et cinq paires de chaussures. Il est passé également par le fameux tronçon de la « carretera austral » au nord du lac du désert en Argentine (vous vous souvenez du reportage de la Transandina 2019) Il a du porter son tricycle après en avoir vidé le contenu. Bonne chance et courage à ce globe-trotter exceptionnel qu’il est rare de rencontrer.

La longue montée vers Pasto

Dimanche 16 et lundi 17 février : deux jours très durs. Chaque jour une belle descente mais en compensation une montée équivalente de l’autre côté de la rivière traversée. Ce lundi, la remontée fut particulièrement longue : j’ai du pousser le vélo pratiquement tout le temps, soit 4 heures pour parcourir 12 km !

J’accompagne de temps en temps un cycliste colombien venant de Cucuta, à la frontière avec le Venezuela. Il va en pèlerinage à Ipiales, à la frontière équatorienne, vers le sanctuaire de « les lajas » où affluent des pèlerins là où la Vierge est apparue en 1754 à Maria, une femme indigène et à sa fille Rosa.

Il a très peu de bagages ; vous pourrez comparer les photos des deux vélos. Il me dépasse plusieurs fois et je le rejoins. Malgré le fait qu’il a peu de bagages, il ne va pas plus vite, il fume !

Ce lundi soir, très fatigué, après un bon repas au restaurant situé au sommet de la côte de 12 km, j’ai eu beaucoup de chance. Un monsieur refuse dans un premier temps que je plante la tente chez lui, m’envoie chez « une voisine » et puis se ravise en se rappelant qu’il était passé aux Pays-Bas et en Belgique il y a 35 ans.

Finalement, je puis dormir à l’abri et bénéficier de la toilette alors qu’il ne compte pas passer la nuit ici. Merci pour la confiance Alvaro !

Une longue journée vers Pasto où il fait froid

La journée de ce mardi 18 février me parut bien longue. Peu de descentes si ce n’est à la fin du parcours, peu de possibilité pour moi de rester sur la selle. Dès lors une moyenne très basse : 6,29 km/h.

Au long de la route, toujours des réfugiés qui marchent inlassablement, avec à un certain moment un chassé-croisé : ceux et celles qui continuent vers l’Equateur et le Pérou et de l’autre côté de la route, ceux qui en reviennent. Certains ont dans leur sac quelques outils ; ils trouvent parfois du travail dans la construction, la pêche me disent-ils

Des jeunes se plaignent qu’ils ont faim, je partage le maigre surplus de nourriture de la veille mais ce n’est pas une solution durable. En ce qui me concerne, je suis ravitaillé en « carburant » énergétisant (sporade tropical) par une famille qui s’est arrêtée pour le pique-nique. Un peu plus loin, ils me dépassent et la dame me tend un billet de 10.000 pesos (3 Euros), surprenant !

En arrivant à Pasto (plus de 2.500 m d’altitude), il fait froid et certains des réfugiés sont enroulés dans une couverture. Sur une place, une petite échoppe où un homme prépare des beignets ; un réfugié s’approche et en reçoit quelques-uns. De même dans les restaurants, il y a toujours une part pour eux.

Echanges sur la situation politique, économique et sociale de la Colombie

Pour deux nuits, je loge chez Alvaro qui vit avec son frère Théo et qui m’a accueilli la veille dans sa seconde résidence, sa « Datcha » comme on dirait au pays de Poutine. Alvaro a le même âge que moi et est toujours impliqué dans la commercialisation de produits agricoles. Il est agronome de formation et a enseigné à l’université de Pasto.

Le soir, nous échangeons sur l’histoire et la situation économique de la Colombie. Un pays aux nombreuses richesses et potentialités mais qui sont mal exploitées et surtout mal réparties. Un gouvernement conservateur qui soutient en priorité les intérêts des riches. Les propriétaires, ils sont à peine 4% de la population et ils détiennent à eux seuls 95% des terres.

Des terres, mal exploitées avec des étendues parfois de 25.000 hectares, improductives. Certaines terres sont consacrées à la production de canne à sucre dont le bénéfice rejoint leurs propriétaires vivant en Europe ou en Amérique du Nord. La Colombie regorge d’eau potable de par ses montagnes mais le système est mal géré, et le robinet ne laisse parfois s’écouler qu’un petit filet d’eau. Cette situation crée dès lors beaucoup de frustrations, qui engendrent vols, délinquance, violence et groupes révolutionnaires.

Alvaro est partisan d’un système coopérativiste et d’un dialogue avec les « activistes », ceux qui veulent que cela change, ce qui n’est pas l’option du gouvernement qui met en œuvre une répression parfois violente. Des leaders paysans disparaissent ou sont assassinés. Tout cela entraine, comme au Chili, des mouvements de protestation dans la rue. Heureusement en Colombie, on n’en est pas à la situation catastrophique du Venezuela voisin.

Le mercredi, c’est avec Théo, le frère d’Alvaro que je vais prendre le repas de midi. Il m’emmène au petit marché non loin de chez lui. Les étals regorgent de fruits et légumes. Le repas (soupe à l’arôme délicieux, poulet, riz, maïs) coûte à peine deux euros, en fait un prix abordable pour ceux qui gagnent en moyenne l’équivalent de 10 euros par jour, 300 par mois. Autre part en ville, apparaissent des « fast foods » légèrement plus chers mais qui ont oublié les senteurs et la convivialité locales.

Après la visite de Pasto laquelle, comme à Popayan, regorge d’églises de styles très différents, certaines d’un style « dit colonial », je prends la route vers Ipiales et la frontière avec l’Equateur.

Je compte arriver à Quito vers le 29 février. Je devrai redoubler d’attention : j’ai constaté une fuite d’huile dans le cable du frein Magura avant. Je devrai me contenter d’un seul frein en espérant que d’ici la fin du voyage, le frein arrière ne me lâchera pas. Ma fille Sueli avait eu le même désagrément en Asie en 2017, lors de son tour du monde et avait du finalement monter des freins traditionnels.

Quelques photos, avec leur commentaires

Devinez quelle ancienne voiture française construite à des millions d’exemplaires, se cache sous le magasin ambulant ?

Sans commentaire

Non ce n’est pas la coupole du Vatican mais celle d’une église de Popayan

Une photo de plus de Popayan, la « ville blanche »

Pasto fresque murale, rappelant la longue liste de leaders paysans assassinés. Il est écrit : « Nous – les paysans – fermons les yeux et nous nous souvenons ; vous – les responsables de ces meurtres – vous fermez les yeux et oubliez»

Rentrée à l’écurie, Buenas noches !

samedi 15 février 2020

M05 Transandina 2020 : de Armenia à Popayan en Colombie

Les Andes en fleurs

Voici la suite de l’approche des difficultés : Popayan, ville coloniale avec son altitude (1.760 mètres) et Pasto (située à la frontière avec l’Equateur à 2.527 mètres) annoncent un voyage de plus en plus difficile dans les Andes colombiennes.

Dépannage et rencontres diverses

En croisant un cycliste roulant en sens inverse, celui-ci m’a demandé de le dépanner. Il lui manquait une rustine et de la colle pour réparer un pneu défaillant, apparemment ayant déjà beaucoup vécu ! Ce qui fut vite réparé.

