Odyssées vers le Sud

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lundi 27 avril 2015

M12 Transafrica 2015 - suite sur les ondes et à l'écran

Chers amies et amis de la Transafrica,

Il y a trois semaines, je rentrais du Zimbabwe après un voyage à vélo de 3.000 km de Kigali au Rwanda à Harare en passant par le Burundi, la Tanzanie et la Zambie.

1) A l'écran

2) Sur les ondes

Par ailleurs, mon témoignage passera dans l’émission « Il était une foi » sur les ondes de la RTBF le dimanche 3 mai 2015 à 19h02 sur la première directement après les infos. Voici le message reçu de Sophie Timmermans:

" Bonjour Monsieur Tillieux,

Encore merci pour votre participation à notre émission. L’émission sur la Transafrica est programmée pour ce dimanche 3 mai à 19h sur La Première (juste après le Flash Info). Je vous enverrai le podcast la semaine prochaine. Un grand merci et bonne semaine. "

Sophie Timmermans

Journaliste-multimédia

3) En images

Un livre photos a été réalisé avec les plus belles photos que vous avez pu voir attachées aux courriels que je vous ai envoyés. Le prix de cet ouvrage est de 45 €, hors frais de port.

Le prix est de 45 € à verser au compte de Léon Tillieux : BE42 1030 1806 0054 avec la communication : « livre-photos Transafrica 2015 »

A plus, au plaisir de vous revoir.

Léon Tillieux

0478/61 85 81

A0 De retour en BelgiqueAvec le vélo (bien emballé) de retour à Faulx-les-Tombes

samedi 28 mars 2015

M11 Transafrica 2015 - Arrivée à Harare (Zimbabwé)

Chers amies et amis de la Transafrica 2015

La fin d'un voyage

C'est bien sûr la joie et la fierté de l'avoir accompli qui viennent au coeur mais c'est aussi le regret d'une aventure qui se termine.

Pourtant, le long chemin vers Qunu n'est pas terminé puisque en janvier 2016, je serai de nouveau ici à Harare pour la seconde partie de ce voyage intitulé "On the road again with Nelson Mandela".  Je suis certain que vous continuerez à me suivre comme vous l'avez fait lors de cette édition 2015. Mais, avant de dresser le bilan et d'envoyer la liste des remerciements, quid des derniers jours passés au Zimbabwe ?

A Chinoyi, une "précieuse" rencontre orchestrée par Precious, responsable de l'organisation Pamuhacha

Un courriel de Claude Mormont d'Entraide depuis Bruxelles, un SMS, un coup de fil et voilà une rencontre programmée en moins de deux avec ce partenaire d'Entraide et Fraternité qu'est Pamuhacha, grâce à la personne responsable de cette ONG prénommée "Precious" (prénom peu habituel).  

B04 Pamuhacha enfants activites.JPGCette organisation a comme objectif principal de venir en aide aux enfants porteurs du Sida, nombreux ici au Zimbabwe comme en Zambie (voir message n° 9). Veiller à ce qu'ils soient dans de bonnes conditions pour prendre régulièrement les médicaments prescrits par le traitement.  Organiser des activités en leur permettant d'exprimer leurs peurs, leurs angoisses mais aussi de réaliser leurs rêves.

Pamuhacha est le nom d'un grand arbre africain en-dessous duquel les gens se rassemblent pour échanger sur les problèmes importants... comme celui du Sida : comment organiser la prévention; comment permettre aux porteurs de continuer à mener une vie normale sans stigmatisation, etc.

Ce jeudi 19 mars dernier jour à Chinoyi, j'ai rencontré une dizaine d'enfants et vu comment les activités organisées par Pamuhacha les aident à re-vivre comme les autres enfants.
 
Translation for the "English speaking" friends.
 
A contact by Mail with Claude Mormont of Entraide in Brussels, one message, one phone contact and the meeting is arranged in less than one hour with this partener of "Entraide et Fraternité" : Pamuhacha, thanks to Precious, the responsible of this organisation that has the main purpose to help and take care of childrens having HIV/Aids, very numerous here in Zimbabwe (as in Zambia).  Try to give good conditions for them taking the medication regularly.  Organize activities in order to help them to say why they are afraid but also to reach their dreams.  Pamuhacha is the name of a big african tree under which people come together to share about important problems ... like that of HIV/Aids : how prevent it, how allow the young people to continue to live normally, etc.  This thursday 19th March, I participate to the activities organized by Pamuhacha in order to help these children to live again as the other children.

Camping à Chinoyi

En attendant cette visite, je me suis payé (encore un ?) jour de repos dans un immense camping situé près des grottes ("caves" in English) de Chinoyi;  beaucoup d'espace pour la seule tente mais aussi - et cela est très important - accès au WIFI, ce qui vous permet de suivre la Transafrica, pas à pas, il faudrait dire "tour de roue" après "tour de roue" ! 

Dans l'immense terrain du camping, une petite dizaine d'hommes et de femmes enlèvent à la main, une à une, les plantes envahissantes pour faire place à une belle pelouse... que l'on arrose à longueur de journée.  Par contre dans le sanitaire du camping, l'eau fait défaut ! C'est bien l'Afrique avec ses contrastes à chaque coin de rue ou de sentier ! Comme au bord des routes, en Zambie également, des dizaines d'hommes coupent l'herbe à la machette.

Toutefois entre Kariba et Makuti, sur la route des lions, j'ai remarqué que c'était une machine qui avait débroussaillé ... le Zimbabwe n'expose quand même pas ses ouvriers à l'appétit des simbas !

A10 aide barbecue.JPG

Pour mon barbecue, une aide inattendue des petits écoliers ... comme quoi "Small is beautiful" , comme le dit le titre d'un livre ... !

Un midi, j'étais en train de préparer le barbecue pour la cuisson de pâtes (au thon) lorsque, sans que je ne le leur ai demandé, une dizaine d'écoliers rentrant de l'école m'ont apporté spontanément du bois pour le feu (voir photo).  L'on voit bien qu'ils ont l'habitude d'aider leur maman pour ramener du bois pour la cuisson.

En remerciement, ils ont reçu un biscuit !  Ils sont sympas comme dans les autres pays traversés même si de prime abord, ils semblent plus réservés et moins exubérants qu'au Burundi par exemple ... quoique !

Arrivée à Harare : samedi 21 mars 2015 à 17 heures

C05 Zimbabwe danger.JPGLa longue route asphaltée depuis Morogoro en Tanzanie se termine pour moi à Harare, soit près de 2.5OO kms.  Si elle fut relativement sécurisante en dépit d'un trafic intense, ce fut grâce à une bonne piste cyclable la majeure partie du parcours jusqu'au Zimbabwe.

Dans ce dernier pays en revanche, comme en témoigne la photo jointe, la piste cyclable était très souvent inexistante. Toutefois le "fair-play" des chauffeurs de camions et des voitures a fait en sorte que les risques d'accrochage ont été limités.

Tout au long du parcours, je n'ai cessé d'être vigilant ... c'est la raison pour laquelle je suis toujours là pour vous le dire. Un allié important, ce fut le drapeau-écarteur jaune et rouge, orienté vers la droite (voir la photo) qui en a poussé plus d'un à ne pas me frôler !

La recherche de la maison où habitent John et Kathy Stewart à Harare fut un peu longue.  En m'adressant à des personnes qui ne connaissaient pas leur rue, je me suis retrouvé trop loin ... en fait, si j'avais su, les Stewart habitent - comme par hasard - non loin de l'avenue "Nelson Mandela" ... !

Programme de visites très intéressantes à Harare

Accueil chez les Stewart

Grâce à John Stewart chez qui je suis hébergé à Harare, une série de rencontres très intéressantes.  John, Sud-Africain d'origine, ayant vécu au Lesotho, au Kenya, a travaillé au Congo Brazzaville et en Angola.  Passionné de défense des Droits humains, il travailla en faveur des réfugiés Chiliens, Boliviens et Argentins dans les années 1970, dans la lutte anti-apartheid en Afrique du Sud, avec les Quakers, mouvement d'action non-violente.  

Avec son épouse Kathy, également Sud-Africaine d'origine, ils sont installés au Zimbabwe.  John a été témoin pour Entraide et Fraternité au moment important de la lutte anti-apartheid et à ce titre est venu dans la région de Namur et de Charleroi.  Actuellement, il est directeur de NOVASC (Nonviolent Action and Strategies for Social Changes), dont le siège est au Zimbabwe, et qui apporte un soutien technique et pratique au développement de compétences en matière de négociation, de médiation et d’action non-violente.  Il a également participé aux Forums Sociaux Mondiaux de Porto Alegre au Brésil au début des années 2000.

Quant à son épouse Kathy Bond-Stewart, elle fait partie d'une équipe d'une dizaine de personnes responsables de la publication d'ouvrages, publiés en Afrique du Sud : "Africa Community Publishing and Development Trust". Avec comme objectif la formation d'acteurs de changement au service du renforcement des capacités communautaires pour un développement véritable.

Semer les semences (les capacités des personnes) en renforçant la participation citoyenne; raviver l'espoir au delà de la pauvreté et de la survie; restaurer la dignité humaine basée sur la défense des Droits Humains  et sur la reponsabilité de tous.

Dans un ces livres publiés intitulé "Rising again", l'équipe propose une analyse du contrôle des ressources locales en abordant la problématique de la terre tenant compte des aspects fonciers, climatiques et environnementaux.

Une des questions posées dans ce livre : "comment se fait-il que dans un pays disposant de tant de richesses (sol et sous-sol) qu'est le Zimbabwe, il y ait tant de pauvreté?"   Un dessin illustrant des babouins détruisant la récolte d'un paysan porte le commentaire suivant : "comment se fait-il que nous paysans, nous ne pouvons pas exiger une indemnisation alors que, si notre vache entre dans un parc national et provoque des dégâts, nous devons payer une amende à l'Etat?".

Rencontre pendant deux jours de responsables de l'association ZIYSAP (Zimbabwe Integrated Youth Survival Alternatives Program Trust) dans une région rurale à 20 km de Harare

D01 Ziysap team.JPGDans un contexte d'un très grand sous-développement avec un taux de "non-emploi" atteignant 80% affectant principalement les jeunes (je n'utilise pas le mot "chômage" car dans ce pays comme dans la plupart des pays du Tiers-Monde, les indemnités chômage n'existent pas), cette association entend relever ce défi de créer des opportunités d'emploi : agriculture, menuiserie, construction, gardiennage, salon de coiffure, création musicale, etc.

Aider les jeunes à développer leurs capacités et à prendre des initiatives en rompant les chaînes de la pauvreté et d'une "culture du silence" qui les écrase dans un contexte politique difficile. 

Visite du Centre "Silveira House" : Centre Social Jésuite de Développement et pour la Justice
 
E01 Centre Silveira House.JPGSitué à 2O km à l'est de Harare en zone rurale, ce centre multidisciplinaire organise des formations dans différents domaines: écoles, santé des enfants, agriculture, artisanat, développement industriel, promotion des Droits humains, problématique de la paix et de la justice, éducation civique, auxquels s'ajoute celle liée à l'expansion du SIDA.

Fondé en 1964 par un jésuite, le Père John Dove né en Birmanie, ce centre entend promouvoir la doctrine sociale de l'Eglise en prenant ouvertement parti pour la défense des droits des opprimés et particulièrement des ouvriers via l'action syndicale.

Le mardi 31 mars - dernier jour au Zimbabwe

Kathy Bond-Stewart chez qui j'ai été hébergé durant huit jours, présente son dernier ouvrage. Il y a vingt ans, en 1995, cette travailleuse sociale énergique faisait partie de la délégation des ONG du Zimbabwe au "Sommet sur la femme" à Beijing (Péking) en Chine.

Vingt ans après, la problématique liée aux différences entre hommes et femmes est encore très importante en Afrique; de nombreuses personnes dont surtout des femmes s'engagent au quotidien pour un plus grand respect de la femme et de ses Droits. Mais le chemin - comme celui vers la liberté - est long et semé d'embûches ...

Bilan de la Transafrica 2015

C02 Village Zimbabwe.JPG

Kms parcourus : 3.122 kms
Nombre de jours roulés: 41 jours
Moyenne journalière : 76 kms
Temps total : 246 heures 21 min.
Moyenne horaire : 12,7 kms/h.
Nombre de crevaisons  et de problèmes techniques : néant.
Changement de chaine (en alternance) : deux fois.

C01 Traction animale.JPG

Une longue liste de "merci"

  • en premier lieu, à vous qui avez pris la peine de répondre à mes messages en m'encourageant dans ce défi un peu fou, moins escarpé que celui des Andes (2009 et 2013) mais beaucoup plus chaud et non sans risques (rappelez-vous l'histoire des simbas ... en plusieurs épisodes);
  • à celles et ceux qui m'ont accueilli au Rwanda: la soeur (Chantal) et le frère (Gaspard) de mon beau-fils Innocent; Soeur Alphonsine et les autres religieuses de Cyeza; l'abbé Rémi et ses collègues de Nyanza; Soeur Odette et les autres religieuses de l'école "Elena Guerra" de Butare, Eugène de l'Aprojumap et les personnes rencontrées sur le terrain lors des visites des projets soutenus par Entraide et Fraternité;
  • à celles et ceux qui m'ont accueilli au Burundi : Aude Rossignol et Alain Carpiaux travaillant à Bujumbura; l'abbé Marc de Ruganza (Kayanza); Pascasie, Pascal, Justin, Gordien et Moïse de l'OAP de Bujumbura ainsi que les personnes rencontrées sur le terrain lors des visites des projets soutenus par Entraide et Fraternité ; Thierry coordinateur régional africain de cette ONG;
  • à celles et ceux qui m'ont accueilli au Tanzanie et plus particulièrement Mr Jakobsen de Kigoma qui m'a aidé à réserver le train pour Morogoro;
  • à celles et ceux qui m'ont accueilli en Zambie : principalement Pierre Ruquoy, Amos, Chanda, le cuisinier et la centaine d'enfants des "Sunflowers"... sans oublier le jeune (dont je n'ai pas retenu le prénom) qui, en moins de deux, a recousu ma chaussure gauche qui "baillait" un peu trop; Thierry Dejonghe et son épouse de Lusaka; les deux familles nombreuses chez qui j'ai passé une nuit; le couple de fermiers blancs qui m'ont accueilli pour une nuit;
  • à celles et ceux qui m'ont accueilli au Zimbabwe :  les concierges de l'entreprise CMDE de Makuti; les abbés Batwell et Ignatius de Makuti qui m'ont ouvert la porte de leur presbytère; Precious, le staff de l'organisation "Pamuacha" de Chinoyi ainsi que les enfants avec qui j'ai passé une après-midi; les enfants de Chinoyi qui m'ont apporté du bois pour le barbecue; Mr Nelson de Mapucha, contacté par la très active Precious, qui m'a trouvé un coin de pelouse pour dresser ma tente la dernière nuit du voyage à vélo; la boisson rafraîchissante donnée par un retraité blanc qui a arrêté sa voiture tirant un bateau de plaisance pour me demander d'où je venais;  aux membres du ZIYSAP et en particulier David Manenji (ancien coordinateur panafricain de la JECI - Jeunesse Etudiante Catholique Internationale - et de la JOCI - Jeunesse Ouvrière Catholique Internationale - dans les années 1980) et son épouse Kenyane Frida; les personnes de Silveira House, en particulier Eve... et "last but not least" John et Kathy de Harare, qui laisseront dans mon coeur un souvenir inoubliable de cette fin de séjour en terre africaine; 
  • à celles et ceux qui ont soutenus les ONG parrainées (OXFAM, Entraide et Fraternité, the Sunflowers en Zambie et le Groupe Tiers-Monde de Gesves) ainsi qu'aux sponsors de la Transafrica, dont le nom paraitra dans le générique (sauf s'ils souhaitent rester anonymes) du film qui vraisemblablement s'intitulera "On the road again with Nelson Mandela".

Quid de la suite de la Transafrica 2015 dans les mois à venir ?

  • Un livre photos, comme d'habitude après un voyage, reprenant les plus belles de celles qui étaient attachées aux messages et les commentaires les plus significatifs des courriels que vous avez reçus
  • La réalisation de la première partie du film avec et par les frères de Ville; les projections seront vraisemblablement programmées pour le mois de juin, sinon septembre 2015
  • Un contact avec la journaliste Sophie Timmermans de l'émission "Il était une foi" (le dimanche à 19h sur la Première de la RTBF) pour un témoignage sur les ondes belges dans les semaines à venir, ainsi que sur celles de RCF Namur dans l'émission "d'écho en écho" de Marcienne Greindl. 

Retour en Belgique

Le vélo ayant retrouvé sa caisse en carton,  départ de Harare (Zimbabwe) le premier avril (ce ne sera certainement pas un poisson) à 12h45. L'arrivée est prévue le jeudi 2 avril 2015 à Zaventem à 8 heures du matin. Si le cœur vous en dit de vous lever tôt et de m'accueillir ...

Au plaisir de se revoir "tout bientôt" ... comme di(rai)t Danielle !

Léon

F02 Sadza.JPG

Précision relative au message précédent

La  traditionnelle purée de maïs, "Nshima" en Zambie, au Zimbabwe cela s'appelle le "Sadza". 

En fait le maïs trouve son origine dans les civilisations latino-américaines et est connu des populations de ces régions bien avant l'arrivée des Espagnols; le maïs - omni présent en Zambie et au Zimbabwe, le riz n'étant guère cuisiné dans ces pays  - fut importé en Afrique entre le 16ème et le 17ème siècle... via l'Europe.

lundi 16 mars 2015

M10 Transafrica 2015 - de Lusaka (Zambie) à Harare (Zimbabwé)

Lusaka, capitale de la Zambie : contrastes

Après une semaine de repos et de rencontres enrichissantes aux "Sunflowers", je retrouve les folles sensations du vélo.  En arrivant à la capitale, impossible de louper le nouveau stade, hyper moderne à faire pâmer d'envie les Brésiliens avec leur "vieux" Maracaña même rénové pour le "Mundial" 2014 ! Selon notre ami Pierre Ruquoy, il a été construit par des Chinois qui n'ont nullement hésité à utiliser de la main d'oeuvre "très bon marché" : des condamnés de droit commun, qui au lieu de purger leur peine en Chine, ont pu librement respirer l'air de ce Cayenne Chinois en Afrique !  Les bagnes, c'est pas fini avec eux !

Un saut (en bus) jusqu'au parc national de Luangwa en Zambie orientale

A10 Leopoard dans la nuit.JPGUn petit extra, pendant 5 jours, sans le vélo qui "se repose" chez Thierry, un Belge retraité à Lusaka. Au menu de ce safari : éléphants, girafes, impalas, zèbres, buffles déjà vus en Tanzanie (voir message n° 6) avec comme nouveauté, à défaut de lion (ou Simba), un léopard (la photo jointe - prise à la tombée de la nuit - est floue mais montre bien le déplacement caractéristique de ce félin guêtant son"souper" : un impala tout proche).  

Egalement des hippopotames que l'on entend même la nuit depuis le "lodge",  de nombreux oiseaux, un crocodile (seule la queue était visible).  

Au petit matin, un couple de léopards ... mais comme c'était la saison des amours, nous n'avons pas trop insisté ... ils sont chez eux quand même !  Au coucher du soleil (magnifique comme souvent en Afrique), des koudous. 

A07 Koudous.JPG

Voir à ce propos ci-dessous, un extrait du livre biographique de Nelson Mandela "un long chemin vers la liberté", mon livre de "chevet" pour cette Transafrica 2015. Même à "Robben Island", il y a(vait) des koudous !

 P1110331.JPG" (...) Quelques jours plus tard, nous sommes allés à la carrière à pied, plutôt qu'en camion, et cela aussi nous remontait le moral.  Pendant les vingt minutes de marche vers la carrière, nous avions un meilleur sens de l'île, nous voyions les buissons très denses et les grands arbres, nous sentions les parfums des eucalyptus, nous apercevions parfois un springbok ou un koudou, en train de brouter au loin. (...)" 

Lundi 9 mars 2015

Sortir de Lusaka

Quitter Lusaka, une ville de plus d'un million d'habitants, ce n'est pas aisé surtout lorsqu'il n'y a aucun panneau directionnel. Mais avec mon (bon) sens de l'orientation et grâce au soleil qui brilla ce jour-là, malgré une erreur de parcours, je me suis retrouvé assez rapidement sur la bonne route vers le Zimbabwe et cela sans passer par le centre comme cela était initialement prévu.  

D'où un parcours plus aisé ... surtout qu'en Zambie, sur les nationales, 80% du temps, les cyclistes disposent d'une belle piste cyclable d'un mètre - et parfois un mètre vingt  - de large, du même revêtement que la partie de la route réservée aux poids (plus) lourds.  En Belgique francophone - mis à part le très beau réseau RAVel - les pistes cyclables des années 1950 sont dans un état déplorable (végétation et objets hétéroclites rejetés par les voitures). 

Rencontre de Dino ancien courreur cycliste

En sortant d'un petit "super-marché" à la sortie de Lusaka (où j'ai acheté un pot de "Nutela" ... cela fait deux mois que j'espérais me payer ce petit extra !), un homme m'interpelle.  Il - Dino Giuseppini - est fasciné par le vélo depuis toujours.  En effet, ancien cycliste professionnel du temps de Coppi, Gimondi, Zandegu et Merckx, il arrive en Afrique; il consacre sa vie au cyclisme : tour de Madagascar, de la Réunion, courses en Algérie, en Egypte, etc ... 

Ensuite, il essaye de constituer une équipe nationale Zambienne ... s'étant arrêté définitivement dans ce pays où "il y a tant de soleil et où le ciel est bleu" ... mais aussi pour les beaux yeux d'une Zambienne ! Tout heureux de rencontrer un "fana" du vélo, il m'invite à manger chez lui : de bons spaghetti à l'italienne.  

Ma connaissance de l'italien lui permet de s'exprimer dans sa langue maternelle et tout heureux (et très volubile), il ravive les souvenirs des années 1960, 1970 ... où l'on ne se dopait pas (ou moins) et où l'on prenait des pastilles de sel pour compenser la perte de liquide due à la sueur sous le soleil africain. Pour la Transafrica 2016, je prendrai cela dans ma musette ...!

Une cimenterie qui pose question 

Soudain une usine, décor inhabituel en Zambie : une cimenterie ! Pierre Ruquoy - toujours lui - m'a appris que la famille Le Pen est seule propriétaire et détient le monopole de ce secteur important pour la construction dans ce pays. Il est étonnant que des gens (dangereux) comme les Le Pen refusent de considérer les Africains sur un pied d'égalité avec les Français de souche, mais s'intéressent plutôt et malgré leurs convictions politiques à la génération de profit dans ce coin non-Français. 

Il est vrai - comme pour les Chinois - que les salaires ici sont (très) peu élevés et le syndicalisme quasi inexistant. Sur ce plan - toujours selon la même source, il en connait des choses le Pierre - une tentative de grève réclamant de meilleures conditions de travail a été réprimée par la police ... comme au temps de nos grands-parents ou de décembre 1960 en Belgique ! 