Cet homme de Cali roulait depuis 3 jours et il lui fallait encore 5 jours pour atteindre Bogota avec un vélo ne paraissant pas en très bon état. Il allait effectuer quelques travaux de peinture dans la capitale colombienne, en dormant « en la calle », c’est-à-dire au bord de la route, comme les réfugiés vénézuéliens que je continue de croiser.


De temps en temps, j’en vois certains qui voyagent à l’arrière ou au sommet d’un camion. Mais peu de chauffeurs les acceptent, cela devant être interdit par la police, que je vois de temps en temps en train de contrôler. Un jour deux jeunes à moto venant en sens inverse m’ont interpellé pour voir s’il y avait quelconque contrôle de police, ils ne devaient sans doute pas être en règle !

Un autre jour, j’ai vu de très nombreux jeunes soldats effectuer ce qui devait être des exercices d’entrainement. Certains avaient un fusil, d’autres une pelle, avouez, c’est moins dangereux !

Sur la route de Popayan, je dépasse Giorgio, Argentin, qui se déplace à pied uniquement, de pays en pays (il y a douze ans qu’il fait cela). Instruments de musique pour enchanter ses rêves, bracelets multicolores qu’il vend à 1,5 € pour financer son voyage. Un peu plus loin, une piscine à l’eau chaude et translucide, où je nage le temps de me rafraichir.

Giorgio, en route depuis 12 ans !

Accueils chez les WarmShowers et ailleurs

Vendredi 7 février 2020, j’arrive à Séville (en Colombie, pas en Espagne) ; j’ai l’adresse d’un contact WarmShowers : Raul « de Sevilla » se trouve dans son atelier en train de réparer une moto. De suite, il m’accueille et m’invite à prendre une douche. Après son travail, il m’emmène dans un restaurant manger des pâtes (c’est énergisant pour les cyclistes).

Ensuite à moto, il m’emmène pour un tour de la ville. Tout le monde le connaît. Il a été champion de Colombie de mountain bike. Une piste dédiée à ce sport porte son nom. Il fait aussi du monocycle et du vélo acrobatique. Antoine et Séverine, deux jeunes médecins rencontrés en Patagonie en 2019 et interviewés dans le film réalisé cette année-là sont passés par l’atelier de Raul. 

« Raul de Sevilla » un gars vraiment sympa ! Agé de 60 ans, il a un rêve : que sa fille termine ses études d’architecture pour qu’il puisse arrêter son atelier et partir à vélo vers Guayaquil en Equateur chez son fils. Il a deux petits-enfants qu’il n’a pas encore vus !

En compagnie de Raul de Sevilla, champion de mountain bike

Samedi 8 février, après avoir essuyé plusieurs refus dans les fermes avant d’arriver à Buga, j’avais repéré une maison abandonnée. Tant que le soleil ne s’était pas couché, je cherchais une maison d’accueil.

Juste au dernier essai, Edwin semblait hésiter à me laisser dresser ma tente dans la prairie jouxtant sa maison. Quand sa femme arriva, leurs regards s’étant croisés, la réponse positive est venue : je pouvais rester. Merci madame pour votre « intercession » !

Un peu plus tard, je fus même invité à souper. Le lendemain matin, Edwin se leva à 6h pour me donner un litre de jus de citron congelé, si bienvenu sur la route particulièrement chaude ce jour-là en direction de Cali.

A Cali, deux nuits passées dans un appartement de standing chez Mauricio, situé dans la « sierra de Normandie », un quartier au flanc d’une colline de cette ville de 3 millions d’habitants. La journée a été facile : depuis Buga, ville où affluent les pèlerins à la Basilique « des miracles », ce ne fut qu’une longue descente, de 99 kilomètres.

Pour trouver l’endroit d’accueil, quelques contacts avec les taximen et surtout un jeune qui avec son smartphone m’a indiqué l’itinéraire final. Lors de la dernière montée à 15%, j’ai senti un jeune pousser ma (lourde) monture.

Je dors deux nuits dans un bon lit, cela change de la nuit passée chez le ferrailleur de Tatacoa, j’en garde encore les piqûres souvenirs visibles et « chatouillants » sur mes bras et mes jambes, hérités d’un matelas plutôt douteux. Comme quoi les jours ne se ressemblent pas, même si l’accueil est le même, et bienvenu venant de personnes aux situations sociales bien différentes.

Appartements de la « sierra de Normandia »

Visite de Cali

Lundi 10 février, jour de repos (pour le vélo). En taxi, pour éviter les quartiers sensibles (au vol), je visite cette grande ville en me limitant aux quelques rares quartiers anciens qui ont été sauvés de la rénovation urbaine « modernisante » des décennies passées. Un circuit me fait découvrir divers édifices (églises, palais de justice, maisons anciennes, places, etc.) témoins d’un riche passé colonial.

Ensuite deux marchés, l’un artisanal, l’autre spécialisé en fruits, légumes et fleurs (dont de très belles orchidées). L’après-midi, un taxi un peu poussif m’emmène au sommet d’une colline où en 1953, a été construite une statue colossale. Le Christ-Roi de Cali rappelle le Christ-Rédempteur du Corcovado à Rio de Janeiro au Brésil. Et comme à Rio, le panorama est splendide (l’océan, les plages et les pains de sucre en moins).

De même qu’à Rio, le taximan me déconseille de redescendre à pied et me propose de m’attendre. Et je retrouve l’appartement de Mauricio, grâce à mon sens de l’orientation. Enfourchant mon vélo (sans ses bagages) je repars pour le circuit du matin, éclairé différemment l’après-midi par un soleil rougissant.

Le Christ-Roi de Cali fait penser au Christ-Rédempteur de Rio de Janeiro

La salsa, danse acrobatique époustouflante

A Cali, sur une place jouxtant l’église de l’ermite, une troupe de jeunes répète leur prochain spectacle : époustouflant. La salsa, danse typiquement d’Amérique du sud, pas seulement en Argentine mais aussi en Colombie. Un spectacle à voir absolument un jour dans sa vie !

La Salsa au rythme époustouflant

Les femmes pour la paix

Plusieurs murs de Cali sont couverts de fresques aux sujets les plus variés. Je retiens l’une d’entre elle évoquant la problématique des accords de paix liés au trafic de la drogue et à la guérilla. Pendant des décennies, les FARC (les Forces Armées Révolutionnaires de Colombie) ont marqué l’histoire du pays avec des milliers de morts. L’on se souviendra encore de la longue séquestration (2002-2008) d’Ingrid Betancourt, une députée Franco-Colombienne.

En 2016, un processus de négociations entre gouvernement et mouvements révolutionnaires s’est soldé par des accords de paix, ce qui malheureusement ne fut pas avalisé par le référendum du 2 octobre 2016 à une petite différence de voix près.

Sur la fresque reproduite sur la photo ci-dessous, les femmes réclament qu’enfin la paix soit effective, comme les mères des disparus réclament depuis des années au Chili et en Argentine que justice soit rendue en ce qui concerne les disparus des années sombres des dictatures (Pinochet et Videla). « Exigimos l’implementacion des acuerdos de paz », ce qui signifie : « nous exigeons l’application des accords de paix ».

Malheureusement, la paix est fragile : récemment, en août 2019, une partie des belligérants a rompu ces accords de paix.

La fresque des femmes pour la paix

Contrastes entre appartements de standing et les autres habitations

A quelques centaines de mètres de l’ensemble d’appartements de standing, où j’ai passé deux nuits grâce à Mauricio du réseau WarmShowers, je découvre un autre type d’habitation, celui qui caractérise la grande majorité des quartiers des grandes villes des pays du Sud. Deux mondes juxtaposés, aux différences incroyablement grandes, source de conflits, de tentatives de vols, et d’injustice(s) !

Suite de l’accueil après Cali

Accueil chez Blanca à Santander de Quilichao

Bel accueil aussi ce mardi 11 février chez Blanca qui tient un restaurant végétarien dans cette ville. Le soir après une séance de Yoga, elle réunit quelques amis dont un jeune argentin très sympa qui entre autre, peint des fresques murales. Celui-ci voyage à vélo avec une remorque et un chien ! Le soir, quelques jeunes sont venus partager un repas végétarien. « Nous cuisinons avec amour, pour que nous mangions avec conscience », cela nous devrait nous aider à réfléchir, quand nous choisissons nos menus !

 


Entre Santander de Quilichao et Popayan, de nombreuses côtes dont la plupart montées en poussant le vélo. Après 40 km, en haut de la dernière côte, je décide de demander un endroit pour passer la nuit, le temps pour la dame de comprendre que je ne cherchais pas une tente mais que j’en avais une, j’ai pu organiser mon campement pour la nuit.

Les cinq chiens quant à eux s’en sont donnés à cœur joie pour aboyer à chaque mouvement de ma part. Le matin, lever à 5h30, ils semblaient plus fatigués !

Visite de Popayan, ville coloniale

Elle est surnommée « la ville blanche de Colombie ». Les meilleurs architectes et artisans de l'époque coloniale sont intervenus à Popayán, qui est, avec Carthagène des Indes, l'une des villes les plus importantes de Colombie pour son architecture. 

Depuis la période espagnole, de nombreuses communautés religieuses telles que les jésuites, les dominicains, les franciscains, les carmélites, les rédemptoristes et les Augustins ont fait bâtir à Popayán leurs églises devenus des édifices historiques. Pour qui veut visiter des églises, il y a du choix !

Popoyan mérite bien d’être appelée « la ville blanche »

Route incertaine vers l’Equateur

A peine arrivé à Popayan, je reçois un message d’Alexandra et Valentine qui arrivées à Pasto, ont été informées que du 14 au 17 février, une partie des mouvements révolutionnaires ayant rompu les accords de paix, envisagent de mener des actions de blocage dans certaines régions. Je resterai vigilant, interrogeant les militaires de faction aux bords des grands-routes. Si problème il y a... je leur demanderai de m’héberger quelque part en attendant que cela se calme !

Demain, 14 février, je prends la route du Sud vers Pasto, cela va monter. Voici encore quelques photos diverses dont certaines avec un commentaire parfois interrogateur...

Cet arbre de Santander de Quilichao est le taman le plus grand de Colombie

Camion tirant 4 remorques (parfois il y en 5) de récolte de canne à sucre

Dans le champ de caféiers, un homme au travail

Apprentissage attentif du smartphone, dès le plus jeune âge !

Alors que l'attente d'un moyen de transport est longue pour les parents,
l'enfant s'est endormi, rassuré par le sein maternel !

Petit lexique à l’attention de celles et ceux qui ne maitrisent pas l’anglais.

Un de mes amis lecteurs, Jean-Hubert, écrivain à ses heures (essentiellement chroniques familiales), me fait part qu’il ne maîtrise pas bien la signification de certains termes anglais qui s’immiscent de plus en plus dans notre belle langue française, et que j’utilise malgré tout :

WarmShowers : réseau d’accueil international réciproque par lequel les personnes inscrites s’engagent à offrir au moins une douche chaude à un.e cycliste longue distance après une longue étape ; en principe chaude mais aussi bienvenue s’il est froide quand la température est élevée (exemple en Colombie) ! Réseau présent dans des dizaines de pays des 5 continents, représentant environ 68.000 membres de par le monde selon le Net !

Couchsurfing : un autre terme anglais pour parler de la même chose que Warmshowers mais pour des gens n’ayant pas de vélo pour se déplacer.

Whatsapp : réseau de communication de plus en plus prisé car gratuit, en fait c’est nous qui le finançons via la publicité de tous ces objets (utiles et inutiles) que nous achetons via le net (Internet), en nous passant du travail de ceux et celles qui, par leur commerce « classique » ont de la peine à concurrencer ce nouveau mode de relations, la « relation humaine » en moins !

Backpackers : se dit de celles et ceux, jeunes souvent et moins jeunes parfois (ils l’étaient en 1968 !), voyageant longtemps (plusieurs semaines, mois, voire des années) d’une façon alternative (stop, bus, etc.), avec peu de moyens, et repérables car munis d’un « sac à dos » (et non d’une valise), pas toujours de premère fraîcheur (c’est normal, car le parcours a été long)!

Mountain bike : je suppose que vous comprenez qu’il s’agit de « vélo de montagne », en tout cas, Raul de Sevilla sait ce que cela veut dire !

samedi 8 février 2020

M04 Transandina 2020 : de Medellin à Armenia


Dans le désert colombien de Tatacoa… ne pas oublier d'emporter de l'eau !

Dernière vue sur Medellin

Mercredi 29 janvier 2020, la visite du centre « historique » de Medellin m’a permis de découvrir quelques églises ainsi que des parcs toujours bienvenus par cette chaleur. La cathédrale a ceci de particulier qu’elle est entièrement construite en briques et vu son ampleur, a demandé la fabrication d’un nombre impressionnant de briques… et du travail ! Cela me rappelle je ne sais plus quel stupa bouddhique au Sri Lanka qui a lui aussi nécessité la cuisson de millions de briques.

Dans un des parcs, se dresse la statue équestre de Simon Bolivar qui compte à son actif l’indépendance du Venezuela, de l’Equateur, de La Bolivie (qui porte son nom) et de la Colombie. Celle-ci englobait l’actuel Panama mais les intérêts franco-anglais (et étatsuniens) pour la construction d’un canal reliant les océans Atlantique et Pacifique, mettant fin au trafic des Cap-horniers qui passaient non loin de Ushuaïa (vous voyez où cela se trouve depuis l’an passé !), entraina la scission des deux pays. De nouveau… intérêts transnationaux oblige !

Des milliers… millions (?) de briques pour la cathédrale de Medellin

Ensuite, j’ai pris un peu de hauteur grâce au métro aérien (téléférique) qui relie certaines stations de la vallée et les points culminants de Medellin. C’est le meilleur point de vue pour se rendre compte de l’ampleur des innombrables quartiers pauvres de cette très grande ville. Vues du ciel, ces habitations semblent se ressembler avec leur toit de tôles rouillées. Huit dixièmes de la ville semble être constitués de ce type d’habitations. Soit autant de personnes qui vivent vraisemblablement de petits boulots (économie informelle).