Informations bien sûr à vérifier concernant les capitaux Lepenistes investis dans les cimenteries en Zambie (invitation à tout qui peut m'aider sur ce sujet, car je n'ai guère l'occasion de "surfer sur le net" comme l'on dit en Franglais)...  je ne suis pas sûr que Marine soit locace sur cette question ! 

Une école pour dresser la tente

Lundi soir, pas moyen de trouver un camping ou une "guest-house" pour passer la nuit; je décide de m'adresser à la directrice d'une école dans un petit village.  Tout de suite, celle-ci marque son accord pour que je dresse la tente à proximité.  Echanges intéressants sur le sens du voyage jusqu'au village de Mandela. Elle m'assure qu'il n'y a aucun problème quant à la sécurité.

La nuit tombe vite en Afrique (18h25, il fait encore jour - 18h50, il fait tout noir). Une antenne GSM immense à côté d'une école qui ne dispose pas de l'électricité ... quel contraste !  Sur la porte de l'école, il est écrit "Welcome" ... en effet, c'est vrai !  Journée réussie pour moi sur ce plan-là sauf peut-être pour la cimenterie où je n'ai pas insisté pour être reçu !

Nouveaux langages

Fini le Bemba ("Mwashibukeni"), bonjour le "Nyanja" dans la région de Lusaka et en s'approchant du Zimbabwe, le "Tonga".  J'appends de nouveaux mots ("Mwauka Bwonji" et "Twalumba")... et cela fait toujours autant plaisir aux gens rencontrés quand on leur dit bonjour selon leur culture.  Il va falloir apprendre ces mots en langue locale du Zimbabwe!

Une journée de repos au bord du lac de Kariba 

P1110820.JPG220 kms en deux jours, cela mérite bien un jour de repos (mercredi 11 mars) dans un camping au bord du lac de Kariba, situé à la frontière entre la Zambie et le Zimbabwe. 

D'autant plus que les dix derniers kilomètres présentaient un dénivelé important et cela sous un soleil bien africain ... une véritable fournaise sous le coup de 15h!  Chose rare dans la Transafrica, je suis descendu de vélo à plusieurs reprises ! 

Ce lac immense s'est formé lors de la construction (1956-1960) d'un très grand barrage hydro-électrique sur le fleuve Zambèze, sous les ordres d'un ingénieur français travaillant pour une société ancêtre de Tractebel.

Il semblerait que les années passant, des fissures représenteraient un danger énorme, ce qui pourrait avoir des conséquences désastreuses pour des centaines de milliers d'habitants des pays en aval : Zambie, Zimbabwe, Malawi.  

P1110687.JPG

Ces informations - à vérifier - m'ont été données par Victor, un Français de Roubaix, rencontré au parc Luangwa et travaillant pour une ONG sur les problèmes de l'eau au Malawi.

Tout près du barage, j'ai vu un chinois - qui m'a salué - ... il y en a partout!

La douanière voulait tout savoir ... "Welcome in Zimbabwe"

P1110683.JPGPour passer la frontière entre la Zambie et le Zimbabwe, le jeudi 12 mars, il suffit d'enjamber le fleuve Zambèze via le barrage de Kariba, construit en demi-cercle.  

Dans une tente où il fait suffocant malgré les ventilateurs tournant à plein régime, la douanière de service veut tout savoir : tous les prénoms (nous Belges, nous en avons parfois 5, c'est mon cas: le papa, le grand-père, l'arrière-grand père, le parrain et "Ghislain" pour éloigner les convulsions ! ); la profession exercée avant la retraite, l'adresse ... en Belgique, l'adresse de référence à Harare, le numéro de la réservation du billet d'avion de retour (qui se trouve enfouie dans les bagages. 

Heureusement, je l'ai noté sur mon carnet de route, toujours à portée de main. Finalement, le visa est accordé: 30 US$ au lieu de 50 dans les autres pays. Tout est moins cher au Zimbabwe et les billets de 2 US$ sont acceptés, moi qui en ai une flopée... 

P1110686.JPG

Un peu plus loin, un gardien dans une guerrite m'arrête pour me faire payer une taxe sur les véhicules à moteur ... à mon avis, il n'avait pas bien regardé mon moyen de locomotion, ne croyant pas qu'il est possible de venir de si loin avec comme seul "moteur" l'huile de jambes; heureusement, je n'ai pas d'assistance électrique, c'est peut-être considéré comme un moteur dans ce pays!

Une montée hyper raide ... efforts inutiles !

Arrivé au sommet d'une montée qui m'a fait suer comme jamais, j'apprends que je me suis trompé de route et que je dois redescendre si je veux arriver à Harare!  Bien, à Kariba, les rues portent toutes un nom mais à l'embranchement vers la capitale, pas la moindre indication!  Donc je râle. 

Toutefois ce détour m'a permis de faire mes achats dans un mini-super-marché: thon, biscuits, confiture, pâtes, sauce tomate (en Tanzanie, le commerçant m'avait dit : "faites la vous-même !") ... et du bon pain gris, le premier depuis deux mois et demi qui me rappelle celui de la Belgique, au point que je me taille un pique-nique tout de suite devant le super-marché ! Le caissier me propose une table à l'intérieur du magasin ... sympa ! Oui, au Zimbabwe, les premiers contacts sont positifs !

Une nuit en cage comme un "lion"

La douanière m'avait prévenu: je vais passer par une zone où il y a des animaux sauvages;  même les Simbas me poursuivent au Zimbabwe!  Heureusement pour la première nuit passée dans ce 5ème pays de la Transafrica, j'ai trouvé un restaurant-hotel "grillagé".  

P1110682.JPGLa patronne hyper gentille m'a permis d'occuper une partie du bâtiment me mettant la nuit à l'abri des éléphants, lions et autres animaux dangereux qui viendraient rôder par ici (voir la photo ci-jointe ... non nous ne sommes pas au cirque!)  Bien, pendant la journée, je ne risque rien mais "ce sera la forêt, rien que la forêt", me dit la dame qui me vend 12 bananes pour un dollar.  

Ici, Mugabe a instauré le dollar étatsunien comme monnaie nationale (comme Rafael Correa en Equateur). "Pédaler quand il fait chaud" ... C'est ce que me conseille le passager d'une voiture arrêtée qui m'invite à venir voir trois éléphants de l'autre côté de la route (pas trop prèq, car il y a un petit !).  Pendant les heures chaudes de la journée, me dit-il "il n'y a pas de danger ... les Simbas font la sieste".  Ils digèrent leur dernière proie !  

La nuit déjà tombée, alors que je suis attablé à l'extérieur, un des gardiens m'invite à me retourner : dans le noir, on distingue trois éléphants en train de manger à la limite de la propriété, à une trentaine de mètres de nous. Jusqu'à minuit, l'on a droit à de la musique bien africaine ... ensuite place au calme, la nuit appartient enfin aux animaux; quant à nous, nous sommes en sécurité.

Une seconde nuit derrière des barrières

Arrivé à Makuti, je me renseigne auprès de deux policières qui contrôlent les poids lourds.  Comme il risque encore d'avoir des lions la nuit (décidément, ils me poursuivent encore), l'une d'elles me suggère d'aller demander au propriétaire d'un grand dépôt de camions, entièrement clôturé, pour pouvoir planter ma tente.  Je m'adresse au couple de concierges qui m'accueillent chaleureusement.  C'est chez eux que je fais bouillir de l'eau pour me cuire des pâtes. 

Quant à la famille (trois enfants), ils mangent le "Nshima", la traditionnelle purée de maïs, comme en Zambie mais ici cela s'appelle le "Shada" (je ne suis pas sûr de l'orthographe). Le plus petit fait ses premiers pas en s'accrochant à moi.  Le lendemain matin, départ matinal vers Harare après une nuit calme et relativement fraîche. 

Je présume que je me trouve en altitude car la journée précédente, en quittant la vallée du fleuve Zambèze, je n'ai fais pratiquement que de grimper (d'où moyenne horaire inférieure à 10km/h).  Il en sera de même jusqu'à Harare ... la Transafrica 2015 doit se terminer en beauté !

Bienvenue à Lucie

Malgré les difficultés de communication (connexion internet difficile, pas facile de se procurer une carte Sim du pays) durant les premiers jours passés au Zimbabwe, j'apprends le 14 mars (via mon GSM belge) la naissance (le 13 mars) de la petite Lucie, la seconde petite-fille de Danielle, ma compagne. Félicitations aux parents Aurélie et Giovanni et à la Mamy ... très heureux !  

Prochain et dernier message à Harare

Ce sera chez John et Kathy, amis de Jacques Briard et de Claude Mormont (d'Entraide et Fraternité) que la Transafrica 2015 se terminera (avec le dernier message que je vous enverrai) et recommencera en janvier 2016 en direction de Qunu en Afrique du Sud.

Léon ... "on the road again with Nelson Mandela"

lundi 2 mars 2015

M09 Transafrica 2015 - les 100 orphelins de "Sunflowers" en Zambie

Chers amies et amis,
 
Me voilà à 50 kms de Lusaka, la capitale de la Zambie. Tout va bien !

Mais tout d'abord, qui est-il ce Pierre Ruquoy?

F01 Chapelle et Pierre.JPG

Pierre, originaire de Ligny, missionnaire Scheutiste, a suivi sa formation successivement à Namur, Mexico et Rome.  Mais avant d'étudier la théologie et d'être ordonné prêtre - afin dit-il d'avoir une formation pas trop "cléricale" -  il a vécu durant 5 ans au milieu des villageois en République Dominicaine à Cabeza del Toro ... comme l'un d'entre eux, vivant simplement et apprenant, entre autre, à monter à cheval, à cultiver la terre mais surtout à découvrir la profondeur des relations humaines.  
 
Avant de partir pour la Zambie en 2006, sa nouvelle terre de mission, il passe plusieurs mois pour se ressourcer à l'abbaye de Soleilmont, située non loin du R3 de Charleroi, pensant terminer sa vie comme moine contemplatif.  Mais le virus de l'engagement auprès des plus petits refait surface et le voilà - en 2007 - dans la région de Kabwé, à deux pas du barrage sur la rivière Mulungushi.
 
Sept ans après son arrivée en terre africaine, Pierre se débrouille pas mal dans cette langue difficile qu'est le Cibemba (dont je vous ai appris un mot dans mon message précédent : Mwashibukeni pour "Bonjour").  Les premiers temps, il ne cesse de se déplacer dans cette immense paroisse rurale (120 villages), étendue comme la province de Namur, qui lui a été confiée avec des dizaines de succursales.

C'est là qu'il retournera comme curé.  Il sera ensuite responsable d'une radio communautaire au niveau local et ensuite des radios catholiques au niveau de l'Amérique Latine, ce qui l'amènera à résister clandestinement - par les ondes, en créole - au coup d'état de Raoul Cedras en Haïti en 1991. 

Au début des années 1990, il rejoint les Bateys, partageant la souffrance de ce peuple exploité de planteurs de canne à sucre, originaires de Haïti, travaillant comme des esclaves (moins de deux dollars par jour) en République Dominicaine. 

Son presbytère étant avant tout une maison d'accueil, il n'hésitait pas à traverser la frontière entre Haïti et République Dominicaine pour défendre les droits de ces travailleurs. Jusqu'au jour où, 30 ans après son arrivée dans cette terre où déjà il avait adopté plusieurs orphelins,  les menaces de représailles  et menaces de mort des propriétaires des sucreries et autres politiciens devinrent tellement dangereuses que ses supérieurs décidèrent de l'envoyer en mission dans un autre pays. 

Il s'agit du premier barrage hydro-électrique contruit en Afrique par les Anglais dans les années entre 1910 et 1929.  C'est tout près d'ici, historiquement, le 22 décembre 1978, alors que des membres de l'armée de libération du Zimbabwe (qui à l'époque s'appelait encore la Rhodésie du Sud) s'entrainaient clandestinement, que des avions militaires commandés par les Anglais de Rhodésie du Sud sont venus les bombarder, tuant 200 d'entre eux, en violant l'espace aérien de la Zambie.

Cet épisode organisé au mépris des lois internationales ne fit l'objet d'aucun écho dans la presse nationale ni internationale. Trente cinq ans après, les victimes et surtout leurs familles attendent toujours un monument ou une cérémonie de reconnaissance ... pour ne pas tomber dans l'oubli!

Certains week-ends, il part en brousse pour célébrer 10 messes d'affilée du vendredi soir au dimanche, n'hésitant pas à camper sur place deux nuits dans une petite tente. Puis, un jour, il change de mission ... tout en restant fidèle à ses engagements de toujours.

Les orphelins de "Sunflowers"

A01 Sunflowers.JPG

En effet en Zambie, les enfants devenus orphelins suite à la mort des parents provoquée par ce fléau qu'est le sida, sont légions.  Selon l'UNICEF, en Zambie, un enfant sur quatre a perdu ses parents.  En 2007, Pierre accueille chez lui Kasonde, un des premiers jeunes (17 ans) à frapper à sa porte. C'est le début d'une longue histoire ... à ce jour, ils sont plus d'une centaine trouvant ici un lieu d'accueil, une table, la possibilité d'aller à l'école .. et de nouvelles raisons de vivre.  

The "Sunflowers" tel est le nom choisi pour ce lieu ... symbole d'espoir pour ceux et celles qui y vivent.  Parmi les plus grands, l'un ou l'autre suivent une formation d'infirmier ou d'enseignant.  

Un jour, certains parviendront vraisemblablement à l'université et comme au Guatemala - voir le projet de bourses d'études pour les Indiens de ce pays, une autre initiative de Pierre via l'ASBL SIG (Solidarité avec les Indiens du Guatemala) initiée dans sa première vie Mexicaine - ils prendront leurs responsabilités au service de leur peuple et du développement de leur pays africain.

Autre signe positif de ce lieu d'accueil, les enfants sont les seuls de la région à se rendre à l'école après avoir déjeuné ... les autres arrivent à l'école le ventre creux, le seul repas quotidien ayant lieu pour ces derniers vers 14 heures avec la purée de maïs, le "Nshima" et très rarement un petit morceau de poulet. Au menu des enfants de Pierre: oeufs, poulet, poisson, boudin, etc. 

Rappelons-nous le texte du rêve célèbre de Martin Luther King "Je rêve qu'un jour chaque enfant du monde recevra trois repas par jour ..."  Aux "Sunflowers", ce rêve est une réalité !

Les autres rêves de Pierre

Parmi ces rêves, la construction d'un hôpital où pourraient être soignés les malades du Sida, innombrables dans la région; une bibliothèque; la transformation de l'ancienne église en salle d'études; une troupe de théâtre-action comme il avait mis sur pied en République Dominicaine ... etc.   Autant de ponts à construire pour que en priorité, les Droits des plus faibles soient respectés, au delà des différences d'ethnies, langues, nationalités et dénominations religieuses

Une "hutte" de plus pour 10 garçons grâce aux parrainages de la Transafrica 2015.

G01 Depart Sunflowers.JPG

Une somme dépassant les mille euros a été versée sur le compte des "Sunflowers"  grâce à vos parrainages et au Groupe Tiers-Monde de Gesves.  Avec cet argent, une nouvelle hutte (dortoir) pour 10 garçons verra le jour bientôt aux "Sunflowers"... exactement à l'endroit où est prise la photo de groupe ci-dessus.

Un petit "flash back" : arrivée aux "Sunflowers" le lundi 23 février 2015 à 18h

B04 Admirateurs du velo.JPG

La route de Kabwe à Mulungushi est débordante de pluie lorsque Amos, le chauffeur m'amène aux "Sunflowers" avec le 4x4.  Dans la case centrale, tous attendent celui qui est venu jusqu'à eux de si loin avec un vélo !  Certains ne croyaient pas cela possible ! Premier "rite" d'accueil avant un repas on ne peut plus belge prévu par Pierre (compote de pommes, boudin fabriqué à partir des cochons de la ferme ... et frites !)

Ensuite soirée au cours de laquelle se mêlent chants, paroles d'accueil, partage de gâteaux et ... de nombreuses questions.  Le vélo est amené en tant qu'instrument ou mieux "acteur" principal de ce défi.  Les gars "veulent tout savoir" sur cet étonnant voyage : détails techniques, nourriture, problèmes rencontrés, motivations, rencontres, hébergement, etc.

Un menu de "lion"

Après une longue traversée de "désert" avec pas grand chose à se mettre sous la dent (voir messages précédents), ce passage aux "Sunflowers" me permet de regagner un peu de forces (et de poids peut-être, ce qui ne fera pas de tort).  

Le cuisinier prépare pour le premier jour, outre un délicieux potage aux potirons du potager, un succulent gigot de "phacochère" ... tout en me montrant dans le congélateur un morceau d'antilope qui a courru le risque de s'échapper du parc national de Luangwa (dont le centre se trouve à plusieurs centaines de kms à l'Est d'ici mais dont la limite occidentale vient "toucher" le lac tout proche).

Rencontre du résident le plus âgé des "Sunflowers"

B01 Beni grand-pere.JPGIl s'appelle Béni, 87 ans, il vit également ici.  Il est de la tribu des "Loozi", ce peuple de pêcheurs qui dans le système traditionnel Zambien continue à avoir son propre Roi.  Lorsqu'un Loozi meurt, il est enterré dans sa pirogue.  Comme ailleurs en Afrique, les personnes âgées sont très respectées. Béni, résident dans une petite maison à la limite de l'orphelinat est présent lors de toutes les activités du centre.

Un système de biométhanisation ... et des toilettes écologiques.

Il y a quelques mois, l'ingénieur-prêtre Pierre Gillet de Jambes, bien connu d'Entraide et Fraternité (et des pêcheurs du Kérala en Inde) est venu installer aux "Sunflowers" un système de biométhanisation. 

Grâce aux excréments des cochons et aux fiandres des poules, l'orphelinat dispose désormais "gratuitement" du gaz nécessaire à sa consommation.  Une alternative intelligente au charbon de bois, une des causes du déboisement du pays.  Grâce à Pierre également, l'orphelinat utilise de nouvelles toilettes écologiques semblables à celles décrites lors de la visite au Burundi (voir message n° 4). 

Visite du barrage de Mulungushi et vente de poulets aux villageois.

C03 Poulets de la ferme.JPG

Ce mercredi 25 février 2015, départ avec le 4x4 avec Pierre au volant et 45 poulets qui seront vendus aux personnes travaillant à la centrale hydro-électrique et aux villageois.

Dans un tournant, après avoir franchi la rivière chargée des eaux tumultueuses des récents orages, nous découvrons un panneau on ne peut plus insolite : "Beware crocodiles !"

Il y a quelques années, un enfant d'une famille venue se détendre au club nautique a disparu, emporté par un de ces animaux terriblement dangereux!  Nous laissons les trois amis de "Sunflowers" procéder à la vente des poulets, plus que mouillés par une pluie insistante.  Nous descendons par un funiculaire jusqu'à la rivière au bord de laquelle se trouve la centrale érigée par les Anglais.

Quatre énormes générateurs d'électricité reçoivent l'eau qui dégringole avec force depuis le barrage supérieur via d'énormes conduites.  Deux machines ont plus de 8O ans et portent la marque de fabrique britannique; quant à la dernière, les caractères chinois nous montrent que les Asiatiques sont aussi présents dans ce domaine-clef qu'est la production d'énergie électrique.  Au tableau de bord, le personnel préfère le contrôle via les cadrans traditionnels plutôt qu'au moyen d'écrans d'ordinateur.

Les pêcheurs veulent voir le vélo de la Transafrica.

Ce jeudi 26 au matin, Joseph de l'orphelinat m'accompagne jusqu'au lac.  Nous rencontrons des pêcheurs.  Joseph leur décrit la fameuse bicyclette venue de Belgique.  Ils sont tellement désireux de la voir que je suis allé la chercher pour la leur montrer.  D'autres pêcheurs accostent leurs pirogues; ils veulent me vendre une partie des poissons qu'ils viennent de pêcher.  Je les ramène à Chanda le cuisinier qui les préparera pour le repas du soir.  Pierre me dit qu'il arrive qu'un pêcheur soit happé par un crocodile ... un métier à risque dans ce coin apparemment tranquille de Zambie !

D03 Pecheurs et velo.JPG

Un ancien mineur nous raconte l'apartheid.

Ce jeudi 26 après-midi, nous rendons visite, Pierre et moi à un ancien mineur et à son épouse, Suf-Africaine d'origine. Ils sont très heureux de nous accueillir dans la case cuisine à moitié branlante.  Quand l'Etat Zambien a privatisé les mines (argent, cuivre, etc), de nombreux mineurs licenciés, à titre d'indemnisation, ont reçu un lopin de terre dans la région.  

N'étant pas agriculteurs, ils sont quelque peu "perdus" dans ce coin, vivant dans des conditions très précaires.  Dans un anglais impeccable, Muyingu nous décrit la situation du temps de la colonisation et nous parle d'une façon très précise de l'apartheid dans les deux Rhodésies.  Ayant vu plusieurs Belges se marier avec des Africaines, il nous considère plus ouverts que les Anglais qui ne se frayaient pas avec les "coloured people".  

Ceci dit, la colonisation anglaise, 50 ans après, présente encore de nombreux effets positifs (état des routes, des services publics, des hôpitaux et de l'enseignement), ce qui est loin d'être le cas dans les pays Africains francophones ...  particulièrement au Congo !

Visite de l'école primaire et moyenne et du Lycée

La plupart des enfants des "Sunflowers" étudient dans ces écoles.  Au Lycée, le directeur m'accueille en disant : "Je vous connais, je vous ai vu dimanche sur la route venant de Kapiri Mposhi !"  Evidemment avec mon arnachement et mon drapeau écarteur rouge et jaune, je ne passe pas inaperçu !  Dans les classes régne une athmosphère très studieuse ... très "british" !  Les élèves portent un uniforme et une cravate.

Préparation du vélo pour la suite du voyage en présence des gars de "Sunflowers"

Dimanche 1er mars 2015, après le repas (au menu du poulet maison),  tous les gars de "Sunflowers" sont réunis autour du vélo.  Ils assitent au chargement des bagages sur le support roulant du voyage afin qu'ils puissent se rendre compte "de visu" des conditions réelles de ce type de déplacement. C'est ensuite la photo de "famille" ... une belle famille avec le "papa" ou plutôt le "grand-père" Pierre et ses enfants dont le nombre dépasse maintenant la centaine depuis l'arrivée - mardi dernier -  d'Alfred  venant de Lusaka ... et deux autres encore ce dimanche !

G02 Depart Sunflowers.JPG

Au cours de l'homélie de la messe dominicale, Pierre a parlé d'Abraham (personnage commun au trois religions monothéistes), de Nelson Mandela (qui a jeté des ponts pour construire une nation arc-en-ciel) et de la Transafrica, qui a comme objectif de relier le Rwanda, le Burundi, la Tanzanie, la Zambie, le Zimbabwe et l'Afrique du Sud jusqu'au village de Qunu (en 2016).  Le soir, après les dernières complies, "merci" réciproques et dernières serrées de mains.

Départ vers Lusaka, capitale de la Zambie.

Lundi 2 mars 2015, très tôt la camionnette de "Sunflowers" me ramène à Kabwe.  Je pars avec en poche de nouvelles adresses de contact pour la suite du voyage vers le Sud.  Au programme: visite du parc national animalier de Luangwa (voyage en bus) et visite d'une "ferme" de crocodiles ... de belles et étranges rencontres en perspective !   
 
Merci pour vos nombreux messages... le prochain, ce sera dans x jours au Zimbabwe.

Je n'ai plus pédalé depuis huit jours mais je me sens un peu "remplumé" ayant mangé du poulet; pour les jambes, cela devrait aller plus facilement, ayant avalé de l'antilope ... heureusement, je n'ai pas encore mangé de steak au crocodile !  Sur la route de Lusaka, deux policiers m'interpellent amicalement et me demandent pourquoi je voyage à vélo ... "to go slowly", telle est ma réponse.  Ils rient mais je ne suis pas sûr qu'ils comprennent vraiment pourquoi.  Il est vrai que les véhicules qu'ils contrôlent roulent nettement plus vite ... avec les résultats que l'on sait !

Des précisions concernant les messages précédents

Le repas quotidien des familles de la région s'appelle le "Nshima" et est cuisiné à partir de maïs réduit en poudre fine et malaxé dans de l'eau bouillante. Le nom du fils de Nicole Regnier qui nous a donné des informations précises sur la Tanzanie et le suivi de la politique de Julius Nyerere est Geoffroy Henriet.  "Re-merci" à lui.
 
Références sur la vie, le travail et les engagements de Pierre Ruquoy en Haïti, République Dominicaine et Zambie (The "Sunflowers"):  voir le magnifique ouvrage très bien documenté avec de nombreuses photos, intitulé "Leur vie, un cri !" , publié chez Médiel à Wavre (site www.mediel.net) par Hubert van Ruymbeke et disponible, au prix de 22 euros, chez Anne-Marie Clamot de Jambes, tante de Pierre (adresse courriel : amclamot@gmail.com).
 
Un long voyage à vélo au profit du développement durable ... une autre Transafrica ... un peu plus longue !
(transmis par Geert Leeuwerck de Leuven)
 
"Deux jeunes néerlandais ont décidé de se lancer dans une aventure en vélo pour promouvoir le développement durable. Ils se sont fixés six mois pour joindre Amsterdam – Le Cap. Demain, samedi 28 février, Jilt van Schayik et Teun Meulepas, les deux jeunes néerlandais à l'origine du projet seront de passage à Bruxelles. Ils abandonneront leur vélo le temps d'une après-midi, pour rencontrer des jeunes Belges et échanger sur le développement durable. Ensuite ils reprendront les pédales en direction du Cap en Afrique du Sud. Durant ce voyage, ils organiseront avec les Jeunes Ambassadeurs de chaque pays, des rencontres et évènements de sensibilisation autour des enjeux du Post-2015. Le monde se prépare actuellement à l’adoption des Objectifs du Développement Durable, afin de contrer le sous et mal développement et d'assurer une transition écologique pour qu’aucun être humain ne soit laissé pour compte."
 
Concernant les photos attachées aux messages que j'envoie, elles sont visibles, quelques jours après l'envoi du message, sur ce site dans la galerie TransAfrica2015.

Léon Tillieux

lundi 23 février 2015

M08 Transafrica 2015 - Zambie

Entrée en Zambie.

Je reprends la suite de mon voyage ce 11 février 2015 quelques kms après la frontière entre la Tanzanie et la Zambie.  Le passage de la douane s'est passé sans problème mise à part que, pour le paiement cash du visa (50 dollars), la dame n'acceptait pas les petites coupures ( 1 et 2 dollars) ni les euros.  Par conséquent il a  fallu changer des euros en dollars à un taux très favorable pour le changeur (un euro pour un dollar) ... mais j'étais coincé!  Je ne suis pas resté longtemps à cet endroit, "assailli" par une dizaine de changeurs ... quant aux bureaux de change "officiels", ils étaient fermés !

La conduite en Zambie (ex Rhodésie du Nord) est pareille à celle de la Tanzanie ... toujours à gauche !  En revanche, beaucoup moins de circulation : fini les bus roulant comme des fous et beaucoup moins de camions ! Selon les explications reçues, les bus assurant la liaison Lusaka / frontière Tanzanienne voyageraient de nuit et en fin de journée ... libérant la route pour les lèves-tôt comme moi ! Les vélos sont toujours autant chargés ... et les gens toujours souriants; fini le swahili ("Jambo") mais la plupart des gens connaissent l'anglais ... au moins "How are you ?", "Where are you going ?"

Ce 11 février après-midi, je suis bien installé dans un camping attenant à une école de formation en agriculture tenue par un couple de Sud-Africains qui y ont imprimé leur sens de l'organisation.  Douches chaudes ... et oui, il suffit d'installer des panneaux solaires ... le soleil africain étant tellement généreux!  C'est la saison des pluies ... et malgré tout il y a eu du soleil tous les jours depuis mon entrée en Zambie !
 
Mise à part dans les villes, il est très difficile de se ravitailler : presque pas de restaurants et presque rien à se mettre sous la dent ... quant aux débits de boissons, il y en plein ... autant que d'endroits où l'on vend des recharges de GSM (il y a des recharges à partir d'un demi Euro !)  Ici les gens ont tous un GSM. 

J'ai entendu une dame travaillant dans une bananeraie, téléphoner avec son GSM... sans doute pour faire la causette avec une autre dame dans un champ de maïs.  Ce sont les opérateurs qui se frottent les mains !  Les maisons où l'on vend des recharges sont entièrement repeintes dans la couleur (verte, rouge, bleu) de l'opérateur.  Cela donne aux petites villes traversées des airs de "Far West". 

Une nuit passée à côté de la maison d'une famille Zambienne

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Vendredi 13 février, faute de trouver une "Guest house" au bord de la route, je m'adresse à une dame habitant avec sa famille de neuf enfants à 100 mètres de la grand route; par chance, une jeune étudiante passant par là me sert d'interprête. De suite la dame accepte que je plante la tente aux abords de la maison.  

La tente est déjà dressée en présence des enfants de la famille et de tous ceux des familles voisines, lorsque le papa rentre du travail.  Il me sert longuement la main, une main vigoureuse de ... charbonnier (comme beaucoup d'autres en zone rurale, il produit, entre autre, du charbon de bois pour la cuisine).  

 Il parle un peu anglais et il est très heureux d'accueillir pour la première fois un "muzungu", un blanc dans sa maison.

Des lunettes trouvent ici une seconde vie

Ayant pris en réserve en cas de perte une paire d'anciennes lunettes cassée en deux, celle-ci fera un heureux : le papa me dit qu'il ne sait plus lire de près faute de lunettes.  En moins de deux, un fil de cuivre permet la réparation ... le papa, fidèle lecteur de la bible en tant qu'adepte de l'église Adventiste du 7ième jour, pourra continuer à lire ce livre ... où il a sans doute puisé les bonnes raisons de la qualité de son accueil.
 
Quant à la maman, elle est au four et au moulin; elle active le feu pour que je puisse chauffer de l'eau ... pour mon repas lyophylisé (poulet curry); elle me donne un bassin d'eau pour la toilette;  elle puise de l'eau au puit, elle prépare le millet ... et le soir un bon repas africain. 

La nuit tombe vers 18h15 et l'on se réunit (les hommes et les garçons dehors près de la tente, la maman et les filles dans la case cuisine) pour partager le plat traditionnel africain (dont je vous donnerai le nom dans le prochain message) que l'on mange en le malaxant dans sa main avant de le tremper dans la sauce.  Un peu de viande pour ce jour de visite.  Les morceaux auxquels je n'ai pas touché, sont rapidement partagés par les enfants ... sans gaspillage aucun.  Les biscuits que j'offre sont un dessert inhabituel.  La petite dernière met un quart d'heure pour sucer le biscuit qu'elle a reçu.
 
Pas d'électricité mais la radio sur piles diffuse de la musique zambienne; les grands ont un gsm ... il n'y a pas de réseau mais il permet de faire des photos (du muzungu).  Heureusement il y a un chargeur solaire!  La nuit est déjà tombée depuis une heure, les femmes et les enfants des familles voisines continuent à venir chercher de l'eau au puit communautaire.
 
Le matin, les coqs se chargent de nous réveiller bien avant le lever du jour (c'est Danielle qui serait contente!)  La tente démontée, c'est le départ ... le papa m'accompagne un bout de chemin avec une des filles sur le porte-paquet vers le centre de santé : elle a la malaria!  Nous nous quittons ... la joie née d'une rencontre exceptionnelle ... et éphémère se lit sur nos visages.

"Mwashibukeni" ... un petit mot magique pour entrer dans le coeur des Zambiens

La soirée passée chez mes hôtes d'une nuit m'a permis d'apprendre deux mots et une question (bonjour, merci, comment allez-vous?) en Bemba, la langue parlée dans cette partie Nord et orientale de la Zambie.  "Mwashibukeni" cet mot à utiliser le matin car il signifie "bon jour", déclenche une très grande joie chez les personnes rencontrées.  

Quelle différence avec les jours précédents quand j'utilisais la langue de Shakespeare ... les visages s'illuminent, les gens de toutes les générations apprécient ce "muzungu" qui connait un mot de leur langue !  Certains rient et applaudissent; d'autres mettent la main à la poitrine; ils voudraient bien continuer la conversation mais pour moi ce n'est pas possible d'aller plus loin ... dommage !

Rencontre avec Benedikt "von Deutchland"

P1090938.JPGL'après midi, un motard me dépasse et s'arrête.  Chargé comme il est, avec deux pneus de rechange, ce ne peut être qu'un "safariste" !  C'est Benedikt ... "comme le Pape" dit-il en se présentant ... enfin plutôt comme le pape précédent, originaire comme lui du Sud de l'Allemagne.  

Cinq mois pour traverser en solitaire (tiens, tiens, je ne suis pas le seul!)  la plupart des pays de la partie australe et orientale de l'Afrique (Namibie, Botswana, Zambie, Tanzanie, Kenya, Malawi, Zimbabwe, Afrique du Sud).  Echange d'adresses, photos ... Avant de repartir, Benedikt me demande si je ne manque de rien (eau, etc). 

En se quittant, je lui souhaite bon "safari", ce qui en Swahili signifie "voyage" ... et pas seulement comme nous (touristes et agences de voyage) le pensons, visite de parcs nationaux animaliers.

A la recherche d'un camping introuvable à la nuit tombée

Pour l'étape du samedi 14 février, les Sud-Africains du camping précédent m'avaient indiqué un camping se trouvant théoriquement à 70 km avant d'arriver à la ville de Mpika.  Une très longue journée pour y arriver, heureusement sur un parcours facile (plus de descentes que de montées), 130 kms (sur la même journée !) pour arriver à un endroit ... où finalement, il s'avère qu'il n'y a pas de camping!

Mais heureusement, la nuit africaine étant déjà tombée (18h30), les gens me disent d'aller à l'école;  là, je trouve deux gardiens de nuit qui, très gentillement m'indiquent un endroit qui ne risque pas d'être inondé (car maintenant il pleut).  Les gardiens ont allumé un feu ... dont les braises toutes rouges réchaufferont l'eau pour mon menu lyophilisé (des pâtes au saumon ... délicieuses ... merci Danielle!)

Le matin, mes deux amis se réchauffent auprès du feu.  J'ai passé une très bonne nuit (il est vrai qu'en deux jours, j'ai dépassé les 200 kms!)  Je les quitte non sans oublier de les gratifier pour m'avoir permis de passer la nuit à cet endroit providentiel ... et cela en toute sécurité!

Rencontre d'un couple en voyage en Afrique à moto à la recherche d'un endroit merveilleux pour s'installer.

P1100026.JPGMardi 17 février 2015.  Deux motos me dépassent.  Les conducteurs portant un gilet fluo et un casque et roulant à allure modérée ... cela ne peut pas être des Zambiens!  

Daniel(de Suisse) et Mélissa (d'Australie) sont partis pour 5 mois de découverte de l'Afrique; ils ont loué des motos (légères) au Kenya ... alors que Benedikt voyageait avec sa grosse moto allemande qu'il avait expédié par bateau en Namibie.

Daniel et Mélissa semblent avoir trouvé l'endroit idéal où ils comptent vivre leur vie de couple : dans le Sud de la Tanzanie, au bord de la mer ... un endroit idyllique pour ouvrir une "Guest house" ... où l'on risque d'être bien accueillis, vu la gentillesse de ceux qui se sont donnés la peine de s'arrêter pour me saluer. 

Comme moi, ils trouvent que les Zambiens sont vraiment charmants et gentils ... des "g(Z)ens bien" quoi !

Une nuit et un jour de repos auprès des chutes de Kundalila

En quittant la route nationale asphaltée, 13 kms d'une route secondaire me (nous ... car il y a le vélo) redonnent le contact avec le sable, ce qui me rappelle les Andes (2009 et 2013).  Ma monture n'apprécie pas tellement ce genre de revêtement et se cabre de temps en temps.  

P1100176.JPGHeureusement celui-ci est solide la plupart du temps et j'arrive rapidement avant la nuit, après une journée de 108 kms dans un "camp site", un endroit où je peut monter ma tente (car il n' y a pas de Simbas!)  Le gardien de ce Parc National, après les formalités d'usage, me montre le chemin pour descendre au pied des chutes ... merveilleux site où j'ai choisi de me reposer 24 heures.  

C'est là que je continuerai à lire l'autobiographie de Nelson Mandela ... "on the road again with him" !  A 7 heures, comme convenu, le gardien me guide jusqu'au pied des chutes; il reste quelques instants avec moi pour regarder ce que je continuerai à admirer seul (voir photo).  

En remontant, je croise une dizaine de Chinois, des travailleurs dans un des nombreux projets (routes, agriculture, etc) qu'ils supervisent en Zambie comme dans plusieurs autres pays Africains(à l'exception du Rwanda parait-il ?)  Certains sont indisciplinés  en grimpant à un endroit dangereux pour prendre une photo et se font rappeler à l'ordre par le guide.  

Un jour -  hélas - l'Afrique leur appartiendra  ...  Nelson Mandela, parmi ses multiples préoccupations et engagements y avait-il pensé ? ... Its' a long way to freedom

La nuit suivante, ayant planté ma tente à un endroit isolé, aux abords d'une voie de chemin de fer, je me réveille pour écrire mes mémoires de la Transafrica profitant d'une insomnie.  Soudain, dans la nuit noire Africaine sans lune, un lointain vrombissement m'annonce l'arrivée d'un long train de wagons de marchandises, en route vers Dar-Es-Salaam sur l'Océan Indien.

L'expérience de l'agriculture productiviste

Vendredi soir, trempé comme un canard par un orage sub-tropical, je cherche refuge dans une ferme ... surprise, depuis longtemps (je n'étais plus habitué), j'aperçois une dame blanche dans sa voiture: c'est la fermière, née en Zambie de parents fermiers blancs, qui accepte que je plante la tente auprès de la ferme.  

Quant son mari (d'origine Sud-Africaine) me voit, de suite, il me fait entrer dans un appartement annexe où je puis passerai la nuit non sans avoir partagé le repas du soir avec les parents et les trois enfants.  n accueil différent dans cette Afrique que je découvre depuis peu ... avec ici, un accent "Afrikaans" rappelant un passé chargé en conflits, guerres, douleurs dans ce pays si cher à Mandela ...  

P1100341.JPGQuant au style d'agriculture dans ces fermes tenues par des blancs mais aussi par de plus en plus par des noirs : production de maïs, blé, etc à grande échelle avec utilisation de pesticides, désherbants chimiques et "fertilizers" chers aux multinationales agro-alimentaires (voir les photos) ... et de plus en plus présentes sur les deux côtés de la route en nous rapprochant de Lusaka, la capitale de la Zambie. 

Productivité et profit sont à l'ordre du jour de ces projets financés entre autre par l'Union Européenne et la FAO.  Mais a côté de cela que deviennent les petits paysans ... et leurs préoccupations sont-elles au moins prises en compte ? Pas sûr !

La Transafrica 2015 : un premier bilan au 2/3 du voyage.

Les jours se suivent sans nouvelles exceptionnelles ... et me voilà, ce lundi 23 février 2015, sur le point d'arriver à Kabwe, lieu de rendez-vous avec le Père Pierre Ruquoy qui travaille à "l'intérieur" des terres comme on dit au Brésil, à deux heures de route de Kabwe.  Comme c'est la saison des pluies, il a choisi bien gentillement, ce que j'apprécie énormément, de venir me chercher en 4x4 car, étant donné que c'est la saison des pluies, la route non asphaltée doit être très pénible (voir impraticable) à vélo.
 
Premier bilan : Rwanda, Burundi, Tanzanie, Zambie (limité à Kabwe) = 31 jours de vélo, 2.266 kms parcourus en 186 heures et 8 minutes pour être précis; moyenne 12,1 kms/h; aucune crevaison (ce sont des pneus allemands "Schwalbe Marathon Plus" réputés increvables ... en effet); aucun ennnui technique, une seule blessure légère à la cheville due à la rencontre malencontreuse d'une pédale ... le moral quant à lui étant toujours intact !

Réponses aux questions

Réponses aux questions concernant les animaux.  A la première question du message précédent, j'ai eu les réponses suivantes : un gnou, un okapi.  Soit 9 réponses exactes dont deux avec la précision suivante "un gnou bleu".  A la seconde question, trois réponses vraisemblablement erronée (civette, genette) et trois apparemment exactes ("serval hindei", précision oblige!).  Merci à celles et ceux qui se sont donné la peine de répondre.
 
Quant à la question de savoir ce qu'il en est du suivi du "socialisme à l'africaine" de Julius Nyerere en Tanzanie, le fils de Nicole (une des trois cyclistes de Namur-Assise 2014), qui a travaillé en Tanzanie et qui parle le Swahili, nous apporte les précisions suivantes (un tout grand merci):
 
" L'héritage que Nyerere a laissé à son pays est une paix sociale et surtout une paix tribale  (à comparer au Kenya où il y des affrontements après chaque élection.)  Malheureusement, économiquement le modèle n'a pas tenu toutes ses promesses.  (Il faut dire qu'il n'a jamais reçu de soutien international non plus).  Une raison parmi d'autres: après avoir attaqué le régime ougandais de Idi Amin, la Tanzanie a injustement dû payer les coûts de cette guerre.  Si Nyerere est toujours aussi présent dans les mémoires, c'est plus pour ses politiques sociales que pour ses résultats économiques, mais aussi il est le "Baba wa Taifa", le père de la patrie, fondateur de TANU (le parti politique qui s'est battu pour l'indépendance).  A noter que le président actuel (Kikwete), ainsi que tous les anciens présidents, sont du même parti que Nyerere..."

Prochain message

Merci pour vos nombreux messages (une cinquantaine en deux semaines) ... le prochain, ce sera dans une semaine chez le Père Ruquoy et l'orphelinat "the Sunflowers" en Zambie.  Concernant les photos attachées ou non aux messages.  Certains, semble-t-il ne recevraient pas les photos en attaché ... sachez qu'elles sont visibles, quelques jours après l'envoi du message, sur ce blog.

Léon Tillieux

lundi 9 février 2015

M07 Transafrica 2015 - Tanzanie (fin)

Chers amies et amis,

Je reprends la suite du récit de mon voyage ce 8 février 2015 depuis la ville de Mbeya où je suis arrivé ce soir après une longue journée de 115 kms marquée par la pluie.  Encore 113 kms et j'entre en Zambie par le poste frontière de Tunduma pour ceux qui me suivent sur "google map" .

Précision et questions concernant le parc national visité et les animaux.

Dans le message précédent, j'ai oublié de vous donner le nom du parc où j'ai failli rencontré des simbas : c'est le Mikumi.  André Etchelecou, Chantal Donceel, Alain Carpiaux et bien sûr Jacques Trépant, mon ancien professeur de français, précisent dans leur message qu'il s'agit bien de phacochères, les cochons africains (j'avais quelque peu écorché leur nom ... en parlant de "phagostères" ... au point que j'ai semé le trouble dans un premier temps chez le dernier cité, qui me parle de "phagochères")!  

Ceci dit, j'aimerais savoir quel le nom de l'animal qui se trouve photographié avec un impala au coucher du soleil et dont vous avez la photo incluse ci-après ?  Par ailleurs  quel est le nom de cet autre animal qui est venu manger les spaghetti renversés au barbecue de la plage du lac Tanganyika, la veille de mon voyage en train et dont voici également la photo que j'ai prise au flash ?

Question 1.JPG

Je joins une photo d'un simba, piquée sur le site du "Stanley Camp Tanzania" ... attention, si un jour vous passez par là à vélo, ne cherchez pas à vexer la gérante : louer un véhicule !  Elle fut quand même sympa avec moi.  Si j'ai bien compris, c'était la première fois qu'un gars débarquait à vélo chez elle .. c'est-à-dire dans son "camp" !

Question 2.JPG

Le Roi "Léon" ... pardon Simba !

Simba Parc Mikumi.jpg

Suite des aventures de Léon au pays des baobabs

Je suppose qu'il est inutile de vous préciser que ce ne sont pas des animaux !  Ces arbres magnifiques ne poussent pas seulement à Madagascar (avec la célèbre "allée des baobabs" située près de Morondava, inoubliable surtout au coucher du soleil) mais aussi en Tanzanie.  J'ai eu le privilège de planter ma tente entre deux de ces énormes arbres, dans le camping "des crocodiles" tenus par deux frères très sympas.  C'est leur beau-frère, un Allemand prénommé Frank qui a fondé ce camping avec leur soeur.  Le soir, ils m'ont préparé un repas délicieux avec du riz et du poulet (un peu mieux musclé cette fois) et notamment des tomates avec de l'huile d'olive italienne.
 
P1090265.JPG

A propos des baobabs, que j'ai pu admirer - avec des feuilles à cette époque de l'année - durant des dizaines de kms dans cette région avant d'arriver à Iringa, voici une blague ramenée de Madagascar (en mai, dans ce pays, les baobabs n'ont plus une seule feuille) : "Dieu était si fier d'avoir créé ce bel arbre qu'est le baobab, que le diable voulu prendre sa revanche : celui-ci le déplanta, le retourna, les racines vers le ciel ... car, de cette manière, il peut à présent l'admirer depuis le centre de la terre - l'enfer - son lieu présumé de résidence !"

De "lodge" en "lodge" et de  "guest house" au camping

P1090453.JPGCe jeudi 5 février, une petite route caillouteuse m'emmène à Kisolanza, un endroit superbe où il y a une "old farm" et la possibilité de camper ... en installant la tente sous un toit traditionnel de paille.  Il est possible aussi de cuisiner soi-même sur feu de bois ... option que j'ai choisi; cela me permet de varier un peu le menu par rapport aux auberges et restaurants trouvés au bord de la route.

A l'école avec une houe à l'épaule ... et le souvenir de Julius Nyerere, ancien Président de la Tanzanie.

Surprise ce matin, certains des élèves rencontrés sur le chemin de l'école, portent une houe à l'épaule.  En Tanzanie, le travail de la terre s'apprend dès le plus jeune âge.  Dans les champs, je constate que les enfants aident les parents.  