Son épaule porte tout son magasin (informel) de lunettes de soleil

Traversée épique de Medellin à vélo

Durant une vingtaine de km, j’ai bravé à vélo un trafic dingue via une voie rapide passant en plein milieu de Medellin, direction plein Sud. Mon écarteur (50 cm) arborant un drapeau jaune et un drapeau tricolore noir, jaune, rouge, a été très efficace, les conducteurs des innombrables bus, camions et voitures étant forcés de respecter ainsi ce véhicule peu commun mais bien visible. Seul un motocycliste en voulant éviter le dit écarteur, a donné un coup de guidon au dernier moment, désarçonnant le frigo-boxe qu’il transportait.

Un peu plus loin, il y avait un attroupement pour ramasser le contenu de celui-ci qui avait fini par valser à terre. Mais j’ai pris garde de m’arrêter, de crainte d’être tamponné ! Arrivé de l’autre côté de la ville et entré juste à temps dans un restaurant pour prendre un repas, j’ai de cette façon évité une pluie torrentielle. Il semblerait que les pluies de mars arrivent un mois en avance cette année. Bon, cela rafraîchit l’atmosphère !

Le soir, j’ai logé dans un petit hôtel en négociant le prix et en obtenant une réduction de 30%, simplement en disant à la réceptionniste que la veille j’avais payé beaucoup moins. Comme quoi dans les pays du Sud, tout se négocie !

Une journée marquée par une longue côte, une très longue descente et une belle rencontre.

Ce jeudi 30 janvier, la longue côte de 11km à du 11% pour sortir de la vallée de Medellin, m’a obligé souvent à mettre pied à terre et à pousser le vélo. Ce n’est qu’à 13h que je suis arrivé au sommet, me payant un bon poulet-frites dans un restaurant au personnel vraiment très gentil. La récompense après la dure montée : de l’autre côté, une descente de 40 km parcourue en partie avec un charmant couple de cyclotouristes,

Annina, étasunienne et Ernesto, mexicain, partis il y a un an à vélo de Californie en direction du Brésil en passant par Cuba et les pays d’Amérique Centrale. Dans la descente, nous avons parfois dépassé des camions à une vitesse de plus de 50 km/h. Pas de problème avec les freins hydrauliques Magura dont mon vélo est équipé et qui est mon fidèle coursier depuis plus de 43.000 km !

Et le revêtement routier est impeccable ! Pour financer cela, il y a un péage tous les 45 km et tous les véhicules doivent débourser… sauf les deux roues ! Je ne comprends pas qu’en Belgique, on décide depuis plus de 60 ans de ne pas décider de faire payer aux usagers (sauf pour les camions depuis peu) l’entretien des routes.

En compagnie d’Annina et d’Ernesto et de leur sourire

Ce vendredi déjà dernier jour de janvier, j’ai terminé une journée facile de 55 km par un hébergement dans une ferme de 900 têtes de bétail. Un accueil vraiment chaleureux avec un verre de jus frais dès l’arrivée, un petit tour à cheval (pour la photo) et un souper fromager. Ce soir, j’écris mes mémoires en écoutant de la (belle) musique colombienne, émise par les filles du fermier, juste au dessus de l’endroit où je dors. Le matin vers 7h, j’ai salué les 17 ouvriers partant entretenir cette très grande ferme.

A cheval

La ferme de l’accueil (le propriétaire, habitant Medellin est d’accord)

Hébergement à Chinchina chez Hernando…
comme Sueli en 2017 (remarque : il me faudrait un coiffeur-barbier !)

Il est des changements d’itinéraire qui vous font épargner pas mal de sueur. Au lieu de passer par la ville de Manizales, perchée à plus de 2.400 m d’altitude, je suis allé directement à Chinchina (1.800 m) grâce aux renseignements glanés auprès des policiers (toujours très aimables) et des routiers.

Dans cette ville, chef-lieu du célèbre café colombien, j’ai été hébergé, grâce au réseau d’accueil des Warmshowers réservé aux cyclistes et dont avait bénéficié ma fille Sueli en 2017 lors de son tour du monde « en bicy ». Hernando, même s’il était absent, m’a permis de passer la nuit dans son petit appartement. De nombreux cyclo-randonneurs intercontinentaux sont passés par là. Témoins les messages de sympathie laissés au mur et dont je vous reproduis un ci-dessous. Et encore « On ne vit qu’une fois, mais en voyageant (à vélo bien sûr), on vit deux fois !»

Ce dimanche 2 février 2020, parti dès 5h du matin en bus, j’ai visité la grande ville de Manizales. J’ai été fort impressionné par le nombre de quartiers entre les différentes collines et comme à Medellin, j’ai visionné cela depuis le téléphérique. En taxi, je me suis rendu au départ d’une randonnée menant au « cerro de oro ».

Ce dimanche matin, alors que certaines rues de la ville sont comme à Quito réservée aux vélos (« ciclovia »), des dizaines de vététistes (dont beaucoup de femmes) grimpent ce qui correspond en dénivelé au moins à dix fois la citadelle de Namur. Au retour, un gentil couple de retraités m’a offert une place dans leur petite voiture. Sympas !

Vététistes courageux.ses

Transport débordant

Les Andes fleuries

De la forêt à l’hôtel grâce aux Warmshowers

Les cyclistes qui parcourent le monde et qui s’engagent à offrir chez eux au moins une douche et un lieu de logement (cela peut être la pelouse du jardin pour qu’ils puissent dresser la tente) à ceux qui le demandent, peuvent bénéficier du même accueil, via le réseau international des Warmshowers, dont je vous ai déjà parlé.

Ce lundi 3 février, suite à trois refus d’accueil dans des fermes, je me résous à bivouaquer dans un bout de forêt jouxtant la route. A l’abri du regard, je m’endors d’abord dans mon hamac et ensuite dans mon sac de couchage. L’un des arbres auxquels j’avais accroché mon hamac s’était penché un peu trop, je me suis retrouvé à terre...

Mais en arrivant à Armenia, une très grande ville, en envoyant trois messages, j’ai reçu une réponse rapide de Juan Manuel qui possède un hôtel et qui pratiquant le vélo (longue distance) accueille gratuitement les membres de Warmshowers. C’est terrible le contraste entre la forêt (illuminée la nuit par des vers luisants) et la chambre d’hôtel avec une toilette sur laquelle il est marqué : désinfecté.


Une randonnée dans le désert de Tatacoa

Les « frites en selle », Alexandra et Valentine, les deux filles belges rencontrées en 2019 sur la Carretera Austral au Chili, ont remis le couvert à vélo… en Colombie également. Par Whatsapp, elles m’annoncent qu’elles ont traversé à vélo le désert de Tatacoa. C’est ce qui me décide à tenter également l’aventure. Mais je laisse vélo et bagages à l’hôtel à Arménia, puisque je reviendrai ici pour poursuivre ma route vers Cali et Quito. Deux jours en bus pour un total de plus de 500 km et 13 heures… assis !