Il me semble qu'en Tanzanie, il y a plus d'hommes qui aident les femmes aux lourds travaux des champs, qu'au Burundi.  Dans ce pays en revanche, il me semble y avoir vu plus d'hommes en train de "ne rien faire" dans les villages.  Mais il est difficile de comparer deux pays avec des densités de population diamétralement opposées et une situation de chômage catastrophique dans ce Burundi surpeuplé.
 
En Tanzanie, le portrait de Julius Nyerere, le père de la Tanzanie indépendante (1961), est en bonne position à côté de celui du Président actuel, dans les administrations et même sur l'arrière des bus.  Julius Nyerere, cet instituteur qui poussa les campagnes à s'organiser en  "Ujamaa" à l'image de la société villageoise traditionnelle.  Ce socialisme à l'africaine, nos professeurs d'université, dans les années 1970, nous le présentaient comme une solution idéale pour ce continent ... j'aimerais savoir ce qu'il en est advenu actuellement, à un moment où la Tanzanie, comme tant d'autres pays, subissent les contre-coups de la mondialisation et de l'expansion du néo-libéralisme.  Impossible pour moi qui ne fait que de passer sur la nationale, de vérifier sur place. Si l'un ou l'autre lecteur avait une réponse éclairante, ce serait génial de la communiquer aux autres, via mon site de voyage.

Pas d'agressivité

En tout cas, je ne ressens pas d'agressivité dans ce pays; les hommes et les femmes croisés me saluent et ils sont surtout fous de joie lorsque je leur dit "Jambo !" (bonjour), un des rares mots de swahili que je connaisse. Quant au mot "merci", c'est facile: "à santé !"  Certains chauffeurs de poids lourds, me font des signes d'encouragement (un coup de klaxon sympa, un pouce levé par exemple).  

Les enfants aussi accourent vers moi ou crient "muzungu" depuis leur maison en paille ou en adobe. Quant aux policiers, ils sont sympas ... surtout leurs collègues féminines : un jour, deux police-women m'ont arrêté, non pas pour contrôler mes papiers mais pour me demander des informations sur mon voyage ... à vélo, près duquel elles ont accepté de poser pour la photo !

Les dangers de la route

Ce dimanche matin, une dizaine de camions sont arrêtés aurprès de celui d'un collègue victime d'un accident mortel durant la nuit.  Le chauffeur est encore  vraisemblablement prisonnier dans la cabine complètement écrasée.  Métier très dangereux  ... avec aucun jour de répit : même le dimanche, le trafic camion n'est pas interdit en Tanzanie.  En Belgique et dans les autres pays de l'UE, une législation oblige les employeurs à respecter le repos dominical (avec des exceptions pour les transports frigorifiques) ... pour combien de temps?  Si le traité Tafta est adopté, less lobbies des grandes firmes de transport pourraient obliger les gouvernements à réviser leur législation pour que nous adorions encore plus le dieu "Business" ... sept jours sur sept ... à moins de réagir, ce que font des militants du groupe Roosevelt (en France www.collectif-roosevelt.fr).

Des photos comme à chaque fois !

Dans les photos jointes,  un magnifique lever de soleil sur la rivière traversant la ville Tanzanienne d'Iringa ... photo prise à 6h15, alors que j'avais déjà pris la route afin de bénéficier au maximum des heures fraîches de la journée.  Photos également des baobabs, des fruits ou des sacs de charbon de bois en vente au bord de la route. ...  Et bien sûr des sourires d'hommes, femmes et enfants ... heureux, cela se voit !

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Merci pour vos nombreux messages (dont un reçu de Lituanie) ! Le prochain, ce sera dans x jours (chiffre toujours aléatoire) ... en Zambie.

Léon Tillieux

M06 Transafrica 2015 - Tanzanie (suite)

Chers amies et amis,

Je reprends la suite de mon voyage ce vendredi 30 janvier 2015.  Je suis dans le train Kigoma/Morogoro, arrêté depuis deux heures à mi-chemin dans la gare de Tabora.  Temps d'arrêt prévu : trois heures.  Ce qui me donne l'occasion de vous raconter comment se déroula le départ. 

Attention aux singes ... très futés !

Jeudi 29 janvier 2015 au matin. 7h30, c'est l'heure de monter tous les bagages depuis la plage près de laquelle j'ai passé quatre nuits silencieuses (à part le bruit des vagues du lac Tanganyika) vers le bureau de Mr Jakobsen.  Ils sont bien rangés et bien fermés.  Deux minutes pour me brosser les dents ... les singes sont déjà là et ils ont ouvert le sac à provision.  Je suis tellement vexé que je n'ai pas le courage de les filmer : ils ont volé un gros sac de biscuits qui auraient été bienvenus lors du long voyage en train ainsi qu'un sachet de raisins secs.  Et ils parviennent encore à disputer ... un peu comme nous, les humains, quand il s'agit de se "partager" (attention ... c'est un euphémisme) les richesses du monde !

Embarquement du vélo

P1090170.JPG

Arrivé bien à l'avance à 10h du matin avec le vélo chargé comme un "mulet", je me dirige vers le bâtiment où sont stockés les marchandises à expédier.  La cheffe, une belle dame, ayant la poigne pour diriger ses ouvriers, me dit que je dois prendre les bagages dans le compartiment; seul le vélo peut prendre place dans le wagon marchandises.  On pèse le tout sur une énorme balance: le vélo (16 kgs) et les 5 sacs (total 38 kgs) ... ouf le maximum (40 kgs) pour les bagages accompagnés n'est pas atteind ! Je paie l'équivalent de 4,5 euros pur le vélo ... pour 1.052 kms.  Quinze minutes avant le départ, j'irai vérifier s'il est bien dans le wagon-marchandises ... j'arrive au moment où un homme le calle à l'arrière tout en haut des marchandises les plus diverses dont des meubles usagés.

Pour connaître la place réservée dans le wagon seconde classe comportant 6 couchettes par compartiment, je dois attendre 16h.  Entretemps, la dame a bien voulu garder mes sacs dans son bureau.  Je bénéficie de l'aide de touristes allemands pour acheminer le tout vers le wagon réservé.  Le départ est plus ou moins respecté ... seulement 20 minutes de retard ... un retard on ne peut plus Belge, n'est-ce pas ?

P1090173.JPGLe retard à l'arrivée sera nettement plus grand... 15 heures, soit toute une nuit supplémentaire dans le train !  Les premières heures du voyage sont riches en couleurs surtout lors des arrêts dans les villages avec une foule de gens offrant bananes, fruits, canne à sucre, frites  etc ... comme ce fut le cas lors de notre voyage en train à Madagascar en juin 2014 de Fianarantsoa à Manakara sur l'Océan Indien.

Magnifique coucher de soleil également ... vu depuis le restaurant où je me rassasie de riz (bien utile pour ne pas devoir quitter la couchette en pleine nuit pour aller aux toilettes) accompagné d'un poulet.  Au vu de sa constitution, il s'agit certainement d'un poulet qui durant sa vie fut davantage "marathonien" qu'haltérophile.

Mais ne nous plaignons pas: un repas comme cela (moins de deux euros), la plupart des gens dans les campagnes ne peuvent même pas se le payer ... ayant, par jour, un revenu moyen équivalent à un dollar !

Dans le compartiment, je sympathise avec un jeune qui va étudier à Dar-Es-salaam et nous conversons malgré un anglais un peu limité chez lui.  Quand à mon voisin  voyageant avec son jeune fils, il m'explique qu'il travaille pour une ONG Tanzanienne qui vise à lutter contre l'alcoolisme qui fait des ravages dans une population désoeuvrée.

Bonne arrivée à Morogoro

P1090180.JPGEn quittant le wagon couchettes dès l'arrivée en gare de Morogoro pour me diriger vers le wagon marchandises en queue de train, je me fait aider par un porteur.  Je suis très inquiet de retrouver le vélo ... mais tout est OK.  C'est de nouveau une dame qui contrôle le déchargement; je réussi à la convaincre de me livrer directement le vélo puisque j'ai tous les sacs prêts  à partir vers le Sud-Ouest.  Je me mets en selle sans plus attendre.

Je demande 5 fois la route et je trouve facilement la belle nationale que je suivrai jusque Harare durant 2.400 kms.  Qu'il n'y ait pas un petit malin pour me demander: "tu ne pars pas avec un GPS ? ..." Pour entendre une voix bêtement enregistrée me dire : "continuez pendant 2.400 kms !"

Les aventures de Léon au pays des Simbas

C'est surtout Mr Jacques Trépant (mon professeur de Français et Histoire au collège de Bellevue à Dinant ... il ya 50 ans) qui va se délecter de ce récit ... épique, à rire ou à pleurer de peur selon le point de vue !

Samedi 31 janvier 2015. Pas moyen de trouver un logement dans les villages traversés. Il est déjà 17 heures et le compteur marque déjà 7O kms.  Je demande à des policiers tout vêtus de blancs, où il y a un camping. Ils me renseignent le camping "Stanley" dans 8-10 kms à droite de la nationale.

Surprise quand il s'agit de quitter cette route, le panneau indicateur m'invite à parcourir 8 km supplémentaires sur une route faite de cailloux ... et de sable (ce que nous détestons le plus après la boue, surtout le vélo).  L'orage approche et tout juste à temps, j'arrive à l'endroit où je rêve de monter ma tente.  

P1090182.JPGHélas non, la cheffe, une dame anglaise (je tombe toujours sur des dames !) qui me dit qu'il ne s'agit pas d'un camping mais d'un camp : interdit de monter une tente. Elle s'étonne que je suis entré dans le parc avec un vélo.  Je lui répond que ce sont les policiers qui me l'ont suggéré.

Elle me dit : "Et si vous aviez rencontrés des Simbas ?".  Assez ignorant, je lui demande, comment sont ces Simbas, j'aimerais les rencontrer !  Furieuse, elle me dit, "Mais ce sont des lions, prêts à vous croquer !"  Mon Dieu ... je m'excuse.  

Compréhensive, elle cherche une solution. Les chambres étant hors prix pour mon budget de voyageur longue distance (trois mois) elle me propose une chambre semblable à celles du personnel africain: proprettes mais hyper chaude.

Pour me rafraîchir, je prends deux douches ... l'eau coule mais il faut s'arroser au moyen d'un récipient en plastic.  Demain matin, un véhicule m'amènera au lieu où l'on peut camper.  Pas question de repartir à vélo ... car si un Simba (un lion) passait par là ... !  Perplexe, je lit sur la porte de ma chambre "Lion" ... l'employé rigole lorsque je lui dit mon prénom!

Au repas, je parle avec des touristes allemands.  Le plus âgé termine la conversation avec une remarque du genre "Au fait, si vous aviez rencontré un lion, il n'aurait pas eu grand chose à se mettre ..."  Ce que vous lecteurs avez déjà lu dans le message précédent !

Dimanche matin 1er février, comme convenu, après une bonne nuit réparatrice, un bon repas le soir et un copieux petit déjeuner à l'anglaise ou à l'allemande (je n'avais plus eu cela depuis des jours ), trois employés du "Stanley Camp" me déposent à la nationale asphaltée; chacun veut être photographié avec le "Babou" à vélo !

38 kms plus loin, j'arrive au camping (cette fois c'est un véritable camping et plus un "camp"), qui porte le nom "Tanz-Swiss" ... vraisemblablement ouvert par un Suisse tombé amoureux de la Tanzanie, voir d'une jolie Tanzanienne.  A peine arrivé à la réception, une jolie jeune fille m'offre un jus de fruit frais ... par cette chaleur, quel délice!  De plus, le soir, je prends une (longue) douche chaude (la première depuis 4 semaines!)  Que cela fait du bien de se décrasser ... car à l'eau froide ... !

Un safari africain

P1090153.JPGL'après-midi, je pars pour un safari d'une durée de 5 heures avec un guide-chauffeur qui me montre la photo d'un Simba prise il y a 4 jours, me dit-il ... sans rien savoir de mon aventure de la veille.  

Du haut de ce véhicule rehaussé pour que l'on puisse voir très loin, je découvre successivement : éléphants, girafes, impalas par dizaines, buffles (qui se roulent dans la boue pour ne pas être mordus par les insectes), hippopotames (du moins, le bout de leur "museau"), phagostères (je ne suis pas sûr de l'orthographe), zèbres, singes (babouins), etc.  Je vous joins quelques photos ... les meilleures à mon goût.

P1090158.JPG

Correction du message précédent

La personne qui a pris la défense des Chimpanzés dans la réserve de Gombé (frontière entre Burundi et la Tanzanie), est une dame (Jane Goodall) et non pas un monsieur ... merci à Françoise Lesuisse de Hamois, une de mes fidèles lectrices qui apporte cette précision.  Heureusement que j'ai des lectrices parmi les lecteurs !

Merci à Jacques Briard, mon relais auprès de la radio locale namuroise RCF qui a donné, ce vendredi 30 janvier 2015, des nouvelles de la Transafrica.  Je ne pourrai malheureusement contacter ses amis à la capitale Dar-Es-Salaam, ayant pris directement, au saut du train, la direction Sud-Ouest vers la Zambie.

Merci pour vos nombreux messages ... le prochain, ce sera dans x jours.

Léon Tillieux

mercredi 28 janvier 2015

M05 Transafrica 2015 - Burundi et Tanzanie

Le Burundi, c'est fini ...

C03 Aude et Alain Bujumbura.JPGDe mon séjour à Bujumbura, outre la belle expérience de rencontres avec les acteurs de l'ONG "OAP"  (Organisation d'Appui à l'Auto-Promotion) (voir message n°4), je retiendrai cette après-midi passé avec Aude dans un orphelinat public où elle anime diverses activités, une fois par semaine, le samedi après-midi; dès mon arrivée, un enfant a sauté dans mes bras et a voulu y rester un certain temps. Contact direct avec la souffrance ... !
 
Parti de Bujumbura le mercredi 21 janvier 2015 de bon matin, je me fais vite rattraper par Cécile et Francis, un couple de Français habitant entre Bordeaux et Toulouse, sur le canal du midi; ce sont des fans du vélo, en Afrique et en Asie. Ils apportent un air de gaieté avec leur accent chantant du midi !  

 
Le soir à Rumonge (75 km de Bujumbura), j'assiste au départ des barques de pêcheurs pour la nuit; ils pêcheront à la lueur de leur lanterne.  Je reviendrai le lendemain matin.  Le jour suivant, sans pluie alors que la veille, j'avais "essuyé" un orage; j'arrive à Cyanza-Lac où je loge dans un petit hôtel pas très cher (8 euros) surplombant le lac. Quoi de mieux pour observer le coucher du soleil !

Une longue montée de 15 km = 6h30 de grimpette : tout le temps d'admirer le paysage et de causer avec les "pousseurs de vélos"

Un cycliste a beau être averti que la montagne qui se profile à l'horizon va lui demander beaucoup de temps pour arriver au sommet, il faut sans cesse mordre sur sa chique et relancer sans cesse le "mulet" comme dit André Etchelecou ...  Je n'ai jamais été seul dans cette lutte, accompagné par plusieurs cyclistes burundais, remontant avec leur vélo à vide, n'ayant qu'une seule vitesse et pratiquement pas de freins (des freins à "baguettes" pour ceux qui s'en souviennent, pas très efficaces.)  
 
C07 Burundi dernier col.JPG
Plusieurs voudraient pouvoir m'aider mais comment ?  Alors qu'eux montent tout à pied, je reste sur le vélo (il est vrai mon "Da Silva" est équipé d'un tout petit développement) et en zigzaguant j'arrive petit à petit au sommet. Mais comme je m'arrête souvent pour reprendre mon souffle, j'arrive bien après eux. La vue est splendide.  La descente est très rapide. Heureusement mes freins hydrauliques "Magura" sont puissants.  Quand je pense que les gens ici freinent avec leurs chaussures (faites de morceaux de pneus) directement sur la roue !
 
Arrivé à Mabanda, je ne vais pas plus loin ... je loge dans le seul hotel ... pas souvent occupé (le dernier passage remonte à huit jours).  Je suis attiré par des chants dans l'église voisine.  J'entre dans cette église "noire de monde" (sans jeu de mot).  Je suis bien sûr le seul "muzungu" et tout le monde se retourne vers moi;  c'est assez impressionnant d'être regardé en même temps par 1.200 yeux directement braqués vers vous ! Beaucoup de jeunes ... dont les membres de la chorale (chemise verte pour les garçons, jupe de la même couleur pour les filles) assurent une ambiance plus que rythmée, avec une belle chorégraphie ... bravo !
 
Le lendemain, je pars vers la Tanzanie.  Je louppe le contrôle de frontière et le douanier dépêche  un jeune qui, en courant, me dit que je dois faire demi-tour pour obtenir le cachet burundais de sortie.  Le douanier, avec un très grand sourire me dit "Je vous ai vu dans l'église, hier ... et vous avez comme curé, un prêtre de notre diocèse, l'abbé Ignace" ... ah bon, les nouvelles circulent vite sur les collines burundaises !  Il est vrai que  j'avais rencontré le curé de la paroisse et lui avait fait part de cette information.

Changement de programme pour la Tanzanie : un voyageur quadruplement averti en vaut ...

Le trajet initialement prévu pour la Transafrica 2015 m'aurait donné l'occasion de traverser la partie occidentale de la Tanzanie, longeant la République du Congo, de Kigoma sur le lac Tanganyka, via Mpanda, Sumbawanga et Mbala, ville frontière en Zambie (voie sur Google Map). J'aurais eu l'occasion de traverser le parc animalier le moins fréquenté par les touristes: le parc national Katavi. 
 
Très bien renseigné par un italien prénommé Simone, qui travailla pour ce parc, j'ai cherché une alternative à cet itinéraire et ce pour quatre raisons:
  • en ce début d'année, c'est la saison des pluies: la boue risque de bloquer le vélo, surtout les roues ... et il faudrait des jours pour parcourir 100 kms; non merci, j'en ai fait l'expérience dans les Andes (voir photo jointe, boue durant 500 mètres au Burundi);
  • cette route traversant le parc animalier ne peut être utilisée à vélo; obligatoirement, il faut arrêter un véhicule (bus ou 4x4) pour des raisons de sécurité;en effet, je ne veux pas courir le risque de certains intrépides qui s'en vantent l'avoir fait sur les forums des voyageurs; non, je ne souhaite pas servir de "petit déjeuner" aux lions qui, après tout sont chez eux dans ce parc; pourquoi les déranger, même si avec moi, ils n'auraient pas grand chose à se mettre sous la dent !  D'autres animaux dangereux (rhinocéros, buffles, etc) peuvent également être croisés.  En voiture ou en bus cela va ... mais à vélo, il faut pouvoir pédaler vite ... avec 40 kgs de bagages !
  • troisième raison, la mouche Tsé-Tsé a aussi élu domicile dans cette région ... laissons-la bien seule !
  • quatrième raison et non la moindre, sur cette route peu fréquentée, la rencontre possible de voleurs, toujours selon Simone, me demande d'être "prudent" ... comme je l'ai promis à mes proches. 
Dès lors, j'envisage de prendre le train sur une distance de 1.200 kms environ, vers l'Est de la Tanzanie de Kigoma (lac Tanganyka), via Tabora, Dodoma, en direction de Dar-Es-Salaam, capitale de la Tanzanie et ce au moins jusque Morogoro (voie sur Google Map).  De cette ville importante, je retrouverai une route asphaltée et plus fréquentée qui m'emmènera vers le Sud-Ouest : restera dès lors un peu plus de 1.800 kms jusque Lusaka, capitale de la Zambie et environ 2.400 km jusque Harare, capitale du Zimbabwé, terme prévu de la Transafrica 2015, fin mars.
 
Cette alternative m'a été suggérée par la rencontre à Nyanza, de deux cyclistes britanniques, dont l'un venant de Cape-Town en Afrique du Sud, en route vers Kigali et Kampala en Ouganda.  Les chemins les plus longs - en Afrique du moins en ce qui me concerne - sont parfois plus courts ... et en tout cas plus sécurisés.

Quatre jours de repos au bord du lac Tanganyika

 
C06 Tanzanie Jakobsen beach.JPG
 
A Kigoma, ville importante de Tanzanie sur le lac Tanganyika, je suis logé dans un endroit idyllique, un lodge construit par un Norvégien, Mr Jakobsen qui m'accueille très gentillement.  Il travaille ici depuis 1972 et parle parfaitement le swahili.  Je puis installer ma tente tout près de la plage où il est possible de se baigner sans craindre les animaux (pas d'hippoptames comme à Bujumbura) et pas de bilhardiose (le vent important provoque beaucoup de vagues ce qui éloigne les moustiques porteurs de cette maladie).  Je puis faire du feu pour cuisiner ... je suis parti à la recherche de morceaux de bois et j'ai des allumettes bien sèches (pas comme dans le col de Sico, dans les Andes en janvier 2013 !)
 
En revenant vers la tente, je constate que des visiteurs se sont invités :  des zèbres, qui ne s'enfuient pas; sans doute, sont-ils chez eux (comme les lions dans les parcs nationaux) ... et des singes, un peu plus excités, qui sautent d'arbre en arbre.  Il s'agit de bien fermer les sacs, surtout celui contenant de la nourriture.  Quand aux pelures de bananes, ils les ont relèchées en moins d'une seconde.
 
C04 Kigoma Tanzanie gare.JPGLa gare de Kigoma a été construite par les colonisateurs allemands à la fin du 19ème siècle.  "Et elle est toujours debout" me dit l'employé des chemins de fer Tanzanien en réservant ma place.  "Et cette ligne de train est plus que centenaire : 1914" précise-t-il.  Il m'invite à revenir mercredi pour retirer le billet;  deux heures avant le départ, jeudi, il me montrera la wagon seconde classe comportant 6 couchettes ... et je pourrai choisir celle qui me plait.  
 
Quant au vélo, jeudi matin, il l'acheminera avec les bagages (5 sacs soit 30 kgs) vers le wagon marchandises.  Je suis tout heureux d'avoir trouvé une place, grâce à mon hôte scandinave qui connait l'employé.  Dimanche matin, un homme m'avait dit, d'une façon péremptoire qu'il n'y avait plus de place libre avant le 8 février ... quand j'ai raconté cela à Mr Jakobsen, il a pouffé de rire : c'est un escroc qui espérait me vendre une place en touchant sa commission.
 
Eh oui, l'Afrique, il faut s'y faire !  Mais ce n'est pas avec des gens de ce genre que l'Afrique avancera !  Le chemin pour une saine gouvernance est encore long ..." like the way to freedom and democracy" - I said on the departure of Transafrica in Nelson Mandela square in Gesves last December !

Découverte des chimpanzés du parc national de Gombé

Parti mercredi 27 janvier 2015 bien avant le lever du jour avec un petit bateau vers la réserve de Gombé.  Six Allemands, un Togolais et Mr Jakobsen sont du voyage.  C'est dans cette région que Livingstone et Stanley, après s'être retrouvés, ont campé sur le chemin à la recherche de la source du Nil. Etablie en tant que réserve dès 1943.  
 