 


Les cactus donnent parfois de très belles fleurs

A Villavieja, le village aux portes du désert de Tatacoa, j’ai loué un vélo pour me rendre au désert rouge. Le premier vélo, à l’essai n’a pas fait long feu ; après 10 mètres j’avais déjà perdu une pédale. Comme vous le verrez sur les photos, vous admirerez les belles couleurs de ces éléments géologiques particuliers surtout au coucher du soleil

La nuit, je l’ai passée à côté du local de la police, chez le loueur de vélos, un récupérateur qui a proposé gratuitement son atelier pour notre repos. En compagnie d’un couple de Français, backpackers en Amérique du sud depuis trois ans. Sympa, le gars : au petit matin, un œuf cuit dur avant de prendre la route !


Non loin de Villavieja, à Aipe, il y a un site préhistorique avec un rocher peint par des humains habitant la région il y a très longtemps, bien avant les conquistadors.

Entre les deux sites, la rivière Magdalena que je retrouve non loin de sa source, à plusieurs centaines de km de l’endroit où le plus long fleuve colombien se jette dans la mer des Antilles.

Je prends la route ce vendredi matin 7 février 2020 en direction de Cali. A la prochaine !

Et encore quelques photos

Génial comme fondations de la maison : des pneus récupérés

Dans la forêt… on n'est jamais seul !

Passagers débordants

 
Les caféiers de Chinchina
 
L'uniforme scolaire est de mise

M03 Transandina 2020 : de Santa Marta à Medellin

Vous avez été nombreux à répondre à mon message vous contant mon voyage de Carthagène des Indes à Santa Marta. Concernant mes propos concernant la colonisation, notamment en Afrique, il est clair que l’émission évoquée n’en a pas rappelé les effets positifs. Par exemple, avant 1960, il est évident que hôpitaux, écoles et routes étaient dans un meilleur état alors que depuis l’indépendance. Je rappelle simplement que le propos de l’émission sur Arte était de retracer l’historique des « décolonisations » dans les continents du Sud et surtout des raisons qui ont poussé des hommes et des femmes à se libérer du joug des puissances coloniales. Avec des avancées positives certainement selon les pays mais aussi avec beaucoup de souffrances, d’injustices, de guerres souvent inutiles, de scandales et de corruption qui continuent à marquer ces pays… comme chez nous également. Pour en parler, il faudrait encore certainement beaucoup d’heures d’émission.

Revenons à mon voyage vers le Sud. La chaleur est toujours aussi élevée : tous les jours plus de 40 degrés, cela me rappelle les pics de chaleur en Belgique de juin, juillet, août 2019. La première nuit, je me suis installé dans un passage souterrain sous la route nationale… choisie par des centaines de camions, bus et voitures. Pas de tranquillité avec seulement une petite pause entre 3 et 5 heures du matin. Le matin, je me suis rafraîchi dans une petite rivière à l’eau limpide. Quel bonheur !

Aussi ce vendredi 17 janvier 2020, je me suis payé un petit hôtel avec douche et ventilateur. Les « hôtesses » d’accueil âgée de 10-12 ans ont communiqué avec moi en Français via un traducteur de Google pendant que le gérant ne décollait pas de son fauteuil (voir photo) pour répondre à mes questions. La jeunesse a sans doute plus d’avenir à mon avis !

De ferme en ferme

Depuis quelques jours, j’ai de la chance lorsque je demande l’hospitalité. Généralement, cela marche à la deuxième ou à la troisième demande. Pour plus de facilités, je me suis acheté un hamac, ce qui me permet de dormir à un endroit de la ferme où il est possible de l’accrocher. Car dans la tente, ce ne serait pas possible de dormir vu la chaleur qui se fait sentir jusque tard dans la nuit.

La première fois, le propriétaire m’a laissé seul car il ne dormait pas là. La seconde fois, le couple m’a offert des pomelos (sorte de pamplemousse) et du chocolat chaud avec des petits pains. Chaque jour, à midi, je mange du poulet accompagné de frites (dans un resto au bord de la route). Je n’ai pas encore trouvé de bonbonne de gaz (Primus ou Coleman) pour mon réchaud.

Levé à 5h, je démarre à 6h, juste au moment où le jour se lève, ce qui me permet de pédaler lors des heures « fraîches » de la journée. A partir de midi, cela devient très dur à cause de la chaleur.

Dans une ferme, un des fils revenu pour le weekend, travaille pour une société d’exportation. Il m’a expliqué que la Colombie a d’énormes réserves de charbon, convoitées par des sociétés essentiellement étatsuniennes et suisses. Le charbon est exporté vers des pays comme l’Allemagne ou l’Autriche, et même en Chine. Une façon de suppléer à l’énergie des centrales atomiques en voie de disparition par des minerais venant d’Amérique du Sud… le système « colonial » continue.

En Allemagne, le charbon remplace le nucléaire ; en Belgique, normalement le nucléaire devrait petit à petit voir ses dernières années de vie, si un jour nous avons un gouvernement fédéral et si celui-ci parvient à fermer les centrales en 2025, 2030, … ? Quant aux Chinois, l’Afrique ne leur suffit pas pour chercher à satisfaire leurs énormes besoins énergétiques, il est vrai d’une population débordante.

Quant je suis passé sur un pont surplombant la ligne de chemin de fer allant approvisionner en charbon les wagons à destination du port de Santa Marta, ce sont des centaines de wagons qui ont défilé sous mes yeux. Comme les centaines de camions qui me dépassent ou me croisent chaque jour, transportant un tas de produits de plus en plus nécessaires à notre société (chez nous, en Chine ou ici aussi en Colombie) de plus en plus consumériste…des produits dont nous ne parvenons plus à nous passer. Tout comme nos yeux restant de plus en plus rivés sur ces petits écrans tant attractifs que sont les smartphones ! Même si ceux-ci peuvent être parfois utiles pour communiquer ou chercher quelque chose d’introuvable.

Mais revenons aux petits gestes qui me rafraîchissent la vie ici comme un jour lorsque deux policières à moto m’ont offert des morceaux de pastèques… hyper fraiches ! Par cette chaleur, cela ne se refuse pas ! Avec en plus pour le même prix le sourire, j’allais dire de la crémière… mais non des policières ! Un peu plus loin, ce sont des ouvriers chargés d’asphalter les routes (« quel métier par cette chaleur ») qui m’ont offert une limonade et une « aguaçita » hyper gelée qu’ils tiennent en réserve dans de grands frigoboxes.

Ce mercredi 22 janvier 2020, je profite d’un orage pour mettre à jour mes notes de voyages. La pluie d’orage abondante me retient dans un garage où je suis bien à l’abri. La nuit passée, j’ai été accueilli par un couple, Elisabeth et son mari dans leur petite maison située dans une plantation de palmiers à huile. Ils ont été très réticents à m’accueillir pour la nuit car ils craignaient que le propriétaire n’arrive. Celui-ci comme beaucoup de grands propriétaires « n’aiment pas les étrangers », ignorants sans doutes qu’ils sont eux-mêmes, dans un passé lointain peut-être, descendants d’étrangers venus conquérir le « nouveau monde ».