C01 chimpanze mere.JPGDans les années 1960, les chimpanzés nombreux dans cet réserve commencèrent à faire l'objet de recherches d'un Anglais, Mr Jane Goodall.  Transformée en parc national en 1968.  Il est possible d'observer les chimpanzés ... si l'on n'est pas bruyant, patient et non porteur de maladie (une grippe transmise peut leur être mortelle).  
 
Les rabatteurs nous ont signalé la présence d'un couple et d'un bébé chimpanzé.  Pour les voir de près, nous patienterons une heure en dessous de l'arbre du haut duquel, ils se ravitaillent en feuilles tout en jetant de temps en temps un coup d'oeil vers le bas, comme le font les Lémuriens à Madagascar.
 
Quand ils sont sur le sentier, ils ne sont nullement effrayés par notre présence, à condition que nous nous rangions tous du même côté pour leur laisser la place. Attention ne pas vexer le mâle en le regardant droit dans les yeux! 

Le village de pêcheurs de Katonga

Le lac Tanganyika est l'un des lacs les plus étendus de la planète et le second plus profond avec ses 1.447 mètres.  Une très grande réserve d'eau douce !  Un lac très poissonneux aves 300 espèces que l'on ne rencontre nulle part ailleurs.  En visitant le petit village de pêcheurs de Katonga, l'on mesure combien ce lac est une richesse exceptionnelle pour les populations des pays qui bordent le lac: Congo, Burundi, Tanzanie et Zambie.
 
C07 Tanzanie Jakobsen beach.JPG
Ce jeudi 29 janvier à 17, je serai dans le train en partance vers Morogoro.  La suite dans un nombre de jours encore inconnu à ce jour.  Merci pour vos messages ... spécialement un qui vient de très loin, de Polynésie : d'une famille française, rencontrée à Potosi en Bolivie en 2009, toujours en voyage à vélo depuis lors, avec deux enfants ... faut le faire ! Avec Internet, l'on peut faire le tour du monde en moins de deux !
 
Léon Tillieux  

vendredi 23 janvier 2015

M04 Transafrica 2015 - du Rwanda vers le Burundi‏

Passage sans problème de la frontière Rwanda / Burundi : 14 janvier 2015

Le mercredi 14 janvier 2015, j'ai quitté Butare de bon matin vers le Sud.  Le passage de la frontière entre le Rwanda et le Burundi s'est passé sans problème.  Est-ce le fait d'être blanc ("Muzungu" en africain) ou d'être considéré comme un "Babou", personne "âgée" donc respectable, toujours est-il que le contrôle du visa obtenu précédemment n'a pas pas duré longtemps.

 
La journée fut cependant dure, ponctuée par de nombreuses collines à grimper jusque Kayanza au Burundi où  je suis allé frapper à la porte de la paroisse, n'ayant plus le courage d'aller plus loin.  Bien accueilli pour une nuit reposante avant de repartir pour Bujumbura. Merci à l'abbé Marc (qui connaît l'abbé Ignace de Gesves/Ohey) et à ses confrères.
 
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 Jeudi 15 janvier, départ dès 6h du matin afin de profiter de la "fraîcheur" et pour arriver à Bujumbura avant la nuit. 100 km avec une descente de 20 km lorsque le lac Tanganyika apparait mais auparavant encore pas mal de côtes ... le Burundi, comme le Rwanda, est un pays aux "mille collines". 
 
B32 transport.JPGDans les côtes, j'étais très bien encouragé par des enfants, des adolescents; d'abord, deux puis trois, puis 10 et jusqu'à 30 pour, de concert, avec rires, commentaires, etc ... encourager le Muzungu ... à vélo, l'attraction du jour, même de la semaine, voir du mois.  Car des pareils à "Babou" montés sur un vélo ... il n'en passe pas tous les jours !  
 
Le vélo c'est fait pour porter les régimes de bananes, les lourds sacs de céréales, légumes, fruits et autre charbon de bois. Pourquoi n'a-t-il pas pris sa voiture comme les autres ?  Il y en a de si belles, si grandes, si larges ... si polluantes parfois comme les bus, camions qui roulent à toute allure, rentabilité exige !

Découverte de Bujumbura 

Arrivé à Bujumbura, bien accueilli par Alain Carpiaux de Namur, professeur à l'école Belge et Aude Rossignol (ancienne d'Entraide et Fraternité) travaillant pour le programme des Nations Unies pour le Développement. Bilan Kigali - Bujumbura : 317 kms à une moyenne de 10-11 km/h...et pas une goutte de pluie!  
 
A Bujumbura, j'en profite pour demander mon visa d'entrée pour la Tanzanie, à l'ambassade ... ce qui m'est octroyé après quelques heures !  L'après-midi, balade à vélo le long du lac où il est possible de voir à la tombée du jour, des hippopotames.  Ensuite une longue montée à vélo vers la colline de Kiriri où est perchée l'Université de Bujumbura, où a étudié Innocent, mon beau-fils.  Quelques gouttes de sueur supplémentaires me font envier les Andes (2009-2013) où il y avait certe une altitude bien supérieure ... mais de la fraîcheur!

Visites d'organisations paysannes - deux jours de visites : lundi 19 et mardi 20 janvier 2015.

L'OAP (l'Organisation d'Appui à l'Auto-Promotion Paysanne) est une ONG soutenue par Entraide et Fraternité / Belgique active depuis 20 ans dans différents coins du Burundi et plus précisément dans le "Bujumbura Rural".  Une première rencontre avec Madame Pascasie, responsable de l'ONG, toute heureuse de découvrir - ainsi que ses collègues dont Madame Lydia - ce passionnant voyage à vélo vers le Zimbabwé.  Il y a quelques années, elle est venue comme "témoin" dans la région du Hainaut, à Charleroi entre autre.
 
B01 Vache credit rotatif.JPG
Parti de bon matin vers les collines qui surplombent Bujumbura, nous rencontrons des hommes et des femmes, tout fiers de montrer comment leur vie à changé depuis qu'ils sont partenaires de cette ONG burundaise:
  • dans un village de la commune de Nyabiraba, arrêt au magasin d'intrants (produits phyto-sanitaires, semences, médicaments vétérinaires, etc) sont vendus à bon prix aux paysans; ceux qui ne peuvent payer cash remboursent par après; Entraide a engagé dans ce magasin un fond de roulement pour approvisonner le stock;
  • plusieurs familles ont reçu en prêt une vache dont ils prennent soin tant qu'elle s'occupe de son veau, lequel reste propriété de la famille (comme déjà expliqué lors de la visite à Butare au Rwanda); dans une étable, je vois une vache qui fait l'objet de ce prêt rotatif depuis six ans: indiscutablement elle représente une haute valeur ajoutée solidaire;
  • B07 Joseline Entraide.JPGune dame, Joséline, veuve depuis 1998, a été aidée par l'OAP dans la construction de sa maison; dans l'étable, le veau est déjà aussi grand que la vache-mère;
  • une autre dame, Ménédore, hyper active nous emmène dans son champ de pomme de terre et nous montre fièrement l'alignement des plans;  les gens se lavent pieds et mains à une pompe financée par le projet; dans une maison, c'est l'heure de la boisson traditionnelle fabriquée à partir d'une céréale de la famille du sorgho;
  • à Rutanbiro, nous visitons une école qui a pour but de former les paysans et de les aider à maitriser de meilleures techniques, à utiliser la rotation des cultures, à recevoir des conseils en matière d'élevage, à creuser des fossés anti-érosifs; dans un hangar, les semences sont stockées sur des étagères pour une bonne germination;
  • nous terminons la première journée de visites par une nouvelle construction destinée à moudre les graines moissonnées en vue d'une commercialisation au profit des producteurs regroupés dans cette organisation paysanne. 
Le second jour,mardi 20 janvier 2015, Thierry nous accompagne; il est le coordinateur d'Entraide et Fraternité pour les projets au Congo (le Sud-Kivu et le Maniema), au Rwanda et au Burundi.  Au cours de la journée, nous avons pu rencontrer les acteurs de différents projets.  Un premier arrêt pour voir des fossés anti-érosifs creusés au flanc d'une colline qui a été replantée en vue de maintenir le sol et d'alimenter les animaux.
 
Ensuite nous grimpons jusqu'à la maison d'une famille qui a reçu un couple bouc/chèvre d'une bonne race Ougandaise.  Dans la région, environ 500 personnes plus "vulnérables" ont été choisies pour être acteur(e)s d'un changement important.  Nous visitons l'une d'elle qui nous montre les avantages d'une toilette écologique sèche : les selles solides, séparées des urines, sont stockées dans deux fosses distinctes utilisées à tour de rôle.  
 
B15 toilette seche ecologique.JPGCela permet au bout de quelques mois de décomposition de fertiliser le potager.  Un petit élevage de lapins et de cochons d'Inde (tiens tiens cela me rappelle l'Amérique du Sud) approvisionne la famille en viande saine.  Le foyer économique dans une pièce séparée du reste de l'habitation, utilise peu de charbon de bois et rejette les fumées en dehors pour moins d'incommodation.  Un réservoir d'eau de pluie allège le lourd labeur du portage d'eau, les enfants pouvant de cette façon être plus assidus à l'école.  A côté du potager, une fosse est destinée à recevoir les détritus devenant un compost.
 
Le plus interpellant pour nous qui utilisons 10 litres d'eau (potable) à chaque fois que nous l'utilisons montre qu'une solution "sèche" et "durable" au sens écologique est possible.  Pour certaines choses, le tiers-monde nous devance !   Nous terminons par la visite d'un barrage régulant les eaux des pluies en fonction des saisons.
 
Un grand merci aux accompagnateurs de l'OAP: Pascal (1er jour), Gordien (2d jour), Justin (responsables des communications), Moïse (chauffeur), Thierry (coordinateur d'Entraide et Fraternité) ainsi qu'à mesdames Pascasie et Lydia pour leur gentillesse, leur accueil, le thé délicieux et la très bonne organisation des visites.

B27 sourire.JPGDépart vers la Tanzanie: mercredi 21 janvier 2015

Un peu plus de 125 kms le long du lac Tanganyika (donc sans montées majeures) pour arriver à Nyanza-le-Lac.  De là, pour passer en Tanzanie, une très longue et dure côte de 15 kms m'attend ... de quoi ne pas trop rêver que tous les pays du monde sont comme la partie Nord de la Belgique !
 
Nous nous retrouverons en Tanzanie pour le message n° 5, si tout va bien dans une bonne semaine.
 
Léon Tillieux 

mercredi 14 janvier 2015

M03 Transafrica 2015 - premières rencontres au Rwanda

1. Bien arrivé à Kigali au Rwanda 

A01 Zaventem depart.JPGLe long voyage vers l'Afrique de Zaventem à Kigali via Amsterdam et Nairobi au Kenya s'est bien déroulé. Le vélo est arrivé en même temps que moi. Après les contrôles d'usage (y compris Ebola), je suis bien arrivé chez Chantal, la soeur de mon gendre. 

Chose surprenante: au contrôle des bagages, j'ai du retirer le film plastique entourant la caisse vélo. Le Rwanda s'est lancé il y a peu dans une campagne anti-sacs plastiques privilégiant les sacs papiers.  En Belgique, il y a un projet qui sera mis sur pied vraisemblablement... dans quelques années !
 
Commencer la Transafrica en hommage à Nelson Mandela par le Rwanda, le pays des mille collines, c'est tout un symbole dans ce pays qui a tant souffert en 1994. La première journée, je l'ai consacrée à la visite de deux lieux de la mémoire des évènements de 1994: le mémorial du génocide et l'endroit où 10 soldats belges sont morts, dont Bruno Meaux, le beau-frère de mon ami Jacques Demaret. Vingt ans après, le Rwanda est résolument tourné vers l'avenir sans oublier son passé douloureux.

2. Sur la route de Butare, halte à Cyeza - hommage à Michel Gigi

Parti de Kigali, le mardi 7 janvier 2015 à 8h, précédé en voiture pendant quelques kilomètres par Gaspard, le "petit-frère" d'Innocent, mon gendre, je suis arrivé à Cyeza près de Gitarama après une longue chevauchée de 65 kms au pays des mille collines ... aux mille sueurs!  Tout juste avant la tombée de la nuit et avant l'orage !

Soeur Alphonsine s'inquiétait: elle m'attendait depuis midi, pensant que je voyageais en voiture ! Un seau d'eau chaude pour me décrasser et un bon repas ... dont des morceaux de pizza et des frites. C'est par l'intermédiaire d'Yves Parage de Meix-devant-Virton que je suis arrivé à Cyeza; ce dentiste consacre chaque année plusieurs semaines de son temps à soigner les plus démunis au Rwanda, via l'ASBL "ADSN".
 
A06 Cyeza tombe Michel Gigi.JPGLe lendemain matin, je me suis rendu dans l'église où est enterré Michel Gigi, originaire d'Aubange, qui fut mon éducateur au collège de Bellevue à Dinant, il y a 50 ans. C'était à l'époque un homme discret qui parlait peu. Avec lui, en 1966, j'ai participé à deux camps de compagnons-bâtisseurs.  Bâtisseur, il le fut dans cette paroisse où il travailla durant 23 ans.

En avril 1994 ,il refusa de quitter les siens ("Un pasteur n'abandonne pas ses brebis" disait-il) et les accompagna dans une longue marche d'exode vers une utopique liberté.  Mais épuisé, il mourut en chemin, à Nyakabanda, à 35 kms de Cyeza le 7 juillet 1994.

Il y a quelques mois, les paroissiens ont transféré son cercueil dans l'église de Cyeza.  Sur la route africaine vers Kunu, j'y ai déposé symboliquement un cailloux du Square Nelson Mandela de Gesves. Le nom de Michel Gigi est repris sur la liste des Belges décédés en 1994, comportant non seulement les casques bleus mais également une dizaine de coopérants.

3. Visites et rencontres à Butare

Après une étape intermédiaire à Nyanza dans un collège secondaire accueilli par l'abbé Rémy qui a effectué une partie de sa formation en Suisse et qui connaît bien Maredsous, je suis bien arrivé à Butare le samedi 10 janvier 2015. La route N1 vers Bujumbura est en excellent état avec moins de trous qu'en Belgique ... et des trottoirs qu'envieraient les riverains de la rue de Dave à Jambes ! Bien sûr, toutes les routes ne sont pas pareilles ! 

De nombreux enfants accourent lorsqu'ils me voient et m'offrent leurs sourires.  Certains me demandent "money"; gentillement je leur fait comprendre que je ne suis pas venu pour "les assister" ... mais je ne suis pas sûr de me faire comprendre. Plusieurs personnes m'interpellent gentiment en Français ou en Anglais.

A11 Rwanda velo charge.JPGJe croise d'autres vélos avec d'énorme charges (régimes de bananes, bidons d'eau, casiers, paquets en tout genre, denrées agricoles).  Dans les dures côtes, je ne vais guère plus vite qu'eux ... malgré, depuis Cyeza, un sac en moins, contenant le matériel de camping, que Eugène Niyigena, le responsable d'Aprojumap va m'amener à Butare.  Deux fois, une personne a lu le nom de "Nelson Mandela" à l'arrière du vélo et semblait connaître ce grand homme.  Pour Rémy de Nyanza, Nelson Mandela était un "grand politicien" ... les autres sont corrompus, dit-il ! Un avis à nuancer peut-être.
 
La méthodologie de l'APROJUMAP (Association pour la PROmotion des JUmelages et l'Amitié entre les Peuples) cette ONG, financée par Entraide et Fraternité / Belgique, est apparentée à celle d'ATD-Quart Monde, fondée à Paris par le Père Wrezinski (rappelons-nous le film "Joseph, l'insoumis" de 2011): la pauvreté n'est pas une fatalité, ni "une malédiction", comme me l'explique Eugène, qui travailla précédemment pour l'Association Belgique-Rwanda; ceux qui en souffrent, que ce soit en Europe ou en Afrique, ont le Droit de s'en sortir.  

C'est par un long travail de conscientisation que Eugène, ancien scout, a mis sur pied cette ONG dès 1998. Dans les villages où les plus pauvres sont directement et prioritairement concernés par ce mouvement, chaque semaine un jour de travail solidaire communautaire est mis sur pied avec une tournante par village.

Personne n'est oublié et chacun devient acteur de son propre développement, dans cette lutte contre l'extrême pauvreté. Une fois par mois, une réunion d'évaluation donne la possibilité à chacun de s'exprimer.

L'aide se fait sur divers plans : des micro-crédits (par exemple, une chèvre, "prêtée" en "crédit rotatif" jusqu'à ce qu'elle donne un chevreau, lequel reste propriété de la famille); des conseils sur l'utilisation des intrants et sur l'agriculture familiale et durable; la fabrication de briques pour une maison plus solide, etc. 

Mardi 13 janvier 2015 - visite des projets de l'APROJUMAP

De bon matin, nous arrivons, avec Eugène, dans le village de Rustira, à 15 kms au Nord de Butare, au moment où plusieurs personnes se sont donné rendez-vous pour un jour de travail en commun chez un des leurs. De cette façon, le travail qui lui demanderait un mois s'il le faisait seul sera déjà terminé ce soir... et la prochaine fois, ils iront dans une autre plantation.
 
A23 recolte du riz.JPG

Nous descendons dans la vallée et rencontrons une famille en train de récolter le riz. Le couple sans enfants peut compter sur l'aide des enfants des voisins pour ce travail.  Ils font partie de la coopérative avec 470 autres familles qui leur assure par exemple un local où il peuvent faire sécher le riz.  En fin de visite nous découvrons le local flambant neuf financé récemment par Entraide et Fraternité.

A31 nouveau sechoir riz.JPG
Ensuite, nous assistons à la construction d'un potager familial qui a pour but d'aider chaque famille à produire une variété de légumes pour une meilleure alimentation ainsi que des plantes destinées à l'alimentation du bétail qui en même temps empêchent l'érosion des sols.

A26 Potager familial.JPG
Deux exemples du crédit rotatif.  Un bouc excellent reproducteur (viandeux) a été importé de l'Ouganda.  Depuis son arrivée, il a déjà engendré de nombreux chevreaux dans le village.  D'autre part, comme au temps de la monarchie Rwandaise, quand le Roi prêtait des vaches aux familles, celle du village que nous visitons prend soin de la vache reçue en prêt jusqu'à ce que naisse le premier veau, lequel reste dans la famille.  En les quittant, je reçois quelques fruits de la passion, dont la saveur me rappelle le Brésil des années 1970 !
 
En rentrant à Butare, nous visitons un salon de coiffure. APROJUMAP effectue également des prêts à de petites initiatives génératrices de revenus comme également des prêts aux étudiants et étudiantes pauvres qui ne peuvent se payer des études.  Nous avons rencontré une jeune fille qui termine son secondaire et espère étudier à l'université de Butare.
 
Un grand merci à Eugène et aux deux personnes qui nous ont accompagnés dans cette visite riches en découvertes ... solidaires.

Rencontre de Gaspard, professeur de géographie à l'université de Butare.

A03 Kigali Chantal Gaspard.JPGUne soirée passée autour de brochettes de chèvres (ce que les Rwandais apprécient particulièrement) en compagnie de Gaspard Manyiziri, qui a terminé un doctorat en géographie à l'université de Pau sous la direction de mon ami des Andes et grand cycliste de par le monde, André Etchelecou.

4. Prochaine étape : Bujumbura au Burundi.

Demain, mercredi 14 janvier de bon matin, je partirai vers le sud pour une nouvelle étape.  Dans une bonne semaine, vous recevrez des nouvelles de ce second pays de la TRANSAFRICA  ... "On the road again with Nelson Mandela".
En espérant que cela se passe bien pour vous en Belgique.*
 
En solidarité avec tous ceux qui par le monde sont victimes des extrémismes inhumains de toutes origines.
 
Léon Tillieux

jeudi 1 janvier 2015

M02 Transafrica 2015 - avant le départ

Chers amies et amis de la TRANSAFRICA 2015,

A quelques heures de l'an 2015, je viens vous présenter mes meilleurs vœux à quelques jours du départ réel vers Kigali.  En effet, le lundi 5 janvier 2015, nous prendrons vers 3 heures du matin la route vers Zaventem avec le vélo préemballé.  L'avion décolle à 5h55.  Deux escales sont prévues : via Amsterdam et Nairobi au Kenya.  Les amis à Kigali et à Bujumbura m'ont confirmé que j'y suis bien attendu.
 
Bonne année 2015    Léon Tillieux 
comme animation musicale voir le lien ci-dessous sur Youtube
 avec un "petit coucou" de Nelson du Cameroun habitant Gesves et un dernier regard sur le soleil belge réchauffant la neige de décembre !
Nelson du Cameroun  soleil et neige
 
Le départ symbolique de la Transafrica
Ci-après, voici le lien vous permettant de lire l'article paru dans le quotidien "Vers l'Avenir" le 19 décembre et signé Freddy Gillain, que je remercie.
Cet article parle du départ symbolique au Square "Nelson Mandela" à Gesves le 14 décembre,  ce nouveau défi étant intitulé "on the road again with Nelson Mandela".
La Transafrica sur la radio RCF
Si vous souhaitez réecouter en podcast l'enregistrement du projet Transafrica 2015 sur RCF, cliquez sur le lien suivant.  Merci à Marcienne Greindl :
Le "Vivre ensemble" si cher à Madiba
Voici un lien intéressant que mon amie Claire Delacollette m'a fait parvenir ... revivez l'ambiance régnant en Afrique du Sud, deux jours après la mort de Nelson Mandela.  Oui ... un "vivre ensemble" comme le préconisait Madiba est possible !  Asimbonanga ... La scène se passe le 7 décembre 2013, dans un supermarché de Pretoria.  Les clients font leurs courses quand soudainement un homme entonne les premières paroles de "Formation de Gospel Sud-Africaine" parrainée par Desmond Tutu.                            
 

mercredi 24 décembre 2014

M01 Transafrica 2015: départ symbolique du Square Nelson Mandela à Gesves dimanche 14 décembre 2014

Léon Tillieux sur les traces de Mandela

    article rédigé par Freddy Gillain, correspondant du quotidien Vers l'Avenir (19-12-2014)

Beaucoup de monde, à Gesves, pour célébrer le premier anniversaire de la mort de Mandela et le départ pour l’Afrique du Sud de Léon Tillieux.

Vers l'Avenir 14-12-2014    P1010219bb.JPG

La cérémonie a été lancée par la Maison de la laïcité de Gesves (MSG), associée à Entraide et Fraternité. Le président de la MLG André Verlaine a rappelé les valeurs que défendait Mandela, son combat pour la liberté, la justice, l’égalité et son engagement pour les droits de l’homme et des peuples. La deuxième raison de ce rassemblement est le soutien au projet de Léon Tillieux qui va relier Kigali, capitale du Rwanda, à Kunu, en Afrique du Sud, où repose Nelson Mandela. Deux pays, deux drames, le génocide et l’apartheid.

Hélène Pastoors, d’Ohey, qui a été militante engagée à l’ANC, le parti de Mandela, a expliqué que celui-ci avait toujours voulu défendre l’unité et la libération de son peuple, au-delà des différences de races et de religions.

Jacques Briard, un des responsables d’Entraide et Fraternité, a rappelé ses deux rencontres avec Mandela. Ces combats contre l’apartheid ont été possibles entre autres grâce à des personnalités comme Paulette Pierson-Mathy, professeur de droit international à l’ULBPierre Galand, alors secrétaire général d’Oxfam, ou le pasteur Reynders et des membres de la communauté juive, rescapés des camps nazis. Jacques Briard s’est dit enrichi par les contacts qu’il a eus en Afrique.  Il a souhaité à Léon Tillieux de rencontrer des gens remarquables dans les pays d’Afrique qu’il va traverser.

Un symbole

Nelson MandelaMaud Plumier, d’Entraide et Fraternité, a rappelé les missions de cet organisme: financer des programmes d’action et des projets de développement dans une dizaine de pays, sensibiliser et éduquer le grand public à la solidarité internationale et interpeller les décideurs politiques et économiques. Elle a décrit les deux associations que Léon Tillieux va visiter, l’Association pour la promotion du jumelage et de l’amitié entre les peuples, au Rwanda, et l’Organisation d’appui à l’autopromotion, au Burundi.

Après la traversée des Andes à vélo, après l’Europe, l’Asie et l’Amérique du Sud, Léon Tillieux va se lancer à la découverte de ce continent qu’est l’Afrique, en intitulant son voyage  « On the road again with Nelson Mandela »Il a épinglé les problèmes et les défis de l’Afrique, en particulier sur le plan du respect des droits humains.

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Lors de ce voyage qui se terminera sur la tombe de Mandela, il rencontrera les habitants, «afin qu’ils deviennent acteurs de leur propre développement.»  Et de conclure: «Le chemin vers la liberté initié par Mandela est indissociable de ces chemins encore plus longs que sont les chemins vers la justice et la démocratie.»

Danielle Pierre (photo à droite) a récité le poème "Invictus" si cher à Nelson Mandela dans la prison de "Robben Island".

Les participants ont remis un caillou que Léon Tillieux déposera sur la tombe de Mandela.

 

La Transafrica sur RCF  en 106.8 FM à Namur ou 105.4 à Bastogne

Si vous souhaitez réécouter en podcast l'enregistrement de Marcienne Greindl sur la Radio RCF de Namur, branchez-vous  sur le site www.rcfsudbelgique.be et cliquez sur l'icône où apparait une photo de la Transandine 2013.

vendredi 21 novembre 2014

M0b Transafrica 2015: projet de traverser l'Afrique de l'Est et du Sud à vélo

Carte TransAfrica 2014

2015 du 5 janvier au 2 avril : Rwanda (Kigali) - Burundi - Tanzanie - Zambie - Zimbabwe (Harare) environ 3.000 km

2016 de janvier à mars : de Harare (Zimbabwe) à Qunu (Afrique du Sud) environ 3.000 km

Un nouveau défi après l’Europe de l’Est (Roumanie, Pologne, St-Pétersbourg, Yalta - Crimée), l’Asie (Bangladesh, Cambodge-Laos, Ouzbékistan) et la traversée des Andes (de Quito en Equateur à Santiago au Chili en 2009 et en 2013). 

C’est le dimanche 15 décembre 2013, au Square Nelson Mandela à Gesves en rendant hommage à celui qui a changé le destin de l’Afrique du Sud, que m’est venue l’idée de donner le nom de ce grand homme au défi qui trottait dans ma tête depuis que j’avais rencontré un couple de Français qui avait traversé l’Afrique, en tandem, du Caire au Cap de Bonne Espérance. Le chemin sera long … mais rien en comparaison de ce long chemin vers la liberté qu’ont connu et que connaissent des pays comme l’Afrique du Sud … et bien d’autres pays sur cette planète.

Le dimanche 14 décembre 2014 à 11h30, vous êtes invités au départ symbolique au Square Nelson Mandela à Gesves, en présence de Hélène Pastoors d'Evelette, qui travailla avec Nelson Mandela et Jacques Briard, ancien chargé de projets d'Entraide et Fraternité.

Parrainage

Comme lors de mes voyages précédents je propose un parrainage en faveur d’ONG travaillant en Afrique. J’essayerai dans la mesure du possible de passer par des endroits où celles-ci travaillent. Vous pouvez choisir en fonction de vos convictions et sensibilités personnelles.

a) Pour OXFAM, vous pouvez choisir de soutenir l’action de cette ONG internationale contre l’épidémie d’EBOLA en Afrique de l’Ouest ou contre la famine dans la corne de l’Afrique de l’Est ; www.oxfam.org

b) Pour Entraide et Fraternité, soutien aux projets pour une agriculture paysanne respectueuse de l’environnement au Rwanda et au Burundi ; je compte visiter les projets suivants (à compléter) ; www.entraide.be

c) Pour le projet « Fleurs de soleil » en Zambie : un projet que je visiterai à Kabwe, lancé par le Père Pierre Ruquoy, Scheutiste, originaire de Ligny, qui accueille une centaine d’orphelins de la région, quelle que soit leurs convictions religieuses ; www.elorah.be 

pour vivre ce projet en chanson, cliquer sur un des liens suivants:

- les élèves du collège St-Pierre à Jette (Bruxelles)

https://www.youtube.com/watch?v=J_83lIkN3AM&index=3&list=PLhB5SM5WJlY-wpJvxr4HUj4mqojYAdvsZ

- les élèves de l'école St-Nicolas à Enghien

https://www.youtube.com/watch?v=HT6uXHnB2Vw

Pour en savoir plus sur le projet, cliquez sur le lien:
https://www.youtube.com/watch?v=_Ul3yy3R4j8&list=PLhB5SM5WJlY-wpJvxr4HUj4mqojYAdvsZ

d) Et comme lors des voyages précédents, il est possible de parrainer le Groupe Tiers-Monde de Gesves dont je suis le coordinateur. Nous soutenons des projets d’éducation en Centrafrique (Mbaïki et Berberati) et au Congo (Lubumbashi et Kasongo).

Projets parrainés et numéros de comptes 

a) OXFAM : BE37 0000 0000 2828 ..... (exonération fiscale à partir de 40 Euros par année civile) ... BIC BPOTBEB1 

avec la mention : projets Afrique - parrainage Transafrica Léon Tillieux

b)  Entraide & Fraternité : BE68 0000 0000 3434 ...... (exonération fiscale à partir de 40 Euros) ... BIC BPOTBEB
avec la mention : projets Rwanda / Burundi - parrainage Transafrica Léon Tillieux

c) Projet « Fleurs de soleil » en Zambie : BE82 0000 9019 7468 (exonération fiscale à partir de 40 Euros) ... BIC BPOTBEB1 
de SOS Scheut avec la mention « projet Sunflowers Pierre Ruquoy Zambie»  (ne pas oublier le destinataire)

d) Groupe Tiers-Monde de Gesves : BE22 0682 0181 0547 ..... (pas d’exonération fiscale) ... BIC GKCCBEBB

Projet de Film et recherche de sponsoring

La traversée des Andes en 2009 et en 2013 a fait l’objet de deux films réalisés et montés par Michel et Philippe de Ville : « Transandine : l’impossible exploit » et « Retour dans les Andes ». Je repars avec ma caméra en vue de ramener des images et réaliser un nouveau film qui vous sera présenté au cours de l’année 2016.

C’est la raison pour laquelle je recherche un sponsoring pour lequel votre contribution est la bienvenue au compte suivant : BE42 1030 1806 0054 NICABEBB  au nom de Léon Tillieux.

Les noms des sponsors (sauf s’ils ne le souhaitent pas) figureront dans le générique du film.

Coordonnées 

Adresse courriel : leontillieux@hotmail.com 

Léon Tillieux

rue de l’abbaye, 10 A 
5340 Faulx-les-Tombes 
Belgique gsm : +32 478 618581
D'avance un grand merci pour votre soutien.
Déjà je vous souhaite un joyeux Noël et une bonne année 2015 !

jeudi 30 mai 2013

Transandine 2013 n°5: Le nouveau film à ne pas manquer : " Retour dans les Andes " 2013

Col El Laco sous la neige.JPG

En janvier et février de cette année 2013 au cours de laquelle il fête ses 65 ans, Léon Tillieux de Faulx-les-Tombes est reparti à vélo pour continuer à réaliser son vieux rêve de traverser la Cordillère des Andes, sans nulle autre assistance que sa volonté d’arriver au sommet de cols de plus de 4.000 m et en comptant sur le soutien moral des gens rencontrés et de ses amis via courriel.  En 2009 il était parti de Quito en Equateur jusqu’au Tropique du Capricorne en Argentine, soit 7 mois pour 7.000 km.  Cette année 2013, il est reparti de Salta dans le Nord de l’Argentine jusque Santiago capitale du Chili, soit près de 3.000 km.  

De ce voyage un film a été réalisé par Philippe et Michel de Ville :

dimanche 3 mars 2013

Transandine 2013 n°4: De Taltal à Santiago - fin de la traversée des Andes 2013

Fin de la traversée des Andes 2013

Constraste Santiago.JPGCe jeudi 28 février 2013 en fin de matinée, avec une très grande joie que vous pouvez deviner, je suis arrivé à Santiago, capitale du Chili, avec plusieurs jours d'avance sur le programme que je m'étais fixé en 2012. 

Tout s'est bien passé, pas de difficultés majeures, pas d'ennuis techniques (aucune crevaison) durant ce périple long de 2.738 km pour 42 jours de vélo, soit une moyenne journalière de 67,6 kms et une moyenne horaire de 10,3 kms... et pas une goutte de pluie depuis la mine de fer au Chili où j'avais passé la nuit, le 21 janvier dernier !

Un retour anticipé

Dans mes calculs préparatoires, je tablais sur une avancée journalière moyenne de 50 km. A partir du moment où je me suis rendu compte que souvent le vent de face, venant du Pacifique, se levait à partir de 12 heures, j'ai décidé de partir très tôt en me levant à 5h du matin et de démarrer à 6 heures avant même le lever du jour... Ce qui m'a permis d'avancer plus vite et en me fatiguant moins ! Donc me voilà déjà arrivé et bientôt rentré en Belgique !

Retour sur la dernière étape : de Taltal à Santiago

Fin d'une longue traversée du désert, traversé de vallées très vertes chargées de fruiticultures 

Je vous avais quitté à Taltal, jolie petite ville au bord de l'océan Pacifique en vous envoyant mon troisième message le 8 février dernier. Depuis je vous ai laissé sans nouvelles... me trouvant pour quelques jours encore dans le désert Chilien. Pendant une semaine, j'ai longé la mer en prenant une route parallèle à la Ruta 5, la Panaméricaine. 

Ce n'est qu'en arrivant à Huasco que j'ai retrouvé de la verdure : des arbres, des plantations, des fruits ! Particulièrement dans la vallée de l'Elqui d'ou partent les succulents raisins de table chiliens que nous trouvons dans nos supermarchés en Belgique.

Rencontres de cyclistes randonneurs longue distance

Nuit sur le balcon des Andes.JPGAu bord de la mer, le 10 février, je m'étais arrêté pour manger du poisson délicieux de l'Atlantique, quand un couple de Suisses s'approchèrent de moi en me disant qu'ils voyageaient aussi à vélo. 

Coïncidence, Stefan avait traversé le col de Sico, il y a quelques années et avait logé dans le bureau des douaniers chiliens... ceux-là qui m'avaient chauffé de l'eau pour mon repas le dimanche 20 janvier quand je suis passé par ce col... sous la neige. 

Ces deux jeunes Suisses, Sibylle et Stefan venaient de boucler un périple passant par le col de San Francisco (4.726 m) entre le Chili et l'Argentine... une merveille selon nos deux amis qui chaque année prennent du temps pour prendre distance par rapport à la course folle que nous menons pour notre travail, que ce soit en Suisse, en Belgique... pour, comme les latinos-américains, prendre le temps de vivre. 

Il est vrai que lorsque l'on voyage à vélo, on prend le temps non seulement d'admirer, mais de rencontrer les gens, etc.... cela je vous l'ai déjà dit en long et en large.

Il ne sont pas légion ceux qui circulent à vélo à travers les deux Amériques... surtout d'un bout à l'autre. Lors de la Transandine 2009, j'avais rencontré un Argentin qui avait mis 4 ans pour rejoindre l'Alaska jusqu'à la Terre de Feu... il se faisait parrainer pour les villages d'enfants SOS. Dans l'autre sens non plus, de Ushuaïa (l'extreme-sud de l'Argentine) jusqu'en Alaska, il ne doit pas en avoir beaucoup.

Avec Mauro Italien.JPGLe 12 février, j'ai eu la chance d'en croiser un jeune italien, Mauro, juché sur un vélo de course, comptant rallier les deux extrêmes des Amériques en quelques sept mois... ce qui devait lui faire environ deux cent kms par jours. Il n'emprunte que les routes macadamisées (ex. la Panaméricaine). 

Il arbore un grand drapeau et cherche des sponsors en faveur de la lutte contre le diabète ainsi que pour soutenir un orphelinat au Mexique

Tout content le Mauro que je parlais italien ! Il connaissait même une ONG pour laquelle j'avais travaillé pendant l'été 1970 en Sicile : "Mani Tese" (mains tendues). Pour ceux qui veulent en savoir plus ils peuvent aller voir son site.

Avec Neerlandais.JPGQuelques jours plus tard, ce sont deux jeunes Néerlandais que je croisais. Ils venaient de Ushuaïa comme Mauro mais comptaient s'arrêter en Colombie... c'est déjà pas si mal. Ils avaient été enchantés de la traversée du col "del agua negra" (4.779 m) entre l'Argentine et le Chili

J'ai été frappé par le peu de bagages qu'ils avaient avec eux. C'est ce qui explique la vitesse avec laquelle ils avançaient... vous verrez plus loin que j'ai suivi leur façon de voyager.

"Pour un arpent de terre"

Machine 1.JPGUn jour quelle surprise de voir abandonnés dans une propriété au bord de la route, une ancienne machine à battre le grain et une ancienne machine à vapeur destinée à actionner la première. 

En admirant ces anciennes machines, je n'ai pas pu m'empêcher de me remémorer deux romans écrits par Claude Michelet : "Pour un arpent de terre" ou l'on décrit le travail de ces fameuses machines (fabriquées en Angleterre) et le tome II intitule "Les promesses du ciel et de la terre" relatant la guerre du Pacifique de la fin du 19ème siecle dont je vous avais parlé dans un message précédent.

Un dernier défi pour la Transandine 2013... fier de porter bien haut les couleurs du "coq wallon" !

A la Serena, je devais en principe être hébergé par l'Evêque du coin, ami de Edouard Brion, avec qui j'étais allé en Palestine en décembre dernier. Mais voilà, c'était les vacances et Monseigneur était parti dans son "Castelgandolfo" chilien... je suppose que lui - à l'inverse de Benoit XVI - reviendra pour continuer son travail.

Dès lors, je me suis mis en route plus tôt vers Santiago sans avoir l'opportunité de vous envoyer de message car je me retrouvais de nouveau dans la nature... avec deux alternatives :

  • soit je continuais la Panaméricaine qui longe la côte et qui est constamment chargée de voitures et de camions;
  • soit je prenais des chemins de traverses via une ancienne route appelée "longitudinale" qui était utilisée déjà au temps de la colonie avant que la "Panam" ne soit construite : entre Vicuna et San Felipe

Dure montee.JPGIl s'agissait d'un véritable défi. Les amis Suisses m'avaient averti que c'était très beau... mais très, très dur. 

Après deux premiers jours au cours desquels je parvins à hisser mon vélo et mes 40 kgs de bagages au sommet du fameux col de Hurtado (voir photo en annexe), je pris la sage décision d'expédier un sac avec 12 kgs de bagages inutiles (vêtements pour la haute montagne, etc) via la compagnie de bus jusque San Felipe, à 75 km de Santiago.

Le long d'une ancienne ligne de chemin de fer

Entre Illapel et Cabildo, la route suit le trace d'une ancienne ligne de chemin de fer, ouverte au début du 20eme siècle et abandonnée il y a plus de 50 ans. L'avantage de ce parcours c'est que les pentes ne sont pas très fortes et cela permet d'admirer davantage le paysage. 

Tunnel 1912.JPGSur le trajet plusieurs tunnels avaient été creusés dans les années 1910-1912. Ils sont actuellement ouverts aux voitures... et aux rares cyclistes qui passent par là. 

Bref un véritable RAVeL chilien... pas encore si bien aménagé que chez nous bien sur, mais avec le temps... !

Changement de mode d'hébergement

Tout au long de la première partie de la Transandine 2013, étant donné que j'étais dans un désert, je plantais ma tente le soir, je n'étais jamais dérangé, j'avais tout l'espace pour moi... à condition de ne pas empiéter sur le territoire des compagnies minières, les seuls occupants de cette partie Nord du Chili. 

Il n'y avait aucun concurrent : le désert d'Atacama, un véritable désert comme je vous l'ai déjà dit, il n'y a aucun moustique bien sur, mais pas de fourmis ni d'autres insectes qui viennent vous importuner.

En revanche dans la région très verte renommée par les raisins de table exportés dans nos pays, toutes les parcelles sont privatisées à gauche et à droite de la route. 

La première nuit, je m'étais risqué à planter ma tente au bord d'un chemin apparemment privé ou privatisé... quand je fus réveillé vers minuit par deux gardiens (juchés sur leur monture dont les sabots m'avaient réveillé) qui me prièrent de décamper sur le champ. J'ai continué la nuit au bord d'un champ de salades, je n'ai plus eu le courage de remonter la tente... j'ai dormi à la belle étoile, tout heureux de pouvoir admirer la voute céleste. Au petit matin, les ouvriers agricoles ne sont pas venus me déranger !

Vallee raisins.JPGLes jours suivants, je demandais à pouvoir planter ma tente, soit dans un exploitation de séchage de raisins, soit dans un terrain rempli de camions et autre matériel. 

C'est ainsi que le dimanche 17 février j'ai fait la connaissance de Gabriel, ancien exilé Chilien en France pendant 12 ans et tout heureux de parler Français avec moi.

Il est gardien de nuit pour une entreprise de construction. Le matin, il était tout heureux de m'accueillir chez lui, dans sa petite maison, de m'offrir, lui et son épouse parlant Français également, un délicieux petit déjeuner... et une douche chaude. 

Les autres nuits, j'ai planté la tente dans une propriété de producteurs de raisins. Accueil sympathique autour d'un bon potage ou tout simplement en me disant que je pouvais manger du raisin... le bon raison de table, plein de soleil.

Un soir, alors que le vent du large de l'océan Pacifique, s'était levé, il m'était impossible de monter la tente... quand j'ai eu la chance de pouvoir passer la nuit dans un local du Syndicat de pêcheurs d'un petit village de pêcheurs... des gens très courageux et accueillant de surcroit. Merci à ces travailleurs qui risquent leur vie la nuit dans des conditions pas toujours faciles ! 

Dernier jour vers Santiago via un tunnel

Camionette pour cyclistes.JPGMercredi 28 février, levé très tôt avec départ avant 6h. Une longue montée de 9 km avant d'arriver au tunnel de xxx. 

Là, surprise, un homme m'arrête et m'invite à monter dans une camionnette, véhicule qui reste en permanence à l'entrée du tunnel pour transporter les cyclistes, leur vélo et leurs bagages de l'autre côté du tunnel trop étroit et sans bande d'arrêt d'urgence. 

En effet, sur sur chaque côté de la route à deux bandes ainsi que sur les autoroutes - ou la police permet aux cyclistes de circuler même s'il y a une panneau contredisant cela à l'entrée - il y a une bande "d'emergenzia". 

Dans le tunnel, il n'y en a pas. D'ou le service (gratuit) de transport des cyclistes dont j'ai bénéficié. Dans ce pays, le Chili, il y a des choses qui surprennent, dans l'organisation et la précision. Mais tout n'est pas aussi parfait. 

De toute façon, je puis dire que, parmi les pays Latinos, celui qui ressemble le plus à nos pays Européens de culture latine, c'est bien le Chili. Au Pérou, en Bolivie... et au Brésil (que j'aime particulièrement), c'est différent. Les Chiliens sont sans doute moins "chaleureux" que les Brésiliens... mais j'ai j'a été souvent bien accueilli. 

cela diminue.JPGDe l'autre côté du tunnel, il me reste une petite cinquantaine de kms, tout en descente si bien que j'arrive très tôt à Santiago

Devant me rendre à la place Nunoa, j'ai trouvé facilement ma route dans une ville ou en général le code de la route est respecté. En entrant, j'ai suivi l'avenue de l'indépendance me disant que cela devait être une avenue importante de cette ville énorme (7 millions d'habitants)... elle m'a mené directement au centre, à l'ancienne gare Mapucho.

De là en demandant quelques fois mon chemin (7, 8 fois peut-être) et sans disposer de carte de la ville, je suis arrivé à la place près de laquelle se trouve l'appartement de René, un ami de Dominique, un ami namurois ayant travaillé au Chili. 

Cet ami, René, est parti temporairement au Mexique pour le travail et m'a ouvert son appartement pour les quelques jours que je compte y passer. Première chose à faire: changer la date de mon retour initialement prévu le trois avril.

Retour anticipé en Belgique

Velo pour avion.JPGC'est donc le jour où Benoit XVI mettait fin à son "pontificat" et s'envolait vers Castelgandolfo, que j'arrivais à Santiago et que j'écourtais mon séjour au Chili. Vous me direz il n'y à rien à comparer - l'un voyage en hélicoptère, l'autre à vélo - ceci dit, je rentre donc déjà en Belgique ce mercredi 6 mars 2013 à 22h15 par le vol IB 3208 en provenance de Madrid

Celles et ceux qui veulent venir m'accueillir peuvent le faire si le coeur leur en dit... je pense spécialement à mes supporters habitant la région de Bruxelles. Je peux vous dire qu'il y aura de la joie dans l'air spécialement du côté de Jambes... tout comme dans mon coeur d'ailleurs !

Conclusions

Pourquoi se donner de la peine pour grimper dans les montagnes - et surtout quelles montagnes ces fameuses Andes - par des cols impossibles avec une charge qui écraserait un mulet... telle est la question que certains pouvaient ou pourraient se poser en me voyant pousser sur mes pédales alors qu'il suffirait de toucher du pied une pédale d'accélérateur de voiture ? Et bien j'ai eu tout le temps de réfléchir pour répondre à cette question et encore à bien d'autres questions tout au long de ce qui fut une longue traversée de désert. 

En me lançant dans cette aventure, je ne me rendais pas compte que le Nord du Chili que j'entreprenais de traverser était un désert à ce point aride... et vide. Pourtant, c'est en traversant ces étendues de pierres et de sable que j'ai découvert toutes les richesses qui nous habitent en commençant par celles de notre propre intérieur. 

Plus particulièrement cette année, j'ai découvert en moi une force extraordinaire qui me poussait à aller jusqu'au bout du rêve qui m'habitait depuis longtemps. Au delà de la santé physique dont j'ai pu bénéficier tout au long de ces 7 semaines, c'est de nouveau le mental qui m'a aidé à dépasser tout risque de découragement. Le fait qu'il y avait peu de rencontres possibles dans cet univers, m'a permis d'investiguer davantage au sein de moi-même et de m'émerveiller de ce qui comble ma vie en terme de relations avec les autres et particulièrement avec ceux et celles que j'aime. 