Quoiqu’il en soit, mes hôtes ont caché mon vélo et m’ont invité à dormir dans une chambre et non pas à vue dans un hamac sous l’auvent. Et puis, il y a aussi le risque de voleurs qui peuvent débarquer à toute heure de la nuit, à moto cagoulés et armés comme ceux qui sont venus voler la maman de celui qui m’accueillait ce soir-là. D’où ces précautions… !

Elisabeth et son mari m'ont accueilli au risque de déplaire au propriétaire de leur ferme

Ce jeudi 23 janvier 2020, par trois fois, j’ai croisé des réfugiés Vénézuéliens ; ils marchent en famille parfois avec des enfants le long de la grand-route, ne sachant pas exactement où aller, avec une valise, un couchage, un peu d’eau, un peu de vivres. Selon le mari d’Elisabeth, certains parviennent à se débrouiller et en quelque temps ouvrent une échoppe au bord de la route.

Certains voudraient bien prendre la place des Colombiens qui trouvent un emploi (de ce que l’on appelle l’économie informelle) en tentant au beau milieu de la route, surtout aux péages, de vendre quelques boissons ou un peu de nourriture aux camionneurs qui ne prennent guère de temps de s’arrêter, laissant cependant derrière eux quelques « noires » bouffées de pollution.

Cette famille a parcouru à pied la distance Venezuela - Pérou - Colombie
soit des milliers de km

Mais la cordillère arrive, la montagne est là et il fait plus frais.

A partir du 26 janvier, j’ai quitté la plaine où coule le fleuve majestueux qu’est la Magdalena et où j’ai parcouru plus de 700 km depuis Santa Marta. Et oui comme le mot l’indique, je suis venu retrouver les Andes. Medellin est en vue mais le rythme journalier diminue d’autant plus que lorsque la pente se relève, je suis obligé de descendre de vélo et de pousser, parfois sous un soleil tapant, celui qui porte mes bagages. Et comme j’en ai trop, surtout des vêtements en prévision du froid et de la pluie, ayant toujours en mémoire les conditions difficiles de Patagonie (2018, 2019) et des Andes péruviennes et boliviennes (2009) et chiliennes (2013).

Ce lundi 27 janvier, en quittant la petite ville de Cisneros où il y a encore le vestige d’une locomotive à vapeur d’une autre époque, un ouvrier des routes m’a donné un peu d’eau fraîche, me souhaitant bon courage pour les 8 km d’une montée que j’ai parcourue en deux heures !

Comme accueil le soir, il est toujours aussi bon avec certains soirs, un repas offert avec du riz et des petits poissons péchés dans l’étang voisin et fris. Parfois les parents cherchent à savoir le but de mon voyage et comment l’on vit en Belgique. Pour la plupart, ils ont peine à s’imaginer qu’il faut traverser un océan pour venir chez eux. Cela n’empêche pas leur amitié de transcender les frontières.

La famille d'accueil tout sourire !

Bien arrivé à Medellin

Ce mardi 28 janvier, la route était moins accidentée que les deux jours précédents. Plusieurs cyclistes m’ont dépassé. Francisco s’est arrêté, m’a donné un peu de ravitaillement ; nous avons échangé sur le cyclisme qui se développe pas mal en Colombie, même s’il estime que le gouvernement n’apporte pas assez d’appui.

Résultats probants : les prestations des coureurs colombiens en Europe dans les grands tours : Nairo Quintana (Italie, Espagne) et l’an passé sur le tour de France le tout jeune Egan Bernal. En arrivant dans la banlieue de Medellin, un jeune cycliste m’a renseigné un hôtel situé tout près du terminal du métro. Génial, en 15 minutes, j’ai voyagé en métro jusqu’au centre de Medellin.

Ce mardi après-midi et demain mercredi au matin, je visite le centre ville. Pas terrible, je ne vais pas m’attarder ici d’autant plus que le long parcours accidenté de la route transandine m’attend avec ses difficultés (encore 1.300 km après les 1.100 déjà parcourus en partie sur le plat).

Comme dans la plupart des grandes villes latinoaméricaines, les familles pauvres s'entassent dans des bidonvilles

Conférence du Conseil Episcopal Latino-américain (Medellin 1967)

Pour les initiés s’intéressant à la théologie de la libération, Medellin occupe une place très importante. Alors que dans la foulée du Concile Vatican (1962-1965), quelques évêques dont Mgr Himmer (de Tournai) et Helder Camara (archevêque d’Olinda et Recife au Brésil), s’étaient jurés, par le « pacte des catacombes » de pousser l’Eglise catholique vers les plus démunis, la plupart des évêques latino-américains s’engageaient résolument pour « l’option préférentielle pour les pauvres », ce qui allait devenir la base de la controversée théologie de la libération.

Paul VI en visite en Colombie en 1967 appuya cette théologie qui en était à ses premiers essais avec le théologien péruvien Gutierrez, les frères brésiliens Boff et d’autres encore. Ses successeurs Jean-Paul II et Benoit XVI donnèrent chacun un fameux coup de frein à cette théologie libératrice et il fallu attendre François (le premier pape latino-américain) pour réhabiliter Gutierrez et compagnie et redonner un peu d’espoir à celles et ceux qui dans ce vaste continent, luttent à côté et avec les pauvres.

Après ce petit rappel historique qui fera certainement plaisir à mon ami jambois Jacques Briard, je joins quelques photos et commentaires de ce voyage en terre Andine qui n’est pas de tout repos mais qui me refait découvrir de très beaux paysages de montagne très verts. Je crois me retrouver en mai 2009 dans les Andes équatoriennes.

Dans un bon mois, je serai de retour à Quito.

Non pas du Far-West, je suis colombien !


Au train où vont les réparations, je préfère mon vélo pour arriver au bout de la traversée des Andes !

Sous la pluie battante, cette tortue voulait traverser la route, je l'ai replacée dans l'herbe du champ voisin

Les réfugiés n'ont pas perdu leur sourire

Au marché de Medellin

Les beaux poissons du marché de Medellin

Une zone 30 intelligente : la limitation est d'application quand il y a des élèves

vendredi 17 janvier 2020

M02 Transandina 2020 : Cartagena vers Santa Marta

Arrivée à Carthagène des Indes

Le voyage via Amsterdam et Bogota s’est bien passé malgré un départ quelque peu mouvementé. En cause, quelques effets à retirer d’un bagage pesant 24,60 kg au lieu de 23,00 kg permis. De même le vélo pesait 25 kg au lieu de 23 kg mais la dame à la réception (KLM) m’a fait une fleur pour le vélo, car sinon je devais payer deux fois 100 euros de surtaxe. Comme elle ne m’en offrait pas deux, du bagage pesant 24,6 kg, j’ai retiré quelques effets emmenés en cabine. Car c’eut été un peu cher pour du chocolat. même si c’est du belge ! Mais pour cela il a fallu enlever tous les nœuds et reconditionner le bagage. soit une demi-heure de travail et d’énervement. A l’avenir, je saurai que je n’ai aucune marge, même pas un kg, surtout chez nos voisins du Nord !

A Schiphol, aéroport d’Amsterdam, entre deux avions, je reçois des courriels de mon cousin Hubert et d’amis Français qui me disent avoir trouvé des points d’accueil le long de la cordillère des Andes me conduisant à Quito en Equateur et notamment à Medellin. Bref après quelques gouttes de sueur provoquées par le surpoids des bagages, le voyage semble bien commencer.

La veille du départ, après avoir regardé les émissions sur ARTE ayant comme thème « les décolonisations », je me suis remis en mémoire tous les problèmes causés en Afrique et en Asie, dont une bonne partie sont imputables aux puissances colonisatrices européennes : Angleterre, France, Allemagne. et Belgique en commençant – pour ce pays qui nous concerne - par le temps où le Congo était propriété du Roi Léopold II.

Les colonisateurs prétendaient amener dans les nouveaux continents les bienfaits de la « civilisation » européenne. Une façon d’occulter les intérêts réels recherchés en Afrique, Asie et Amériques : or, argent, minerais stratégiques : l’uranium congolais pour la fabrication, il y a 75 ans des bombes d’Hiroshima et Nagasaki, etc. Maintenant le coltan et autres ingrédients (comme le lithium du Salar d’Uyuni en Bolivie qui vaut bien la destitution du premier président indien) nécessaires aux batteries des voitures électriques, sensées alléger dans le futur le poids de la pollution et réduire le réchauffement climatique). Ouie... dans quel genre de questions embêtantes, je vous emmène encore diraient certains?

En arrivant en Colombie, j’appréhendais le fait de me retrouver dans le continent où un nombre impressionnant de « migrants non volontaires » ont fait l’objet durant des siècles du trafic le plus éhonté de l’histoire humaine : l’esclavage. Dès le premier jour, dès 7 heures du matin, j’ai croisé les descendants de ces esclaves, puisqu’ils (elles plutôt) se sont levé.e.s tôt pour préparer les fruits qu’ils vendront aux touristes venus visiter un des ports par lesquels ces « migrants » découvrirent le nouveau monde... Mais ce n’était nullement un voyage d’agrément.

Personne ne peut les louper avec leurs grandes robes multicolores (voir photo). Cela fait bien dans le décor de ces très belles maisons coloniales. Il est vrai que Carthagène des Indes est magnifique ! 

Un devoir de mémoire

Dans cet ordre d’idées, voici pour notre réflexion la traduction (en Français) du texte très intéressant affiché à l’espace mémoriel de la ville de Carthagène, sur un mur des énormes murailles du fort, construit par les Espagnols (encore eux) comme dans les autres pays où ils ont perpétré un tas de méfaits (Cuba, Pérou, etc.)

« La carte que vous voyez montre comment historiquement se déplaça la population « nègre » vers Carthagène des Indes. Mettre ses pas dans ceux que ces êtres humains ont parcourus pour entendre leur mémoire douloureuse de résistance et de soif de liberté. C’est une manière de sensibiliser ceux qui visitent cette ville avec un regard historique en vue de restituer la vérité. C’est aussi une façon de reconnaître l’importance des valeurs culturelles actuelles des peuples afro-descendants dans la construction de l’identité du territoire de ce pays. C’est un compromis éthique dans cette lutte contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et les formes connexes d’intolérance. »

Ce texte est proposé aux milliers de touristes qui visitent Carthagène des Indes que l’on pourrait rebaptiser  « Carthagène des Afriques », puisque la plupart des noirs réduits à l’esclavage venaient de plusieurs régions d’Afrique noire. Un texte à proposer à la méditation de celles et ceux qui ne sont pas convaincus de l’importance de travailler la question du racisme. Au vu où les choses évoluent dans plusieurs pays d’Europe (dont le nôtre) et d’ailleurs, il y a encore beaucoup de travail !

La belle ville coloniale de Carthagène des Indes

En route vers l’Est vers Santa Marta

Après avoir visité Carthagène des Indes, je me suis mis en route vers Santa Marta, située eu Nord-est de mon point de débarquement. Après une première nuit à la belle étoile à l’abri d’un passage souterrain réservé pour les vaches sous la voie rapide, j’ai pris le temps de me baigner dans l’eau chaude de la mer des Antilles (« Non, Théo, animateur à RCF ; ce n’est pas le Pacifique, ni la mer des Caraïbes »).

Le soir du deuxième jour, j’ai eu la chance de bénéficier de l’hospitalité d’un jeune couple, Miguel et Kelly qui gardent le troupeau de 100 vaches d’un propriétaire du coin. Une chambre pour moi, les enfants étant momentanément chez les grands-parents car la petite maison ne dispose pas pour l’instant d’électricité.

Un bon café colombien, du riz avec des haricots et au petit matin, des pâtes avec des œufs (ils ont aussi des poules). La proximité de la mer m’a permis d’y aller plonger au crépuscule et au petit matin, une belle balade avec mes hôtes sur une magnifique plage déserte « accueillant » malheureusement d’innombrables déchets plastiques et autres rejetés par les bateaux. 

Miguel et Kelly m'ont accueilli dans leur maison sans électricité.

Dimanche 12 janvier, la longue route vers Barranquilla fut étouffante surtout en fin d’après-midi. N’ayant pas trouvé le centre, je me suis retrouvé sur la route de Santa Marta. Au restaurant où je me régalais d’un bon poulet-frites agrémenté de ketchup, j’ai fait la connaissance d’une jeune fille chargée du nettoyage. Nathalia est toute jeune et fait partie de ces milliers de migrants venant du Venezuela voisin, en proie avec une crise sans précédent, au bord de la banqueroute, alors qu’il y a 50 ans, c’était un des pays les plus riches et développés de l’Amérique « Latine », grâce notamment au pétrole. Des innombrables migrants ayant quitté le Venezuela vers d’autres pays, un million sont arrivés en Colombie !

Nathalia, migrante vénézuélienne. comme des millions d'autres en Amérique

Alors que la nuit était déjà tombée, j’ai franchi l’immense pont menant vers l’Est, très élevé pour permettre le passage des immenses bateaux du Rio Magdalena (rappelez-vous le récent reportage d’une chaine française « au bout du fleuve, il y a la mer »). De l’autre côté, j’ai cherché à m’éloigner des innombrables échoppes marchandes, vendant un tas de gadgets, le tout accompagné d’une musique plus qu’assourdissante.. portant à des km (ouie ouie... si Julos entendais ça !).

Sept km après la sortie de la ville, après avoir demandé pour pouvoir planter ma tente dans le jardin, la troisième fois fut la bonne. Je fus invité à dormir à même le sol, dans une chambre inoccupée d’une maison attenante à celle d’une famille nombreuse. Pour la toilette, le tonneau d’eau et un récipient en plastique très efficace et surtout bien venu par cette chaleur. Et oui, ce n’est plus la Patagonie, plus de froid, plus de pluie (dans la région, ils ont connu 5 années de suite sans pluie)... et plus de vent violent.

Mais une chaleur terrible surtout l’après-midi à un point tel que je me suis déjà demandé plusieurs fois « pourquoi suis-je venu dans cette galère ?». Mais je me ressaisis et je regarde la carte. Medellin et Quito sont encore loin. Pour l’instant au bord de la mer, l’altitude n’est guère élevée. A partir de Medellin et surtout de Cali jusque Quito en Equateur, ce sera autre chose.