Par ailleurs, en terminant cette traversée andine, j'ai la très grande satisfaction et la très grande fierté de vous dire que nombreux furent ceux et celles que j'ai rencontrés - et parmi eu particulièrement des jeunes - qui étaient en admiration devant le fait que cet "exploit" je pouvais le faire à 64 ans. Ceci dit en ce qui me concerne, je ne compte pas m'arrêter - plus en Amérique du Sud - mais dans des pays comme l'Arménie, l'Azerbaïdjan, le Kirghizistan, etc. Ce sera toutefois pour des séjours plus courts, d'un mois maximum. 

Je ne puis oublier les multiples petits gestes destinés à m'encourager - le coup de klaxon ou l'appel de phares des automobilistes, des camionneurs; ceux qui prenaient la peine de s'arrêter pour s'enquérir de ma destination, si je n'avais besoin de rien. 

Des grands gestes comme l'accueil pour une nuit... et même des plus petits mais aussi importants comme "la gorgée d'eau" proposée par une touriste qui n'avait que sa gourde à offrir, l'assiette de pâtes et de haricots offerte par une femme de pêcheurs qui me répondait qu'il n'y avait un restaurant qu'à 35 km de là, mais qu'elle pouvait me donner ce qu'elle avait; ou encore l'énorme grappe de succulents raisins offerte par un producteur alors que je m'étais arrêté au bord de la route pour manger un peu. 

Tous ces gestes de partage que je ne pourrai oublier tout comme les encouragements que vous m'avez exprimés via courriel. Qu'ils et que vous en soyez remerciés... !

Amis de Dominique Santiago.JPG

Suite de la Transandine 2013... en photo et en film

Un film sur la Transandine 2013 est déjà prévu... vous serez informés. Un livre-photos est également en projet. Si cela vous intéresse répondez-moi par retour du courriel (un clic suffit, pas besoin d'aller acheter un timbre comme au temps passé... ne remettez pas à demain). Sachez simplement que le prix baisse en fonction du nombre d'exemplaires imprimés. 

A bientôt... dans quelques jours... au plaisir de vous revoir !

Leon Tillieux à Santiago

vendredi 8 février 2013

Transandine 2013 n°3: De San Pedro de Atacama à Taltal sur l'océan Pacifique au Chili

Chers amies et amis de la Transandine,
 
J'espere que vous ne souffrez plus trop du froid ... voici des nouvelles du Chili qui vont sans doute vous réchauffer un peu les esprits... ou le coeur.

Quatre jours de visite dans la région de San Pedro de Atacama au Chili

Les Geysers de El Tatio

Après avoir consacré la première journée à un peu de repos, à l'envoi du message numéro 2 et des photos que vous avez appréciées semble-t-il, je suis parti samedi 26 janvier à 4 heures du matin pour visiter, avec une agence, un des sites de geysers les plus grands du monde: les geysers de El Tatio. Malgré la température négative, il fut très agréable de se baigner en plein air dans de l'eau chaude et même de plus en plus chaude au fur et à mesure que l'on se rapproche de l'orifice par laquelle l'eau sort du coeur de la terre.

La vallée surprenante de la lune

Vallee de la lune D.JPG

Le soir, avec Yves, un Francais qui circule à moto partout en Amérique du Sud, je suis allé visiter la vallée de la lune. En premier lieu les cavernes dans une roche constituée de sel principalement.  Ensuite au moment du coucher du soleil, nous avons grimpé sur une très haute montagne pour admirer la fin du jour et les couleurs de ce site extraordinaire. 

La lune est venue pointer son nez juste à côté du volcan Lincancabur qui domine le salar d'Atacama. Vous jugerez de la beauté de ce spectacle en regardant les photos jointes.

Yves a conduit sa moto modérément tenant compte du fait que je ne suis presque jamais monté sur un tel engin !  Merci à cet ami de m'avoir emmené dans ce site extraordinaire... et d'avoir pu laisser ma monture "sans moteur" se reposer un peu au camping. 

Dimanche 27 janvier : un volcan haut de 5.590 m, un fameux Lascar !

La nuit du 26 au 27 janvier fut très écourtée dû au fait que les voisins du camping ont parlé, chanté et rigolé... jusqu'au moment où il était temps de me lever (vive le camping sauvage dans une nature sans rigolos qui vivent la nuit plutôt que le jour) !  

Avec un guide très compétent et trois autres compagnons de randonnée (Emily, une jeune Etasunienne, travaillant dans un parc naturel en Oregon ... en se présentant, elle m'a dit ne pas savoir où se trouve la Belgique ... comme Georges Bush parait-il ... moi non plus, je ne puis préciser où se trouve l'Oregon, un jeune Australien et Leonardo, un jeune Chilien), nous avons en premier lieu admiré les couleurs turquoises de la lagune de Lejia avant de commencer à monter à partir de 4.900 m. Le guide s'arrêtait de temps en temps pour que nous puissions reprendre notre souffle. 

Après la première moitié de l'ascension, je m'arrêtais sans que le guide ne le fasse... mes compagnons qui me suivaient ne demandaient pas mieux, me semble-t-il !  Après trois heures d'ascension, nous sommes arrivés au bord du cratère: spectacle incroyable de voir cet immense trou où l'on devine le coeur de la terre;  quelques fumeroles nous révèlent que là en dessous cela doit bouillonner tant et plus ! 

Volcan Lascar B.JPG

Le vent ne nous empêche pas de nous jeter dans les bras les-uns les-autres, laissant éclater notre joie. Restent 40 minutes pour arriver au sommet : 5.590 m au dessus du niveau de la mer, ce qui représente la hauteur du Mont Blanc (le plus haut sommet d'Europe) plus la hauteur du Signal de Botrange calculé depuis Ostende !

Là, le vent redouble d'intensité et de nouveau, nous laissons éclater notre joie. En ce qui me concerne, pas de mal de tête, pas de crampes, une bonne résistance au froid grâce aux sous-vêtements en laine de mouton de Nouvelle-Zélande... ce que je vous recommande si vous souffrez du froid en Belgique !

Dans les yeux du salar

Les yeux du Salar.JPG

Lundi 28 janvier, dernier jour de repos à San Pedro de Atacama, je pars très tôt avec le vélo vers la lagune de Cejar où il est possible de se baigner... et de flotter vu la très forte densité de sel.  Un peu plus loin, bain dans les "ojos del salar", c'est-à-dire dans les yeux du salar. 

Un groupe de touristes français s'intéresse à mon périple à vélo ... et me ravitaille en eau et en brochettes de fruits sortant tout droit du frigo box.  Comme cela fait du bien le partage... quant il fait près de 40 degrés !

Rencontre inattendue avec André Etchelecou des Pyrénées

Le dernier soir, une heure de rencontre et d'échanges d'expérience avec ce professeur émérite de l'université de Pau... converti au vélo longue distance et à l'escalade de volcans ! J'ai eu connaissance de ses périples à velo grâce au "forum des voyageurs" sur Internet. Grâce à lui, j'étais au courant des difficultés de la traversée du col de Sico entre l'Argentine et le Chili avant de prendre la route. 

Rencontre avec Andre Etchelecou.JPGPendant cet échange, nous avons mis en commun les souvenirs de la traversée de l'Ouzbekistan et nous avons parlé de projets futurs comme le Kirgizistan (pour moi) ou encore le Tibet (pour André). 

Nous nous sommes donnés rendez-vous dans les Pyrénées pour un partage plus approfondi de cette passion commune du vélo - longue distance - rencontres des populations.

De San Pedro d'Atacama à Antofagasta

Une très très longue montée précédant une longue descente vers Calama

Première journée terrible pour sortir de la région de San Pedro de Atacama vers Calama. Les amis français m'avaient prévenu : ce sera très très dur... "pars tôt pour éviter le vent !".  

A 7h30 je démarre et de suite me trouve le nez devant cette côte à 10% et plus.  Après le passage de la "Cordillera de sal", je me trouve devant une très très longue montée ... de 26 km.  Je mettrai finalement 8h30 pour arriver au sommet du col, le paso Barros Arana ... soit à une moyenne de 3 km/heure ... je pense que même les baudets auraient fait mieux.

En revanche de l'autre côté, malgré le vent, une très longue descente à près de 20 km heure de moyenne.  

Couleurs nationales belges sur le camping.JPGArrivé au camping de Calama, bien accueilli par un couple très sympathique, jugez-en : à peine arrivé, le mari a hissé le drapeau belge!  Les chiliens sont très friants de défilés, saluts au drapeau, etc. 

Ce jour là, outre le drapeau chilien, flottèrent nos couleurs nationales sur cette terre chilienne... remarquez, j'étais le seul campeur (sous tente) ! 

Sur un mur de Calama, un texte de Pablo Neruda

"Yo llegue al cobre, a Chuquicamata, era tarde en las cordilleras.  El aire era como una copa fria, de seca transparencia."  Traduction : " Je suis arrivé à Chuquicamata, la région du cuivre, il se faisait tard dans la cordillère. L'air était comme un verre de fraicheur, d'une sèche transparence".  

Dans ce merveilleux texte, Pablo Neruda décrit très justement cette région de Calama, riche en minerais, surtout de cuivre mais aussi une région désertique avec un tel degré de sécheresse que c'est un des endroits du monde où il y a la plus grande transparence et donc la plus grande visibilité notamment pour l'observation des étoiles.

Visite de la mine de cuivre la plus grande du monde

Mine de cuivre Chuquicamata A.JPG

Je savais que le sous-sol du Chili contenait de grandes richesses minières mais j'ignorais qu'il y avait une mine de telle importance.  Cette visite au coeur du cuivre chilien me rapelle combien l'histoire de ce pays est liée à ces richesses minières. Fin du 19eme siècle, la guerre du Pacifique (1879-1884) opposa le Chili d'une part, le Pérou et la Bolivie d'autre part.  Combien de combats sur terre et sur mer; combien de jeunes sont morts pour les intérêts économiques des classes dirigeantes de l'époque.

Cette guerre coûta a la Bolivie son accès à la mer... depuis, ce pays ne s'en est jamais remis ! Le Chili occupe toujours ces vastes territoires... désertiques certes mais riches en matières premières dont le cuivre.
 
Par ailleurs, plus récemment dans l'histoire contemporaine, je ne puis m'empêcher d'évoquer le défi qu'Allende s'était fixé, en nationalisant les richesses minières du Chili de façon à pouvoir financer un programme social et de justice pour tous les chiliens. Cela ne pouvait qu'aller à l'encontre des intérêts des maîtres du monde qui, par l'intermédiaire de la CIA, installèrent une dictature terrible : Pinochet allait dominer, écraser, assassiner. Des mères sont encore à la recherche dans cette région de Calama, des restes de leur époux ou de leur fils, exécutés après avoir été torturés. Une part très sombre de l'histoire de ce pays !
 
Je ne puis également qu'établir le lien avec la Belgique qui est en train de perdre un fleuron de la Wallonie en ce qui concerne la sidérurgie et de même, proche de nous également, la région Lorraine de Florange en France.  Comment est-il possible de laisser ces richesses nationales entre les mains de puissants (asiatiques et autres) qui ne se préoccupent aucunement du sort des familles des travailleurs ?  Encore faut-il, si l'on opte pour une gestion par l'Etat des ressources stratégiques, une gestion saine ... plus sérieuse que celle que l'on a réservée à Dexia (l'ex-Credit Communal de Belgique) !
 
Sur le mur de Calama, à côté du texte de Pablo Neruda, il y en avait un de Salvador Allende qui disait : " Quiero insistir que, porque el pueblo es gobierno, es posible que hoy dia digamos que el cobre sera de los chilenos "  traduction " Je veux insister sur le fait que, puisque le gouvernement émane du peuple, à partir d'aujourd'hui nous pouvons dire que le cuivre appartiendra aux Chiliens " - texte du 11 juillet 1971, jour où la mine de cuivre de Chuquicamata fut nationalisée".  J'ose espérer qu'aujourd'hui encore la mine est gérée pour le bien de tous les chiliens.

Traversée du désert d'Atacama... un véritable désert !

Le seul arbre du desert.JPG

Entre Calama et Antogagasta, longue traversée du désert d'Atacama.  Je connaissais le salar d'Atacama, réputé pour sa luminosité ... voilà le désert ... un véritable désert !  

Comme le disait Yves, le motard Francais avec qui je suis allé visiter la vallée de la lune, c'est un véritable désert : pas une herbe, pas une plante, rien que des cailloux et du sable. Au Sahara, il y a toujours ici et la, un troupeau de chèvres ou de moutons, un bédouin qui vient vous saluer.

Ici au Chili, pendant plus de 220 km, je n'ai vu aucune habitation, aucune construction (mises à part les installations minières), aucun paysan ... seulement deux piétons au bord de la route.  Je n'ai vu qu'un seul arbre ... encore fallait-il que lorsque j'ai voulu y faire une sieste en dessous de lui, les ordures et les mouches y avaient élu domicile avant moi !

Baquedano, noeud ferroviaire vers la Bolivie

Une attraction quand même dans le désert d'Atacama, c'est le musée ferroviaire de Baquedano, important noeux ferroviaire de la compagnie de trains qui reliait et relie toujours la ville d'Antofagasta et la Bolivie.  Ligne stratégique en ce qui concerne le transport de minerais ... car si c'est un désert, il y a plein de richesses dans le sous-sol :  cuivre, salitre (mélange de sodium et de nitrate de potassium). 

De Antofagasta à Taltal sur l'océan Pacifique au Chili

Antofagasta, un grand port sur l'océan

Port d'Antofagasta C.JPG

Découverte de bon matin de cette très grande ville du Nord du Chili, port très important, ayant conservé plusieurs bâtiments anciens dont la gare ferroviaire de la FCAB (Compagnie de chemins de fer d'Antofagasta et de Bolivie), le bâtiment des douanes, etc. 

Charmante place avec la tour de l'horloge... où j'ai parlé avec deux touristes allemandes s'exprimant en un français impeccable et s'intéressant à mon périple.

En suivant la route numéro 1 renseignée sur la carte routière éditée en Allemagne, j'avais l'intention de rejoindre la ville de Taltal en suivant l'océan.  Apres quelques kms, je me suis retrouvé sur un sentier qui devenait de plus en plus escarpé... si bien que j'ai pris la sage décision de faire demi-tour et de suivre la Panaméricaine. 

Une nuit passée dans... et en dehors de l'annexe d'une chapelle militaire

Après l'aventure avortée de la route côtière qui n'existe plus, je décide de quitter cette grande ville d'Antofagasta en espérant trouver un endroit calme et sûr pour planter la tente.  En voyant au bord de l'océan une "chapelle militaire", je m'approche et demande au chef des ouvriers en train de rénover l'annexe, si je peux planter la tente à cet endroit.  Celui-ci me répond "bien sûr" et m'invite a installer mes pénates dans l'annexe.  

Après un brin de toilette, bien nécessaire "après la traversée du désert", je m'endors ... sous les yeux de la statue de la Vierge.  Vers minuit, deux militaires viennent, tout désolés, me dire que leur chef leur a rapellé que ce lieu, même s'il est béni ... est territoire militaire ... donc je dois partir.  Apres avoir sorti tous mes bagages et refermé la porte (dont je n'ai pas la clef), le soldats me disent que je peux aller m'installer sur la plage toute proche.

Sur le parvis on est bien.JPGMais se rendant compte que mes nombreux bagages risquent d'attirer du monde, ils reprennent contact avec leur chef, explique la situation au chef ... qui revient sur sa décision : le lieu me redevient "ouvert".  Mais je n'ai pas la clef.  Je propose donc aux soldats qui acquiescent, de passer la nuit ... devant la porte.

Après tout "sur le parvis de l'eglise", on y est aussi bien (un petit clin d'oeil à Jacques Gaillot qui devrait apprécier la mésaventure)... d'autant plus qu'il fait chaud et qu'il n'y a pas de moustiques.

Le lendemain matin au petit réveil, un des soldats est venu s'enquérir, si j'avais bien dormi, si j'avais à manger, si j'avais de l'eau et si personne n'était venu me déranger ... quand même sympas les militaires chiliens !!

Un nouveau désert :  320 km entre Antofagasta et Taltal

Affonso le Brésilien rencontré à San Antonio de los Cobres m'avait averti : " tu devras traverser un désert pendant 400 km.  Il faut prendre de la nourriture car il n'y a aucun moyen de se ravitailler.  Pour l'eau, juste quelques litres.  Quant tu vois ta réserve diminuer... tu fais signe aux camions et aux voitures en agitant une bouteille vide." 

Ce que j'ai fait... et dans les cinq minutes, un camion ou une voiture s'arrêtait :  de l'eau fraiche, des biscuits... et même une grappe de raisins !  Comme quoi dans le désert, la solidarité... je l'ai expérimentée une fois de plus. Affonso quant à lui est arrivé à Potosi en Bolive (selon courriel reçu de lui... la magie d'Internet) !

Une nuit dans un espace réduit réservé à une douche

Le mardi 5 février, alors que je luttais contre un vent fort de face, je vois comme dans un mirage une "posada" ... un restaurant pour routiers. Je n'hésite pas, je demande - outre un bon repas - à pouvoir installer ma tente dans le jardin (plutôt un dépôt de toutes sortes:  vieux camions, objets hétéroclites, etc).  Le patron accepte et me propose de passer la nuit dans un espace réduit prevu pour une douche et mesurant 3 m sur 1,5.  Pour moi, j'y ai très bien dormi, en compagnie du vélo (la roue avant démontée)... c'était toujours mieux que d'essayer de monter la tente, par ce vent "à décorner les boeufs" !

Taltal, cité balnéaire tranquille au bord de l'océan

Il n'y a plus de route !Depuis que le gérant du camping de Calama m'a dit que le vent du Pacifique se levait à partir de midi, je pars tous les jours à 6 heures. Levé à 5 heures, je bénéficie ainsi des premières heures du jour sans vent. Par après, à certains moments, il est impossible d'avancer à plus de 7 km/heure.

Pour planter la tente, j'ai récupéré au bord de la route des "élastiques" découpés par les camionneurs dans de vieilles chambres à air. Cela me permet d'insérer à chaque coin de la tente une grosse pierre ... et le vent peut venir !
 
Après ce long message envoyé de Taltal, je vous donne rendez-vous dans une dizaine de jours.  J'avance bien malgré le vent.  Je suis arrivé à la moitié du parcours prévu :  j'ai dépassé les 1.400 km.  Demain je rejoins la panaméricaine. Il me restera 1.100 km jusque Santiago... plus quelques détours vers la mer ou des sites intéressants.

L'album photo de cette étape est sur skydrive.

A plus
 
Léon

vendredi 25 janvier 2013

Transandine 2013 n°2: De San Antonio de los Cobres (Argentine) à San Pedro de Atacama (Chili)

Chers amies et amis de la transandine 2013,

Merci à ceux et celles qui ont répondu au premier message envoyé de San Antonio de los Cobres en Argentine. Me voici arrivé à San Pedro de Atacama au Chili après un long et périlleux voyage à travers la cordillère des Andes via le col de Sico. 

En vous quittant à l'issue du premier message, je vous exprimais toutes mes craintes quant à cette traversée par une route très peu fréquentée et le long de laquelle je savais qu'il n'y avait aucun endroit d'hébergement ni de ravitaillement possibles. Aujourd'hui, j'ai la grande joie de vous annoncer que j'y suis arrivé au bout de 9 jours difficiles mais combien enrichissants surtout de par les rencontres que j'ai faites.

De San Antonio de los Cobres à Olacapato en Argentine via un col de 4.560 mètres

Avec Affonso du Bresil.JPG

En quittant San Antonio et en disant adieu à Nabor, le gérant du petit hôtel où j'avais passé trois nuits, j'avais dans la tête les renseignements importants reçus d'un jeune brésilien qui venait de passer le col de Sico tant redouté et que j'ai croisé par hasard alors qu'il arrivait dégoulinant sous l'orage qui venait de le surprendre.

Au cours de la soirée passée ensemble, il m'avait décrit les difficultés qu'il venait d'affronter: pluie, grêle, froid, absence de ravitaillement... mais aussi qu'il était possible de demander de l'eau aux policiers au poste frontière et surtout de passer la nuit dans les locaux de l'ancienne mine de fer de El Laco située du côté chilien.

Affonso, ce jeune Brésilien était en route pour un long périple de plus d'un an à travers tous les pays des Amériques. Il s'arrêtait dans les petites villes, il demandait l'hospitalité chez les pompiers, à la Mairie ou auprès des institutions religieuses. A San Antonio, il a partagé ma chambre et toutes ses émotions ressenties tout au long d'un voyage exceptionnel.

Pour atteindre Olacapato, j'ai du monter un col de 4.560 mètres, le "alto Chorillo". Après de fréquents arrêts sur une route en pierres, à 4 km du sommet, j'ai planté ma tente dans un tournant, exténué, attendant une nuit reposante pour continuer.

Nuit sous la pluie col de Sico Chili.JPG

Encouragé par deux Français le lendemain matin, c'est avec une très grande joie que j'arrivais au sommet.

Je pensais que la descente serait facile mais une portion ensablée m'attendait, celle pour laquelle mon ami des Pyrénées, André Etchelecou avait loué une voiture. Mais ce passage difficile fut plus court que prévu.

A Olacapato, je me suis rendu directement au poste de santé. En effet, le second jour du voyage,en cherchant un endroit pour planter la tente, je m'étais "planté" une longue épine dans le tibia. N'ayant pu désinfecter la plaie convenablement, je craignais une infection.

Une gentille infirmière a regardé la plaie et par mesure de sécurité (il n'y a aucun poste de santé avant 200 km), elle m'a donné des antibiotiques. Lorsque j'ai voulu la rétribuer pour ce service, elle m'a répondu "c'est gratuit"... même pour les étrangers ! Ah bon ! C'est pas partout comme cela !

De Olacapato (Argentine) à la mine de fer de El Laco (Chili): traversée "apocalyptique" du col de Sico pratiquement désert

En quittant le petit "hospedage" d'Olacapato où j'avais pu prendre une bonne douche chaude et donner un bon brin de toilette à ma monture (le vélo), je partais avec beaucoup d'appréhension. Le premier jour, en voulant me réchauffer de l'eau, je ne parvenais pas - avec des allumettes qui avaient pris l'humidité - à allumer mon camping gaz. Moment de panique, je n'avais que des sachets de nourriture lyophilisée et durant 5 jours j'étais certain de ne rencontrer personne.

Salar aguas calientes Chili.JPG

Petit à petit, j'ai repris mes esprits et mon courage. Au bord du Salar merveilleux del Rincon, j'ai réussi à allumer un feu avec des bouts de bois et... un briquet reçu de touristes anglais tout ébahis de rencontrer un cycliste à cet endroit. Le vent s'étant calmé pour planter la tente, je passais une nuit étoilée au bord d'une route sur laquelle aucun véhicule ne vint troubler un silence impressionnant.