Le pont au-dessus du fleuve Magdalena

Encore une belle nuit d’accueil... sans rien demander !

Ce lundi 13 janvier, vers 16h30, 15 km avant d’arriver à Santa Marta, je me fais dépasser par un cycliste sexagénaire. En haut d’une montée, il m’attend... et m’invite à passer la nuit chez lui, au 9ème étage d’un bâtiment construit au bord d’une des plus belles plages de Colombie. Je ne m’attendais pas à cela, moi qui me demandais dans quel camping ou chez quelles personnes j’allais passer la nuit.

Et pourtant cette fois-ci, je n’ai rien demandé. Climaco, c’est son prénom (il a travaillé notamment en Equateur, au Venezuela et en Colombie dans « le pétrole ») me dit « A une bonne personne, il ne peut arriver rien d’autre que du bon ».

Climaco m’explique qu’il loue un appartement au 9ème étage d’un bâtiment qui en compte 14. Les ascenseurs ont disparu, ainsi que les fenêtres, les câblages électriques, les conduites d’eau et la robinetterie. Construit il y a 20 ans, il appartenait à la mafia des narcotrafiquants et fut récemment vendu à l’Etat. Chaque jour une pompe pousse l’eau pour les besoins élémentaires des locataires. Donc pas de douche mais un bon repas préparé par mon hôte ; lequel attend sa pension pour migrer vers Zurich !

Visite du parc National Naturel de Tayrona

Avec Climaco, juchés sur sa moto, nous slalomons entre bus, camions et voitures qui se rendent à Santa Clara. Nous montons encore plus au Nord vers l’entrée d’un des parcs nationaux les plus importants de Colombie : celui de Tayrona du nom de la rivière qui le traverse.. Arrivés très tôt, nous évitons la longue file des visiteurs... limités à 1.800 par jour, comme au Machu Pichu au Pérou. Nous commençons par une boucle via un mirador nous permettant de prendre de la hauteur pour admirer les paysages (voir photo)

Ce sera ensuite les plages, les plus belles les unes que les autres et comme le disent tous les responsables touristiques de tous les pays : « ce sont les plus belles plages du monde ! ». Il est vrai qu’il n’y a aucun building comme au bord de tant de plages bétonnées, voir privatisées dans de nombreux pays. De plus les restaurants et autres boutiques se cachent sous des toits de paille.

Les normes fixées pour ce parc national sont très stricts. A midi, nous dégustons un délicieux poisson et des pâtres aux crevettes pêchées dans la mer des Antilles. Une journée de repos sur la plage quoique, aves les trois heures de marche totalisant un bon dénivelé, demain, les jambes auront mal pour faire faire tourner les pédales du vélo !

Un tout grand merci à Climaco qui m’a ouvert son appartement ; selon lui, c’est ainsi que les Colombiens accueillent les visiteurs étrangers. C’est bon à savoir et j’ai bien fait de venir !

Le prochain message vous parviendra de la route de la Transandina 2020 vers le Sud-ouest, vraisemblablement à Medellin ; ce sera entre 10 et 15 jours, le temps de parcourir les 800 km qui séparent cette ville de Santa Clara où je démarre ce jeudi 16 janvier 2029 au matin.

Amitiés, Léon Tillieux

Ce cycliste voyage avec son chien. mais "on" leur a volé la tente.

 

sourire et inquiétude

Le filet tant de fois relancé pour une prise dérisoire

jeudi 2 janvier 2020

M01 Transandina 2020 : le dernier chainon manquant de l’Amérique du Sud : la Colombie

Chers amis et amies,

Vous vous rappelez que de 2009 à 2019, en quatre voyages, j’ai traversé les Andes depuis l’équateur (Quito) jusqu’au bout de la Terre de Feu (Ushuaïa en Argentine). Il me reste quelque 2.000 km à parcourir pour compléter la traversée de l’Amérique du Sud du Nord au Sud : en partant de Cartagena en Colombie sur la côte des Caraïbes pour rejoindre Quito, le point de départ de 2009. Plus de 16.000 kms auront été parcourus avec ce vélo.


Photos prises en 2009 et en 2019

Je m’embarque le 9 janvier 2020 à destination de Cartagena et reviendrai le 11 mars depuis Quito en Equateur. Je serai à nouveau accompagné de mon fidèle destrier à qui l’on a monté deux nouvelles roues ; je garde dans mon appartement les deux premières roues qui m’ont supporté durant 42.000 kms sans broncher, sans casse avec tout au plus une dizaine de crevaisons.

Durant ces deux mois, je vous enverrai des messages comme je l’ai fait par le passé, messages qui seront repris sur ce site. J’espère de cette façon rester en contact avec vous, vous faisant part de la réalisation progressive d’un rêve qui date de 2008.

Contacts avec les Colombiens et les Equatoriens, découvertes des belles couleurs et paysages Andins en Colombie et au bout du voyage retourner en Amazonie équatorienne, retrouver ma petite cousine franco-équatorienne, Amélie Leman, laquelle disait avec sa belle voix chantante, dans le film réalisé en 2009 : « Léon, tu reviens, quand tu veux » ! Si je veux, je crois que je pourrai… avec l’aide de mes jambes (elles ont dix ans de plus), de ma volonté et de mon courage bien sûr mais aussi pourquoi pas grâce à vos encouragements lointains.

Ce 19 décembre, je viens de recevoir un gentil courriel d'Amélie me disant que sa famille m'attend début mars 2020.

Les films de mes voyages à vélo sur Youtube

Mon ami Luc (du GRACQ) a commencé à mettre tous les films de mes voyages à vélo, réalisés avec la collaboration de Michel et Philippe de Ville, grâce au lien suivant :

Vous pourrez ainsi revivre mes voyages en Amérique du Sud, en Asie et en Afrique !

Partenariat avec « Entraide et Fraternité »

Si vous souhaitez soutenir et parrainer l’ONG « Entraide et Fraternité » via l’opération « Solidarity Bike » qui soutient plus précisément le projet de l’organisation LAFCCOD aux Philippines, voici quelques renseignements.

La mission de LAFCCOD est d’appuyer les petites communautés de pêcheurs des provinces de Zamboanga del Sur et de Lanao del Norte dans la gestion des écosystèmes marins et côtiers, leur émancipation y inclus celle des femmes musulmanes, chrétiennes et indigènes, ainsi que de promouvoir le respect mutuel des trois peuples et une paix durable. Pour en savoir plus, voici le lien : https://www.entraide.be/LAFCCOD

Votre don est bienvenu au compte BE68 0000 0000 3434 avec la mention « LAFCCOD Philippines Solidarity Bike Léon Tillieux » ; merci de me faire savoir si vous parrainez ce projet.

Que Noël qui approche à grands pas ainsi que les premiers jours de 2020, vous apportent une source d’espérance pour un monde meilleur, plus juste et plus respectueux de notre « Terre-mère ».

Léon Tillieux


Une des nombreuses (belles) images de la traversée des Andes, ici au Pérou en 2009

vendredi 26 avril 2019

Transandina 2019 : film et conférence !

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