Le lendemain samedi 19 janvier 2013, je voyais au loin le col de Sico mais je perdis pas mal de temps à cause d'une portion de boue... rouge comme le fer de cette région. Nettoyage de la monture et surtout de la chaine ! Me voilà enfin arrivé au poste frontière Argentin.

Bien reçu par les douaniers qui visiblement n'ont guère de travail. Par précaution, je leur demande des allumettes; n'ayant sans doute pas une boîte complète à me donner, l'un deux me donne quelques allumettes avec un petit centimètre carré de la partie destinée au frottement de l'allumette. Un petit geste mais une bonne intention!

Frontiere Argentine Chili.JPG

La suite fut moins agréable. Dès le passage du col de Sico qui marque la frontière entre l'Argentine et le Chili à 4.092 mètres, un orage s'annonce. Bien vite je dois m'arrêter et m'abriter comme je peux. Cela devient "apocalyptique"... si bien que je crains que les éclairs qui éclatent de partout ne nous (le vélo et moi) prennent pour cible. L'orage s'arrête mais pas la pluie. Je monte la tente au bord de la route. Un véhicule passe.

La nuit, en sortant pour un besoin naturel, je suis dans le brouillard total... je ne vois pas à plus d'un mètre. Le lendemain matin, la pluie est omniprésente. Je devine au loin un cycliste : c'est Alejandro, un Argentin qui retourne dans son pays en tirant une remorque. Brefs échanges; il me confirme que les gars de la mine accueillent les voyageurs de notre espèce.

Deux cols m'attendent avant que je ne puisse me reposer. Le premier est relativement facile étant donné que la pluie s'est arrêtée. J'arrive au poste des douaniers chiliens. Je leur demande de l'eau chaude pour réchauffer un plat lyophilisé. Dans un petit local, nous sommes quatre. Pas beaucoup de travail pour eux : en moyenne un véhicule par jour à contrôler. Ce dimanche 20 janvier, un peu plus de travail : une voiture argentine... et deux cyclistes !

Le plus dur était à venir. Après avoir subi le contrôle du douanier vérifiant que je n'avais pas de fruits (d'Argentine, il est formellement interdit d'importer des fruits et légumes - même pas une banane), je reprends la route. Mais la pluie drue et froide est là, qui se transforme en neige fondante et puis en neige. J'ai les pieds trempés en traversant des torrents de boue. Ma monture, elle ne se plaint pas.

J'aperçois au loin des vigognes (cousines des lamas et alpagas) qui cherchent un peu de nourriture. Lentement, très lentement mais sûrement, j'arrive au sommet du col de "el Laco" ; mon altimètre marque 4.525m. Je photographie mes pas (éphémères) dans la neige des Andes ! Prudemment j'entreprends la descente. Arrivé à hauteur de la mine de fer, un homme me fait signe de venir avec de grands gestes... oui, les cyclistes sont les bienvenus !

Accueil a la mine Chili.JPG

Une nuit bien au chaud dans les locaux de cette mine de fer désaffectée depuis les années 1980. Oscar et José, sont chargés de garder les locaux et ce 365 jours par an... loin de leur famille. Heureusement, ils ont téléphone et Internet pour communiquer. 

Nous sommes cinq à partager le repas du soir (omelettes aux tomates) : deux camionneurs argentins passent la nuit également dans ces locaux car leurs camions sont restés bloqués à cause la neige. Oscar m'explique que c'est très rare qu'il y ait de la neige... j'ai bien choisi le jour !

De la mine de "El Laco" a San Pedro de Atacama ... sous un ciel bleu ... et un soleil le plus radieux qu'il soit !

Lagune Miscanti.JPG

Le lendemain, ciel bleu, soleil radieux. "Despues de la lluvia y de la nieve ... vien siempreel sol !". Comme l'écrivait Ghislaine Wathelet, une coopérante belge que le groupe tiers-monde de Gesves soutenait dans les années 1980 dans son travail social à Osorno au Chili ... elle avait raison ! Je ne reverrai plus la pluie (ni la neige) jusque San Pedro de Atacama

Mais jusque là, la route est encore longue et la route dure avec ses pierrailles. Trois cols également mais de moindre difficulté, tout en dépassant chacun les 4.000 m. Presque pas de véhicules mais des rencontres exceptionnelles... jugez-en. La route longe des merveilles (lagunes et salars). Je prends le temps d'admirer les couleurs de ces richesses naturelles et encore préservées de toute intrusion humaine.

La chaleur est là aussi... eau et nourriture commencent à manquer. Alors que j'étais en train de me demander pourquoi je ne recevais que si peu de messages d'encouragement de mes amis et de mes amies de ma longue liste d'adresses, j'ai tant reçu de la part de personnes que j'ai croisées... que je me suis dis finalement"au lieu de nous plaindre de ce que nous n'avons pas, profitons de la richesse de ce qui nous est donné de la part de ceux et celles qui se donnent la peine de s'arrêter et de nous rencontrer dans un esprit de fraternité et d'humanité".

C'est ainsi que, en arrêtant une ambulance sur le trajet du retour (elle m'avait croisé le matin), en leur demandant de l'eau, spontanément, les ambulanciers me donnèrent carrément leur pique-nique (pain, fromage, jambon)... alors qu'il leur restait plus de 200 km à parcourir pour rejoindre le poste de santé de Calama.

Odile guide Francaise.JPG

Le lendemain, un 4x4 s'arrête. En descend Odile,une jeune guide de nationalité Française. Elle m'apprend qu'elle a vécu quelque temps à Thy-le-chateau en Belgique... à la communauté "des Béatitudes" ! Elle me promet, qu'au retour, elle me donnera les restes du pique-nique non consommé des touristes qu'elle accompagne. Quelques heures plus tard, elle s'arrête. 

Pendant deux jours je me régalerai de pâtes au saumon, de feta aux olives ... dans un environnement ou rien ne pousse ! Un autre véhicule s'arrête :en me montrant un cadenas pour vélo, le chauffeur me demande."Ne serait-ce pas à vous?"... moi qui m'étais juré de ne rien perdre au cours du voyage !

En admirant la belle petite église au toit de chaume de Socaire, je me fais interpeller par un groupe de touristes. Précédemment, la plupart des mini-bus remplis de touristes n'accordaient guère d'attention (et réciproquement) à un cycliste roulant sous un soleil de plomb. J'ai pu réviser mon jugement. 

Ce groupe composé de gens parlant l'espagnol, le brésilien et le français (j'ai pu parler avec chacun d'eux dans leur langue) se sont intéressés à mon voyage, au parrainage qui accompagne ce voyage, aux difficultés rencontrées. Avant de me quitter, après m'avoir donné des fruits et des noix du Para (Brésil - cela me rappelle de bons souvenirs), ils me demandèrent ce dont j'avais besoin: des encouragements !

En les quittant, ils m'applaudirent, rangés sur deux files et en criant "allez, Léon !". En plus, une des personnes me donna un produit curatif pour les lèvres durement mordues par le soleil ! 

Pour visiter les lagunes Miscanti et Miñiques, je devais quitter la route principale et emprunter sur 8 km une route horrible en graviers si bien que j'ai caché le vélo dans les rochers; j'ai fait du stop et la première voiture s'est arrêtée. Quatre jeunes étudiants de Santiago m'ont permis de visiter les belles lagunes au bord desquelles broutent tranquillement de jolies vigognes. Nous nous sommes retrouvés une fois en cours de route et deux fois à San Pedro ... hasard de l'amitié !

Couleurs Andes au coucher soleil.JPG

Il me restait 90 km sur une belle route asphaltée pour rejoindre San Pedro de Atacama. Changement de décor : le Salar d'Atacama, avec ses couleurs rouge, brun, bleu, blanc, etc... me suit tout au long de la route par la gauche. La nuit au bord d'un des Salars (lacs de sel asséchés, parfois réserves importantes de lithium) les plus étendus de la planète, est douce et étoilée. La lune m'empêche cependant de voir beaucoup d'étoiles.

Moyens de transport differents.JPG

Lors de la dernière journée (jeudi 24 janvier 2013), une rencontre de plus... inattendue. Un motard fait demi-tour. Il s'enquiert de savoir si rien ne me manque. Il me donne rendez-vous à San Pedro pour le repas du soir. 

A l'entrée de San Pedro, j'ai le loisir, dans la longue file de contrôle des passeports, d'échanger avec une famille argentine sur l'opportunité d'interdire l'importation de fruits et légumes ... et même d'un petit cactus... dans un Mercosur (marché commun entre les pays du cône Sud) qui a très difficile à démarrer dans les faits !

Premier soir à San Pedro. Tommy, le Suisse de Zurich, ancien employé de banque, m'invite à souper (un succulent poulet aux champignons) dans un sympathique restaurant de cette ville envahie par de nombreux touristes à majorité français. Les extrêmes se rencontrent : le randonneur cycliste ... et le motard, passionné de moto longue distance à travers le Pérou, l'Argentine, pratiquant la vitesse pure à moto, le marathon en montagne, par ailleurs membre de l'équipe de recherche des égarés du Dakar dans les dunes (au fait ces dunes sont-elles vraiment destinées aux camions et aux voitures ?).

Ce vendredi 25 janvier, Tommy repart vers Santiago. Quant à moi, je prépare l'une ou l'autre excursion à vélo et en 4x4. Un autre défi m'attend : j'envisage de monter au volcan Lascar à près de 5.000 m. avec un guide et un jeune de 30 ans intéressé par le trekking ... en fait, je n'en ai que deux fois plus que lui ! Quant à l'altitude, n'ayez crainte ... j'ai l'habitude !

Couleurs andines au soir.JPG

Prochain message ... le long de la route vers Santiago. Il me reste 2.200 km à parcourir ... un peu plus que les 541 km parcourus à ce jour !

Amitiés. Léon Tillieux

San Pedro de Atacama (Chili), vendredi 25 janvier 2013

mercredi 16 janvier 2013

Transandine 2013 n°1: De Salta à San Antonio de los Cobres en Argentine

Chers amies et amis,
 
Tout d'abord un grand merci à celles et ceux qui ont parrainé une des quatre ONG soutenues par ce nouveau voyage à vélo.  Merci également pour les dons recus pour le sponsoring du film qui (normalement) sera réalisé a l'issue de ce nouveau défi.
 
Voyage de Zaventem á Buenos Aires et Salta en Argentine
 
Tout s'est bien passé y compris le transfert entre l'aéroport International de Buenos Aires et l'Aéroparque situé au bord du Rio de la Plata; c'est lá que j'ai passé ma première nuit sud-américaine à côté du vèlo qui sera embarqué gratuitement vers Salta grâce à l'aide d'une charmante dame de la compagnie LAN Argentina. A Zaventem, heureusement, j'ai pu embarquer avec une paire de chaussures de réserve attachée au bagage de cabine - devenant ainsi un peu "hors gabarit" aux yeux de l'employé de service IBERIA un peu trop rigide.  Heureusement la plaque annoncant la "Transandina Salta - Santiago - Chile" n'est pas "hors dimension" et pourra s'envoler vers les Andes pour un voyage peu habituel ... surtout pour ceux qui savent ouvrir les yeux.
 
Départ direct vers les Andes
 
Une nuit reposante dans un petit "hospedaje" renseigné par mon ami francais André Etchelecou qui a réalisé il y a quelques mois la boucle Salta, Paso de Jama, San Pedro de Atacama, Paso de Sico, San Antonio de los Cobres, Salta; accueil chaleureux par Sebastian qui me refile une adresse sur la côte chilienne ... et me voilà déjá en route vers la cordillère.  Au premier carrefour, oubliant que j'avais mes clips, me voilà par terre ... plus de peur que de mal.  La trousse de secours est ainsi déjá utilisée au moment ou deux jeunes demandent mon adresse courriel.
 
Ignorant que j'allais croiser les véhicules techniques ainsi que les concurrents camions du Dakar, je me dirige par la route N51 vers "Las Cuevas" vers ou convergent les spectateurs venant d'Argentine mais aussi du Paraguay et de Bolivie. Un 4x4 s'arrête à ma hauteur ... pour me prendre en photo. J'ignorais qu'un cycliste pouvait tant intéresser des tenants des sports moteurs. En échange, je recois une bouteille d'eau, bienvenue sur cette route de chaleur et de poussière!  Un peu plus loin, quelques jeunes spectateurs encouragent des gestes et de la voix, ces "fous" roulant á toute allure.  Interrogeant l'un des supporters découvrant pour la première fois cette caravane peu coutumière, j'ai la confirmation qu'il sait que Dakar se trouve bien en Afrique. Je suis rassuré!
 
Un accueil tout simple au bord d'une route "Dakarisée"
 
Le second jour, vers 14h, l'estomac dans les talons, j'apprends que le prochain restaurant se trouve à 50 km. Si bien que je n'hésite pas à accepter l'invitation á dîner (á l'heure belge) d'un couple de retraités, Salvator et Carril, venus respirer pendant trois jours le bon air et installer leur tente en dessous des arbres qui bordent le chemin de fer du train des nuages.  Au menu:  soupe, viande de taureau, légumes.  Je repars, l'estomac rempli et le coeur riche d'une nouvelle rencontre.
 
Premier col.JPGPetit à petit je monte et passe imperceptiblement d'une altitude de 1.200 métres (Salta) à plus de 4.000 mètres.  Tout se passe bien au début, la route s'élève lentement. La seconde nuit, j'installe la tente à côté des rails du train des nuages qui assure la liaison Salta - San Antonio de los Cobres ... pas de danger, il n'y a qu'un train (touristique) ... le samedi. La nuit sera pluvieuse.  

Qu'à cela ne tienne le lendemain, le soleil généreux de la mi-journée se charge de sècher tout le matériel de camping. La troisième nuit sous tente, sentant la pluie venir, je m'installe dans un abri-bus de 2 mètres sur 2 ... juste ce qu'il me faut.  

Des fans de la moto s'arrêtent; ils me parlent de la célèbre "Ruta N40" qui sillonne toute l'Argentine du Nord au Sud en longeant la cordillère des Andes ... les gravillons et le sable ou les roues s'enlisent constituent une horreur pour les voyageurs. Je me souviens d'y être passé à vélo dans la dernière partie de la Transandine 2009.
 
Une bonne nuit et me voilà en route, dimanche matin vers 8 heures.  Fini les camions du Dakar, les véhicules d'assistance technique, les motards ... le calme revient.  La route monte.  Une paysanne aux vêtements colorés manille énergiquement la pelle.  Celle qui vit ainsi paisiblement mais certainement modestement en travaillant un petit terrain accroché aux flancs de la montagne, ne doit pas trop chercher à tromper le fisc ou à changer de nationalité pour des raisons semblables.  Elle est là occupée par son ouvrage et ne remarque même pas ma présence.  Elle n'est ni Reine, ni actrice de cinema mais elle ajoute une touche indescriptible de courage et de couleur dans ce merveilleux espace andin.
 
Le mal des montagnes réapparait
 
Quant à moi, l'altitude commence a se faire sentir.  Comme lors de l'ascension du col du Papallacta en Equateur le 10 mai 2009, je dois m'arrêter régulièrement pour reprendre mon souffle.  Au sommet, un panneau rapelle l'exploit realisé le 1er décembre 1915 par un "véhicule automobile" qui pour la première fois franchissait la barre des 4.000 mètres - un évènement mondial ... à l'époque !.  Quant à moi, je suis fier d'y être arrivé également ... après maints arrêts ... mais - je vous le jure - pas une seule fois pour un plein d'essence!
 
Premieres difficultes.JPGLa suite est bien plus rapide sur les flancs de l'Abra blanca, col culminant à 4.060 mètres.  Descente vertigineuse sur une route macadamisée ... j'en profite car bientôt la route empierrée des Andes me réapparait avec ses trainées de poussière.  A San Antonio de los Cobres, je suis hébergé à l'hospedage "Sumaq Sumay" renseigné par André Etchelecou.  Bon accueil, un bon lit ... et un ordinateur pour vous conter cette bonne première semaine sans problème majeur.
 
La suite dans une dizaine de jours depuis San Pedro de Atacama au Chili.
 
Deux journées de repos complet pour que mon organsime se réadapte à l'altitude.  Renseignements pris auprès des policiers de la ville en ce qui concerne le passage de la frontière au col de Sico et auprès de l'agence d'Infos touristiques en ce qui concerne les possibilités d'hébergement, de ravitaillement (surtout en eau), les conditions météo (pluie et vent annoncés).  Le grand saut des Andes par le col de Sico m'attend. Pour en découvrir les difficultés, consultez le site de André Etchelecou :  www.etchelec.free.fr
 
Ne vous inquiètez pas de ne pas avoir de nouvelles pendant 10-12 jours:  dans les Andes et la région du Salar d'Atacama, il n'y a ni SMS, ni téléphone ... et les hélicos du Dakar sont loin (heureusement pour la quiétude) !
 
Léon

dimanche 23 décembre 2012

Transandine 2013 n°0: présentation du projet : 3.000 km de janvier à mars 2013

Un rêve solitaire et solidaire ...

Continuer le rêve de Julos Beaucarne : enfourcher un "deux roues" et aller à la rencontre des gens dans les Andes ...

- sans nul autre moyen d'assistance que ses propres jambes ;

- avec comme unique moteur, la volonté d'arriver au sommet et la détermination d'aller jusqu'au bout du voyage ;

- avec comme principal viatique, l'accueil et la rencontre des gens du pays, les "paysans", partager leur courage face aux injustices qui marquent leur vie

et ... recevoir les messages encourageants des ami(e)s de Belgique et d'ailleurs ...

La Transandine 2013 à vélo … un nouveau défi

 

Présentation du voyage

En cette année 2013 qui pointe son nez et au cours de laquelle je vais fêter mes 65 ans, je me sens de nouveau poussé à pédaler et à réaliser un vieux rêve de traverser la Cordillère des Andes à vélo. Il s’agira de continuer à relever ce défi commencé en mai 2009 (départ de Quito en Equateur) jusque Salta dans le Nord de l’Argentine en novembre 2009 soit 7 mois et 7.000 km parcourus (trajet en vert sur la carte jointe)..

Un nouveau défi : au départ de Salta (Argentine), traversée des Andes en suivant le trajet du « Train des nuages », passage de la frontière vers le Chili par le col de Sico (4.079 m), traversée du désert d’Atacama (Chili), « descente » vers le Sud, avec « quelques montées » pour arriver à Santiago, capitale du Chili, soit environ 3.000 km de janvier à mars 2013 (trajet en rouge sur la carte jointe)..

Parrainage

Comme lors de mes voyages précédents (Bangladesh 2003, St-Pétersbourg 2006, Yalta 2008, Transandine 2009 et Cambodge-Laos 2010), je propose un parrainage en faveur de trois ONG travaillant en Amérique du Sud.J’ai choisi plus précisément trois projets dans lesquels travaillent des gens que j’ai rencontrés et qui travaillent à des endroits par où je suis passé en 2009 :

a) Pour OXFAM, projet de soutien au MIT, le Mouvement Indigène et Paysan de Tungurahua (Equateur), qui cherche à défendre et à promouvoir les Droits des Indigènes, en les aidant à commercialiser directement les produits de leur travail, en les formant et en améliorant la production grâce à l’agriculture biologique.

b) Pour Entraide et Fraternité, soutien au projet de l’association péruvienne GRUFIDES qui, dans les régions de Cajamarca et Bambamarca, défend les droits des paysans, affectés par les sociétés d’exploitation minière qui n’hésitent pas à utiliser le cyanure pour séparer l’or de la roche.Le fondateur de cette association, le Père Marco Arana a été arrêté et battu en prison parce qu’il défendait le droit des paysans à garder leurs terres et à lutter contre la pollution de celles-ci et des nappes phréatiques.

c) Pour Shiripuno en Equateur : un autre projet qui me tient à cœur également est celui de ma petite cousine Amélie Leman qui, avec son mari Equatorien Teodoro Rivadeneyra, travaille en Amazonie dans la région du Rio Napo, par laquelle j’ai fait un petit détour en 2009 au début de ma chevauchée transandine. Le projet de construction d’un restaurant communautaire en matériaux traditionnels et durables est destiné à la restauration des habitants du village, des 72 enfants de l'école qui bénéficient d'un déjeuner équilibré et des visiteurs. Situé au centre du village, il se veut être un lieu de rassemblement dans un esprit de partage de connaissances et de découverte de la culture quichua. De plus, des sessions de sensibilisation-formation à l’alimentation seront dispensées tant aux cuisiniers qu'aux membres de la communauté. Ceci dans le but d’acquérir une meilleure connaissance des principes clés d’une alimentation saine et équilibrée et, par ce fait, lutter contre la malnutrition. Par deux fois, ce restaurant fut envahi par les eaux du fleuve et à chaque fois, les habitants ont voulu le reconstruire.

d) Et comme lors des voyages précédents, il est possible également de parrainer le Groupe Tiers-Monde de Gesvesdont je suis le coordinateur.

Projets parrainés et numéros de comptes

OXFAM : BE37 0000 0000 2828 ..... (exonération fiscale à partir de 40 Euros par année civile) ..... BIC BPOTBEB1

Entraide & Fraternité : BE68 0000 0000 3434 ...... (exonération fiscale à partir de 40 Euros par année civile) ..... BIC BPOTBEB1

Projet de Shiripuno en Equateur : BE77 5230 4546 0642 ..... (pas d’exonération fiscale) ..... BIC TRIOBEBB

Groupe Tiers-Monde de Gesves : BE22 0682 0181 0547 ..... (pas d’exonération fiscale) ..... BIC GKCCBEBB

Projet de film et recherche de sponsoring

Le premier voyage dans les Andes en 2009 a fait l’objet d’un film réalisé et monté par Michel et Philippe de Ville « Transandine : l’impossible exploit ». Je repars avec ma caméra en vue de ramener des images et réaliser un nouveau film qui vous sera présenté au cours de l’année 2013.

C’est la raison pour laquelle je recherche un sponsoring pour lequel votre contribution est la bienvenue au compte suivant :

BE42 1030 1806 0054 ..... BIC NICABEBB ouvert au nom de Léon Tillieux.

Coordonnées

Adresse courriel : leontillieux@hotmail.com

Léon Tillieux

rue de l’abbaye, 10 A

5340 Faulx-les-Tombes

gsm : +32 478 618581

D'avance un grand merci pour votre soutien. Déjà je vous souhaite un joyeux Noël et une bonne année 2013 !

lundi 23 août 2010

Transandine 2009 n°32: Film et livre photo sur la Transandine 2009

Projection du film " La transandine : l'impossible exploit "

Réalisé par Philippe et Michel de Ville - durée 42 minutes

Au total plus de 700 personnes ont vu le film

Sur demande : projection (gratuite) dans les écoles, collectivités, mouvements de jeunesse ou groupements 3 x 20 ans ainsi que pour tout groupe intéressé par la problématique du développement, par les rencontres interculturelles et des voyages "hors des sentiers battus" ...

Contact : leontillieux AT hotmail.com
GSM : +32 478 618581

Livre-photos en vente

Une des 200 photos de la Transandine publiées dans ce livre :

40 € à verser au compte Triodos Bruxelles : BE77 5230 4546 0642 de Léon Tillieux - code BIC TRIOBEBB avec vos coordonnées postales !

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